Comme chaque dimanche matin depuis qu'il a intégré l'internat de son nouveau lycée, il est réveillé aux aurores par sa petite sœur sautant joyeusement sur son lit dans le but d'avoir son attention. Après un énième bond, faisant atterrir Hanbi sur son ventre, Hanse fait mine d'avoir terriblement mal pour taquiner sa sœur.

— Pardon, Sese ! J'voulais pas te faire mal ! s'ecrie Hanbi en panique.

Après un bref instant à feindre une douleur atroce, Hanse se redresse brusquement et balance son oreiller sur le visage de sa petite sœur en riant. Cette dernière quitte alors le lit en boudant, vexée qu'il ait pu se jouer d'elle.

— Allez, boude pas, princesse ! Reviens, j'veux mon câlin, supplie Hanse en se redressant sur le bord de son lit.

— Non, t'es pas gentil ! J'vais le dire à maman !

Hanse quitte alors son lit à toute vitesse pour rejoindre sa petite sœur dans la cuisine, mais en arrivant au niveau de l'îlot central, il constate que sa mère a déjà eu écho des réprimandes de sa cadette.

— Hanse, sois plus gentil avec ta sœur, s'il te plaît.

— Je rigolais et elle le sait très bien, la coquine ! insiste Hanse en fixant Hanbi avec un regard faussement sévère.

— Ah ouais ? Et avec Seungsik aussi, t'étais méchant pour rigoler ?

— Hey, ça va hein, j'me suis déjà excusé, grogne Hanse en s'installant sur la chaise haute. On peut changer de disque maintenant ?

— Woosung m'a dit que tu avais déjà eu une heure de colle, et là j'apprends que tu martyrises tes camarades de classe ? Woosung a fait jouer beaucoup de ses relations pour que tu aies la chance d'intégrer ce lycée, alors tu ne devrais pas agir ainsi. Woosung et moi, on voudrait vraiment que tu arrêtes de faire n'importe quoi et-

— C'est dingue ça, le coupe Hanse en soupirant. Tu commences vraiment toutes tes phrases par " Woosung ", comme si tu pouvais pas penser par toi-même.

— Si tu veux ton sandwich pour demain midi, baisse d'un ton avec moi.

— Pardon... déplore Hanse en baissant la tête. C'est juste que j'te trouve tellement soumise à lui.

Hanse profite de voir sa petite sœur s'installer devant la télévision pour manger sa gaufre afin de poursuivre sa confession.

— Ça m'agace de te voir comme ça, à lui obéir et à toujours faire ce qu'il te demande. Depuis que vous êtes marié, j'te reconnais plus, maman... Sa façon de toujours te contrôler, ça me met hors de moi, j'te jure. J'ai envie de l'éclater, mais j'me retiens.

— J'espère bien que tu te retiens, Hanse ! s'indigne Siyoon en haussant le ton. Woosung est mon mari et je l'aime. Alors, s'il te plaît, fais en sorte que ça se passe bien entre vous une bonne fois pour toutes !

Il acquiesce dans un soupir, en comprenant que sa mère n'est pas en mesure de comprendre ce qu'il essaie de lui expliquer, puis rejoint sa petite sœur sur le canapé.

— Tu sais, Seungsik il est super gentil avec moi, je l'aime trop. Alors t'as intérêt à être gentil avec lui maintenant, grommelle Hanbi en croisant les bras.

— Oui, maman ! Bon, tu veux une bonne nouvelle ?

— Oui !

— À partir de ce soir, c'est mon nouveau colocataire aux dortoirs, annonce Hanse avec un clin d'œil en direction d'Hanbi.

— Oh, trop cool ! Vous allez devenir super amis alors !

Hanse sourit devant l'enthousiasme débordant de sa petite sœur, avant de voir sa mère revenir vers eux, un plateau dans les mains.

— J'ai fini de te préparer ton sandwich pour demain et j'en ai même fait un de plus pour Seungsik, déclare Siyoon en souriant. Eh oui, moi aussi, je l'aime bien ce petit.

— Merci, maman.

Pendant qu'il observe sa mère retourner en cuisine préparer leur repas du lendemain, très rapidement accompagnée d'Hanbi, il quitte le sofa pour rejoindre sa chambre. En s'essayant sur le bord de son lit, il récupère son téléphone portable posé sur le matelas, puis ouvre AstroLine afin de discuter avec Seungsik.

