Chapitre 5 - Woodz


Cela fait exactement une semaine que Woodz est enfermé dans cette chambre d'hôpital. Sept jours durant lesquels il a vu passer une multitude de médecins et d'infirmières, tous défilant devant son lit. Sept jours sans revoir Kino ou ses amis les plus proches. Sept jours loin de ses habitudes, de son foyer, de sa musique et des gens qu'il aime.

Durant ces sept jours, qui lui ont paru une éternité, Woodz a eu tout le loisir de méditer sur les conséquences de ses actes, des actes qui auraient pu lui coûter la vie. Les longues discussions avec le psychologue de l'hôpital l'ont aidé à prendre pleinement conscience de son erreur.

Ce matin, il sait que l'avis de son médecin sera décisif. Pourtant, il a l'intime conviction que tout ira bien et qu'il pourra enfin rentrer chez lui. Habité par cet élan d'optimisme et de joie, il termine de s'habiller, rassemble ses affaires et se prépare avec l'espoir de quitter enfin cet endroit.

Tandis qu'il referme avec entrain la fermeture-éclair de son sac, il entend quelqu'un toquer à la porte de sa chambre. Il se retourne rapidement et accueille le médecin chargé de son dossier avec un large sourire sur le visage.

— Bonjour M. Cho, comment allez-vous aujourd'hui ?

— Je pète le feu, docteur !

— Bon, c'est déjà une bonne chose de vous voir aussi joyeux, rétorque le médecin en balayant du bout des doigts l'écran de sa tablette tactile. Je vois ici que durant votre semaine, vous avez eu plusieurs rendez-vous avec notre psychologue. Comment se sont passées ces consultations ?

— J'ai réalisé à quel point j'avais été con d'agir comme ça... J'aime la vie vous savez, j'aime vraiment ma vie... J'ai surtout agi sur un coup de tête, mais en voyant tout ce que j'ai failli perdre. J'ai vraiment compris que plus jamais je ne devais faire la même connerie.

— Je comprends, oui, répond le médecin d'une voix calme et posée. Écoutez, je ne vois plus de raisons de vous garder davantage ici. Effectivement, d'un point de vue médical, vous allez très bien. D'après le compte rendu de notre psychologue, il vous est tout de même conseillé de poursuivre une thérapie en rentrant chez vous.

— Je peux rentrer, alors ? demande Woodz en joignant ses deux mains l'une contre l'autre en signe de supplication.

— Oui. J'ai déjà prévenu votre oncle, il est d'ailleurs dans la salle d'attente, il voulait vous faire la surprise. Je vais lui dire de venir vous récupérer ici, le temps que vous terminiez de rassembler vos affaires.

Tandis que le médecin quitte enfin la pièce, Woodz saute de ce lit qu'il est ravi de pouvoir quitter et s'empresse de finir son sac. Une immense vague de soulagement s'empare alors de lui et c'est avec le cœur léger qu'il se retourne en entendant la porte de sa chambre s'ouvrir à nouveau. Il sourit en voyant apparaître son oncle, mais lorsqu'il découvre derrière lui, son frère jumeau, suivi de Kino, Hanse et de Seungsik, c'est une toute autre émotion qui vient brusquement l'assaillir.

— Vous êtes tous venus, déclare Woodz d'une voix tremblante. Merci, ça me fait tellement du bien de tous vous voir.

— On t'a promis d'être là pour toi, Seungyoun, ajoute Kino en s'approchant doucement de Woodz avant de l'enlacer. Il est hors de question que tu te sentes à nouveau aussi seul et aussi mal. Même Seungsik et Hanse sont venus.

— Ça n'a pas été trop compliqué pour toi, Hanse ? J'veux dire, avec ton beau-père ?

— Il a décidé d'être tout mielleux avec moi depuis notre dispute... C'est louche, mais bon, au moins ça m'a permis d'être ici aujourd'hui, alors c'est tout ce qui compte !

— Deux week-ends d'affilés que je prends un train de Busan pour Séoul, je devrais envisager une carte de fidélité, tu crois ? ajoute Seungwoo en riant tout en venant taper sur l'épaule de son frère jumeau.

Woodz observe Jinjin venir à son tour l'enlacer chaleureusement sans le relâcher tout de suite. Le visage enfoui contre son torse, il se dégage dificillement de son étreinte en riant.

— Ça me fait vraiment super plaisir que vous soyez tous là... Mais par pitié, arrêtez avec vos câlins et laissez-moi me barrer d'ici, conclut Woodz en souriant.

En arrivant sur le parking de l'hôpital, Woodz remercie chaleureusement Seungsik et Hanse, qui prennent déjà la direction de l'arrêt de bus le plus proche. Non loin de là, son regard se pose sur Seungwoo, en pleine négociation avec Jinjin, tentant désespérément de le convaincre de lui laisser le volant de sa voiture de sport.

