Chapitre 08 ( Partie 02 )
Même s'il ne pouvait pas voir son expression, sa respiration qui se coupa le temps d'un battement de cœur, traduisait sa surprise. Aelis se leva précipitamment de son lit, et se dirigea vers Willbert, ou du moins elle essayé, guidé uniquement par sa voix.
- W-will...? Will, c'est bien toi? chuchota-t-elle en retour, comme s'ils craignaient de déranger le ciel endormi.
- C'est moi...
- Mon dieu, je me suis tellement inquiété! Tu as tout à coup disparu, j'ai eu si peur pour toi! J-j'ai imaginé tout les malheurs qu'ils auraient pu t'arriver... J-je... Oh mon dieu!
Elle parlait à une vitesse impressionnante, c'était comme si elle essayait de tout dire d'un trait par crainte qu'il disparaisse à nouveau, et Willbert avait presque du mal à suivre ce qu'elle balbutiait. Ses yeux se remplirent vite de larmes, et quelques gouttes salées traçaient leurs chemins sur sa joue, alors que ses yeux étaient perdu dans le vide.
Quant au noiraud, il avait les sourcils relevés et les yeux grands ouverts, réellement surpris par cette réaction; d'aussi loin qu'il s'en souvenait, personne ne s'était jamais autant inquiété pour lui. La jeune fille paraissait si sincère, et Willbert sentit une douce chaleur se propager dans sa poitrine, ainsi qu'un sourire timide qu'il n'arrivait à retenir, étirer ses lèvres.
- Calme toi, je suis là à présent, et je vais bien, murmura-il dans l'espoir de la rassurer.
- Heureusement! Sinon je me le serais jamais pardonné. Crois moi, je leurs ai bien dit que j'avais besoin de sortir, mais comme d'habitude, on ne m'écoute jamais! Angel été même d'accord pour m'aider à-
Le cerveau de Willbert n'arrivait plus à capter ses paroles dès l'instant où le nom d'Angel fût prononcé, et le reste des explications de la jeune fille furent comme un bourdonnement à ses oreillers; incompressibles.
- Att-Attends, quoi? Angel? demanda Willbert, complètement déboussolé.
- Ah oui tu ne le connais pas, c'est la personne qui a récupéré ton collier, expliqua-t-elle.
- Récupérer? Comment ça "récupérer"?
- Et bien tu l'a apparemment perdu dans une ruelle; Angel l'a simplement ramassé.
- C'est lui qui t'as raconté ça? C'est n'importe quoi, il me l'a volé!
Il laissait la colère l'emporter, et même s'il savait qu'il ne devait pas hausser le ton ainsi, le fait que ce menteur et Aelis se soient rencontrés, et que ce dernier lui ai raconté de tel bobards, le mettait hors de lui.
- Hein? Qu'est-ce que tu racontes Will? Pour quel raison aurait-il fait ça?
Du bruit lui parvenait depuis la fenêtre mais il ne s'en soucia pas, et la jeune fille ne sembla même pas le remarquer, où alors elle pensait que c'était simplement le bruit du vent.
- Je n'en sais rien! Mais je suis absolument certain que c'est lui qui me l'a pris.
Il passait sa mais dans ces cheveux et les tirait si fort qu'on avait l'impression qu'il allait les arracher; un tic qu'il avait lorsqu'il était nerveux ou énervé.
- Écoute moi, je crois que tu n'as pas les idées claires. Je connais Angel et il ne t'aurait jamais fait ça.
- Tu le connais? Un rire nerveux se fondit dans l'air. Il t'a menti Aelis!
- Dans quel but?
Il se tut.
- Tu vois que même toi tu trouves ça insensé, ajouta-t-elle
- Alors c'est lui que tu décides de croire lui, lâcha-t-il la voix pleine d'amertume.
- Ça n'a rien à voir! se défendit la brune.
- Bien sûr que si! Tu te demande dans quel but il t'aurait menti? Et moi alors? Pourquoi chercherais-je à le faire?
- Ce n'est pas pareil... Tu es tellement habitué à vivre dans le crime et le mensonge, que tu les vois partout, même là où il n'y en a pas, dit-elle tristement.
Ces paroles eurent l'effet d'une douche froide pour Willbert, ou plutôt glacé. La chaleur ressentie plutôt avait totalement disparu, dissipée par la noirceur qui le gagnait et le consumait de l'intérieur, ne laissant qu'un trou béant, un énorme vide. C'était donc ainsi qu'elle le voyait.
Elle avait beau affirmer qu'elle ne le jugeait ni par ses origines, ni par ses actes, elle n'était en rien différente des autres. Elle faisait seulement semblant de l'être. Une hypocrite, voilà tout ce qu'elle représentait à présent au yeux du noiraud. Un profond sentiment de dégoût le submergea alors, et il prit conscience de tout les risques qu'il avait pris pour la voir ne serait-ce qu'une unique fois; il s'était à nouveau mis tout le groupe de brigands à dos.
Il n'avait absolument aucun plan pour sortir d'ici, et de plus en plus de chance de finir au cachots, et cette fois, il risquait bien d'y pourrir. Une énorme haine grondait en lui, ne demandant qu'à s'exprimer. Pourtant, lui-même ne saurait dire contre qui elle était dirigée. Aelis? Sa propre personne? Probablement les deux. Et ce vide continuait de tout engloutir.
