10.1 Aslander
— Je crois que... non, en fait, il y a cette sensation.
— Laquelle ?
— Je ne sais pas. Comme si tout manquait de... couleurs, tu vois ?
— De couleurs ?
— Ou de saveurs, comme tu préfères. Tout me semble si fade ! Depuis son départ, ma vie me semble bien terne. Jusqu'à présent je n'en avais absolument pas conscience, mais maintenant...
— Tu te sens vide.
— Oui. Qui l'aurait cru ? Nos débuts n'ont pourtant pas été de tout repos. Elle m'exaspérait et je devais vraiment lui paraître invivable. Pourtant...
Un soupir. Long et profond.
Surjoué.
— Tu es amoureux. Voilà tout. Cœur qui soupir n'a pas ce...
Je changeai de chaîne, ne pouvant pas supporter une seule seconde de plus cette mièvrerie à la télé. Je n'avais pas l'habitude de regarder cette dernière et maintenant, je me rappelais pourquoi. S'abrutir sur ça ? Très peu pour moi. J'avais bien d'autres chats à fouetter en attendant que Lothar ait fini de se pouponner. Ce qui n'était pas près d'arriver le connaissant.
Je soupirai et finit par balancer la télécommande un peu plus loin. Je jetai un coup d'œil à ma montre et levai la tête vers le plafond. Arzhel n'allait pas être très content, mais qu'importe.
Mon pied battait la cadence et je commençai à trouver le temps long. Je pouvais entendre Selkie s'affairer dans la pièce d'à côté ; elle ne s'arrêtait jamais. J'avais déjà essayé de la soudoyer à plusieurs reprises pour qu'elle vienne au Deity, mais c'était parler à un mur. Je l'aurais bien mieux traité que ce bougre de Lothar, pourtant ! Comme quoi, mon sourire ne pouvait pas charmer tout le monde.
Je décroisai mes jambes et me levai. J'avais peut-être un peu la bougeotte depuis hier. J'aurais dû rentrer à Sydney, mais n'en avais rien fait. Une des raisons pour laquelle je ne répondais pas à mon téléphone. Arzhel allait me menacer et lorsque j'allais rentrer, une pile de boulot allait m'accueillir. Il y avait plus sympa dans la vie qu'être Empereur. Quand je regardai mes Konings, je me disais que cette vie-là n'aurait pas été trop mal.
Je ricanai. Ouais, et puis quoi encore ? Au pire, je pouvais me faire porter pâle. Tamsyn serait au petit soin et Arzhel ne pourrait pas exercer sa domination sur moi.
— Tu es prêt ?
Je me tournai vers Lothar. Il était vêtu d'un simple jean et d'un haut plutôt passe-partout. On allait peut-être faire une grosse bêtise, donc autant ressembler au commun des mortels. En tout cas, ce n'était pas dénué de sens d'agir de la sorte.
— Je t'attends depuis au moins une heure, répondis-je avec une moue. Tu es pire qu'une gonzesse.
— Tu avais l'air perdu dans tes pensées, mon petit Ani. Notre chère amie te manquerait-elle déjà ?
— Cause toujours, tu m'intéresses, tiens !
Il gloussa et me fit signe de le suivre. Nous nous retrouvâmes au niveau des garages et il déverrouilla sa vieille Chevelle qui était un petit bijou. Si j'avais déjà essayé de la lui emprunter ? Sans qu'il le sache ? Peut-être. Ça n'aurait pas été si drôle sinon. Il grimpa derrière le volant et le moteur ronronna à nos oreilles.
Avec Lothar, on s'adonnait souvent à des petites sorties qui n'étaient approuvées par... eh bien, par personne et sûrement pas mon Conseiller. Arzhel n'était pas seulement à cheval sur les règles et l'éthique, il l'était encore plus en ce qui concernait ma sécurité ; autant dire que j'enfreignais tout ce qu'il avait mis en place.
