Chapitre 10 - Seungsik


Bien qu'il prenne toujours beaucoup de plaisir à retrouver Hanse sur le toit pour manger ensemble, Seungsik sait bien qu'un simple sandwich chaque midi n'est ni équilibré ni suffisant pour lui. Alors ce midi, à la fin de leur cours, il décide d'aller manger à la cafétéria, il rejoins donc Kino et Hanse au fond de la classe, en faisant signe à Woodz de le suivre.

— On mange ensemble et après on se pose quelque part ? propose Seungsik en souriant chaleureusement à ses amis.

— Il fait super beau, j'aimerais bien me poser dehors. Si ça vous va ? demande Woodz en posant sa main sur l'épaule de Seungsik.

— J'ai un spot sympa si vous voulez, ajoute Hanse tandis qu'il quitte son bureau.

— Tu veux parler de la fontaine ? J'avoue, c'est plutôt pas mal comme endroit.

Alors qu'il voit Hanse lui adresser un regard curieux, il est rapidement embarqué par Kino et Woodz qui viennent tous les deux le tirer par le bras.

— Allez hop, on fait comme ça ! On graille et on squatte devant la fontaine. Vite, j'ai super faim.

Seungsik prend alors un réel plaisir à voir Woodz sourire à pleines dents, reprenant ainsi son rôle de leader de la bande. En longeant les couloirs menant au réfectoire, il voit même Kino venir s'accrocher au bras de son meilleur ami afin d'être plus proche de lui. Croisant le regard d'Hanse, il lui adresse un sourire en désignant d'un geste de la tête leurs deux amis.

En arrivant à la cafétéria, Seungsik est agréablement surpris par l'odeur de nouilles qui règne dans la pièce. Cette odeur lui rappelle les innombrables soirées qu'il a pu passer avec ses mères devant la télévision, avec comme seul repas un sachet de nouilles instantanées. Pour certains, ce repas n'est rien de plus qu'un moyen rapide de se restaurer, mais pour Seungsik, il s'agit de bien plus que ça.

Les nouilles instantanées, le plateau repas devant la télévision, les soirées en famille à discuter de tout et de rien. Ce sont ces plaisirs simples qui lui viennent à l'esprit en se servant son bol de nouilles.

Au moment de quitter le passe-plat, Seungsik prend son plateau et avance en direction des tables pour rejoindre ses amis, mais soudain, quelqu'un lui fait un croche-pied. Déséquilibré, il trébuche et s'écroule, renversant l'intégralité de son bol de nouilles sur son pull.

En tournant la tête, il aperçoit Serim qui se tient devant lui en riant.

— Tu devrais faire attention où tu mets les pieds, chuchote Serim en offrant son bras à Seungsik pour l'aider à se relever.

— Dégage ! J'ai pas besoin de ton aide, répond Seungsik en repoussant son bras.

— Oulah, attention, ça pourrait te coûter des heures de colles si tu t'en prenais à moi physiquement. D'ailleurs, j'espère qu'Hanse a apprécié... D'après la politique du lycée, au prochain coup, c'est le renvoi.

Pendant qu'il se redresse en récupérant son bol au niveau du sol, il observe Hanse, Kino et Woodz arriver vers lui avec empressement. Mais tandis que Kino et Woodz ont l'air inquiets pour lui, sur le visage d'Hanse, c'est de la colère qu'il peut lire.

— C'est rien, vous inquiétez-pas, lance Seungsik en voyant Serim s'éloigner en riant. C'était juste un accident, j'ai pas fait attention... Par contre, j'suis dégouté parce que j'ai pas de pull de rechange.

— Le pull de l'uniforme ?

— Ouais, j'aime respecter les règles et porter l'uniforme dans sa globalité.

— Viens avec moi alors, poursuit Hanse. J'porte jamais le mien, j'vais te le filer, t'inquiète pas pour ça. Les gars, allez manger nous attendez pas, on se rejoint après, à la fontaine.

Pendant qu'il marche dans les couloirs du lycée, il songe que cette odeur de nouilles ne risque pas de le quitter de sitôt. Au même instant, il voit Hanse regarder son pull avec insistance.

