CHAPITRE 09 ( Partie 02 )
Willbert fût presque déçu de voir apparaître le village, au loin. Pour être tout à fait honnête, continuer de galoper sur ces interminables champs pendant encore quelques heures ne l'aurait sans doute pas dérangé.
Pendant tout le trajet, il s'était senti apaisé, mais maintenant qu'il se devait de refaire face à la réalité, il retrouvait un sentiment de lassitude. Après quelques minutes de plus, ils se retrouvèrent au campement d'Angel, qui était exactement comme l'avait laissé Willbert une semaine plus tôt.
Une fois arrivés, le jeune homme descendit de sa monture, et aida Aelis à faire de même. Il attacha ensuite le cheval à un arbre. Une fois fait, il installa la brunette à l'intérieur de la tante, car il ne fallait pas oublier qu'ils n'avaient pas fermé les yeux de la nuit, et que la jeune fille avait du sommeil à rattraper. Willbert pour sa part, avait d'autres projets en-tête, et ne pouvait se permettre de réellement dormir dans l'immédiat.
- Tu pourrais me prêter ton collier pour cette nuit? demanda-t-il.
- Pour quoi faire? répliqua-t-elle sourcils froncés.
- Puisque tu es convaincue que ce je t'ai dit est faux, et qu'Angel est innocent, pourquoi ne me laisserais-tu pas le rencontrer?
Silence.
- Je ne sais pas, répondit-elle. Écoute, Will. Je ne te traite pas de menteur. Je dis simplement que c'est peut-être un malentendu et qu'il a le droit de donner sa version de l'histoire...
La dispute qui avait eut lieu un peu plus tôt lui était restée à travers de la gorge, ainsi, il ne put retenir sa voix de monter d'un ton.
- Et pourquoi ne crois-tu pas ma version, au juste? S'emporta-t-il, amer. Je croyais que tu ne me jugerais jamais! Que de belles paroles...
Il ricana méchamment, et détourna son regard qui se perdit dans le vide.
- Tu as bien saisi la première occasion pour me rappeler le pouilleux voleur des rues que je suis.
Alors qu'il ramenait ses yeux débordant de méchanceté vers la jeune fille, il rencontra une telle expression sur son visage, que son cœur se contracta violemment et que sa poitrine lui fit affreusement mal. Il se dit à cet instant que le fait qu'elle soit aveugle lui avait au moins épargné le visage monstrueux qu'il affichait, et aussitôt, il s'en voulu d'avoir une pensée si égoïste.
Les muscles de son visage se relâchèrent et une expression de pure regret se dessina sur les traits du noiraud
- Je n'ai jamais pensé ça de toi... murmura-t-elle dans la pénombre de la nuit, la voix brisée.
La culpabilité écrasa aussitôt le cœur de Willbert. Assis à côté d'elle, il ne put détourner son regard de son visage. Après avoir tant couru, ses cheveux partaient un peu dans tout les sens, et quelques mèches brunes lui barraient le front. D'un mouvement lent, il approcha une main tremblante pour ramener l'une d'elle derrière son oreille. De légères rougeurs firent leur apparition sur les joues d'une Aelis surprise. Willbert se rendit alors compte de son geste et se hâta de retirer sa main, son visage également en feu. Il se racla la gorge.
- Pardon... Je n'aurais pas dû te parler de la sorte.
- Je n'aurais pas dû t'adresser de telle paroles non plus... Je m'en excuse.
Elle hésita quelques minuscules instants avant d'ajouter:
- Mais je continue de penser qu'il a le droit de se justifier si jamais ton histoire est vraie. Je ne dis pas qu'il n'aurait pas commis une erreur en agissant de la sorte, mais... je veux entendre ses raisons. Car de ce que j'ai vu de lui, ce n'est pas quelqu'un de mauvais.
- Comment peux-tu en être aussi sûre?
- Je n'en sais rien. Une intuition?
Willbert était en toute honnêteté, peu convaincu. Mais il décida d'écouter pour cette fois la jeune fille.
- Si je suis le fil de tes idées, il est important que je le rencontre, n'est-ce pas?