Il savait que j'aimais sortir sans avoir aucun de mes hommes avec moi. Peut-être parce que je savais que mon pays était sûr et quoiqu'il advienne, il y aurait toujours quelqu'un de confiance auprès de moi. Je m'arrangeai toujours pour ça. Je n'étais pas stupide au point de croire que je vivais de la manière la plus sûre possible. Loin de là. Mais avant d'être un Empereur, j'étais un lycan.
J'avais été un Chevalier dans une époque qui n'était plus.
J'étais un Guerrier façonné par les meilleurs et l'un d'eux se tenait à mes côtés. Je n'étais pas un surhomme, simplement un lycan qui savait de quoi il était capable.
— Je suis surpris que tu aies accepté, fini par dire Lothar, brisant le silence.
Nous étions dans le centre-ville, cherchant à rejoindre le territoire d'un autre de mes Konings. Je haussai les épaules, me demandant moi-même pourquoi je n'avais tout simplement pas pris l'avion pour rentrer.
Les enfants me manquaient. Et j'avais beaucoup de travail à rattraper. Sur ça, je pouvais compter sur mon staff. Olivia allait être aussi intransigeante que mon Conseiller. J'en avais déjà des sueurs froides.
Je frissonnai.
— Arzhel veut que je te recadre. Je fais d'une pierre deux coups.
Mon ami me jeta un coup d'œil, le regard pétillant. Lui aussi trouvait très drôle l'idée du recadrage. Parce qu'il savait que ça n'arriverait pas. Il s'agissait de garder un équilibre dans ma relation avec Lothar. Ça ne pouvait tout simplement pas être autrement.
— Et puis régler cette histoire de loin ne me convient pas. Certains commencent à se croire un peu trop tout permis et je n'aime pas ça.
Pas le moins du monde. J'étais un homme d'action qui n'était pas du genre à envoyer les siens au front sans rien faire d'autre. Pour autant, je savais que je ne pouvais pas non plus me jeter en pleine mêlée ; qu'elle en aurait été l'issue ?
Il m'avait fallu un moment pour accepter mon rôle ; pour en prendre pleinement conscience. On pouvait naître Empereur, on le devenait une fois qu'on était prêt. Parfois il arrivait que le titre nous forge, mais il valait mieux être prêt avant. De mon point de vue.
Nos actes nous définissaient clairement ; les erreurs que l'on commettait aussi. Bien plus encore, même.
Si même les Divinités n'étaient pas parfaites, qu'en était-il de nous ?
— Le problème qui se pose maintenant est que les extrémistes se fondent parfaitement bien dans les poches les plus pacifiques. Ce qui ne facilite pas notre travail.
Je hochai la tête. Je savais ça. Je ne pouvais accuser tout le monde des crimes commis par une minorité. Et c'est en ça que c'était extrêmement tendu. J'avais toujours su qu'en prenant le pouvoir, certains choisiraient une autre voie que celle que je voulais.
Je n'étais pas un despote, mais j'attendais tout de même de mon peuple qu'il écoute. Qu'il comprenne.
Tout était fait pour le bien commun, mais jusqu'où cet argument pouvait-il aller ?
— Nous savions qu'à la mort d'Aran, le royaume serait divisé. Il y a toujours ceux pour prôner ce qui n'est plus, continua Lothar.
— Mon père a tout de même été un bon souverain.
Je m'en souvenais.
Je me souvenais d'un royaume qui prospérait, florissant. Je me souvenais du peuple aimant. Il n'avait pas été seulement question de ma mère. Ou alors j'avais été aveugle.
— Peut-être, mais qu'est-ce qu'on retient d'un règne, Ani ?
Je souris, parce que sa question avait un goût de nostalgie pour moi et en cet instant, je me revoyais jeune garçon, écoutant les paroles d'un Lothar plus âgé, les buvant.
— Si le mal a effacé tout ce qu'il y a pu avoir de bon, alors on ne retient que le pire.
Il approuva. Et il avait raison. Qu'avait-on retenu du règne de mon père ?
Aran le Fou. Celui qui mit le royaume à feu et à sang. Celui qui instaura la grande Purge. Combien d'enfants étaient morts ? Combien de lycans avaient dû se cacher ? Combien d'humains avaient été massacrés ?
