🌕Chapitre 35.

     En rentrant ce soir-là, je constatai que Stiles m'attendait carrément sur le porche de la maison. Dès que je m'étais garée, il s'approcha de la voiture, mon téléphone en main et les nerfs à cran.

"- Lizzie ! T'étais passé où, bordel de merde ?"

J'eus un mouvement de recul en le voyant approché aussi énervé.

"- Oula... Ton heure de colle s'est mal passée ?" Demandai-je, comme si je ne connaissais pas la raison de sa colère.

"- Oui ! Terriblement mal passée puisque Jackson a pété un câble et nous a tous attaqués, y compris Matt, avant de laisser une putain de menace au tableau ! Erica s'est retrouvée en pleine crise et Scott et moi avons dû l'emmener chez Derek pendant qu'Allison s'occupait d'emmener Matt à l'hôpital ! Et devines ce que j'ai trouvé chez Derek ?"

Je fronçai les sourcils, comme pour lui dire de continuer, car je n'en avais pas la moindre idée, et il leva mon portable qu'il tenait dans sa main. J'ouvris de grands yeux.

"- Mon Dieu, tu l'as retrouvé !

- Chez Derek !" Rappela-t-il. "Et tu sais ce qu'il m'a dit ? Que tu l'avais oublié après que vous vous soyez vus."

Je tournai la tête et pris ma respiration, prête à suivre le mensonge qu'avait lancé le Hale.

"- J'ai cru que j'allais l'exploser. T'imagines la peur de ma vie quand j'ai vu ton portable chez lui, sans toi ? J'ai cru qu'il t'avait fait quelque chose, j'en sais rien ! Comment tu veux que j'arrive à te faire confiance si tu me dis rien de tes plans !"

Je retournai rapidement la tête vers lui.

"- Stiles, Derek et moi, on s'est vus par hasard au parc. Je suis sortie pour prendre un peu l'air et travailler sur mes devoirs et la dissert' à rendre en français. Tu sais très bien que j'adore faire ça en ce moment. Mais j'ai dû oublier mon portable sur le banc, et quand je m'en suis rendu compte, j'y suis retournée et il n'y était plus. Derek a dû le prendre pour éviter qu'on me le vole, j'en sais rien. Moi, en tout cas, je suis contente qu'il ait fait ça, ça m'a évité de porter plainte pour vol. J'ai pas fait de plans, Stiles. Pas un seul. J'ai juste bossé."

Il m'observa un instant, toujours énervé. Sa colère l'aveugla et il ne se rendit pas compte que je mentais. Alors, il sembla se calmer.

"- Je suis peut-être un peu à cran...

- On l'est tous." Affirmai-je, sans pour autant affirmer que oui, il était à cran, car ses peurs étaient fondées. "Et je comprends que tu aies paniqué. Mais pour une fois, Derek a été sympa. Les miracles arrivent."

Il échangea un regard avec moi avant d'allumer mon écran et le tourna vers moi.

"- Est-ce que c'est indiscret si je te demande qui est la fille avec toi sur ton fond d'écran ? C'est une ex ?"

     Mon cœur se mit à accélérer en l'entendant parler d'elle, et je revis passer les dernières images que j'avais eues d'elle en un flash. Ma respiration s'accéléra elle aussi, et j'attrapai mon téléphone, lentement. Stiles le lâcha pour me le laisser en m'observant.

"- C'est... C'est pas indiscret, non... Et, non... C'est pas une ex..." Lui répondis-je. "C'est... Une fille qui a été... Extrêmement importante pour moi à Sacramento. Et elle me manque énormément..."

Stiles n'essaya pas d'en savoir plus, voyant que sa question avait réussi à me bouleverser, et se contenta de me demander de rentrer car il commençait à faire frais.

     Le lendemain, nous rejoignîmes Papa pour manger ensemble. Quand nous lui donnâmes son burger, il demanda.

"- C'est quoi, ça ?

- Un burger végétarien." Répondis-je.

"- Je voulais un hamburger !

- C'est plus sain.

- Soyons sains."

Stiles et moi échangeâmes un rictus.

"- Vous voulez ruiner ma vie.

- Non, on veut la prolonger." Affirmai-je.

"- Mange et dis-nous ce que tu sais.

- Je partage pas des données confidentielles avec des gosses."

J'arquai un sourcil en buvant mon thé glacé.

"- On n'est pas n'importe quels gosses, papa, on est les tiens.

- C'est ça sur le tableau ?"

Je tournai les yeux vers le tableau derrière papa. Ça y ressemblait en tout cas.

"- Ne regardez pas. Détournez les yeux. Eh !