— Tu devrais te passer un coup de gant sur le ventre, je pense, suggère Hanse tandis qu'ils arrivent enfin dans leurs chambres. Sinon, crois-moi, l'odeur va rester.

Alors qu'Hanse marche jusqu'à son armoire, Seungsik lui, s'aventure dans la salle de bain. Il retire son pull qu'il rince rapidement à l'eau claire avant de le déposer sur le sèche-serviette, puis il récupère un gant dans le placard situé sous le lavabo et commence à savonner son torse.

Un peu gêné à l'idée qu'Hanse puisse le voir torse nu, il se dépêche de se rincer et attrape une serviette qu'il vient poser contre son sternum avant de rejoindre ce dernier au niveau de son armoire.

— Tiens, je sais qu'on fait pas tout à fait la même taille, mais ça fera l'affaire pour dépanner.

— T'es sûr que ça ne te dérange pas ? demande Seungsik en attrapant le pull des mains d'Hanse.

— J'le porte jamais, il est tout neuf... Et puis, c'est un juste retour des choses pour la fois où tu m'as prêté ta veste, tu crois pas ?

Seungsik retire alors la serviette qui jusque-là cachait son ventre et dépose cette dernière sur le bord du matelas, puis rapidement, il enfile le pull d'Hanse. En passant sa tête à travers le col, il est étonné de constater que le vêtement dégage également une agréable odeur fruitée.

— Si tu ne l'as jamais mis, pourquoi il sent le parfum comme ça ?

— Oh, ça, c'est parce que je vaporise du parfum dans l'armoire. Du coup, il doit être imprégné.

— Ça sent super bon, c'est fruité un peu, c'est quoi comme parfum ?

— Aucune idée, je les pique à mon beau-père. Tu mets pas de parfum, toi ? demande Hanse curieux.

— Non, jamais... J'ai pas assez d'argent pour ça, tu vois. Mais j'avoue que celui-ci sent super bon.

Seungsik voit alors son colocataire se mettre à fouiller vigoureusement dans le tiroir de son armoire, avant de lui faire à nouveau face, un flacon dans les mains et un sourire illuminant son visage.

— Tiens, prends-le, j'en ai vraiment volé beaucoup à Woosung, ajoute Hanse en riant. À chaque fois qu'il me gave, j'vais me servir dans sa mallette. Et crois-moi, il m'agace très souvent, alors j'ai ce qu'il faut.

D'abord un peu gêné, Seungsik adresse un sourire timide à Hanse avant d'attraper le flacon.

— Au moins maintenant, tu sens plus les nouilles ! Viens, on va rejoindre les mecs.

Après avoir marché quelques minutes et profité de la douce odeur fruitée de son nouveau parfum, ils arrivent enfin au niveau de la fontaine et remarquent Woodz en train d'écouter de la musique sur son téléphone.

Seungsik s'assoit en tailleur à côté de Kino qui regarde son meilleur ami comme si sa vie en dépendait et au moment où il tourne la tête vers Hanse, il voit ce dernier se relever brusquement et partir à l'intérieur du lycée.

— Tu as l'air d'aller un peu mieux, Woodz, déclare doucement Seungsik, pour ne pas brusquer son ami. Ça fait vraiment du bien de te revoir sourire comme ça.

— C'est grâce à Kino, précise Woodz en venant poser sa main sur le genou de son meilleur ami. Il passe tout son temps libre à chanter pour moi et je dois reconnaître que ça fonctionne ! Ça me donne envie de chanter à nouveau et de sourire.

— C'est mon rôle en tant que meilleur ami, poursuit calmement Kino dans un doux sourire apaisant. Tant que tu arrives à être heureux à nouveau, c'est tout ce qui compte.

Souriant chaleureusement à ses amis, Seungsik sursaute en sentant une main venir se poser sur son épaule par-derrière. Surpris par le retour d'Hanse, il observe ce dernier lui tendre une barre de céréales.

— C'est pas grand-chose, mais comme ton repas a fini au sol, j'me suis dit que t'allait encore passer une journée de cours le ventre vide. Alors, je nous ai ramené ça.

Seungsik attrape alors la barre de céréales en souriant à Hanse, avant de rapidement reporter son attention sur ses deux autres amis.