- Je n'aurais jamais dû venir, annonça-il, alors qu'il détournait Aelis, se dirigeant vers la porte.
- W-will, non, attends! Ce n'était pas ce que je voulais dire, dit la jeune fille tout en essayant maladroitement de le rattraper.
- Cela n'empêche pas que tu le pensais, et que tu le pense toujours d'ailleurs.
- Pas du tout! Tu n'as simplement pas compris le sens de- Aïe!
La main sur le poignet de la porte, Willbert se retourna vers elle, et son regard passa par la fenêtre depuis laquelle aucun bruit ne parvenait plus - ils avaient sûrement fini par abandonner cette entrée-, puis s'encra sur la jeune fille à terre, qui avait fini par trébucher en essayant de le suivre.
Il avait beau être en colère, il ne put se résoudre à la laisser ainsi, à terre, alors il se dirigea vers elle, s'accroupi, et attrapa délicatement sa main pour l'aider à se remettre sur pieds. Une fois fait, il s'apprêtait à regagner la porte, mais la jeune fille profita du fait qu'il soit proche pour lui attraper maladroitement le poignet.
N'ayant aucune envie que la discussion s'éternise encore, Willbert tira sur sa main pour se détacher, mais Aelis le serra plus fort pour l'en empêcher, s'aidant de sa deuxième main pour cela. Le jeune homme fut étonné par la force que mettait la brune dans ce geste; elle était bien plus forte qu'en apparence.
- Qu'est-ce que tu veux? demanda-il.
- J'ai réfléchi.
- Réfléchi? À quoi?
Elle inspira.
- Tu sais, quand nous avions trouvé cette carte, tu m'avais demandé de réfléchir à ce que je voulais faire, et je l'ai fait.
Avec tout ce qu'il s'était passé dernièrement, Willbert en avait presque oublié cette histoire, tout comme la proposition qu'il lui avait faite une semaine plus tôt.
- Et qu'as-tu décidé?
- Je veux y aller, annonça-t-elle déterminée.
- Parfait alors. Tu n'auras qu'à y aller avec Angel, répondit-il, rancunier.
- Arrête ça, soupira-t-elle. C'est avec toi que je veux vivre cette aventure, sinon elle n'aura aucune valeur pour moi...
Il ne sut pas vraiment quoi répondre à cela.
- Supposons que j'accepte, il ne te laisserons pas sortir.
- Qui a dit que j'allais demander leur autorisation? Rétorqua-elle.
- Tu comptes t'échapper? Mais comment? Tu ne peux pas faire ça toute seule. Et puis tu n'as pas conscience du nombre de garde dehors.
- Oh mais je ne suis pas seule; tu es là. Elle haussa des épaules. Pour les gardes, je te fais confiance. Tu es arrivé à entrer, nous arrivons bien à sortir.
Il hésita longuement à lui dire la vérité, mais il préféra finalement être honnête; elle le prenait déjà pour un menteur, pas besoin d'en rajouter. Et puis, même s'il l'avait fait, il n'allait pas pouvoir la berner longtemps, puisqu'il n'avait aucune idée de comment sortir de cette maison aussi grand qu'un château, et aussi complexe qu'un labyrinthe.
Il lui expliqua alors par quel moyen il s'était retrouvé ici, et que sans le plan, il n'avait aucune idée de comment en sortir. Contrairement à ce à quoi il s'attendait, la réaction d'Aelis fût très calme, elle l'écoutait silencieusement, jusqu'à ce qu'il arrive à la fin de son récit. Ignorant complètement la partie d'Angel, jugeant certainement que ce n'était pas le moment, elle répondit:
- Je vois... Souffla-t-elle
- Tu... Tu ne m'en veux pas? s'étonna Willbert.
- Sincèrement? Je ne sais pas. Les richesses de cette endroit n'ont jamais eu de réel valeur pour moi. Et puis je n'ai aucune raison de t'en vouloir; tu n'aurais pas pu les arrêter, et tu les as suivi pour pouvoir m'aider. Alors je t'en suis plutôt reconnaissante.
Un sourire courbait ses lèvres rosées, ce qui soulagea Willbert.
- Par contre, ajouta Aelis, je ne crois pas que le plan soit indispensable. C'est ma demeure alors je peux bien te guider, annonça-t-elle tout sourire.
Willbert se sentit bête de ne pas y avoir penser, ou plutôt, d'avoir penser qu'elle en était incapable à cause de son handicape. Maintenant qu'il la voyait si déterminée, il se dit que ce ne serait peut-être pas impossible.
- D'accord, je te suis.
Avant de quitter la chambre, le jeune homme aida Aelis à emporter quelques affaires dans un sac trouvé dans un coin de la pièce, y mis quelques vêtements, ainsi que la boîte à musique qu'elle lui demanda d'ajouter, ce qu'il lui fit sincèrement plaisir.
Quand il finit de tout préparer, il mit le sac sur son épaule, et glissa sa main dans celle d'Aelis, avant d'ouvrir la porte qui donnait sur un long couloir assez sombre; il n'aimait définitivement pas l'aura de ce manoir.
Willbert avait toujours apprécié le calme, et jamais il n'aurait cru trouver le silence aussi angoissant, voir effrayant.
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