— Les seigneurs proches de ton père ont choisi leur camp quand tu as tué Aran. Et ils ont perdu la tête.
Voilà pourquoi les Terras étaient là. Peut-être pas tous ; avec les siècles passés, les idéaux avaient mué, ils avaient changé. Mais ils restaient les puristes.
Les lycans qui vénéraient la mémoire d'un Empereur déchu. Et qui ne voulait pas de moi. Qui ne voudrait jamais de moi.
D'une certaine façon n'avais-je pas assis ma domination à mon tour ? Il était dur de toujours voir le bon dans le fait d'être Kaizer. Dur de ne pas se mettre à la place de ceux qui voulaient une certaine liberté.
— Il reste peu des Konings de ton père encore en vie. Mais leur idéologie demeure et certains groupes extrémistes font vraiment de la merde. Ils visent des campus universitaires. Les gosses n'ont pas demandé grand-chose.
Il fallait des dommages collatéraux pour se faire entendre, c'est ça ? Ça me dépassait.
— Il va falloir donner un coup dans la fourmilière si on ne veut pas que certains pensent qu'ils sont libres d'agir comme ils le veulent, Aslander.
Voilà la raison pour laquelle nous nous dirigions sur le territoire de Thatcher, là où certaines des plus grosses poches de Terras se situaient.
Il était facile pour eux de monter leur communauté dans le désert, loin des regards. Et loin de mon autorité pensaient-ils. Il y avait eu à un moment un consensus ; loin de la civilisation, là où ils ne me voyaient pas et là où je ne les voyais pas. Avec des groupes, il n'y avait aucun problème, avec d'autres par contre... On pouvait oublier une quelconque idée d'équilibre.
Ça avait été plutôt tacite. Rien d'écrit. Mais ça avait bien fonctionné. Je savais à qui imputer les débordements, mais tant que je ne prendrais pas la décision de faire bouger mes Krigs, la situation resterait telle quelle.
On n'entrait pas en guerre sur un coup de tête.
On ne choisissait pas de se battre parce qu'il le fallait. Même si je voyais bien que cette situation ne pourrait pas s'éterniser dans le temps. Pas avec un Lothar qui se contrôlait de moins en moins. Tant qu'il ne se mettait pas en tête de foncer dans le tas... enfin, c'était peut-être ce que nous étions en train de faire. Mais de façon très, très discrète.
— Je peux aider si vous voulez.
Lothar ne sursauta pas, pas plus que moi lorsque la voix s'éleva dans l'habitacle. Je me tournai et la matière du siège craqua doucement sous mon geste. La femme qui se tenait sur la banquette arrière paraissait très humaine. Elle avait le style d'une guerrière d'un ancien temps, marques sur le visage compris. Elle était belle et effrayante.
— Kara, saluai-je la Divinité qui avait décidé de se joindre à nous. C'était une... habituée de nos petites virées et c'était pour ça que Lothar ne fut pas plus surpris que ça. Elle se montrait à lui à chaque fois quand elle aurait pu rester invisible, perceptible à mes seuls sens.
— À quoi ? grommela Lothar. Je croyais que vous autres, les Divinités, vous ne preniez pas part à ce qui se passait ici. J'ai tort ?
En fait, il savait bien qu'il y avait une part d'erreur dans ce qu'il venait de dire. Lothar savait pour Salil, Indra et moi. Pour Shakra. Il savait que certains Dieux, certains Déesses, ne se privaient pas pour venir mettre leur nez dans nos affaires.
Pour le meilleur et pour le pire.
— Tu es encore bougon de la dernière fois, Roitelet ?
Kara était une très jeune Divinité. Elle passait plus de temps dans notre monde que dans le sien. Elle aimait se faire passer pour ce qu'elle n'était pas. Personne n'était encore venu la rappeler à l'ordre, mais ça ne tarderait pas.
Tout comme il n'était pas bon pour un Homme de se perdre au Royaume des Dieux, il en était de même pour une Divinité au Royaume des Hommes.
— Tu avais mis une sacrée pagaille pour ce que tu es.