Aelis ne répondit rien, semblant réfléchir.
- Que crains-tu au juste? soupira le noiraud. Ce n'est qu'un rêve, et nous ne ferons que parler.
C'était faux, et Willbert le savait. S'il se retrouvait en face d'Angel en ce moment même, il lui ferait sans aucun doute payer ses actes. Il n'avait cependant pas menti sur le fait qu'il ne pouvait lui faire quoique ce soit, car cela restait un rêve. Dans l'immédiat, c'était le seul moyen possible pour avoir un contact avec lui, mais il comptait ensuite s'arranger pour le rencontrer en chair et en os, et finalement récupérer son pendentif.
Toutefois, pour que ce plan fonctionne, il fallait tout d'abord rassurer et convaincre Aelis. Il aurait pu tout simplement lui emprunter le collier pendant son sommeil, or il se refusait de s'abaisser aux méthodes d'Angel.
- Tu penses que c'est quelqu'un de bien, n'est-ce pas? Laisse moi au moins juger cela par moi-même, continua-t-il.
Aelis le fixa intensément avant de détacher son bijou qui glissa de son cou jusqu'au creux de sa main, et le tendit devant elle.
- Je te fais confiance, Will. Ne me déçoit pas, lâcha-t-elle.
- Jamais.
Il espéra ne jamais avoir à trahir cette promesse.
Doucement, il vint récupérer le pendentif de ces main. Alors qu'il s'apprêtait à le passer autour de son propre cou, une lueur étrange commença à s'échapper de lui. La pierre diffusait une douce lumière qui grandissait de plus en plus, alors qu'un tourbillon commençait à se former au milieu. Le vert pur semblait se noyer dans le tourbillon, alors qu'un rouge écarlate prenait sa place; on aurait dit que du sang coulait le long des parois du pendentif, jusqu'à ce qu'il devienne entièrement rouge et que le vert disparu complètement.
Cet vision laissa Willbert hébété, et il commença à se demander si tout ceci était bien réel, ou s'il s'agissait simplement de son imagination qui lui jouait des tours. Il décida toutefois de se taire pour le moment, laissant Aelis se reposer; il aura tout le temps de lui en parler plus tard.
Il mit alors le collier, et s'allongea doucement à côté de la jeune fille. Fixant le toit de la tante, il n'eut pas vraiment conscience du moment où il s'endormit.
Ce ciel là, il le reconnaîtrait entre mille. Il avait l'impression que cela faisait des années qu'il n'avait pas mis les pieds dans cette forêt, alors qu'il l'avait en réalité quitté une semaine seulement. Tout semblait si nouveau et familier à la fois, laissant un sentiment étrange à Willbert. Ou alors était-ce l'absence d'Aelis qui rendait l'endroit si différent à ses yeux? Peut-être bien.
Le noiraud se dirigea automatiquement vers leur endroit à lui et à Aelis, par habitude. Pendant qu'il avançait sur l'herbe fraîche, son regard balayait les alentour, à la recherche d'une tête blonde. Arrivé non loin des ruines qu'il avait visité avec Aelis, il vit près d'elles une silhouette qui avait la tête tourné vers le bâtiment, semblant fixer ce dernier.
Willbert s'approcha silencieusement du jeune homme à quelques mètres de lui. Lorsque seulement quelques pas les séparaient, il s'arrêta, mais ne dit rien, fixant simplement son dos. Les lueur de la lune faisaient doucement briller sa chevelure d'or que le vent venait doucement soulever.
Angel se retourna lentement et croisa les yeux cramoisis de Willbert. Il paru tout d'abord surpris, mais bien vite un sourire, un brin moqueur, vint prendre place sur son visage. Ces yeux toujours aussi incroyables, demeuraient comme à leurs habitude, vide d'émotions. Il se retrouvait maintenant face à lui.
- Tu as donc fini par me retrouver.
- Surpris?
- Je t'avouerai que oui. Je ne m'attendais pas à te revoir, mais il faut croire que tu es tenace.
- Assez oui, confirma le noiraud, d'un visage neutre.
- Dois-je en déduire que tu as trouvé le troisième? demanda-t-il, curieux.