- Je vois... Je vois juste des flèches dirigées vers des photos...

- Arrêtez. D'accord."

Nous redirigeâmes nos têtes vers lui.

"- J'ai une piste.

- Ouh... Dis-nous en plus !

- Le garagiste et le couple avaient un point commun." Expliqua-t-il.

"- Tous les trois ?

- Je dis toujours, un : incident, deux : coïncidence...

- Trois : constante.

- Garagiste, mari, femme. Le même âge : 24 ans.

- Mais le père d'Isaac était plus vieux, comment l'expliquer ?" Demandai-je.

"- Soit le meurtre de M. Lahey n'a pas de rapport, soit l'âge est une coïncidence. Mais j'ai trouvé ça, hypothèse C."

Il sortit un dossier et nous le tendit.

"- Isaac Lahey avait un frère aîné.

- Oui, il m'en avait déjà parlé. Il s'appelait Camden." Affirmai-je, me rappelant de notre discussion.

"- Mort au combat." Lut Stiles en ouvrant le dossier.

"- S'il était vivant, devinez l'âge qu'il aurait."

Je relevai la tête vers mon père et répondis.

"- 24 ans."

Stiles reposa le dossier et nous nous levâmes.

"- On peut regarder un peu le tableau ?" Demandai-je.

Papa se leva à son tour, et nous nous mîmes face au tableau tous les trois.

"- S'ils avaient le même âge... Ils auraient très bien pu tomber dans la même classe à un moment ou à un autre." Proposai-je. "Tu l'as vérifié ?

- Ouais..." Répondit Papa.

Je réfléchissais à ce que m'avait dit Isaac sur son père, recherchant au fond de mes souvenirs.

"- J'y aurais pensé, j'ai reçu le dossier de Lahey il y a deux heures." Reprit-il.

"- Deux heures ! Papa, des gens crèvent !

- Je sais, Stiles, merci !"

Un détail me revint soudainement en tête.

"- Le père d'Isaac était prof de natation..." Annonçai-je.

Papa releva les yeux vers moi et fronça les sourcils.

"- C'est Isaac qui te l'as dit ?" Me demanda-t-il.

J'hochai la tête.

"- C'était même le coach de l'équipe de BHHS. Et si le reste des victimes étaient membres de l'équipe ? Ça nous donnerait un lien entre eux."

Nous nous dépêchâmes de chercher les registres et trouvâmes celui de l'année 2006. Nous eûmes la confirmation de la scolarisation des victimes à Beacon Hills High School. Cependant, nous ne savions pas s'ils avaient été dans l'équipe de natation. En revanche, nous avions trouvé une autre piste... Leur professeur de chimie. Ils avaient le même : monsieur Harris. Et ça, c'était la première piste que nous décidâmes de suivre.

     Plus tard, Stiles et moi étions sur le point de partir pour la soirée où se trouvait possiblement la future victime de Jackson, et nous passâmes devant Papa à qui nous dîmes.

"- Salut papa, on doit filer !"

Mais il ne répondit pas. Alors que nous allions monter dans la jeep de Stiles, celui-ci arrêta papa.

"- Attends. Un problème ?" Demanda-t-il.

Papa se retourna vers nous. Ça se voyait à sa mine que quelque chose clochait. Je l'observais de haut en bas et remarquai qu'il n'avait plus son arme.

"- Non.

- Où est ton flingue ?" Demandai-je.

"- Je l'ai laissé. Avec mon insigne.

- Quoi ?" M'exclamai-je.

"- On en reparlera plus tard.

- Non !

- Papa.

- Vous inquiétez pas.

- Papa !"

Alors qu'il allait rentrer, il se rétracta et accepta de nous expliquer.

"- Ils ont décidé que le fils d'un chef de police qui vole les biens de la police et reçoit une injonction d'un des avocats les plus respectés de la ville, ne faisait pas honneur au comté.

- Ils t'ont viré." Lança Stiles.

"- Non, c'est... Un congé. C'est temporaire.

- Ils l'ont dit ?

- Non."

Je sentis mon cœur se serrer en le voyant si triste.

"- C'est pas grave. Vous inquiétez pas. Tout ira bien.

- Papa."

Il se retourna une nouvelle fois sous l'appel de Stiles.

"- Je comprends pas pourquoi t'es pas en colère.

- Je sais pas. Sans doute pour pas me sentir encore plus malheureux d'avoir hurlé sur mon fils."

Et il rentra à la maison. Je levai les yeux vers le ciel pour retenir des larmes de colère face à cette injustice. Alors, je me tournai vers Stiles.

"- Je vais rester là. Avec lui. Vas-y." Lui dis-je.

