Chapitre treize : Papa et Papa

Son souffle était haché, coupé par cette course qu’il avait entamé pour fuir cette situation nouvelle. Depuis qu’il l’avait rencontré, son quotidien ne cessait d’être chamboulé, renversé, mis à sac par Kirishima Daiki. Il ne comprenait jamais ce qu’il attendait de lui, ce qu’il cherchait à obtenir en agissant ainsi. N’était-ce pas trop rapide pour prétendre l’aimer ? Il n’avait rien d’attirant. Aux yeux de Kasumi, il n’était qu’un vulgaire mélange de ses parents. Un simple adolescent atteint de banalité qui a eu la chance d’être le premier né de deux grands héros mondialement connus. S’il ne s’appelait pas Bakugo, Kasumi était persuadé que Daiki n’aurait jamais posé ses yeux rouges sur lui. 

Kasumi ne parvenait pas à réfléchir convenablement, ses pensées étaient perturbées par un rythme irrégulier dans sa poitrine. Les battements de son cœur étaient assourdissants, sa vue commençait même à devenir trouble. Il dûe s’adosser à un mur quelques minutes pour reprendre son souffle, remerciant les dieux pour avoir fait en sorte que le couloir où il se trouvait soit vide. L’adolescent plongea une main tremblante dans une des poches de son pantalon d’uniforme pour y sortir son téléphone portable. Il ne se sentait pas capable de retourner en classe, d’affronter Daiki et ses attentes ni même de se concentrer sur ses cours en ayant son camarade derrière lui. Il craignait la désapprobation de ses pères, mais les tremblements de son corps lui hurlaient son incapacité à pouvoir y retourner. Il décida d’appeler l’un de ces pères, puis d’une voix tremblante, lorsque son correspondant décrocha, il dit : 
— Papa… viens me chercher… s’il te plaît… 
— Kasumi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Ta voix est bizarre, répondit Izuku complètement paniqué à l’idée que son fils aille mal. 
— Papa… 
— J’arrive, prends tes affaires je viens te chercher. Je préviens Katchan, il nous rejoindra à la maison, d’accord ? 
— Merci… 
— J’arrive tout de suite. 
A l’autre bout du fil, Izuku abandonna son poste de travail et le rapport qu’il était en train d’écrire pour sortir à la hâte de son bureau. Kasumi n’avait jamais appelé à l’aide auparavant, il préférait tout assumer seul plutôt qu'en parler avec ses pères, mais aujourd'hui, il avait besoin d'eux.

Le cœur battant, Izuku traversait les couloirs de son agence tout en saisissant le numéro de téléphone de Katsuki qui était sorti patrouiller. Depuis qu'ils étaient devenus parents de leur premier enfant, les deux hommes s'étaient promis de toujours faire passer leur famille avant le reste, peu importe les circonstances. Après deux tonalités, Katsuki finit par décrocher son téléphone portable :
— Ouais, qu'est-ce qu'il y a ? 
— Katchan ! S'écria Izuku encore dans l'agence, s'attirant quelques regards surpris. 
— Qu'est-ce qui ne va pas Deku ? Répondit Katsuki, s'arrêtant subitement en plein milieu de la rue dans laquelle il se trouvait.
— Katchan… c'est Kasumi… fit-il d'une voix paniquée. 
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Le lycée t'a appelé ? 
— Non, c'est lui… Kasumi vient de me téléphoner pour me supplier de venir le chercher… Katchan… Et s'il lui était arrivé malheur ? 
— Calme toi Deku. Est-ce qu'il t'a dit quelque chose en particulier ?
— Non, il m'a seulement demandé de venir le chercher. Sa voix était… Il n'était pas dans son état normal, raconta le père de famille. 
— Je ne suis pas loin de Yuei, je vais m'y rendre. Rejoins-nous là-bas, d'accord ? 
— Katchan… 
— Je suis là Deku. On est là pour lui. Respire, ça va aller, fit-il d'une voix calme pour apaiser son mari qui se laissait toujours aller à la panique lorsqu'il était question de leurs enfants. Je vais raccrocher, je t'aime.
— Moi aussi Katchan… répondit Deku, se mettant ensuite à courir une fois qu'il eut raccroché avec Katsuki. 
Les pères de famille se mirent en route chacun de leur côté, usant de leur alter respectif pour se rendre à Yuei le plus rapidement possible. Izuku utilisait son Black Whip, s'accrochant aux immeubles des environs pour se propulser dans les airs comme un héros de comics que lisait souvent son aîné lorsqu'il était au collège.

