CHAPITRE 10 ( Partie 01 )


    Hermine se dirigeait comme à son habitude vers la chambre de son amie. Il était très tôt le matin, et le soleil commençait à peine à pointer le bout de son nez, pourtant, la jeune fille était persuadée qu'Aelis était déjà réveillée.

    Les domestiques avaient déjà commencé à s'activer dans tous les sens, se préparant pour l'arrivée imminente de Messire et Dame Reece; ses derniers ne devaient guère tarder, et tout devait être impeccable à leur retour. Hermine avait pitié de ces personnes qui ne cessaient de faire de leurs mieux pour satisfaire les parents de la brunette, mais qui finissaient toujours rabaissées.

    Les Reece n'avaient aucun respect pour ceux qui n'étaient pas de leur rang, et ne donnaient aucune valeur au dur labeur de ces domestiques qui se pliaient en quatre pour leur bien-être. Hermine les méprisait vraiment, et aurait déjà abandonné son travail depuis longtemps si elle n'était pas convaincue que personne n'était apte à s'occuper de son amie comme elle le faisait; Aelis avait besoin de sa présence.

    Arrivée devant la porte, elle ne prit même pas la peine de toquer, et si Lilliana, la mère d'Aelis, avait été présente, elle n'aurait manqué de faire tout un scandale, et à cette seule pensée, Hermine soupira.

    Elle poussa lentement la porte, s'attendant à voir la brunette recroquevillée sous sa couette, mais contrairement à son habitude, elle ne trouva qu'un lit vacant. Elle fronça les sourcils, perdue. Aelis ne serait jamais sorti d'ici toute seule. Elle recula alors d'un pas, et attrapa le bras de la première femme de ménage qui passa.

   - Vous ne sauriez pas si quelqu'un a fait sortir Demoiselle Aelis avant moi aujourd'hui? Elle n'est pas dans ses appartements, demanda doucement Hermine, confuse.

    La femme jeta un coup d'œil à l'intérieur de la pièce, puis fronça des sourcils à son tour.

   - Je ne pense pas que quiconque l'aurait sorti sans votre accord, nous savons bien que nous n'avons pas le droit. En revanche, il se peut que ce soit demoiselle Aelis qui en ait fait la demande, expliqua-t-elle.

   - Dans ce cas, ordonnez à tout le personnel de la chercher.

    La domestique acquisa vivement, bien qu'elle trouvait probablement cela un peu extrême, avant de se précipiter vers ses camarades, transmettant l'ordre d'Hermine.

    Très vite, l'agitation régna sur les lieux, tous se bousculaient à travers les couloirs, et l'inquiétude se transforma bientôt en panique. Elle n'était nulle part. Ils avaient passé au peigne fin toutes les pièces du manoir, sans négliger les jardins et les écuries, or, toujours aucune trace d'Aelis.

    Hermine se retrouva réellement effrayée. Qu'avait-il bien pu arriver à son amie pour qu'elle disparaisse ainsi? Cela n'avait tardé avant que l'hypothèse de l'enlèvement fût évoquée. Tous étaient convaincus que des brigands l'avaient emmenée, ce qui n'était pas totalement vrai, mais pas totalement faux.

    Contrairement aux autres, la rousse était extrêmement calme, ou plutôt pétrifiée de peur. À l'intérieur d'elle se bousculaient une multitude de scénarios, plus horribles les uns que les autres. Elle essaya cependant de respirer, toutes ces idées noires l'empêchaient de réfléchir correctement.

    - Je retourne dans sa chambre, lâcha-t-elle sans plus d'explications.

    De retour dans la chambre d'Aelis, elle se décida à inspecter la pièce, à la recherche du moindre détail capable de l'éclairer sur la situation. Les quelques domestiques qui l'avaient suivi n'osaient s'avancer et laissèrent Hermine pénétrer seule la pièce. Cette dernière regarda attentivement chaque recoin, et à première vue rien ne semblait manquer, cela ne pouvait donc être l'œuvre de brigands, ceux-ci n'auraient jamais hésiter à se remplir les poches en emportant les objets de valeurs avec eux. Et puis, il n'y avait aucune trace de lutte; si la jeune demoiselle s'était vraiment faite enlever, elle ne se serait pas gentiment laissée faire.

    Quand son regard se posa sur la table à côté de la fenêtre, Hermine tiqua; quelque chose n'était effectivement pas à sa place.

   La boîte à musique qu'aimait tant son amie.

    Alors que par la fenêtre lui parvenaient les voix des autres domestiques qui criaient au gardes d'aller à la recherche de la demoiselle, les pensées se bousculaient dans la tête d'Hermine; la seule explication pour que la boite a musique soit le seul objet a avoir disparu, serait qu'Aelis l'ait emporté avec elle, car aucun voleur ne se serait contenté de quelque chose ayant aussi peu de valeur. Cela voudrait dire que la jeune fille était partie de son plein gré, or, elle ne pouvait le faire seule.

    Mais alors avec qui? Comment cette personne avait-elle réussi à entrer et sortir d'ici sans se faire repérer par les gardes? Et surtout, Aelis était-elle en sécurité? Le cœur d'Hermine se remplit d'inquiétude et finit par déborder de chagrin, car l'évidence était là; son amie ne l'avait même pas prévenu de son départ, et elle ne sut comment réagir. Elle aurait pu l'aider, l'accompagner, s'occuper d'elle, mais Aelis ne lui avait malheureusement pas accordé assez de confiance pour cela.

    La colère et la tristesse qui grandissait en elle lui criaient de laisser tomber et d'attendre comme les autres que les gardes la retrouve- si un jour ils y arrivent- , mais une toute petite voix, celle de l'amour qu'elle portait pour sa meilleure amie, lui murmurer de ne pas l'abandonner. Repoussant ses sentiments négatifs, Hermine décide d'écouter la petite voix.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top