Chapitre un : La rentrée

La tête appuyée contre son poing, l'adolescent fixait son bol de céréales placé devant lui avec indifférence. Ses cheveux blonds cendrés et bouclés couvraient la moitié de son visage dont son œil droit laissant à la vue de sa famille celui qui était rouge vif. Il représentait le parfait cliché de l'adolescent en pleine crise, seulement lui, cela s'exprimait par une indifférence totale de ce qui l'entourait. Il y avait bien-sûr quelques exceptions comme ses petites sœurs qui étaient âgées de quatre ans toutes les deux devant qui il souriait, mais au-delà de ça, son expression faciale ne changeait pas. 
— Quelque chose ne va pas Kasumi ? Fit la voix douce de l'un de ses pères qui buvait une tasse de thé encore fumante.
— Tout va bien ne t'inquiète pas pour moi.
Izuku Bakugo alias Deku regardait son fils avec tristesse. Il se sentait impuissant face au manque d'énergie de son fils aîné. Il but une gorgée de son thé vert avant de poser une main chaude sur la joue du plus grand de ses trois enfants. Kasumi était un parfait mélange de ses parents même si son caractère ressemblait à celui d'un ami proche de la famille. L'adolescent était froid et parfois sarcastique, surtout avec Izuku lorsque ce dernier posait des questions idiotes. Cependant, il ne repoussait pas la main de son père qui lui caressait affectueusement la joue. 
— Tu es stressé c'est ça ? 
— Un peu… 
— Je m'en doutais oui. Je l'étais aussi ce jour-là, et bien plus que toi je pense. J'étais même terrorisé ! Rit Izuku en repensant à son état le jour de sa rentrée à Yuei. 
— Ça ne m'étonne pas. 
— Tout va bien se passer Kasumi. Et si jamais tu as un problème, tu nous appelles Katchan et moi, et nous serons là dans la minute. 
— Je sais me protéger tout seul... ronchonna l'adolescent, faussement vexé que son père puisse sous-entendre qu'il aurait besoin d'eux. 
— Évidemment que tu sais. Tu as hérité du pouvoir de Katchan alors je ne me fais pas de soucis pour ça mais… Tu vas rencontrer de nouvelles personnes alors j'ai peur que tu… 
— Que je reste à nouveau seul cette année, c'est ça ? Je te l'ai déjà dit, je n'ai pas besoin d'amis. 
— Mais Kasumi… fit Izuku triste que son enfant soit si solitaire contrairement à ses petites filles qui étaient les êtres les plus sociables de la ville. 
— Deku a raison Kasumi, fit l'autre adulte de la maison en entrant dans leur salle à manger, une tasse de café en main. 
— Bonjour Katchan, fit Izuku en se tournant vers son mari, l'attirant à lui. 
— Salut Deku, répondit Katsuki avant de se pencher pour embrasser l'homme qui partageait sa vie depuis vingt ans. 
— Pitié… Épargnez moi ça. 
— Tu diras moins ça quand tu seras amoureux Kasumi, railla Katsuki en embrassant une nouvelle fois Izuku pour taquiner son fils. 
— Tsk. 
— Arrête de l'embêter Katchan. 
— Ça va ça va. Ce n'est plus un enfant. Il entre au lycée aujourd'hui, de même que le mioche de tête d'orties et Pinky. 
— C'est vrai que Daiki-kun entre aussi en seconde à Yuei ! Tu auras quelqu'un que tu connais là-bas Kasumi. 
— Tu parles de cet insupportable playboy ? Je n'ai pas envie qu'il m'approche. 
— Kasumi ! Ne parle pas de lui comme ça ! La séparation de ses parents a été dure pour lui, tu le sais très bien. Il a juste trouvé du réconfort là où il pouvait. C'est un garçon vraiment adorable et serviable. 
— Ouais ouais fit Kasumi avant de lever les yeux au ciel.
L'adolescent finit par se lever de sa chaise en bois sans avoir touché à ses céréales qui s'étaient ramolli dans le lait devenu tiède.

