11. Aslander

Le feu crépitait sous mes yeux et des escarbilles se dispersaient au gré du vent. Il ne faisait pas froid. Pas vraiment. Ou pas assez pour un lycan pour être plus exact. Il y avait de l'humidité dans l'air, à peine contenu par les arbres autour de moi.

Une odeur rance flottait et me faisait plisser le nez. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait bien être ou même du temps passé, mais ça ne m'inquiétait pas plus que ça. J'étais là, à moitié allongé contre un tronc d'arbre, non pas en m'interrogeant sur le sens de ma propre existence – parce que ça, c'était barbant –, mais en jubilant de ne pas avoir Arzhel sur le dos. Un peu de répit n'allait pas nous tuer, lui et moi. Bien que. Lui, j'étais persuadé qu'il n'allait pas juste rester sans rien faire ; à mon image. Arzhel savait faire la part des choses. De bien des façons. Mais un Empereur qui disparaissait, c'était plus que ça.

Je tiquai.

Tout ça n'avait pas de sens. Ce jeune garçon, quel avait été son but ? Pourquoi m'amener ici si c'était pour m'y laisser ? J'avais beau y réfléchir, ça ne revêtait pas beaucoup de logique. Pas du tout même. Son visage me semblait familier.

Un goût de déjà-vu. Sans que ça me revienne pour autant. J'avais rencontré bien des gens dans ma vie. Que ce soit des humains ou des surnaturels. Des êtres supérieurs. Je ne pouvais pas me souvenir de tout le monde, c'était évident, mais il restait toujours des résidus.

Toujours.

Que ce soit une simple impression.

Une odeur, un regard. Une sensation. C'était inscrit quelque part dans mon esprit. Bien plus qu'un simple écho.

Ce garçon était bien plus qu'un simple écho.

Et il ne m'avait pas appelé par mon prénom. Pour lui, j'étais Indra. Comment cela était-il possible ? La question était là. Très peu savait qui était Indra. Hormis les Divinités et ceux de mon entourage, il n'était personne.

Il ne représentait aucune réalité tangible. Et c'était très bien ainsi. Alors comment ce garçon pouvait-il savoir ?

Le hasard n'était pas de mise. Oh non. J'avais lu dans ses yeux. Compris qu'il était bien plus que ce qu'il présentait. Pourtant, son enveloppe avait été réelle. Pas une simple chimère. Loin de là.

Garçon d'apparence, mais tellement plus à l'intérieur. Il y avait bien des contes et des rumeurs qui existaient.

Parfois, un vieux lycan redescendait sur Terre pour partager la vie d'un nouvel hôte en quelque sorte. Aux États-Unis, il y avait eu des précédents. Ici ? Pas tellement.

Nos croyances n'étaient pas si éloignées. Nos Dieux ne portaient pas le même nom, mais est-ce que ça faisait d'eux des entités complètement différentes ?

Je me frottai la nuque. Observai le bois se consumer et les braises émettre des craquements, des petites explosions de flammes.

À trop se fier aux apparences, on perdait de vue les vérités. Néanmoins, ce qu'on montrait de nous passait forcément par là.

Ce garçon, qui qu'il soit ou quoi qu'il soit, avait-il choisi cette enveloppe ? La magie permettait ce tour, cet artifice. Nous pouvions, nous aussi lycan, ralentir notre vieillesse durant un temps. Physiquement parlant. Parce qu'à l'intérieur, le temps continuait de défiler. Sans rien laisser au hasard.

Quelle aurait été la théorie de Zhel à ce sujet ? Il avait toujours été très porté sur la magie. Il avait lu tous les livres de la Haute Bibliothèque et avait écumé les pays pour en apprendre davantage. La connaissance n'avait pas de limite qu'il disait.

Et il avait bien raison. Parce que même si des civilisations entières s'éteignaient siècle après siècle, d'autres voyaient le jour, apportant avec elles leur lot de connaissances.

Je n'étais pas contre la magie. Mais la sorcellerie avait toujours eu un pendant maléfique. J'aurais pu l'expliquer de bien des façons. J'avais traversé le temps. Les âges. Et connu bien des formes de magie. Trop peut-être. Ou pas assez pour être complètement objectif.

Ce garçon puait la magie. La mauvaise. Celle qu'on n'avait pas envie de rencontrer. Et l'animal en moi était bien d'accord avec ce constat.