Kara fit la moue et croisa ses bras sur sa poitrine.
— Qu'est-ce que tu sous-entends au juste parce que je n'aime pas trop ça !
Lothar me jeta un coup d'œil :
— Fais-la partir, par pitié.
Je ris, mais n'en fit rien. Je n'avais pas ce pouvoir. Et puis c'était drôle de voir un être divin agacer un Roi et vice versa. Kara ne ferait aucun mal à Lothar ; je pensais même qu'elle venait exclusivement pour le voir. Il n'était pas question d'amour. Une sorte de fascination peut-être ? J'aurais pu demander à Yhi, elle qui savait tout. Surtout quand ça ne concernait pas son Dakshi.
— On va où aujourd'hui ? demanda-t-elle.
— Tu veux pas aller voir ailleurs si on y est ?
Je les laissai se chamailler, me faisant la réflexion que le monde dans lequel j'évoluais était parfois des plus étranges. Et ce n'était pas un euphémisme, loin de là.
Tout était blanc. Il ne semblait y avoir aucun commencement, aucune fin. C'était éblouissant de clarté. Ça piquait les yeux.
Aucun son d'aucune sorte.
C'était limpide. Un silence palpable ; que j'aurais pu saisir à la force de mes mains.
Un rire résonna. Cristallin et porteur d'une certaine... candeur.
Le rire d'un enfant ; une expression de sa joie, de son bonheur.
Il fut là alors qu'avant, il n'y avait absolument rien. Il était assis, ses pieds battant l'air. Son sourire était immense. Il était auréolé d'amour divin, de bras invisibles. Il portait la fleur de Karora.
Il était Indra.
L'enfant Dieu.
J'ignorai ce qu'il observait devant lui, mais ça semblait le fasciner. Il releva alors la tête et me regarda.
Comme s'il me voyait.
Est-ce que c'était le... cas ?
Je baissai les yeux sur mon corps et vit que je n'étais plus un homme. J'étais un adolescent. Un jeune homme.
— Ani !
La voix d'Indra résonna. Je le regardai. Il me tendait sa main, patient.
— Viens voir Mamaragan avec moi, Ani.
Je n'hésitai pas. Parce que c'était Indra. Parce que c'était mon souvenir, mon rêve, un écho ou que sais-je.
Parce qu'il était là et moi aussi. Ma main glissa dans la sienne et je me retrouvai assis à ses côtés.
Il appuya sa joue contre mon épaule et ses cheveux me chatouillèrent le visage.
— Comment elle est ?
— Qui ? demandai-je.
— Eh bien, tu sais.
Je voulus lui dire que non, je ne savais pas, mais tout se brisa autour de moi. Je fus emporté ailleurs. Loin d'Indra.
Et je me retrouvai une nouvelle fois devant cette grande stèle, dans cette grotte que j'avais visitée lors de ma transe.
Le tonnerre grondait.
Si sourdement que c'en était vibrant et bien trop vivace.
Quelque chose se réveillait.
Une entité aussi vieille que le monde.
Une...
— Shakra.
Je me tournai. Et fus happé par la lumière et l'obscurité.
La portière de Lothar claqua, me faisant rouvrir les paupières. M'étais-je assoupi à un moment ? Une main sur mon épaule me força à me tourner vers Kara.
Ses yeux n'avaient plus rien de très humain. Ils étaient d'une teinte indescriptible. J'inspirai.
— Où étais-je ?
Ce n'avait pas été un rêve. Non. Mon esprit avait été ailleurs. Emporté dans une autre réalité. Une sorte de... réalité alternative ? Non. C'était dans ma tête. Pas juste des souvenirs. C'était grâce à ce que j'étais depuis le sacrifice de Salil. C'était ça alors que d'être à demi...
— Tu foulais un autre Temps. Tu n'étais plus vraiment Ani.
Oui. La main de Kara sur ma joue. Elle m'insuffla sa force. Elle m'ancra dans cette voiture. Et me rappela à moi-même.
Je pensais à Siobhane.
