Quand Matt et Scott revinrent, je pus constater, à la fois avec soulagement et horreur, que c'était mon ami qui s'était fait tirer dessus. Ce qui m'inquiétait, c'était de savoir quelle réaction avait eu sa mère et si elle avait compris que son fils était devenu une créature surnaturelle.

"- Il n'y a plus de preuves, va-t-en.

- C'était pas si important." Commença Matt. "Je veux le livre.

- Quel livre ?

- Le bestiaire !"

En fronçant les sourcils, je ne pus m'empêcher de me questionner sur le fait qu'il était au courant de son existence. Comment avait-il su ?

"- Pas juste un bout. Le livre entier.

- Je l'ai pas. C'est à Gerard. Pourquoi tu le veux ?

- Je veux des réponses.

- À quoi ?" Demanda Scott avec énervement. Il commençait à perdre son sang-froid.

Matt attrapa le bas de son t-shirt et le leva pour montrer la raison de son inquiétude.

"- A ça."

Nous pûmes voir qu'une partie de son dos commençait à se recouvrir d'écailles, comme s'il devenait lui-même le Kanima.

"- Oh..." Laissai-je échapper.

     Plusieurs minutes après, Matt et Scott quittèrent à nouveau la pièce, et Stiles en profita pour demander.

"- Eh, Derek. Tu sais ce qui arrive à Matt ?

- Le livre l'aidera pas. On n'enfreint pas les règles ainsi.

- Comment ça ?" Demandai-je.

"- L'univers assure l'équilibre naturel.

- Parce qu'il utilise Jackson pour tuer des innocents ?

- Et qu'il tue aussi.

- Si Matt enfreint les règles du Kanima... Il devient le Kanima ?" Résumai-je grossièrement.

Derek répondit d'un faible hochement de tête que je compris surtout à ses yeux qu'il avait fermés, puis rouverts.

"- Équilibre.

- Il nous croira si on lui dit ?" Demanda Stiles.

"- Ca m'étonnerait.

- Il nous tuera tous quand il aura le livre.

- Probable."

Je sentis le regard de Derek se tourner vers moi, vérifiant certainement si ça n'allait pas déclencher une réaction.

"- Alors on fait quoi ? On reste là à attendre de crever ?

- À moins que je réussisse à éliminer la toxine plus vite, pour déclencher la guérison."

J'entendis alors Stiles demander à Derek ce qu'il faisait, affirmant que c'était dégueulasse. Je ne voyais rien de ce qui se passait de mon côté, mais je préférais éviter en voyant la réaction de mon frère. Quelques minutes plus tard, Stiles reprit.

"- L'éventualité dont tu parlais devient moins éventuelle ?

- Je crois. Je peux bouger mes orteils."

En essayant de faire bouger mes propres orteils pour vérifier que c'était bien sa guérison qui agissait et pas l'évacuation normale du venin, je soupirai.

"- Je peux les bouger aussi.

- Et moi aussi."

     Soudain, la lumière s'éteignit dans tout le commissariat et les alarmes se déclenchèrent. Des coups de feu à foison retentirent et brisèrent les vitres, me faisant ouvrir de grands yeux.

"- Oh bordel..."

Je ne suivais plus trop ce qui était en train de se passer, trop perdue pour comprendre. Les choses s'enchaînaient trop vite. En un battement de cils, Scott entra dans le bureau et se pencha au-dessus de nous et Derek réussit enfin à bouger.

"- Emmène-les !" S'écria-t-il. "Allez !

- Je peux pas les porter tous les deux !

- Emmène Stiles alors ! Je m'occupe de Lizzie ! Dépêche-toi !"

Scott écouta le Hale et s'empressa d'attraper Stiles qui râlait sur le fait de me laisser là, mais il ne pouvait rien faire d'autre qu'accepter. Derek réussit à se lever doucement, mais sûrement, et m'attrapa pour me cacher derrière le bureau en me demandant de ne surtout pas bouger. Chose à laquelle je répondis par un haussement de sourcil.

"- On s'est compris."

     Il embrassa mon front avant de partir et je fus forcée d'écouter tous ces coups de feu et ces bruits de coups. La violence des événements me faisait me demander ce qui était en train de se passer. C'était des chasseurs ? Je ne savais rien. Au bon d'un moment, je sentis que mes bras pouvaient bouger et je décidai de me mettre à ramper en direction de la cellule où étaient mon père, et peut-être Melissa. Malgré ma lenteur, j'eus la chance de ne trouver aucun obstacle sur ma route et arrivai enfin là où se trouvait mon père. Mes suppositions se confirmèrent en voyant Melissa, enfermée.

"- Lizzie..."

Je me retournai pour voir Stiles arriver en rampant, sûrement au même stade que moi. Mais un bruit soudain me fit tourner la tête vers mon père qui s'était libéré. Malheureusement, au moment même où cela arriva, Matt l'assomma d'un énorme coup avec son arme.

"- Non..." Murmurai-je en voyant mon père s'effondrer au sol.

"- Matt... Matt, écoute-moi... Mon fils est blessé, j'ai entendu des coups de feu, laisse-moi voir mon fils.

- Vous pigez rien ou quoi ?"

Alors que des bruits de frottement arrivèrent à mes oreilles, je vis Matt se retourner face à un grognement indiquant la venue d'un loup-garou. Après avoir levé la tête, j'identifiai Derek. Seulement, Jackson arriva en face. On avait vraiment mal choisi notre moment pour débarquer, nous. Une bagarre commença entre les deux métamorphes, et Jackson s'arrêta à un moment pour s'accrocher aux barreaux de Mélissa qui n'osait rien dire, terrifiée. Scott arriva alors et attrapa Jackson. Derek se remit à le poursuivre.

"- Scott... Scott, ça va ?" Pleura Mélissa. "Scott ?"

Il se tourna lentement vers elle, mais l'expression sur son visage lorsqu'elle découvrit celui de son fils me serra la poitrine. Elle secouait la tête, comme pour nier l'évidence. Ne pouvant pas rester, car il devait s'occuper de Matt et Jackson, Scott partit et la voie fut libre pour que nous rampions jusqu'à notre père.

"- Papa..." Murmurai-je en rampant.

"- Lizzie, reviens !

- Li... Lizzie ?"

Je relevai la tête vers Melissa. Elle avait l'air bouleversé.

"- Qu'est-ce qui t'arrive ?

- C'est rien." Affirmai-je avant de me retourner vers mon père. "Papa, réveille-toi, allez..."

     La peur m'avait envahie et ensevelie sous une terrible vague d'impuissance. Là, tout de suite, j'étais impuissante. Et j'avais peur. Je ne pouvais rien faire d'autre que ramper comme un reptile en attendant que mes muscles se décident à refonctionner après l'évacuation du venin. J'avais besoin que le tout soit plus rapide et surtout, j'avais besoin de mon portable. Je voulais appeler les secours, aider mon père, mais je ne pouvais rien faire de tout cela. Et ça me mettait hors de moi. Et si le coup avait été suivi d'un choc brutal ? Et s'il s'était frappé contre quelque chose que le sol en tombant ? Je savais que mon père risquait sa vie chaque jour avec ce travail qu'il aime tant, et c'est la raison pour laquelle on ne lui avait toujours pas parlé de ce monde que nous découvrions chaque jour un peu plus. Car nous savions que des situations terrifiantes, nous risquions d'en vivre plus. Sauf que cette fois, nous n'étions même pas sûrs de pouvoir leur faire face pour les combattre. Car nous ne connaissions rien de ce monde. Alors mon père...