Chapitre 2 - Hanse
De légers murmures, presque imperceptibles, tirent doucement Hanse de son sommeil. Étendu à l'autre extrémité du futon, il soupire discrètement pour lui-même en réalisant qu'il s'est éloigné du torse de Seungsik pendant la nuit. Immobile, il tend l'oreille pour essayer de comprendre la conversation qui se déroule dans son dos. Bien qu'il soit conscient qu'espionner secrètement des conversations n'est pas poli, sa curiosité finit par l'emporter sur sa raison.
— J'ai soif.
En comprenant que Seungsik et Hanbi sont réveillés, il continue de rester immobile pour ne pas les interrompre, mais un sourire naissant malgré lui en observant leur belle complicité. Lorsqu'il entend Seungsik s'éloigner de leur lit de fortune, il continue de feindre un profond sommeil, attendant patiemment son retour.
Quand ce dernier revient dans la pièce, Hanse ne peut s'empêcher de sourire en l'entendant rassurer tendrement sa petite sœur, tel un grand frère exemplaire. Ce moment empli de douceur lui serre légèrement le cœur, touché par l'attention et la prévenance dont Seungsik fait preuve envers Hanbi.
— Rendors-toi maintenant, tout ira bien.
— Merci Seungsik... Tu sais, je t'aime vraiment.
Lorsqu'il entend Seungsik rejoindre discrètement le futon, Hanse est pris d'une envie soudaine de revenir se coller à lui. Alors que ce dernier commence à ajuster la couverture de son côté, il n'a pas le temps de se rendre compte de ces gestes, qu'il est déjà en train d'enlacer fermement le ventre de Seungsik.
Mais au lieu de relâcher son emprise en réalisant l'impact de ce câlin qui se veut innocent et inconscient, il resserre encore plus fort son emprise. Il enfouit alors son visage dans le creux du cou de Seungsik, avant de se rendre compte qu'il recherchait inconsciemment la chaleur réconfortante de son corps.
Quand il décide enfin de se rendormir pour de bon, il sent la main de Seungsik venir tendrement se poser sur son épaule, puis c'est son visage qui vient se placer au-dessus de son crâne. Hanse peut alors sentir son souffle chaud se faufiler doucement entre ses mèches rebelles.
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En ouvrant les yeux, la lumière du jour filtrant à travers les rideaux de la chambre est la première chose qui parvient à Hanse. Ce n'est qu'ensuite qu'il réalise, en remarquant leur proximité, qu'il n'a toujours pas relâché le torse de son hôte. Le visage toujours enfoui au niveau de sa clavicule, Hanse a l'impression que Seungsik est déjà réveillé. Cependant, il décide de profiter encore un instant pour rester égoïstement blotti contre lui.
Sans bouger, il se contente alors de refermer les yeux un moment. Il peut alors sentir certains de ses sens en émoi. La chaleur qui émane du corps de Seungsik le rend fébrile, mais lorsqu'il prend une minute pour simplement respirer l'odeur de ce dernier, il est agréablement surpris de reconnaître celle-ci.
Ce parfum qu'il lui a offert il y a plusieurs semaines, ces notes fruitées, ce geste parfaitement innocent. Tout ça lui semble pourtant être aujourd'hui la preuve de quelque chose de plus fort, de plus important. À contrecœur, il se résout à mettre fin à sa petite comédie en s'étirant doucement, tout en se reculant pour libérer le bras de Seungsik.
— T'as bien dormi ? demande doucement Seungsik en se redressant pour s'asseoir. Tu te sens comment ?
— Tu veux dire... Comparé à moi, hier soir, en train de chialer dans tes bras ?
— J'aurais pas formulé ça comme ça, poursuit Seungsik en adressant un sourire à Hanse.
— Ça va beaucoup mieux, ouais, merci... Pour, tu sais... Enfin, pour tout quoi.
Ses yeux enfin complètement habitués à la lumière du jour, Hanse se redresse et se positionne en tailleur sur la couverture. Mais soudain, ses yeux se posent sur le lit entièrement vide de Seungsik.
— Hanbi ? Elle est où ? demande brusquement Hanse en paniquant.
— T'inquiète pas, elle est juste partie faire pipi, explique Seungsik en riant. Mais t'es mignon quand tu paniques comme ça.
— J'suis pas mignon.
— Si tu le dis.
Alors qu'un silence gênant vient remplir la pièce, en faisant rougir ses joues au passage, Hanse réalise l'ampleur de la situation actuelle.