De son côté, Katsuki utilisait son alter afin d'atteindre les toits des immeubles de sa zone de patrouille pour passer de l'un à l'autre grâce à ses explosions. Il n'avait pas le temps d'être empêtré dans une foule d'inconnus qui le retiendrait sûrement pour des basses besognes que d'autres héros du secteur étaient capables de faire. Il était question de son fils, de l'aîné de ses trois enfants. Katsuki n'en avait que faire des autres lorsque sa famille avait besoin de lui. Et aujourd'hui, Deku avait besoin de son soutien et Kasumi de son aide. 
Au loin, le père de famille vit le bâtiment de Yuei, forçant davantage sur son alter pour se dépêcher. Il contorsionnait son corps à chaque saut pour se propulser toujours plus vite et loin. 

Il ne fallut que cinq minutes de plus à Katsuki pour arriver devant les portes closes de Yuei. Bien décidé à récupérer son fils, Katsuki fit crépiter ses paumes de mains, prêt à sauter par dessus les portes mécanisés de son ancien lycée, toutefois, des pas se rapprochèrent de lui, et une voix se fit entendre :
— Papa… ? Articula Kasumi, les mains serrées sur les bretelles de son sac à dos.
— Kasumi, viens là, ordonna Katsuki en saisissant son fils par le bras, l'attirant dans les siens. Deku arrive bientôt.
— Merci… murmura l'adolescent, attrapant le costume de héros de Dynamight, pressant ensuite le tissu entre ses doigts. 
Katsuki tenait fermement son fils dans ses bras. Il lui faisait ainsi comprendre qu'il était là pour lui, pour le protéger. 

Kasumi frottait lentement sa joue sur l'épaule de son père, profitant de la chaleur rassurante de son parent. Il se sentait en sécurité avec ses pères. Ils lui montraient encore aujourd'hui qu'ils étaient prêts à tout pour lui. 
— Kasumi ! S'écria Izuku en arrivant en courant vers l'adolescent qui se fit aussitôt étreindre par son deuxième père sans pour autant être délivré du premier. Mon fils…
— Papa… 
— Nous sommes là maintenant… nous sommes là… 
Pris en sandwich entre ses pères, Kasumi eut les larmes aux yeux de constater à quel point ils l'aimaient. À quel point il les aimait.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Quelqu'un t'a-t-il fait du mal ? S'enquit Izuku en scrutant son fils. 
— Non… je… C'est…
— Tu peux nous le dire Kasumi, fit Katsuki pour mettre en confiance son garçon.
— On peut rentrer à la maison avant… ?
— Bien-sûr, bien-sûr, répondit Izuku. On rentre à la maison. 
Izuku embrassa tendrement son fils sur la tempe puis il lui offrit un sourire tendre. Kasumi semblait plus détendu qu’au téléphone et c’était tout ce qui lui importait. Ce n’était pas si grave qu’il rate une après-midi de cours si cela lui permettait de se sentir mieux.

Les deux héros prirent la direction de leur maison, accompagnés de Kasumi fermement accroché au cou d’Izuku qu’il l’avait invité à monter sur son dos pour aller plus vite. L’adolescent, le nez contre la nuque de Deku, ne cessait de penser à la confession de Daiki. Comment allait-il annoncer à ses pères qu’il les avait fait venir simplement parce qu’il avait été pris de panique après qu’un garçon ne se soit confessé à lui. Kasumi s’en voulait d’avoir alerté ses parents pour si peu alors qu’ils avaient tous deux un emploi important dans leur société héroïque. 
— Tout va bien Kasumi ? Fit Izuku en se posant quelques instants dans une rue déserte, suivi par Katsuki. Tu n’es pas trop secoué ? Nous sommes presque arrivés.
— Ça va… 
— Kasumi, commença Katsuki en s'approchant de son mari et de leur fils, quelqu'un te harcèle au lycée ?
— Katchan, ne le presse pas. Il a dit qu'il nous le dira à la maison.
— Si une bande de merdeux s'en prend à mon fils, je préfère le savoir tout de suite pour aller les massacrer ensuite, répondit Katsuki en se plaçant devant Izuku, défiant son amour du regard. 
— Ah… soupira Deku, tu n'as pas changé. Allons-y, avant que tu ne décides de frapper tous les lycéens qui ont approché Kasumi ces dernières semaines.
— Tsk.
Le trio reprit aussitôt la route. L'adolescent n'avait pipé lors de la discussion de ses parents, mal à l'aise à l'idée de se confier à eux. 