" Le troisième? Mais de quoi parle-t-il?" Pensa Willbert.
Le noiraud se reteint difficilement de froncer les sourcils, et continua de fixer son vis-à-vis. Il essaya toutefois de ne pas montrer son trouble, car s'il changeait d'expression, il pourrait ainsi répondre indirectement au blond. Lorsque le regard d'Angel loucha vers le collier, Willbert comprit le sens de sa question.
" Oh il doit parler du collier, déduit-il, un troisième collier? Il y en aurait alors plus de deux?"
- Je viens récupérer le mien, se contenta-il de dire, laissant la question d'Angel sans réponse.
- Celui que tu porte est à Aelis?
Willbert ne répondit pas.
- Évidemment que c'est le sien puisqu'elle n'est toujours pas là, conclut-il. Tu as donc commencé par la retrouver; vraiment impressionnant que tu aies réussi à remonter jusqu'à elle. Cela n'a pas dû être facile vu son rang, mais surtout vu le tien, le provoqua-t-il.
Son ton plutôt moqueur fit plisser les yeux de Willbert, qui se retenait de rentrer dans son jeu.
- Je ne vois pas en quoi cela te regarde, rétorqua Willbert. Rend moi simplement ce qui m'appartient.
- Je ne pense pas que tu aies vraiment conscience de la valeur de ce bijoux.
- Pour être tout à fait honnête Angel, ce que tu penses m'importe peu, s'agaça-t-il, et puis, que-ce que tu sais de plus que nous?
- Beaucoup plus que tu ne le crois.
Cette réponse attisa la curiosité de Willbert, mais il ne comptait posé aucune autre question, déterminé a rester de marbre face au blond.
- Je ne veux pas de tes informations. Tu m'as pris quelque chose qui m'est chère, et je suis venu la reprendre. C'est aussi simple que cela.
Angel gloussa.
- Quel ironie. C'est toi qui te plains de vol?
- Écoute moi bien, dit-il les dents serrées, essayant de contenir la colère qui montait en lui. Tu ne sais absolument rien de moi. Ni des choix que j'ai dû faire. Alors je ne te permets pas ce genre de propos. Et pour ma part, je n'ai jamais fait semblant d'être amical avec quelqu'un, gagnant sa confiance, pour ensuite le trahir.
Le visage d'Angel devint aussi vide d'émotion que ces yeux, et son sourire s'éteignit aussitôt. Willbert n'avait certes rencontré ce jeune homme que deux fois, mais il ne l'avait jamais vu avec une expression aussi froide, et ce changement brusque lui donna presque quelques frissons. Toutefois, le noiraud ne se dégonfla pas et continua de le fixer, dans l'attente d'une réponse.
- Je ne faisais pas semblant, soupira-t-il. Je suis certain qu'en d'autres circonstances, nous aurions réellement pu être amis.
Et il semblait si sincère que le noiraud fût troublé par ces paroles.
- Alors pourquoi fais-tu cela? répliqua-t-il.
Le blond se tut quelques instants semblant chercher les mots adéquats.
- Dis-moi, Willbert, as-tu des regrets?
- Nous en avons tous, répondit-il automatiquement.
- Naturellement. Mais je ne te parle pas de regrets que nous pouvons avoir tous les jours, ceux que nous oublions complètement quelques temps plus tard. Je te parle de ces regrets qui te détruisent de l'intérieur. Ceux qui te consume. Ceux pour lesquels tu serais prêt à tout donner pour revenir à ce moment fatidique, et changer de chemin.
Aussitôt d'Angel eu finit son discours, Willbert baissa les yeux. Dans sa tête se bousculait un tas d'images, des souvenirs qu'il avait enfouis profondément en lui. Oui, il comprenait très bien le sens des propos d'Angel. Ses regrets l'avaient longtemps hanté, et le hantait toujours, comme si le sang qui souillait ses mains n'avait jamais réellement disparu depuis ce jour là.
- À en juger par ta tête, j'en déduis que tu comprend parfaitement, continua-t-il presque compatissant.
