Chapitre 11 - Seungsik
— Vous avez une idée du sujet que vous voulez traiter pour l'exposé ? demande Hanse en quittant la salle de classe.
— Ouais ! Seungyoun et moi, on voudrait parler de la maltraitance animale.
— Mon père était très impliqué dans la cause animale. Il a fait beaucoup de dons pour des œuvres caritatives, alors je me sens vraiment impliqué... Et puis Kino a tout de suite été d'accord pour ce thème.
Seungsik avance dans le couloir aux côtés de ses amis, mais ne peut s'empêcher de jeter des regards suspicieux par-dessus son épaule, inquiet à l'idée que Serim surgisse de nulle part pour l'attaquer à nouveau.
— Ça va, Seungsik ? T'as l'air sur la défensive ce matin, s'inquiète Kino en tournant la tête dans sa direction.
— T'as peur de tomber sur l'autre connard après les cours ? poursuit Hanse en ralentissant le rythme une fois arrivé au bout du couloir. T'inquiète pas, depuis qu'il t'a fait chuter en EPS, ça fait cinq jours que je lui lance des regards de travers. Tant que tu restes avec nous, il te touchera plus, j'peux te l'assurer.
Adressant un sourire à ses amis, Seungsik cesse un instant d'être angoissé.
— On est tes gardes du corps, Seungsik ! ajoute Woodz en bombant le torse pour se donner fière allure. Vous montez avec nous aux dortoirs pour bosser ou vous allez traîner dehors ?
— Nan, j'ai proposé à Hanse de venir chez moi cette après-midi, pour qu'on fasse notre exposé ensemble.
— Ah, cool ! Et vous avez prévu quoi de beau pour le jour férié de demain ?
— Rien de spécial, annonce Hanse. j'pense que je vais surtout profiter de voir ma petite sœur et puis le soir, j'irai aider Seungsik au restau pour sa reprise.
— Oh, tu te sens capable de retravailler ? Ton poignet ne te fait plus trop mal alors ? s'inquiète Woodz en jetant un coup d'œil sur le bras de Seungsik enfin débarrassé de son bandage.
— Ça devrait le faire, oui.
— De toute façon, j'serais là pour l'aider s'il a besoin, conclut Hanse en adressant un sourire rassurant à Woodz.
— C'est dingue, on ne peut plus vous séparer tous les deux ! Bon, passez une bonne après-midi, les mecs, nous on va se poser dans notre piaule ! On se revoit en cours vendredi, salut.
Suivant Hanse en dehors du lycée, il ressasse la phrase que Woodz vient de dire et songe qu'il n'a pas tout à fait tort. Depuis quelques jours, il passe tout son temps libre en compagnie d'Hanse. Maintenant qu'il partage même leur chambre, il a la sensation que ses journées tournent autour de lui.
Mais malgré tout, il n'a pas la sensation d'abuser ou d'être dans l'excès. Au contraire, il a l'impression que passer du temps avec lui est tout à fait naturel. Seungsik sait que son nouveau colocataire a passé beaucoup de temps à s'excuser pour son comportement et depuis, il est forcé de constater qu'il a tout fait pour devenir un bon ami pour lui.
En arrivant au niveau du portail, il observe Hanse se retourner pour lui faire face.
— On y va à pied ?
— Oh nan, je te le déconseille. Contrairement à toi, je n'habite pas à cinq minutes à pied d'un quartier bourgeois. On va prendre le bus, j'ai pas spécialement envie de marcher trente minutes.
En entrant dans le bus, il part comme à son habitude s'installer au fond pour se sentir à l'abri des regards. Il remarque qu'Hanse le suit et vient s'asseoir à côté de lui, mais alors que le bus démarre, il voit ce dernier mettre ses écouteurs filaires et tourner la tête pour observer le paysage défiler.
Pour les dix prochaines minutes de bus, il décide de sortir de son sac à dos un de ses nombreux calepins et commence à chercher quelque chose à redessiner. Très rapidement, une vieille dame s'installe à l'avant du bus et Seungsik commence à la dessiner.