Quelques minutes plus tard, ils finirent par arriver dans leur quartier, marchant ensuite jusqu'à leur maison. Kasumi était coincé entre ses pères, silencieux. Il réfléchissait au meilleur moyen d'annoncer à ses parents qu'il avait fui Yuei car Daiki s'y trouvait. C'était ridicule, affreusement ridicule. Et puis, il n'était pas certain que Daiki le pensait vraiment. Il n'y croyait qu'à moitié, pour Kasumi c'était impossible que son ami d'enfance puisse ressentir une quelconque attirance pour lui. Plus il y réfléchissait, plus il avait l'impression d'être un lâche. S'il fuyait de la sorte devant une confession, comment allait-il faire lors de véritables missions où la vie de tous et la sienne seraient en jeu. 
— Papa…? Fit-il, appelant ses deux pères à se tourner vers lui alors qu'il s'était arrêté de marcher.
— Qu'est-ce qu'il y a Kasumi ? Tu as mal au ventre ? Demanda Izuku.
— Je suis désolé de vous avoir fait venir… Avec du recul, c'était idiot…
— Dis nous ce qu'il y a.
— Je… Daiki il… il m'a dit qu'il m'aimait bien, plus que comme un ami… Il a dit qu'il était sûrement amoureux de moi… avoua finalement Kasumi, les larmes aux yeux. 
— Oh Kasumi… 
— Je suis désolé de vous avoir fait venir pour ça… J'ai simplement paniqué, pris la fuite simplement parce qu'un garçon m'a confié son amour… 
— Et alors quoi ? Tu l'aimes aussi ou pas ? Lança Katsuki avec nonchalance.
— Katchan, sois plus doux. Et puis, nous sommes en pleine rue, ce n'est pas le moment de le presser comme ça.
— Je ne sais pas… répondit Kasumi. 
— Rentrons à la maison. Tu seras mieux pour en parler.
Kasumi acquiesça puis suivit à nouveau ses pères. 

Assis sur le canapé de son salon, Kasumi était nauséeux. Il avait fait le premier pas pour se confier à ses parents, mais il savait qu'ils attendaient à présent une réponse de sa part. Que ressentait-il pour Daiki ? Lui-même n'avait pas de réponse à cette question. L'adolescent n'était même pas encore totalement sûr d'aimer les hommes en plus des femmes, alors être certain d'aimer un homme en particulier, d'aimer Daiki, c'était trop tôt pour lui.

Katsuki et Izuku l'avaient laissé seul dans leur salon pour qu'il puisse remettre de l'ordre dans ses idées le temps que les deux héros ne se changent, mais cela n'avait pas d'effet. Il était toujours aussi perdu quant à ses sentiments. Que pouvait-il bien ressentir pour cet insupportable garnement qu'était Daiki ? De l'amitié ? De l'attachement ? Ou bien de l'amour ? Kasumi n'en savait rien.