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Pendant le cours d'EPS, Seungsik se sent à la traîne comparé à tous ses camarades de classe. Durant la course autour du terrain, il remarque bien qu'il se fait distancer par tous les autres élèves. Il sait pertinemment qu'il ne mange pas comme il le devrait, qu'il passe trop de temps à réviser et qu'il s'investit pleinement dans ses services du soir au Better Place.

Pourtant, cela ne l'empêche pas de consacrer son temps libre à aider son colocataire, tout en épaulant ses mères chaque week-end, en prenant en charge toutes les corvées ménagères. Même si son corps lui envoie des signaux clairs, réclamant un peu de répit, il n'arrive pas à s'empêcher d'être sur tous les fronts.

Alors qu'il arrive presque au bout de son tour de terrain, il observe au loin tous les autres élèves déjà en train de former des équipes pour le match de basket à l'approche. Mais tandis que son attention était portée sur le groupe d'élèves, il ne remarque pas Serim qui s'approche de lui et le bouscule violemment.

En tombant au niveau du sol, il tente de se réceptionner sur son poignet, mais ce dernier se tord douloureusement sous son poids.

— Je t'avais dit de faire gaffe où tu mettais les pieds, connard, murmure Serim avant d'agiter ses bras en l'air pour avertir leur professeur. Monsieur, vite ! Seungsik vient de tomber, quelqu'un devrait l'accompagner à l'infirmerie, le pauvre.

Seungsik n'a pas vraiment le temps de saisir ce qui se dit à l'autre bout du terrain, la douleur accaparant toute son attention. Pourtant, lorsqu'il voit Hanse courir vers lui tandis que Serim s'éloigne enfin, un sentiment de soulagement l'envahit.

— J'ai dit au prof que je t'emmenais à l'infirmerie, explique Hanse en arrivant à son niveau. Ça va aller, t'as mal quelque part ? T'as besoin que je te porte ?

— J'ai juste mal au poignet, ça va aller, je peux marcher, t'inquiète. Vu ton petit gabarit, tu aurais peut-être du mal à me porter, tu sais.

— Ne sous-estime pas ton sauveur ! Espèce d'ami ingrat, rétorque Hanse en riant. Allez, viens, l'infirmière va te mettre un bandage, c'est sûrement juste une petite entorse.

Après avoir marché quelques minutes, ils arrivent enfin à l'infirmerie, mais Hanse a beau toquer à la porte, aucun adulte ne semble être disponible aujourd'hui. Alors qu'il s'apprête à retourner sur le terrain, un peu bredouille, il sent Hanse l'attraper par l'autre main et l'amener à sa suite à l'intérieur de l'infirmerie.

— Pas besoin d'adultes, je sais faire un bandage. Assieds-toi ici et ne bouge pas, je vais fouiller dans les placards, j'arrive.

Un peu choqué par l'assurance dont Hanse fait preuve tout à coup, Seungsik se contente d'obéir sagement sans dire un mot. Il prend le temps d'observer chacun de ses gestes quand il revient enfin devant lui avec le nécessaire pour soulager sa douleur.

— Donne-moi ton poignet.

Seungsik déplie alors son bras, qu'il maintenait bloqué jusque-là contre son torse.

— Dis-moi si je te fais mal, j'vais d'abord appliquer la pommade pour faire dégonfler un peu la zone. J'ai pas trouvé de glaçon, j'suis désolé.

— On dirait que t'as fait ça toute ta vie.

— Hanbi est une vraie tornade, elle se fait souvent mal, alors je suis le médecin de la famille, explique Hanse sans quitter des yeux le poignet de Seungsik. Bon, maintenant, j'vais enrouler le bandage autour de ton poignet. Si c'est trop serré, tu me le dis, d'accord ?

En observant Hanse prendre soin de sa blessure avec tant de délicatesse, Seungsik ne peut s'empêcher de ressentir une profonde gratitude pour l'attention qu'il lui accorde. À chaque seconde qui passe où ses yeux se posent sur lui, il peut sentir une douce chaleur venir s'emparer de ses joues.

— Seungsik, tu te souviens de ma proposition de l'autre jour ?

— Pour venir m'aider au restaurant ?

— Ouais... J'crois qu'il est grand temps que tu m'appelles à la rescousse là.

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