Tandis qu'il rit devant ce semblant de dispute entre son frère et son oncle, il s'installe sur la banquette arrière de la voiture, puis une sensation familière le ramène à l'instant présent. Les doigts de Kino s'entrelacent discrètement aux siens, il tourne alors la tête vers lui, son regard débordant de tendresse. Un sourire se dessine sur ses lèvres à l'idée de rentrer enfin chez eux, où ils pourront, dans l'intimité, parler plus sérieusement de cette déclaration d'amour qui flotte encore dans l'air.


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Lorsqu'il s'apprête à monter les escaliers pour rejoindre sa chambre, il est retenu par son frère jumeau qui l'invite à lui faire face avant de l'enlacer fermement, faisant tomber son sac au sol par la même occasion.

— Je t'aime, frangin, annonce timidement Seungwoo sans relâcher le corps de Woodz.

— Moi aussi, Woo. Je t'aime... Mais avec tes gros bras musclés, tu m'fait mal.

Heureusement pour Woodz, leur accolade fraternelle est rapidement coupée par l'arrivée de Jinjin au niveau des escaliers.

— Seungwoo, je suis vraiment ravi de t'avoir avec nous ici, mais la prochaine fois que tu viens nous voir, essaie de venir juste pour le plaisir et pas pour des situations d'urgence. Je pense que ça nous ferait du bien à tous moralement... Bon, on va laisser Seungyoun retrouver ses repères et on s'occupe de préparer le repas de ce soir, tu viens ?

Woodz s'apprête alors à récupérer son sac avant de se diriger vers sa chambre, mais il voit Kino se pencher pour le faire à sa place, avant de lui attraper délicatement la main. En franchissant enfin le seuil de la porte de sa chambre, Woodz remarque un étui en cuir déposé sur son lit. Il se retourne alors, un peu perplexe, avant de découvrir un grand sourire sur le visage de Kino.

— C'est le cadeau que je voulais t'offrir l'autre soir, au restaurant... J'espère qu'elle te plaira.

Encore légèrement sous le choc, Woodz relâche doucement la main de Kino et s'avance vers le lit, intrigué. Il ouvre l'étui et découvre une guitare flambant neuve, un modèle qu'il avait évoqué avec passion auprès de Kino le mois dernier.

Un sourire éclaire instantanément son visage tandis que ses yeux brillent d'une joie sincère. Son regard ne quitte pas l'instrument, jusqu'à ce qu'il sente la présence de Kino, qui vient s'installer face à lui sur le lit, l'expression de son visage ne dégageant que douceur et amour.

— Kino... Si tu m'offres une guitare à chaque tentative de suicide, je vais y repenser plus souvent, tu sais.

— Seungyoun... C'est pas drôle.

— Désolé, mais je préfère en rire qu'en faire un sujet tabou, répond Woodz en déposant sa nouvelle guitare à l'autre bout du lit. Mais plus sérieusement, merci beaucoup pour le cadeau. Je te demande pardon de ne pas avoir été là au restaurant ce soir-là. Je sais que tu m'as attendu un moment... T'as dû croire que je t'avais posé un lapin... Alors pardon pour ça.

— Je me souviens juste d'avoir eu peur pour toi, Seungyoun... Quand j'ai reçu ton message, j'ai tout de suite compris que tu n'allais pas bien... Putain, si tu savais à quelle vitesse j'ai couru pour arriver le plus vite possible ici. C'était vraiment une soirée atroce, j'en fais encore des cauchemars.

Le sourire lumineux qui éclairait son visage s'efface soudain, laissant place à une profonde tristesse face à la détresse de Kino. Voyant ses yeux se remplir de larmes et sa voix vaciller sous le poids de l'émotion, Woodz s'approche doucement de lui et capture son visage entre ses mains.

Plongeant son regard dans celui de Kino, il cherche à s'assurer que ce dernier est prêt pour ce qu'il s'apprête à faire et puis, dans un silence apaisant, ses lèvres viennent tendrement se poser sur celles de Kino.

Ce doux baiser le ramène malgré lui à celui qu'ils s'apprêtaient à échanger ce mercredi soir, avant que sa vie ne bascule irréversiblement dans un déferlement de tristesse. Ce baiser que Kino était sur le point de lui donner et qu'il était enfin prêt à recevoir. Ce baiser auquel il a si souvent repensé, même durant ses journées les plus sombres.

Aujourd'hui, il sent qu'il peut enfin embrasser Kino sans crainte et sans culpabilité, mais lorsque leurs lèvres se quittent enfin, Woodz a une sensation de vide. Alors avant même que Kino ne puisse reprendre son souffle ou bien simplement réaliser ce qui vient de se produire, Woodz se jette à nouveau sur ses lèvres comme si sa vie en dépendait.