— J'vais rentrer chez moi avec Hanbi avant que tes mamans nous captent, t'en fais pas. J'dois rentrer, ensuite je vais surement devoir m'excuser et espérer avoir un nouveau portable rapidement aussi, et puis je-
— Oh non, le coupe doucement Seungsik en posant sa main sur son genou. T'y est pas du tout, Hanse... Il est hors de question que j'vous laisse rentrer seuls.
Hanse reste inerte face à l'assurance dont fait soudainement preuve Seungsik, un air sérieux sur le visage.
— Cette nuit, j'ai un peu discuté avec Hanbi... Elle avait peur que ton beau-père s'énerve contre toi et votre mère, explique calmement Seungsik en retirant enfin sa main du genou d'Hanse. Alors, si une chose est sûre, c'est que je serai là pour vous, j'vous laisse pas rentrer seuls. Je sais pas encore comment ma mère et Dami vont réagir, mais j'espère que ça va se régler calmement.
Rassuré après ce qu'il vient d'entendre, Hanse prend une grande inspiration avant de s'étirer en expirant lentement. Au même instant, son regard se pose attentivement sur le visage de Seungsik et un sourire éclaire son visage en remarquant une mèche de cheveux complètement ébouriffée.
Sans s'en apercevoir, dans un geste instinctif et presque inconscient, il avance doucement sa main vers son visage.
— Attends, bouge pas, annonce Hanse en riant avant de venir poser sa main sur le haut du crâne de Seungsik. T'as vraiment une coiffure horrible là.
— Ouais, un peu comme si quelqu'un avait pris mon bras en otage toute la nuit ?
Alors qu'il sent une douce chaleur envahir ses joues, il remarque avec un sourire en coin que Seungsik se met à rougir aussi bêtement que lui. Au moment où il s'apprête à répondre à sa taquinerie, Hanbi déboule dans la chambre en courant, apeurée.
— Sese ! J'ai vu un monstre !
Il observe alors sa petite sœur venir se positionner entre lui et Seungsik, avant de voir Sua se tenir dans l'embrasure de la porte de la chambre de son hôte. Les poings fermés contre ses hanches dans une position stricte, il distingue aisément un visage fermé et colérique derrière ce masque de beauté dégoulinant de crème.
— Seungsik, tu m'expliques avant que je m'énerve, s'il te plaît ? Il me semble qu'on ne t'a jamais rien interdit, depuis quand tu fais tes coups en douce ? Ça ne me plaît vraiment pas du tout alors tu-
— Hey, doucement mon amour, annonce Dami en arrivant à son tour dans la chambre de son fils. Je suppose que Seungsik a une bonne explication à nous donner, pas besoin de fâcher comme ça... Regarde, tu as fait peur à la petite. Pardonne-lui, ma puce, Sua n'est jamais de très bonne humeur le matin.
— C'est pas la faute de Seungsik, c'est moi. J'vous demande pardon, j'ai débarqué sans prévenir hier soir et en plus, j'ai embarqué ma petite sœur avec moi... C'était puéril et irréfléchi, je suis désolé... Mais n'engueulez pas Seungsik, il n'y est pour rien.
— Qu'est-ce que tu as sur le visage ? demande Sua inquiète en prenant le temps d'examiner la situation de plus près.
— On va dire que mon beau-père et moi, on s'entend pas super bien... Et hier, ça a dégénéré, on s'est mis sur la tronche tous les deux et ce connard a bousculé Hanbi... J'ai pas réfléchi, j'suis venu ici par réflexe.
— Je voulais vous prévenir, mais vous n'étiez pas encore rentré de votre soirée quand il a débarqué ici, poursuit Seungsik en se levant du futon. J'ai pensé qu'on en parlerait calmement ce matin, pardon maman.
— Ok, c'est bon, déclare Sua d'une voix calme et posée. Arrêtez de vous excuser tous les deux et venez dans le salon qu'on discute tranquillement.
Hanse quitte à son tour le futon en attrapant la main de sa petite sœur, mais avant de suivre Seungsik et ses mamans hors de la pièce, il dépose un baiser sur le front de cette dernière pour s'assurer qu'elle va bien.
En rejoignant Seungsik dans le couloir, il tend l'oreille et comprend rapidement que Dami est en train de charrier son fils.
— Ramener son crush à la maison en douce, c'est un classique des ados... Mais en général, il faut éviter d'inviter toute la famille si tu veux avoir une chance de conclure, lance Dami avec un sourire taquin, ponctuant sa remarque d'un coup de coude à Seungsik.