Je pensais à notre nuit. À ce que je lui avais... offert en sachant quelle malédiction pesait sur elle. Et il y avait les paroles d'Aloysius.
Il avait parlé d'une voie, d'un chemin à emprunter. Pas elle, ni même moi. Mais nous deux. Qu'est-ce que cela pouvait-il bien signifier ? Et les visions de Siobhane me concernant, pourquoi existaient-elles seulement ? J'y réfléchissais. J'y pensais, pas à chaque instant, mais suffisant pour m'interroger sur tous les derniers événements survenus dans ma vie.
Aloysius n'avait jamais rien fait par hasard. Il avait mis Myrddin sur la route d'Arthur. Il avait maudit Siobhane en lui laissant une porte de sortie. N'est-ce pas ? Mais quelle était-elle ? Comment pouvait-elle m'aider quand j'avais déjà été sauvé ? Que pouvait-elle changer ?
Ma portière s'ouvrit et Lothar se pencha :
— Vous avez fini de vous tripoter tous les deux ?
Je levai les yeux au ciel et le rejoignit. Il faisait très lourd ; une chaleur de tous les diables dans cet enfer de sable. Je fronçai des sourcils, mes yeux fragiles face à toute cette lumière.
— Si on bouge maintenant nous y serons un peu après la nuit tombée, lâcha mon ami.
Effectivement, même sous notre forme animale, il nous faudrait un moment pour atteindre les Terras les plus près. Même en courant comme si les fouets de l'enfer étaient après nous. Kara sortit à son tour.
— Je refuse de garder la voiture.
Lothar daigna la regarder.
— Tu veux venir faire mumuse avec les lycans, Makara ?
La langue de la Divinité claqua. Elle fusilla Lothar du regard :
— J'aimerais beaucoup te coudre la bouche avant de t'attacher et de t'abandonner dans un coin.
— Apologie de la violence, vraiment ?
J'inspirai et leur tournai le dos pour observer mon environnement. La chaleur donnait vie à des impressions bizarres. Je suai à grosses gouttes, ne sentant pas une seule brise.
— Je suis une Divinité et toi, seulement un Roi.
— Sentiment de supériorité en plus ?
— Je pourrais t'écraser comme vous le faites des fourmis.
— Tu défends leur cause ? Tu risques de te tuer à la tâche parce que laisse-moi te dire que dans le monde, y en a partout des...
Mes vêtements étaient par terre.
Mon lycan s'ébroua, non content de retrouver son enveloppe et de sentir le sol sous ses pattes. Il leva la gueule vers le ciel et huma l'air. Tout était sec, ce n'était pas très plaisant. Mais il savait pourquoi nous étions ici.
Sans un regard pour les deux autres derrières, il s'élança, ses coussinets absorbant la chaleur et ses poils lui permettant de se mettre à température. Tout se flouta sous la vitesse. Le paysage perdit de sa netteté et de sa présence même. C'était une bande vidéo en avance rapide.
Il n'y avait qu'une immensité de bleu se mélangeait parfaitement aux couleurs du désert. C'était un panorama des plus éclatants.
Les charognards dans le ciel. Le bruit des ailes, battant à un rythme soutenu. Quelques piquées.
Le son et les couleurs étaient changés. Transportés. C'était une perception qui s'en trouvait complètement ébranlée.
Je ne voyais plus à travers des yeux d'homme.
J'étais l'animal. Un fondu parfait.
Une synchronicité établie depuis des siècles.
Le rythme de notre foulée.
La cadence de notre souffle.
Aucun chemin. Aucun point à l'horizon. Filer tout droit. S'orienter vers l'ouest. Suivre les oiseaux. Suivre son instinct.
Courir. Courir. Courir.
Ne plus s'arrêter.
Les muscles chauffant sous l'exercice.
La truffe humide.
Le soleil déclina lentement. Et la nuit pointa. La température chuta. Et le lycan remonta jusqu'à une source d'eau. Il y fourra sa truffe.
Il s'y roula.
C'était bon.
Nous adorions avoir les poils mouillés. Soudain, c'était plus supportable. Bien meilleur.