Alors que le croquis commence à prendre forme, il sent du mouvement à sa droite et remarque qu'Hanse a tourné la tête pour regarder par-dessus son épaule en retirant l'un de ses écouteurs.
— Tu dessines quoi ?
— Je dessine qui, tu veux dire, précise Seungsik avant de tendre son calepin dans la direction d'Hanse.
Il observe alors ce dernier passer son regard du calepin à la vieille dame, avant de revenir se poser sur son dessin, un air vraiment admiratif sur le visage.
— C'est vraiment très beau. Je pense que tu dois être l'étudiant le plus doué dans le cours du professeur Kim.
— Tes dessins aussi sont super, ajoute Seungsik afin de détourner l'attention de lui, un peu trop gêné par son compliment. T'écoutes quoi ?
— J'suis pas sûr que tu aimes, c'est que du vieux rock, précise Hanse en lui tendant l'un de ses écouteurs, avant de réduire un peu la distance entre eux.
En silence et avec un sourire discret affiché sur son visage, Seungsik se contente d'écouter la musique d'Hanse, qui reporte à nouveau son attention sur le paysage, en bougeant la tête au rythme de la mélodie.
꧁ '❀ ••-••-•• ❀' ꧂
Après avoir marché encore quelques minutes depuis l'arrêt de bus le plus proche, Seungsik se sent soudain intimidé à l'idée d'inviter Hanse à découvrir l'endroit où il vit. Avant lui, personne d'autre que Yejun n'avait mis les pieds chez lui.
De manière générale, Seungsik mettait un point d'honneur à garder une certaine distance avec les gens qui l'entouraient, ne laissant que très peu de personne l'approcher vraiment.
Mais depuis que ce nouvel élève est apparu dans sa classe et dans sa vie, Seungsik a commencé à changer. Petit à petit, il a pu constater que la carapace qu'il s'efforçait de garder face à lui se brisait lentement, laissant place à de l'intérêt, à de la curiosité et à une attirance incontrôlable.
Alors, en arrivant devant son immeuble, il prend une grande inspiration avant d'attaquer son ascension. Lorsqu'ils arrivent enfin au quatrième étage, il est même étonné de ne pas entendre Hanse se plaindre, comme à son habitude, d'avoir dû monter des escaliers.
— Coucou, chaton ! s'exclame Sua en se ruant vers Seungsik pour l'enlacer.
— Chérie, tu devrais éviter de l'appeler comme ça devant son copain, observe Dami en arrivant juste après Sua. À leurs âges, ça les gènes qu'on les materne trop. Enchantée, moi c'est Dami, sois le bienvenu chez nous, Hanse.
— Oh, euh... J'allais me présenter, mais apparemment c'est pas la peine, annonce Hanse en se grattant nerveusement l'arrière de la tête. Merci de m'accueillir chez vous, c'est très gentil.
— Tu as fini de jouer les emmerdeurs avec mon fils alors ? demande Sua d'un ton faussement autoritaire tout en débarrassant Hanse de sa veste. Je te taquine, ne t'inquiète pas... Mais je t'ai à l'œil quand même, petit.
— Maman... Arrête de l'embêter, il s'en veut déjà assez comme ça, tu sais.
— Mais oui, ma puce, en plus tu sais bien qu'il a aidé Seungsik depuis son entorse ! Allez, viens t'asseoir avec nous, Hanse. On vous a préparé un gâteau pour le goûter, vous en voulez un peu maintenant ?
— Le goûter ? Et c'est moi qui les traite comme des enfants ? se moque Sua en allant récupérer le gâteau dans la cuisine. Je suis contente que tu aies pu venir aujourd'hui, Hanse. Même si je peux avoir l'air méfiante, je te suis quand même reconnaissante d'être là pour mon fils. Ce weekend, il nous a dit qu'il retournait travailler demain avec toi en soutien. Tu as déjà travaillé en restauration ?