Après le départ de son fils, Izuku se frottait les yeux, dépassé. Le héros numéro un au classement avait du mal à bien s'entendre avec son unique fils depuis quelques années alors que Katsuki et lui s'entendaient à merveille. 
— Kasumi me déteste Katchan… Il préférerait avoir un autre père que moi… se lamentait le héros contre le torse de son aimé. 
— Qu'est-ce que tu racontes encore ? Il t'aime, tu le sais très bien. Il fait juste sa crise d'adolescence. Ça va lui passer. 
— J'espère… Nous étions si proches lorsqu'il était petit garçon… 
— Il est comme ça depuis l'arrivée des filles. C'est un grand frère maintenant, il pense qu'il ne peut plus être capricieux de temps en temps. 
— Bien-sûr que si il peut… pleurnicha Izuku. 
— Bon, je vais l'emmener au lycée, puis je reviens vous chercher les filles et toi pour aller à l'école. 
— D'accord… 
— Arrête d'être triste Deku. Tout va bien se passer pour lui. 
— Tu as raison.
Katsuki embrassa le front de son amant avant de le quitter.

Dynamight retrouva son fils dans le corridor déjà chaussé, son manteau par-dessus son uniforme scolaire. Il attendait son père, le dos appuyé contre un mur tandis que son sac à dos pendait lâchement derrière lui. 
— Tu devrais arrêter de te comporter comme ça avec ton père. 
— Oui je sais… fit Kasumi l'air coupable. 
— Alors arrête de l'inquiéter et de le faire pleurer. Deku est peut-être ton père mais c'est avant tout mon mari Kasumi alors je ne te le pardonnerai plus si tu recommences à le blesser comme tu le fais. 
— Je suis désolé… 
— Ce n'est pas à moi que tu devrais dire ça mais à Deku, fit Katsuki une fois prêt lui aussi. Tu le feras en rentrant ce soir. 
— D'accord…


Des dizaines de minutes plus tard, Katsuki et Kasumi étaient arrivés devant Yuei où bon nombre d'élèves de toutes classes et tous grades arrivaient. Chacun fêtait des retrouvailles avec un ou plusieurs amis tandis que Kasumi réfléchissait à un moyen de fuir cette situation étouffante. Il était certes fier d'avoir intégré le célèbre lycée Yuei où avaient étudié ses pères avant lui, cependant il n'avait jamais été à l'aise dans les grands espaces remplis d'inconnus. 
Durant quatre ans, le jeune lycéen avait fréquenté les mêmes étudiants, même s'il se contentait toujours de rester éloigné des autres. Néanmoins, le lycée était éloigné de l'ambiance du collège où il connaissait toutes les têtes. Il avait été le seul de son établissement à avoir réussi à intégrer Yuei alors il ne connaissait personne. Il serait une nouvelle fois seul. 