Mon lycan releva la gueule pour saisir des ombres mouvantes. Il se redressa, s'ébroua. Il n'y avait aucune peur en lui, aucun doute.
Il y avait l'Alpha. Et il y avait les autres.
Il y avait le Dominant, le Meneur. Et il y avait ceux sur qui il fallait veiller.
Des loups naturels apparurent. S'approchant lentement, cherchant à savoir s'il y avait danger. L'un d'eux fut le plus courageux. Ou le plus fou. Il vint jusqu'à nous. Il renifla.
Et il se soumit.
Le lycan aima ça. Lorsqu'il regarda un peu plus loin, il vit un lycan. Pas un des loups naturels. C'était un lycan, comme lui, comme nous.
Il était puissant. Parce que c'était l'Alpha. Parce que c'était un Puissant. Il montra les dents, comme s'il se moquait, avant de détaler. Nous n'attendîmes pas une seule seconde pour le talonner. Les loups naturels se mirent à courir avec nous.
Ils filaient derrière nous.
Nous étions des ombres nous faufilant dans le désert.
Quand la lune fut haute dans le ciel, nous croisâmes son Dieu. Il était assis sur un rocher, fumant à l'aide de son kiseru. Il nous vit et nous fit un clin d'œil, le sourire mutin. Bahloo se montrait rarement.
J'ignorai où était Lothar, mais j'étais sûr de ne pas tarder à le revoir. Il n'était jamais bien loin. Au loin, à l'horizon même, des lumières. Il y en avait beaucoup. Moins qu'une ville, mais plus qu'un hameau. Nous approchions des Terras. L'endroit où ils vivaient était bien plus beau que certains chefs-d'œuvre que nous avions dans nos villes.
Ils vivaient dans la nature, en respect totale avec elle.
Doucement, mon lycan ralentit l'allure et certains des loups naturels qui étaient avec nous s'éloignèrent un peu quand d'autres vinrent chercher notre attention.
L'autre Alpha n'était plus là. Mais nous pouvions encore le sentir.
Les abords du village. Les murs des maisons étaient de la couleur du sable. Les habitations se fondaient parfaitement dans ce désert immense. De loin, c'était un véritable trompe l'œil.
Mon lycan se laissa tomber sur le ventre, soufflant fort.
Des voix.
De la musique.
Des rires.
Le cri des enfants.
Des gens et des ombres. Il y avait des lanternes, des guirlandes.
De la vie.
Les gens ici ne vivaient pas en dehors de leur temps ; il y avait l'électricité. Il y avait l'électronique.
Il n'y avait juste pas d'Empereur. C'était plutôt... agaçant.
Mon lycan ricana. Lui, il s'en fichait bien.
Le lycan de Lothar surgit et nous heurta, joueur. Il donna des coups de crocs, des coups de langue et essaya de nous maîtriser.
Petit malin. Il s'arrêta et se redressa, les poils hérissés.
L'autre Alpha était là. Il nous observait. Son signe à notre égard fut plutôt évident.
Nous étions attendus.
Le lycan de Lothar souffla ; soupira à ce stade et attendit que je me lève pour emboiter le pas à l'autre.
Nous entrâmes dans un lieu où nous n'étions pas les bienvenus.
Messiah s'était donc douté que nous viendrions.
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* *
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Voici la suite ! ☺️ Un Ani qui passe un peu de temps avec son Lothar ; j'adore la relation entre ces deux-là, il y a pas à dire ! Vous en pensez quoi ? 😊
Dans le prochain PDV, on reste avec Ani et on entre en territoire Terras ! On va faire la connaissance d'un nouveau personnage ; pas encore le moment pour le méchant par contre... encore un peu de patience 🤭
Semaine de reprise pour moi... enfin... vendredi quoi 🤣 pour le reste, j'ai pas cours donc ma foi, je profite un peu avec Ada qui a sa semaine de partiels ! On croise les doigts pour elle ! 🤞🤞❤️
Profitez du soleil si vous le pouvez 👒🏖️
Des bisous !!!! 😘😍❤️
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