— J'ai jamais travaillé, en fait, avoue timidement Hanse en prenant la part de gâteau servie par Sua. Je voulais me trouver un job, mais ma mère s'est remariée avec un mec super friqué, et puis il a insisté pour que j'intègre ce lycée. Mais c'est pas plus mal, au final... J'veux dire, les cours de dessin me plaisent beaucoup.
Assis sur le fauteuil en face du canapé, Seungsik prend plaisir à observer en silence ses deux mamans qui discutent avec Hanse. Il n'est pas vraiment surpris lorsque Dami l'accapare encore quelques instants pour lui parler de tatouages, dévoilant ceux qu'elle possède sur ses bras avant de demander à voir les siens.
En quittant enfin le salon, il invite Hanse à le suivre jusque dans sa chambre située de l'autre côté de l'appartement. Quand ce dernier pénètre dans son refuge, Seungsik a soudain l'impression de se mettre à nu devant lui. Alors que la panique commence à l'envahir en voyant Hanse scruter les moindres recoins de sa chambre, il décide de prendre un instant pour se calmer.
— Euh, je vais nous ramener une table pliante, et puis des coussins... J'veux dire, pour bosser... Ça sera plus confortable... Je reviens, bégaye Seungsik en quittant précipitamment sa chambre.
Se sentant terriblement bête, il se demande pourquoi la présence d'Hanse dans sa chambre le perturbe autant. Dans ses souvenirs, lors de la première visite de Yejun, il n'avait pas éprouvé de gêne ou une quelconque appréhension à l'idée de dévoiler l'endroit qu'il considère comme son refuge. Néanmoins, il ne peut nier l'évidence : la présence d'Hanse dans sa chambre et même dans sa vie, le trouble énormément.
En récupérant une petite table basse pliante coincée entre deux meubles du salon, il tombe sur Dami qui vient déposer un baiser sur son front.
— Tout va bien, mon grand ? T'as l'air perturbé.
— Ouais, ça va... Ça me fait juste un peu bizarre de savoir Hanse dans ma chambre.
— Ah, c'est sûr que quand il va croiser Nagini, il risque peut-être de flipper.
— Si vous entendez un cri, ça sera sûrement lui, rétorque Seungsik en riant tout en récupérant deux coussins du canapé.
— Je l'aime bien, moi. J'étais pareille que lui quand j'avais son âge. En plus, il aime les tatouages et puis surtout, il a l'air de vraiment beaucoup t'apprécier...
— Ah oui ? Tu penses qu'il m'aime bien ? s'interroge Seungsik, un peu perplexe face à la révélation de sa mère.
— Fiston, tu développeras probablement avec l'âge ton radar, ajoute Dami en posant une main sur son épaule avec un air sérieux. Je t'assure que ce garçon t'apprécie, ça se voit. Bon, je vous laisse bosser, je vais retrouver la femme de ma vie pour une après-midi papouilles.
Toujours un peu perturbé par les propos tenus par Dami, il observe cette dernière rejoindre Sua dans leur chambre, un sourire illuminant son visage. Il prend alors une grande inspiration avant de revenir dans sa chambre les mains chargées, en espérant qu'Hanse ne s'apercevra pas de sa gêne.
Mais en entrant dans la pièce, il n'a pas le temps de s'attarder sur sa propre gêne, surpris de découvrir Hanse, visiblement encore plus embarrassé que lui, évitant soigneusement de croiser son regard.
— Euh... Excuse-moi... J'peux utiliser ta salle de bain ? bafouille Hanse en fixant toujours le sol devant lui.
— Oui bien sûr, c'est la porte en face de la mienne.
En voyant son ami quitter précipitamment sa chambre, Seungsik se demande s'il a fait ou s'il a dit quelque chose de mal. Il déplie la petite table au milieu de sa chambre et dépose les deux coussins de chaque côté, avant de s'asseoir en tailleur sur l'un d'eux. Espérant que la tension entre eux disparaîtra pendant l'après-midi, il décide de se concentrer sur leur devoir en attendant le retour d'Hanse.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top