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Après la soirée qu'ils ont tous passée chez lui l'autre soir, Hanse n'a cessé de passer son temps libre avec ses nouveaux amis et n'a pas daigné apporter la moindre attention à Serim. Bien que ce dernier ait continué à lui envoyer des messages sur l'application du lycée, Hanse a préféré s'en tenir à ce silence.

Habituellement, il attendait que la classe se vide pour aller rejoindre Serim à son bureau, mais lorsque l'alarme annonçant la fin des cours de la matinée retentit, il se dirige avec empressement vers le pupitre de Seungsik.

— Dis, ça te va si on mange sur le toit tous les deux ? demande Hanse en arrivant devant le bureau de Seungsik.

— C'est qu'on y prend goût, hein ?

— Tu parles du fait de traîner avec toi, ou de profiter de la tranquillité qu'il y a là-haut ?

— Les deux, rétorque Seungsik en riant tandis qu'il avance avec Hanse en dehors de la classe.

En longeant le couloir en direction des escaliers pour rejoindre le toit, Hanse ne se rend pas compte que Serim les suit de près. Mais lorsqu'il aperçoit Seungsik être bousculé par ce dernier, Hanse se retourne et adresse un regard chargé de colère à Serim.

— Oh, regardez, s'écrit Serim en incitant les autres étudiants à regarder dans sa direction. Seungsik et sa nouvelle meuf flirtent ouvertement dans les couloirs maintenant.

Il observe alors Serim venir se placer devant eux, leur barrant la route dans un sourire satisfait.

— Serim, tu devrais fermer ta gueule et nous laisser passer, avertit Hanse en essayant de garder son calme. J'te le dirais pas deux fois, j'te préviens. J'suis cool, mais si tu continues à nous faire chier, je le serais beaucoup moins.

Alors qu'il continue de marcher, avançant sans gêne jusqu'à Serim, il voit ce dernier s'approcher d'eux en riant.

— Tu devrais faire gaffe, mec, chuchote Serim en les regardant tous les deux. Le dernier mec que Seungsik a sucé a mal fini. Évite de traîner avec lui si tu veux pas finir comme Chan.

Avant de s'éloigner d'eux, il voit Serim bousculer Seungsik à nouveau. Cette fois-ci, Hanse ne parvient plus à retenir sa colère et attrape Serim par le col de sa chemise avant de le plaquer violemment contre les casiers. Le poing levé vers son visage, Hanse décide malgré toute sa colère de relâcher Serim.

— T'es qu'une p'tite salope de suceuse, Hanse.

Avant de pouvoir se rendre compte de quoi que ce soit, Hanse lui assène un violent coup de poing. La tête de Serim cogne alors contre le casier et avant qu'Hanse ne puisse s'énerver davantage, il est rapidement retenu au niveau du bras par Seungsik. Il tourne la tête en direction de ce dernier qui semble inquiet et quand son regard se pose à nouveau sur Serim, il voit du sang coulé de sa lèvre.

— T'aurais jamais dû, crache Serim en se décalant des casiers avant de partir comme une furie.

Une fois la pression redescendue, Hanse suit Seungsik dans les escaliers. À chaque étage qu'il monte et qui le rapproche de cette brise d'air frais qu'il aime tant, il peut sentir sa colère disparaître progressivement.

Lorsqu'il entend enfin le bruit métallique de la grosse porte menant au toit, Hanse laisse un long soupir quitter ses lèvres. Toujours en suivant Seungsik silencieusement, ils arrivent jusqu'au banc le plus éloigné du rebord.

— T'aurais pas dû le frapper... annonce calmement Seungsik. Ça risque d'avoir des conséquences.

— Ouais, bah ça m'est bien égal, rétorque Hanse tandis qu'il sort de son sac leurs sandwichs. Il fallait bien que quelqu'un lui fasse fermer sa gueule, en plus il t'avait bousculé. Avoue, ça fait du bien un peu de le voir chialer comme ça ?

Observant Seungsik acquiescer sans un mot en souriant, Hanse sent le dernier fragment de colère le quitter pour de bon tandis qu'il croque dans son sandwich.