Ses pères revinrent dans la pièce de vie, s'asseyant à ses côtés. Izuku lui prit l'une de ses mains et l'emprisonna dans les siennes. 
— Nous sommes là Kasumi. Et sache que ce n'est pas grave si tu nous as appelé parce que tu as paniqué à cause d'une confession. Tout le monde ne réagit pas de la même manière face à ce genre de situation.
— Comment avez-vous réagit ? Qui s'est confessé à l'autre ? Demanda l'adolescent, espérant être aidé par l'expérience de ses pères.
— On ne t'a jamais raconté cette histoire ? Questionna Izuku, surpris.
— Non.
— Eh bien… Nous étions au lycée, comme toi, et Katchan s'est confessé à moi, raconta Izuku tout en s'amusant de la gêne de son mari. Je doute que Daiki se soit confessé comme ton père, rit-il ensuite.
— Comment ça ?
— Katchan m'a embrassé un matin, alors que je venais tout juste de descendre au rez-de-chaussée pour prendre mon petit déjeuner. 
— Il t'a embrassé ? Comme ça ?
— Oui. Il m'a saisi par la taille, puis il m'a embrassé, sans dire un mot. Je l'ai repoussé avant de m'enfuir dans les toilettes. J'avais été complètement surpris, j'étais sous le choc. Nous nous entendions certes mieux, mais m'embrasser, cela avait été trop soudain. Pendant des jours je ne lui avais pas adressé la parole, et lui non plus.
— J'ai essayé de te parler après ça, intervint Katsuki. Tu fuyais à chaque fois que j'ouvrais la bouche.
— Il faut dire que te voir arriver vers moi les poings serrés et les sourcils froncés, ne me donnait pas envie de rester en ta présence très longtemps. 
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ? Demanda Kasumi, curieux d'en savoir plus.
— Mina-chan, la mère de Daiki, avait organisé une fête à l'internat, je ne sais plus pourquoi. Comme depuis des jours, Katchan et moi étions loin l'un de l'autre. Puis, plus tard dans la soirée, alors qu'il ne restait plus que nous et quelques-uns de nos camarades qui jouaient à un jeu de cartes, nous nous sommes retrouvés seuls, dehors, pour profiter de l'air frais. On s'est simplement assis l'un à côté de l'autre, dans le silence puis il a fini par le briser en disant ces simples mots…
— … Je t'aime, termina Katsuki en regardant Izuku dans les yeux. 
— Nous… bégaya Deku, perturbé par le regard amoureux de son ami d'enfance et époux. Nous avons passé cette soirée à nous embrasser après ça… 
— Tu l'aimais aussi ?
— Évidemment que je l'aimais. Son premier baiser m'avait peut-être perturbé, mais je l'aimais déjà lorsque c'est arrivé. Comment pourrais-je ne pas l'aimer ? Il a toujours été tout pour moi, le meilleur et le pire de ma vie.
— Comment vous… vous avez su que vous vous aimiez ?
— J'avais envie de le frapper, fit Katsuki. À chaque fois qu'il souriait, riait ou parlait, j'avais envie de le frapper. 
— Katchan, si tu lui dis ça comme ça il va s'imaginer des choses bizarres.
— Ça m'énervait simplement de ne pas être la personne qui te rendait comme ça. J'étais jaloux, et tête d'orties m'a dit un jour " tu es amoureux de lui, c'est évident ", et j'ai été incapable de démentir. Je l'aimais, c'est tout. Je ne savais pas depuis quand, ni pourquoi, j'aimais simplement ce nerd marmonneur insupportable. 
— Je ne sais pas non plus pourquoi je suis tombé amoureux de toi. C'est juste parce que c'est Katchan. 
— Comment je pourrai savoir si je l'aime ou non si vous même ne savez pas… se lamenta Kasumi.
— Ne cherche pas à savoir pourquoi tu devrais l'aimer, il n'y a pas besoin d'une raison particulière pour aimer. Il suffit simplement que tu sois bien avec cette personne.
— Je suis bien avec Daiki, mais ce n'est sûrement pas suffisant pour dire que je l'aime…
— Je suis sûr que Daiki te laissera du temps pour être sûr des tes sentiments avant de lui donner une réponse. Parles-en avec lui. C'est un bon garçon, qui a de bons goûts, fit fièrement Izuku.
— Essaie de l'embrasser et tu verras, lui dit Katsuki.
— Katchan !
— C'est… c'est déjà fait… avoua Kasumi, pivoine.
— Alors ?
— Je n'ai pas détesté le fait qu'il m'embrasse… Je ne déteste pas non plus lorsqu'il est tactile avec moi, je suis simplement gêné…
— C'est un bon début. Et toi ? Tu as envie de l'embrasser ou de le toucher ?
Cette question fit tellement rougir Kasumi que cela fit rire Izuku aux éclats. Cela lui était déjà arrivé de regarder les lèvres de Daiki avec désir lorsqu'il lui parlait ou d'avoir eu envie de sentir à nouveau sa main sur lui, mais il n'en avait pas réellement conscience. 
— Je… il… C'est peut-être arrivé…
— Tu devrais en parler avec lui. Il a l'air d'être un garçon assez mâture pour comprendre que tu as besoin de temps. Et cela sera un moyen de savoir s'il t'aime vraiment, assez pour attendre.
— Oui… Je vais y réfléchir…
Izuku vint saisir son fils par le cou, collant leur joue ensemble. Il était si fier de son fils, il avait son premier béguin de lycée, avec le fils de l'ami de la famille qui plus est. Et Kasumi avait fait un pas vers eux en se confiant sur cette situation. 
Katsuki finit par se joindre à leur étreinte, serrant son mari et leur fils aîné dans ses bras. 

Tout ira bien.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top