Je soupirai et caressai le bracelet à mon poignet. Il n'était pas en cuir, mais dans une matière bien plus rêche. C'était un entrelacs de crins de cheval, pas très doux, mais pas désagréable pour autant. Ce bracelet avait son jumeau, au poignet d'une enfant que je considérai comme la mienne depuis sa naissance. Elle me donnait autant de cheveux blancs qu'à son propre père ; nous étions dans de beaux draps, Warren et moi ! Cela me fit sourire.

Je fermai les yeux et soupirai. J'aurais peut-être dû me soucier de mon propre sort. Mais ce n'était pas le cas. J'étais vieux et j'avais arrêté de m'inquiéter pour un rien. Pas que le fait que je sois dans un endroit que je ne reconnaissais pas ne soit rien, mais il en fallait bien plus pour me mettre à mal, clairement. Je n'étais pas naïf au point de croire que même dans mon propre pays rien de mal ne pouvait m'arriver.

Le mal était partout. Plus particulièrement dans les détails.

— C'est une belle nuit.

Ma tranquillité serait donc de courte durée. Quelle idée d'être Empereur. J'ouvris un œil sur Nogomain. Je ne l'avais pas revu depuis l'enterrement de Moirin. Il avait la même apparence. Le même regard dénué de sentiments – et de considérations – humains. C'était peut-être en partie pour ça qu'il ne se montrait jamais. Je ne lui avais jamais explicitement demandé. Pas que ça ne m'intéressait pas, mais il fallait être attentif face à Nogomain. Attentif aux mots, à la façon de dire les choses. D'expliquer, d'exposer.

— Oui, opinai-je. Il y avait longtemps que je n'avais pas passé une nuit à la belle étoile.

Et je me rendais compte que ça m'avait manqué. D'une certaine façon. Comme une époque plus insouciante manquait à une jeune personne devenue adulte. Ce n'était qu'un détail dans une existence. Qu'une fugace impression qui s'estomperait aussi vite qu'elle était apparue.

La Divinité se pencha au niveau du feu et sembla en respirer les effluves. Je l'observai, essayant de voir les imperfections derrière son masque savamment choisi. Le fait est que Nogomain n'avait rien de beau à proprement parlé. Ce qu'il renvoyait pouvait envoûter, mais quand on y regardait de plus près, la vérité apparaissait dans toute sa globalité.

Une Divinité n'était pas belle. Ce n'était qu'artifice. Encore une fois, ce n'était qu'apparence. Elles se devaient de revêtir une forme qui n'aveugle pas. Au sens propre du terme. Leur lumière pouvait rendre fou.

Elle pouvait annihiler toute pensée, toute raison. Là était le propre de leur existence. Voilà pourquoi on leur vouait des cultes.

— Es-tu perdu, Fils des Dieux ?

Je souris. L'étais-je ?

— Pas tellement. J'attends un ami.

Et Lothar semblait prendre son temps. Comme d'habitude. Est-ce qu'Arzhel savait que je n'étais plus avec lui ? Que je n'étais plus avec personne, d'ailleurs ? Bonne question. J'aurais bien le temps de m'en inquiéter le moment venu. S'il arrivait.

— Il te serait facile de rentrer chez toi, ajouta Nogomain.

— Vraiment ?

Je jouai avec une brindille. Si je n'y prêtai pas attention, l'instant serait remplacé par un autre. Et en face de moi, Nogo serait remplacé par Myrddin. Si je tournai la tête, verrai-je Arthur ?

Très mauvaise idée de le faire.

Les souvenirs avaient leur propre emprise sur moi. Tout autant que la vie passée de Salil. C'était une dualité qui me collait à la peau. Et à laquelle je ne pouvais échapper que difficilement. Mais est-ce que c'était si grave ? De vivre dans le passé ? ou plutôt de le faire vivre ?

— Tu es Shakra.

Je fis la moue, pinçant mes deux lèvres, boudeur.

Comme si ça voulait dire quoi que ce soit. Pour Nogomain, oui. Pour moi ? Non. Mais ça ne servait à rien de le faire remarquer.

— Il y avait un garçon tout à l'heure, commençai-je.

Les flammes dansaient dans les yeux de Nogo. Un ballet majestueux. Captivant.

— Qui était-il ?