— Dami ! Arrête de dire des conneries, râle Seungsik en repoussant doucement le bras de sa mère.
Devant cette scène, Hanse laisse échapper un rire discret. Une part de lui se sent embarrassée pour Seungsik, pris pour cible de ces taquineries, mais une autre ne peut s'empêcher de se sentir privilégiée en imaginant ce que Seungsik a bien pu raconter à ses mamans à son sujet.
Enfin dans le salon, Sua invite tout le monde à s'installer autour de la table basse, tandis que Dami installe Hanbi un peu à l'écart, dans la cuisine afin de lui donner de quoi déjeuner. Hanse prend alors quelques minutes pour expliquer plus en détails la soirée de la veille, sans oublier de préciser qu'il commence à s'inquiéter de la santé de sa mère.
— Bon, déjà je pense qu'il faut qu'on vous ramène chez vous sans trop tarder, explique Sua d'un ton ferme mais rassurant. Concernant ta maman, je te conseillerai d'installer des caméras chez toi. Parce que pour le moment, c'est la parole de Woosung contre la tienne et ta maman ne semble pas encore prête à t'écouter.
Hanse écoute attentivement les conseils de Sua, hochant doucement la tête en signe d'approbation. Pourtant, malgré toute la bonne volonté qu'elle met pour tenter de le rassurer, il ne peut s'empêcher de ressentir une boule d'angoisse à l'idée de rentrer chez lui.
Lorsque Dami revient près d'eux en s'installant sur le canapé, Hanse se décale légèrement pour lui faire de la place, mais ce mouvement le rapproche involontairement du corps de Seungsik. Les jambes tremblantes sous l'effet du stress, il tourne la tête vers lui. Dans le sourire de Seungsik, il perçoit alors une étrange sérénité qui l'apaise aussitôt. Ses tremblements cessent et son anxiété s'atténue progressivement.
— Hanse... poursuit doucement Dami en prenant la main d'Hanse dans la sienne. S'il devait vous arriver quoi que ce soit, mon meilleur ami habite dans le coin. Il a une grande maison vide et pourrait vous accueillir tous les trois sans le moindre souci si je lui demande.
— Surtout, n'aie pas peur, s'il se passe quoi que ce soit, tu nous appelles, d'accord ? ajoute Sua dans un sourire chaleureux.
— Euh, ouais... Mais en fait, cet abruti a balancé mon portable par terre et l'a explosé... Du coup, j'ai plus aucun moyen de communication maintenant.
— Suis-moi, mon grand, poursuit Dami en tapant sur ses jambes avant de se lever du sofa. j'dois avoir un ancien téléphone qui traîne dans ma chambre. On va te filer celui-ci en attendant que tu puisses en avoir un nouveau, je suppose.
— Oh, ok... Euh, bah merci beaucoup, répond Hanse gêné face à autant de générosité. Merci aussi de laisser ma petite sœur déjeuner ici.
En quittant le canapé, il adresse un sourire timide à Seungsik qui ne tarde pas à se lever à son tour. Il joint ensuite ses mains face à lui avant de faire une courbette à Dami et Sua afin de les remercier poliment. En passant devant Hanbi qui mange sereinement son bol de céréales, il lui fait un signe de la main, avant de suivre Dami dans la chambre parentale.
— Tiens, c'est pas le dernier Iphone, mais ça fera le job, annonce Dami en sortant du tiroir de sa commode un téléphone portable. Mais par contre, tu promets de nous appeler au moindre souci, d'accord ?
— Ouais... C'est promis... Je sais juste pas comment vous remercier.
— Ne fais pas souffrir mon fils, conclut Dami dans un clin d'œil avant d'inviter Hanse à quitter la chambre. Bon, je vais voir si ta sœur est prête et puis on y va.
En longeant le couloir, Hanse remarque que Seungsik est retourné dans sa chambre. Il observe ce dernier et bien qu'il soit dos à lui, il comprend qu'il est au téléphone. Dans un premier temps, il se contente de rester en retrait dans l'embrasure de sa porte pour ne pas se montrer curieux. Mais lorsqu'il voit Seungsik se retourner et lui faire face, il est surpris de le voir en larme. Sans réfléchir, il s'empresse de rentrer dans la chambre pour essayer de comprendre la raison de ses larmes.
— Oh mon Dieu... Je suis désolé Kino, c'est horrible...
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