"- Pourquoi ?

- Je veux pas le laisser seul. Il a besoin d'un de nous." Affirmai-je. "Vas-y. Tout ira bien, je te le promets. Et tiens-moi au courant. Juste... Fais gaffe à toi. Vraiment."

Il hocha la tête en me promettant qu'il ferait attention. Je lui embrassai la joue avant de courir à l'intérieur pour rejoindre mon père.

"- Papa !"

Il avait enlevé sa veste et s'était assis à table. Il n'y avait rien dessus. Juste lui, accoudé, la tête entre les mains, désespéré. Je me rapprochai doucement et posai une main sur son épaule.

"- Papa ?

- Lizzie... Qu'est-ce que tu fais encore là ?" Me demanda-t-il.

"- Je voulais rester avec toi.

- Mais tu devais y aller...

- Tu es plus important." Dis-je en m'asseyant. "Je sais que ça ne va pas. Tu n'as pas à tout garder pour toi. Tu dois en parler. Je suis là pour toi."

Il soupira et posa sa main sur la table. Alors, je posai la mienne sur la sienne.

"- S'il te plaît. Je sais à quel point tu aimes ton métier, Papa. Je sais à quel point ça te peine...

- C'est vrai... J'aime mon métier." Affirma-t-il. "Mais des gens meurent, et je ne trouve rien qui puisse empêcher ça. Mes pistes sont fausses, et mon fils s'attire des ennuis parce que je ne le surveille pas assez."

Je secouai la tête de gauche à droite.

"- Non. Non, tu ne peux pas culpabiliser sur ça. Tu ne peux pas culpabiliser là-dessus, parce qu'on parle de Stiles." Lui rappelai-je. "Tu es un père incroyable qui a dû s'occuper de nous... Enfin... De lui... Seul. Très vite. Alors que toi-même, tu devais essayer de guérir et de faire le deuil. Et tes pistes sont très bonnes. Tu es l'un des meilleurs shérifs que je connaisse, et le meilleur père qu'on puisse demander. Si Stiles s'attire des ennuis, c'est parce qu'il fait de mauvais choix et qu'il se retrouve face aux mauvaises personnes qui arrivent à le mettre dans la merde. Comme Jackson."

Il me lança un triste sourire.

"- Merci, Lizzie... Mais... Si j'ai été viré, c'est pour une raison. Et ils ont eu raison.

- Non. Ils ont eu tort."

Il m'observa, les yeux vitreux de larmes. J'avais tellement de peine pour lui et je refusais de le voir souffrir. J'étais de retour à Beacon Hills, et ce n'était pas pour voir mon père dans un tel état.

"- Ils ont eu tort, parce qu'ils ont viré le meilleur shérif que Beacon Hills ait connu et connaîtra. Ils ont eu tort, parce qu'ils ont viré un homme super et ils ne savent pas ce qu'ils perdent. Ils ne savent pas qu'ils perdent leur meilleur élément. Et ils s'en rendront compte trop tard, quand il y aura eu des meurtres, des meurtres et encore des meurtres. Que les shérifs passeront et repasseront. Ils comprendront qu'ils ont fait une erreur et reviendront vers toi en rampant. Parce que t'es le meilleur et c'est tout."

Son sourire triste commença à se transformer et me réchauffa un peu le cœur.

"- Montre-leur qu'ils ont eu tort. Ne te laisse pas abattre. Stiles et moi, on est là. Si tu as besoin de nous, on est là. Je te le promets. On ne te laissera jamais tomber, d'accord ? Plus jamais. Même si on est rarement là, même si on te dit qu'on a un truc de prévu, on reviendra toujours après. On essaiera toujours de faire au plus vite, parce que... Parce que t'es notre père et qu'on t'aime et qu'on est désolés de te causer autant de soucis.

- Merci, ma puce. Merci.

- Je t'aime, Papa." Dis-je en me jetant dans ses bras.

"- Moi aussi, Lizzie..."

     Après quelques minutes à être restés comme ça, dans les bras de mon père, je me reculai et proposai.

"- On se mate un film ?

- T'es sûre de pas vouloir rejoindre ton frère ?

- Je veux rester avec toi."

     Il me sourit et proposa que nous nous regardions Retour vers le futur, ce que nous fîmes. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas regardé de film avec mon père, je ne pus m'empêcher de rire à chaque fois que nous disions les répliques en même temps que les personnages, ou parfois même avant. C'était ces moments-là qui m'avaient le plus manqué à Sacramento. Ces moments de rire et de complicité avec ma famille que je n'avais jamais retrouvé avec Mary et Neil.

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