Je posais la question sans attendre une quelconque réponse. Je connaissais Nogomain depuis... presque toujours maintenant. Il ne répondait jamais vraiment. Ou alors à sa manière, ce qui ne m'avançait pas.

— Tu ne poses pas les bonnes questions.

Ben tiens.

— J'ai encore beaucoup à apprendre.

Il sourit. Et c'était un peu bizarre. Juste un peu.

— Tu es jeune.

— J'ai des siècles au compteur, répondis-je.

Il hocha la tête :

— En tant qu'Aslander. Pas en tant que Shakra.

Oh. C'était de ça qu'il parlait. Je baissai les yeux sur mes mains. Soudain, j'étais fatigué. Las, même. Bien plus que je ne l'aurais cru possible. Pourquoi ?

Ces derniers temps, cette impression ne m'avait pas quitté. Pas une seule fois. Un peu comme si je portais le poids entier de mon passé sur mes épaules. Et c'était le cas. Forcément. On ne vivait pas sans ce qui nous avait forgés. Mais quand c'était présent à ce point, ça avait un sens. Ou en tout cas je voulais qu'il y en ait.

Et je mentais.

Il y avait bien eu des moments où ça n'avait pas compté. Où j'avais réussi à en faire abstraction.

La naïveté de Siobhane me manquait. Tout autant que ses réparties. Je n'aurais pas été jusqu'à dire qu'elle me manquait... hum.

Bon, peut-être. Un peu. Les gens en dehors de mon cercle avait cette tendance à vouloir toujours bien m'apparaître, à vouloir se faire bien voir. Pas Siobhane. Certainement au début, mais depuis mon incartade, ça avait changé. Et ce n'était pas une mauvaise chose. Pas pour moi. J'aimais lorsqu'on était soi-même avec moi. Et malgré que ce ne soit pas donné à tout le monde, Siobhane avait aisément franchi la limite. Pour passer de mon côté.

Notre nuit en était la preuve.

Je respectai les femmes avec qui je couchais. Et je n'étais pas de ceux qui aimaient cumuler les conquêtes.

— Comment naissent les Divinités ?

Nogo fronça ses sourcils. Il sembla songeur.

— Je ne comprends pas ta question.

Pas étonnant. Surtout de sa part à lui. Un autre l'aurait pu, mais pas Nogomain.

— Eh bien, comment est né Indra ? C'était un très jeune Dieu, alors-

— Certains sont apparus comme ils sont aujourd'hui, me coupa la Divinité. Les Créateurs étaient tels qu'on les connait. Et puis il y a eu leur volonté de créer. Et de séparer le Pouvoir. Une fragmentation en quelque sorte.

Oui, de ça, je me souvenais en avoir lu quelques lignes dans un vieux livre qu'Arzhel gardait précieusement.

— Indra est né de Karora. De sa volonté de Donner.

— Et toi, Nogo ?

Il se tapota le nez :

— De la Volonté. De moi-même. D'un des Créateurs. Décide quelle réponse te conviendrait le mieux, Empereur. Toi, tu es né différemment de tous les autres. Tu t'es Éveillé.

— Je suis né d'Indra, soufflai-je.

Il pencha la tête sur le côté, méditant ma réponse ? S'interrogeant sur son sens ?

— Je ne crois pas détenir la vérité à ce sujet. Karora saurait, elle.

Mais Karora n'était pas revenu vers moi depuis des siècles. Et je le comprenais. Je laissai ma tête aller en arrière et observai le ciel. Ou du moins les portions qui apparaissaient entre la cime. Il y avait des étoiles.

Des lumières qui éclairaient un chemin pour quiconque en avait besoin. Lorsque je baissai le regard, Nogo s'en était allé.

Je souris et essayai de trouver une position un peu plus confortable pour grappiller quelques heures de sommeil.

Il prit mon visage entre ses mains, son nez touchant presque le mien. Il semblait curieux. Ses yeux pétillaient ; si je me concentrai suffisamment, je verrais ce qu'il y avait de Divin en eux. Il y avait toujours un détail.

Un rappel.

— Est-ce que j'ai les mêmes que toi ?

Je souris et il fit de même, essayant de mimer mes expressions. De mettre de l'humain là où il n'y en avait pas.

— Non. Les tiens sont uniques.

— Et les tiens ?

Son souffle me chatouillait le visage.

— J'ai les même que ma maman, répondis-je, fier de ça.