Une main s'abattit brusquement sur son épaule avant qu'un torse ne se colle à moitié à son dos. Kasumi ne l'avait pas montré mais ce geste avait accéléré son rythme cardiaque tant cela l'avait effrayé. Il n'était pas craintif mais il n'avait jamais aimé les surprises, surtout les mauvaises. Son cœur s'emballait toujours bien trop vite à son goût et cela l'agaçait. 
— Lâche mon fils tête d'orties, fit la voix de Katsuki en direction du nouveau venu qui les tenait tout d'eux par l'épaule. 
— Les jumeaux Bakugo ! Vous m'avez tellement manqué… fit Eijiro, le meilleur ami de Katsuki, en serrant les deux hommes dans ses bras. Tu as tellement grandi Kasumi ! 
— Salut… lui dit l'adolescent soudainement mal à l'aise. 
— Tu es le parfait mélange de tes pères ! Surtout au niveau des yeux ! Un de chaque ! Rit l'homme, partageant sa joie de vivre autour de lui. Et toi Katsuki ? Comment tu vas ? 
— J'allais bien jusqu'à ce que tu viennes t'écraser sur moi. 
— Excuse moi ! Mais je suis tellement heureux que Daiki aille à Yuei comme nous ! S'écria une nouvelle fois le rouge. J'espère que nos fils seront amis ! Ce serait génial ! 
— Il est où d'ailleurs ton morveux ? 
— Il est déjà parti à l'intérieur. J'allais rentrer mais j'ai vu mes deux Bakugo favoris. Comment vont Izuku et les filles ? 
— Deku va bien. Et les jumelles aussi. 
— C'est génial tout ça ! Tu t'es construit une belle famille Katsuki. Un mari et trois enfants, le rêve. 
— Papa, je vais y aller, fit Kasumi, espérant trouver un échappatoire à cette situation qui durait depuis bien trop longtemps à son goût. 
— À ce soir. 
— À ce soir oui.
L'adolescent prit la fuite après s'être extirpé de la poigne de l'ami de ses parents, laissant les deux hommes entre eux. 
— Ton fils a changé, non ? Questionna Eijiro alors que Kasumi s'éloignait d'eux. Il paraissait plus enjoué que ça avant.
— Il est dans une mauvaise période en ce moment, mais avec Deku on espère que les cours vont l'aider. 
— Il s'est passé quelque chose ? 
— Non mais depuis la naissance de Shizuka et Kaede il s'est refermé sur lui-même. Et je pense que c'est de notre faute avec Deku. 
— À cause du travail ? 
— Ouais. On lui en a beaucoup demandé ces trois dernières années. Il a dû s'occuper des filles quand on ne pouvait pas, travailler au collège et s'entraîner pour entrer à Yuei. Il a grandi trop vite. 
— Je comprends ce que tu veux dire… J'ai le problème inverse avec Daiki. 
— Depuis ta séparation avec Pinky ? 
— Il l'a mal pris qu'on se sépare elle et moi. Alors il a essayé d'accepter la chose à sa manière je dirai, même si faire des conneries n'est pas le meilleur moyen pour ça. 
— Kasumi a dit que c'était devenu un playboy. 
— C'est vrai ? Fit Eijiro surpris par l'adjectif choisi par le fils Bakugo. C'est vrai qu'il est sorti avec beaucoup de filles même si ça ne durait pas. 
— Alors il avait raison ? 
— Assez oui, mais Daiki est resté le même malgré ça. J'espère qu'ils arriveront à s'entendre tous les deux. Daiki aurait bien besoin d'un vrai ami. 
— Kasumi aurait besoin d'un ami tout simplement, fit Katsuki en direction de la porte d'entrée du bâtiment principal de Yuei alors que son fils n'était déjà plus à portée de vue. Mais j'y pense, Daiki, il sait pour… 
— Non pas encore. Je préfère attendre avant de le lui dire. 
— J'espère que tu sais ce que tu fais tête d'orties. 
— Oui moi aussi… 
— Bon, débuta Katsuki en se tournant vers son meilleur ami. Je vais rentrer. Deku m'attend pour emmener les deux monstres à l'école. 
— Oh oui, désolé j'avais oublié. À plus tard. 
— À plus.


Kasumi se faufilait entre les foules d'élèves en espérant trouver le chemin de sa salle de classe. Il avait été assigné à la seconde B a contrario de ses parents qui étaient eux dans la A. Le lycée était inutilement immense à ses yeux et ce troupeau d'élèves braillards n'arrangeait pas sa traversée des couloirs. Ce fut après cinq bonnes minutes et quelques coups de coudes, qu'il vit au loin la porte de sa salle de classe. Pour ne pas laisser penser aux autres élèves présents dans le couloir qu'il était heureux d'être là mais aussi stressé, Kasumi prit son habituel air indifférent alors qu'il marchait jusqu'à la porte où était gravé un immense "B" de couleur bleu. Une fois devant celle-ci, qu'il redoutait de franchir, il dut prendre plusieurs inspirations avant de seulement oser glisser ses doigts sur le métal froid de la poignée. Et si tous les regards se posaient sur lui ? Et s'il tombait dans la pomme ou qu'il trébuchait soudainement en marchant sur ses lacets ? Tous ces événements s'étaient déroulés lors de sa première année de collège rendant son approche des autres plus compliquée qu'à l'origine. Que ferait-il si cela se reproduisait une nouvelle fois ? Il en mourrait sûrement de honte. Et tandis qu'il se débattait avec ses propres pensées, la porte s'ouvrit violemment alors qu'il tenait toujours la poignée de porte. Il fut projeté contre une masse musculaire avec force, son visage heurtant les pectoraux du nouveau venu. Ce corps était bien trop dur pour que cela soit naturel. Kasumi se recula de quelques pas en massant le bout de son nez endoloris. Puis, il se figea quand il reconnut la personne en face de lui. Il n'avait pas changé depuis qu'ils s'étaient croisés dans un fast-food l'année précédente. Sa peau était toujours aussi rose et dure comme un rock et ses petites cornes s'agitaient encore lorsqu'il était heureux. Daiki Kirishima le regardait le sourire aux lèvres après l'avoir aussi reconnu. L'adolescent plus grand d'une tête et demi que lui, le regardait fixement, les mains dans les poches et toujours cet insupportable sourire plaqué sur son visage. Même ses boucles roses coupés plus courts que ses propres cheveux, l'agaçaient. 
— Ça faisait longtemps Kasumi.

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