— S'il va s'en plaindre aux profs, tu vas sûrement finir en colle, tu sais ?

— J'en ai rien à foutre, et s'il fallait le refaire, je le referais ! affirme Hanse sans détour. J'suis un p'tit con avec les gens que j'connais pas au premier abord, je le reconnais... Mais quand je donne mon amitié à quelqu'un, c'est différent. Je laisse personne s'attaquer à mes proches.

En voyant Seungsik lui adresser un grand sourire, il se sent un peu gêné, surtout quand ce dernier insiste en le fixant.

— Bah quoi ?

— Rien, rien, répond Seungsik en souriant. J'suis juste en train d'imaginer comment tu réagirais si on embêtait ta princesse.

— T'es pas prêt à savoir, crois-moi.

Alors qu'ils terminent de manger leur repas dans un silence apaisant, il ne peut s'empêcher de jeter de rapides coups d'œil furtifs dans la direction de Seungsik.

— Au fait, concernant la proposition que je t'ai faite l'autre matin chez toi, ajoute Seungsik en se tournant vers Hanse. Ça m'dérange vraiment pas de t'aider pour tes révisions si tu te sens à la traîne. Maintenant qu'on partage la même piaule, c'est encore plus simple pour s'organiser. Alors, penses-y, d'accord ?

— Bah, pour accepter ça, il faudrait déjà que j'arrête de me sentir coupable pour s'que j'ai pu te faire... C'est moi qui devrais faire quelque chose pour me racheter. J'ai pas été cool pendant notre heure de colle, après j'ai volontairement laissé Serim t'enfermer dans le local d'EPS et puis j'ai-

— Franchement, arrête de t'en vouloir, moi je n'y pense déjà plus, tu sais, le coupe Seungsik en posant sa main sur l'avant-bras d'Hanse. Après ce que j'ai vécu avec le suicide de Chan et avec le décès du père de Woodz. Continuer à s'en vouloir pour si peu, ça ne sert à rien...

Hanse n'arrive pas à détacher ses yeux de la main de Seungsik posée sur son bras, néanmoins il approuve les mots de ce dernier dans un mouvement de la tête.

— Au final, tu m'as aidé à rattraper mes cours, tu t'es excusé auprès de ma collègue et tu viens d'éclater Serim pour me défendre. Alors, j'pense qu'on est quitte maintenant.

Lorsque Seungsik retire sa main de son avant-bras, Hanse se sent dans un premier temps un peu peiné, mais il se sent surtout reconnaissant de voir Seungsik prendre autant sur lui pour l'aider à déculpabiliser.

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En quittant la salle de la classe A, Hanse est rapidement invité par le professeur Lee à le rejoindre vers son bureau au lieu de rejoindre ses camarades de classe dans le couloir. À mesure qu'il s'approche de lui, il peut remarquer un air très sérieux se dessiner sur son visage. Il sait précisément ce qui l'attend, malgré tout, il commence à paniquer à l'idée d'être puni trop sévèrement.

— On m'a rapporté ce qui s'est passé dans les couloirs ce midi, explique le professeur Lee en croisant ses bras contre son torse. La violence ne résout rien et tu dois savoir qu'on ne peut décemment pas laisser ce genre de comportement impuni.

En silence, Hanse se contente de garder les yeux rivés vers le sol en attendant que tombe sa sentence.

— J'estime qu'une seule heure de colle ne serait pas suffisante et qu'un renvoi serait excessif... Alors, en plus d'un avertissement, tu seras collé pour trois heures demain après-midi, au lieu de profiter de ton mercredi de repos comme les autres élèves. Mais si ce genre d'événements venaient à se reproduire, ça sera l'exclusion pour plusieurs jours.

Hanse continue de fixer le sol en se contentant de hocher la tête de haut en bas sans rechigner, avant de voir son professeur quitter la salle. Il retourne alors à son pupitre pour récupérer son sac à dos et songe qu'avec ce bout d'après-midi en heure de colle, il n'aura pas assez de temps pour réviser.

Soudain, la proposition de Seungsik revient à son esprit, alors sans plus attendre, Hanse part d'un pas assuré rejoindre leur chambre, bien décidé à demander de l'aide à son colocataire pour ses révisions.