— Oh merde, je vois que je dérange, annonce Seungwoo qui se tient dans l'embrasure de la porte. C'est cool pour vous deux, il était temps putain ! J'voulais savoir si je pouvais prendre la chambre de Kino pour la nuit, mais du coup, je suppose que c'est bon pour vous ?

— Ah, euh... Ouais, bien sûr, tu peux dormir dans sa chambre. Je vais garder Kino avec moi je pense, répond Woodz en voyant Kino paralysé par la gêne.

Tandis que son frère jumeau s'en va, Woodz tourne la tête et pose à nouveau toute son attention sur Kino. Devant son visage encore rougi par l'émotion, il lui sourit tendrement avant de revenir déposer un baiser chaste et délicat sur le coin de sa lèvre.

— T'es vraiment trop mignon quand tu rougis comme ça, murmure Woodz en remplaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille de Kino. Bon, je suppose que c'est officiel alors ? Oh, dis, j'ai le droit de te donner un surnom ridicule ? Allez, dis oui, s'il te plaît !

— Seungyoun, pardon, mais je... Je crois que je ne réalise pas complètement, en fait. Si tu savais, j'ai tellement rêvé de ce baiser.

— J'me débrouille mieux que dans tes rêves, alors ? J'ai pas trop envie d'être en concurrence avec moi-même, mais j'suis prêt à me battre s'il le faut !

— T'es con.

— Je sais, rétorque Woodz dans un sourire fier avant de se lever du matelas. Allez, viens, on va les aider pour le repas... Ne t'inquiète pas trop, on va aller à ton rythme et on prendra le temps de laisser ton petit cœur se remettre de ses émotions. J'suis même prêt à ne plus t'embrasser s'il le faut, pour te laisser le temps de-

Coupé dans sa déclaration par un baiser aussi soudain que maladroit, Woodz ne peut s'empêcher de rougir devant l'intensité et la passion de cet élan imprévu.

— Arrête de dire n'importe quoi, murmure Kino avant de déposer un dernier baiser sur la joue de Woodz. Bon, maintenant que ton frère est au courant, je suppose qu'il nous reste plus qu'à l'annoncer à ton oncle.

Woodz attrape alors la main tendue de Kino avant de le suivre en direction de la cuisine, le cœur léger et le sourire aux lèvres.


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Un léger bruit de pas dans le couloir menant à sa chambre indique à Woodz que Kino ne va pas tarder à le rejoindre. Il verrouille son portable et le pose au loin sur la table de chevet, avant de se décaler au milieu de son matelas pour faire de la place à Kino. Lorsque ce dernier apparaît devant lui dans sa chambre, Woodz remarque rapidement son embarras et sa timidité.

Il ouvre alors délicatement la couverture d'une main et tapote l'oreiller à côté du sien de l'autre main pour inviter Kino à venir se blottir dans ses bras.

— Tu sens bon, murmure Woodz en enlaçant Kino sous la couette. J'ai toujours adoré l'odeur de ton gel douche à la papaye. C'est une odeur qui m'a toujours apaisé, mais en fait, je pense que c'est surtout ton odeur à toi que j'aimais.

— Seungyoun, tu veux bien me serrer un peu plus fort ? demande timidement Kino en rapprochant son dos contre le torse de Woodz. Et s'il te plaît, ne me lâche plus jamais ensuite.

— Un câlin pour l'éternité pour le jeune homme, c'est noté ! ajoute Woodz en riant avant de déposer un baiser dans le cou de Kino. Et toi, tu veux bien me tendre ton poignet, s'il te plaît ?

Lorsque le poignet de Kino arrive enfin près de son visage, Woodz l'attrape et vient délicatement poser un baiser sur ses cicatrices avant de venir replacer ses mains enlacées dans les siennes contre le ventre de Kino.

— Chaque bisou effacera un peu plus tes cicatrices. Fais-moi confiance, je vais te guérir.

— Merci de m'aimer, Seungyoun, murmure Kino en déposant un baiser sur la main de Woodz avant de bâiller.

— Merci d'avoir accepté de devenir mon petit ami. On devait dormir, la journée a été chargée en émotion.

— Ouais, t'as raison... J'espère juste que ton rendez-vous avec le directeur Cha lundi matin se passera bien. Et surtout, j'espère qu'il t'autorisera à venir pour le voyage scolaire... Parce que j'irai pas sans toi.

— Moi non plus, j'irai nulle part sans toi... T'inquiète pas, tout va bien se passer maintenant, murmure Woodz contre l'oreille de Kino qui s'endort déjà paisiblement.

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