- Peut-être. Toutefois, je ne vois toujours pas le rapport avec le collier, redemanda Willbert, souhaitant s'éloigner des images sombres de son passé.
- Pour faire simple, il peut t'aider à effacer ces regrets.
- Comment? s'étonna Willbert.
- Je suppose qu'Aelis t'as raconté tout ce qu'elle savait.
- Effectivement, confirma Willbert. Cette fameuse légende.
- Et bien ce n'est pas qu'une simple légende; elle est réelle, mais incomplète.
Willbert ne sut quoi répondre.
- Elyon est réel, le portail du Temps l'est aussi, poursuit Angel, le monde dont elle t'as parlé existe, même s'il n'est plus ce qu'il était.
- Supposons que ce soit vrai. Je ne comprends pas d'où tu tiens toute ces informations.
- Tout simplement parce que je viens de ce monde là.
Le vent souffla un peu plus brusquement, et seul le bruit des feuilles d'arbres se faisaient entendre, alors que Willbert restait silencieux face à la déclaration du blond, le jugeant du regard; disait-il la vérité? Le noiraud avait du mal à y croire. après les colliers, il avait bien compris que tout était possible, mais de là à penser à l'existence d'un tout autre monde...
- Si je me souviens bien, le monde dont tu parles est celui où l'on pratique la magie, dit Willbert.
- Pratiquait, le corrigea-il, ce n'est plus vraiment le cas.
- Comment ça?
- Il fût un temps où la magie faisait partie de notre quotidien, toutefois, depuis certains événements, rares sont ceux qui y ont encore accès, expliqua-t-il.
- Certains événements ?
- Cela serait vraiment très long à expliquer, il vaut mieux en rester là.
Or, le noiraud se noyait dans sa curiosité et ne comptait pas en rester là; cette histoire l'intéressait de plus en plus, et il était avide de détails.
- J'ai tout mon temps, dit Willbert, déterminé.
- Je confirme, tu est tenace, soupira Angel. D'habiture je ne m'encombre jamais de compagnons, je vais toutefois faire exception; que diriez vous de venir avec moi?
- Pardon? S'étouffa presque Willbert.
- Tu veux satisfaire ta curiosité, et j'ai besoin du bijou d'Aelis, chacun y trouve son compte.
Willbert continua à le regarder quelques secondes; il ne s'attendait clairement pas à une proposition pareille.
- Tu oublies que je n'ai aucune confiance en toi.
- Oh non pas du tout. Mais au lieu de continuer à me pendre en chasser alors que nous partageons le même but, il vaut mieux avancer ensemble. Et puis, si tu veux un preuve de ma honnêteté, je veux bien t'en offrir une.
Étonnamment, l'idée de l'accompagner devenait de plus en plus tentante.
- Quel genre de preuve?
- Je ne peux malheureusement rien faire ici; il faudrait se rencontrer.
- Quand?
- Le plus tôt sera le mieux, nous avons assez perdu de temps ainsi; que dirais tu de demain? proposa Angel.
- Parfait.
Après avoir décidé du lieu et du moment exact du rendez-vous, Angel s'assied sur l'herbe fraîche fixant encore et toujours la bâtisse. Willbert finit par se mettre à un pas de lui, mais le noiraud quant à lui, fixait les étoiles. Ils ne dirent plus un mot jusqu'à leur réveil.
Lorsqu'il expliqua la situation à Aelis, qui l'attendait déjà éveillée, celle-ci ne s'y opposa pas, et semblait plutôt satisfaite de la tournure que prenaient les choses. Ce n'était malheureusement pas le cas de Willbert qui doutait encore de ce choix. Il n'arrivait tout simplement pas à l'apprécier, lui et son air arrogant, et pensait sincèrement ne jamais pouvoir y arriver.
Et pourtant...
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Hey!
Cette partie est exceptionnellement longue, mais je n'arrivait pas a couper a un autre moment x) J'espère tout de même que vous avez apprécié la lecture ^^ N'hésitez pas a me faire part de vos avis que ce soit sur le chapitre ou sur l'avancée de l'histoire, ça m'aiderait beaucoup!
A très bientôt ^^
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