Même si ce n'était pas très important. Pour moi, ça l'était. Salil sembla pensif. Il ne dit rien pendant de longues minutes. Avant de venir appuyer son front contre le mien et de se reculer.

— Si tu avais été un Dieu comme moi, peut-être qu'on aurait été pareil.

Je secouai la tête et attrapai sa main :

— C'est bien d'être unique. On t'aime pour ce que tu es. Tu es toi et juste toi. J'aime bien que tu sois unique.

Il rougit.

— Je suis unique à tes yeux ?

— Bien sûr, déclarai-je. Et moi ? Est-ce que je le suis pour toi ?

Mon lycan grimpa dans mes membres avant même que je n'ouvre les yeux. Il bougea si vite que le monde tangua dangereusement.

— Très mauvaise idée, petite fille, grognai-je, surplombant Ashelia.

Ma main était sur sa gorge, mais je ne serrai pas. Sa mâchoire se contracta. La petite Grifter de Lothar n'aimait pas s'être fait prendre si facilement ?

— Ne jamais me prendre à revers. Compris ?

Elle me fusilla du regard, sans rien dire. Elle savait qu'elle ne risquait rien. Moi par contre, j'avais le droit d'en douter.

Je soupirai et me redressai.

— Tu en auras mis du temps, bougonnai-je en me tournant vers mon ami.

Lothar tirait la gueule. Tout en ayant cette inquiétude dans le regard.

— Sérieusement, Ani ? Je me suis attendu au pire après ta disparition sous mes yeux, mais ça ?

— Ça ?

— Toi, nous attendant tranquillement, comme s'il n'y avait pas mort d'homme !

J'éclatai de rire, peut-être parce que j'adorais voir la bouille de Lothar dans ce genre de situation. Je ne facilitai pas la vie à mes hommes et encore moins à mes Konings. Où aurait été le plaisir, sinon ?

— Que diable voulais-tu qu'il m'arrive ? Et je savais très bien que tu me retrouverais. J'ai foi en toi, mon frère.

Moqueur, moi ?

— Je vais tout dire à Arzhel et...

Mon sourire se fit mesquin. Mauvais.

— Tu es sûr ? Parce que techniquement j'étais sous ta protection et le fait d'avoir disparu montre bien que tu...

— Oh ça va ! tempêta-t-il. J'ai compris. Pas un mot.

— Bien ! Si nous sommes d'accord, alors tout va bien.

Je me tournai vers les restes de mon feu de fortune et l'étouffait pour être sûr qu'il ne reprenne pas. Mieux valait jouer la prudence.

— Tu comptes m'expliquer ? Tu as disparu depuis deux jours, Aslander.

Deux jours, hein ? Je n'avais pas été très loin du compte. Ce qui me poussait encore à m'interroger sur le pourquoi de tout ça. Pourquoi m'amener là et m'y laisser ?

Ashelia était retournée au niveau de Lothar, légèrement en retrait, dans l'optique d'une attaque. Où était Rasler ? Il y avait un moment que je ne l'avais pas vu.

— Je crains qu'il n'y ait pas énormément à dire, avouai-je.

Lothar fronça les sourcils.

— Essaye quand même, tu veux ? J'ai faillis crever sur place.

— Tu te fais trop de mouron. Ce n'est pas bon pour ton cœur, tu le sais ça ?

J'eu le droit à un regard noir de la part de son Grifter qui me faisait clairement comprendre que ce serait ma faute si Lothar finissait par avoir une crise cardiaque.

— Où sommes-nous d'ailleurs ?

Lothar soupira et se passa une main sur la nuque.

— À plus d'un jour du camp où nous étions.

C'était déjà une bonne chose de savoir que je n'avais pas été envoyé dans un autre pays. Une inquiétude en moins.

— Comment m'as-tu retrouvé ?

— Tu demandes vraiment ? grogna mon ami, un tantinet blasé.

Je m'avançai vers lui pour aller poser ma main sur son épaule. Il inspira, semblant rassuré de voir que je n'avais rien.

— Tu ne peux pas juste disparaître comme ça. Tu es l'Empereur. Nous avons tous besoin de toi, Ani.

Oui. Je le savais. Je pressai son épaule et hochai la tête :

— Rien de mal n'est arrivé. Respire. Et sors-moi d'ici.

Ce qu'il fit. Après tout, je n'avais pas essayé de quitter cette forêt de moi-même. Nous ne nous transformâmes pas. Préférant la marche. Bientôt, je vis l'orée des bois et cru même percevoir du mouvement.

— Risteard est là.

Sa bête était splendide. Tout en muscle. Un peu effrayante aussi. Risteard était celui de mes loups qui était le plus sauvage d'une certaine façon.

Sa beauté était froide et cinglante. En fait, il n'avait pas le faciès facile et c'était très bien ainsi. Il avait la mâchoire volontaire et les yeux insondables. D'aucuns auraient dit qu'il était laid. Mais sa beauté avait juste un côté animal qui ne pouvait être occulté.

Il trottinait lentement dans notre direction, pas très pressé.

J'avais hâte de prendre une douche maintenant. Et de dormir un peu. Une silhouette apparue alors.

Elle surgit de nulle part et Ashelia voulut se placer devant Lothar, mais ce dernier la bloqua d'un bras, préférant la protéger elle.

Pas très étonnant. Curieux ? Peut-être un peu.

La silhouette encapuchonnée sembla se tourner dans notre direction. Un visage m'apparut.

Oh.

La magie d'Aloysius nous enveloppa et la main de Lothar se referma violemment sur moi, pour être sûr que je ne m'évapore pas dans la nature tout seul cette fois.

Tout tournoya.

Sensation vraiment très désagréable. Un haut-le-cœur me saisit, me retournant l'estomac d'un bout à l'autre.

Maudit Mage. Comme si je n'avais pas assez donné ces derniers jours.

Lorsque mes pieds touchèrent de nouveau le sol, le paysage n'était plus le même. Aucune trace de Risteard ou d'Aloysius. Qu'est-ce qu'il mijotait encore celui-là ?

— Fais chier ! grommela Lothar. Je... déteste cette sensation.

Je lui tapotai le dos, compatissant avant de faire quelques pas pour essayer de reconnaître quelque chose. N'importe quoi m'indiquant où nous étions.

Mais en fait, c'était un endroit commun.

Une autre forêt. Est-ce que c'était un message particulier ?

Des lycans hurlèrent alors.

Je reconnus.

Un cri de Chasse. Un cri de guerre.

Ni une ni deux, nous nous changeâmes en nos animaux et on détala, Lothar légèrement en tête, son Grifter nous talonnant avant de bifurquer sur la gauche. Nous remontâmes la piste, suivant les lycans. Je laissai main mise à mon animal, sachant qu'il adorait ça.

Droite.

Des lycans surgirent. Ils étaient cinq. Deux heurtèrent Lothar de plein fouet quand je captai une trace olfactive que je connaissais bien.

Plusieurs même.

Mon animal grogna et accéléra, entraînant la suite à nos trousses et laissant Lothar gérer. Il n'en tuerait aucun. Même si nous n'étions plus chez nous.

Ni même dans mon pays.

Mon pire cauchemar était en train de se réaliser. C'était peut-être une punition d'Arzhel ; il en était bien capable !

J'esquivai de justesse les crocs du loup derrière moi. Mon animal sauta sur un tronc d'arbre pour se donner de la puissance et notre flanc heurta les pattes de l'autre loup. Nous roulâmes sur plusieurs mètres et ma gueule se referma sur le cou du loup.

Qui ne bougea plus.

Je le dominai et lui faisait comprendre de cette façon qu'au moindre geste, je pourrais mettre fin à sa vie. Les autres étaient à une distance de sécurité raisonnable. Bien.

Ils étaient des loups de Dean Campbell et ici, c'était son territoire.

J'étais aux États-Unis. Aux États-Unis ! Fallait-il en rire ou en pleurer ? Foutu Aloysius !

Les autres se laissèrent alors tomber au sol, le ventre contre la terre. Un message avait dû être transmis.

Je relâchai ma proie et reculai avant de voir un mouvement très rapide, plus loin.

Ce n'était pas la lycan d'Ashelia. Mon lycan gronda et détala, sans attendre, sans prévenir. Sa foulée était rapide et bientôt, il rattrapa l'autre. Il ne sentait pas le loup. Pas vraiment. Mais la magie, oui. Une magie insidieuse et mauvaise.

Pas bon. Pas bon. Mauvaise odeur.

J'approuvai. Nous bifurquâmes sur le côté, histoire de le prendre à revers. J'allais le heurter sur son flanc droit et pourrais ainsi bien mieux le maîtriser. C'était l'idée de départ. Avant que je n'avise du monde, dont Siobhane.

Cela déconcentra mon lycan. Suffisamment pour donner de l'avancer à l'animal qui semblait filer droit sur... elle.

Hors de question.

Une impulsion suffit à nous propulser en avant. Dean fit volte-face en voyant l'animal lancé à pleine vitesse. Killian fut le premier à changer.

Magnifique loup blanc. L'unique.

Avant qu'il n'ait eu le temps de bouger, je bondis et heurtai l'ennemi. Le choc fut violent et me remua. Nous roulâmes.

Des coups de griffes et de crocs.

Je sentis le sang tacher mon pelage. Et mes propres crocs firent couiner le loup. L'air sur ma peau lorsque je changeai et que d'un coup de poing, j'envoyai le loup dans l'inconscience. Sa masse s'affaissa et il ne bougea plus du tout.

Je me redressai, soufflant comme un buffle.

— Aslander ?

Je me retournai

Pour réceptionner Siobhane dans mes bras, tel un boulet de canon.

Eh bien. Mon léger sourire et mes bras s'enroulant autour d'elle. Elle respirait vite et fort. Son odeur m'enveloppa et je la humai.

C'était doux. Acidulé. Agréable.

Lorsqu'elle releva la tête, elle paraissait surprise. Pas de me voir, mais de s'être laissé aller à cette effusion.

Ce n'était pas pour me déplaire.

Je pris ses joues en coupe, avec un naturel un peu déconcertant. Mais je ne voulais pas forcément y penser.

— Qu'est-ce que tu...

Elle était à bout de souffle. Les joues roses, un air adorable sur le visage.

J'eu envie de l'embrasser.

Une pulsion. Qui surgit. Qui effaça tout le reste.

Je pris conscience que j'avais envie de l'embrasser. Je ne savais pas pourquoi. Peut-être parce qu'elle me regardait comme si j'étais la seule chose qu'elle avait envie de contempler ?

Est-ce qu'il fallait une raison ?

— Tu... tu saignes, dit-elle en regardant mon torse.

Je pinçai mes lèvres. Avant de sourire.

— Une broutille. J'ai connu pire.

Sa moue à elle :

— Tu recommences. Je vois que tes chevilles n'ont pas désenflé.

Cette fois, j'éclatai de rire.

C'était vivifiant. Sa présence. Sa répartie.

Elle.

Je déglutis. Mon envie de l'embrasser n'avait pas disparu.

Elle se recula alors, rouge comme une pivoine, avant de baisser son regard sur le loup à nos pieds. Elle sembla le reconnaître. Ses épaules s'affaissèrent et ses yeux s'embuèrent.

— Oh, Gabrok...

Elle se laissa tomber et enfouit ses mains dans son pelage.

*

*           *

*

Coucou à vous ! 👋 Comment ça va ? 😊 J'ai ouïe dire que c'est bientôt la fin des cours pour certaines et que pour d'autres, le BAC est en approche ! 🙈🙊 Pour ma part, j'ai rendu mon mémoire, ça y est ! 😤 C'était plutôt sportif et mine de rien, ça a pas mal empiété sur mes envies d'écrire... mais voilà, c'est bouclé et ma soutenance est le 18 Juin 😎 ENJOY 😋

On se fait un point sur le chapitre ? 😇🧐

Petite discussion entre Ani et Nogo ; on en ressort avec encore plus de questions et la tête comme une pastèque, mais ça, c'est l'effet des Divinités haha  🤯 Petit souvenir Aslander/Salil, ça faisait un moment 😯

Et plus important encore : Aslander, Lothar et Ashelia envoyés droit aux USA, ce coquin d'Aloysius... il ne veut pas que notre Empereur reste loin de sa sœur !!! 🤔 Mais bon, on l'aime pour ça le papounet d'Eli, non ? 😖
Les "retrouvailles" étaient à votre goût ? Bien qu'un peu rapides... 

Quelles vont être les décisions concernant Gabrok ? Comment Dean va gérer l'arrivée d'un Empereur et d'un Roi sur son territoire à votre avis ? Que de questions, je sais ! 😵

On se dit à bientôt pour la suite et des bisous aux meilleures des lectrices de wattpad #Adaktivesforever ! 😇

Oh et info au passage : j'ai inscrit cette histoire aux #Wattys2018 ! Voilà voilà 🤭

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