Chapitre six : Une confiance brisée

À la suite d'un premier exercice particulier, le groupe un s'était réuni comme prévu à l'entrée du terrain C après que Daiki et Yuuko eurent trouvé leurs trois camarades dissimulés dans la zone Sud. Ils attendaient que le reste de leur classe arrive, assis sur le sol.
Kasumi était une nouvelle fois à l'écart de son groupe, le dos contre un lampadaire, les mains devant son visage depuis plusieurs minutes. Le souvenir de Daiki au-dessus de lui alors qu'il haletait à cause de la température de son corps, hantait son esprit. Il avait si honte de lui. Kasumi complexait sur ses lacunes concernant sa maîtrise de l'alter hériter de Katsuki. Ce n'était pas la première fois que sa température corporelle augmentait sans qu'il puisse la contrôler mais ce qui alimentait sa gêne c'était que Daiki l'ait vu ainsi dès leur premier cours ensemble. Il n'avait même pas eu le temps d'apprendre à se maîtriser. Ainsi, depuis plus de cinq minutes, il dissimulait ses rougeurs derrière ses mains.
- Bakugo-kun ? Fit la voix de Suzuki qui s'approchait de lui, inquiète de le voir seul dans son coin.
Kasumi tressaillit en entendant sa voix, relevant timidement la tête vers la jeune femme en combinaison de camouflage avec une ceinture à la taille pleine de poche de graines. Il savait que son visage était encore rouge mais il ne voulait pas paraître impoli en ne la regardant pas pendant qu'elle lui parlait. Suzuki s'était agenouillée devant lui, ses mains sur ses cuisses, attendant une réponse de sa part. Kasumi s'apprêtait à ouvrir la bouche mais il croisa le regard écarlate de Daiki qui se trouvait quelques mètres derrière la jeune femme. Son esprit repensa à la proximité de son corps presque nu contre le sien, faisant chauffer son visage de plus belle. Tout comme son père Deku, il n'avait jamais été habitué à être physiquement proche de quelqu'un d'autre hormis de sa famille. Que ce soit un homme ou une femme, Kasumi était facilement gêné et rougissant quand on venait se coller à lui pour ne serait-ce que lui parler. De plus, Daiki semblait lui faire de l'effet et cela énervait le fils de Dynamight et Deku.
- Tu es malade ? S'enquit-elle en le voyant prendre de nouvelles teintes. J'ai l'impression que tu as de la fièvre...
- Je vais bien... Ce sont juste les effets de mon alter qui agissent encore...
- Oh je vois oui. Pendant quelques secondes j'ai crû que cela avait un rapport avec Kirishima-kun, rit-elle en repensant à la complicité de ses deux camarades.
- P-pourquoi ?
_ Je ne sais pas. Je vous trouve étrange tous les deux enfin l'un envers l'autre. Oh et j'ai remarqué en revenant avec Ikokushi-kun et Kareshima-kun que vous étiez bizarres. Ton costume de héros était encore défait et il rougissait légèrement alors naturellement j'ai cru que vous vous étiez... Battu ? Enfin je suis contente de savoir que je me suis trompée.
- On ne sait pas battu, pas de la manière dont tu sembles le penser... Il a essayé de m'attraper c'est sûrement pour ça qu'il devait rougir, à cause de la fatigue... répondit Kasumi lui-même persuadé de ses réponses.
- Tu penses ? Il n'avait pas l'air épuisé, enfin, tu le connais mieux que moi, sourit-elle à nouveau. Tu devrais venir avec nous, te mélanger un peu. C'est triste que tu sois seul dans ton coin. Pourquoi n'es tu pas avec Kirishima-kun ?
- Je ne sais pas... Il est vraiment épuisant et passe son temps à me coller alors je préfère sûrement éviter...
- C'est dommage. Vous avez l'air proche et regardes le, commença-t-elle en faisant pivoter son corps vers Daiki. Il a l'air tout triste sans toi. Tu devrais aller le voir.
- Je ne veux... fit Kasumi avant de reposer ses yeux vairons sur le rose qui traînait des pieds. D'accord, j'y vais...
- Allez, je t'encourage.
Contraint, Kasumi se leva et alla rejoindre Daiki qui se mit à sourire à son arrivée.

En le voyant changer de comportement, Kasumi crut voir apparaître des oreilles et une queue de chien sur Daiki. Ce dernier arriva aussi vers lui, visiblement heureux que le blond le rejoigne. Cependant, Kasumi ne savait pas quoi lui dire. Il était encore embarrassé que son ami l'ait vu dans une situation compromettante sans compter sa gêne d'être à proximité de son corps à découvert. Il serrait ses coudes dans ses mains, détournant le regard vers une rue aléatoire. Il préférait regarder ailleurs plutôt que se laisser distraire par quelques abdominaux.
- Daiki écoute je... je suis désolé de t'avoir traiter de pervers tout à l'heure... murmura-t-il si bas que Daiki eut du mal à l'entendre.
- Ce n'est pas grave tu sais. J'ai bien compris que mon corps te dérangeait, même si je ne sais pas pourquoi. Et je suppose que si je te le demandais tu ne me répondrais pas.
- Si... C'est parce que... débuta-t-il avant de poser ses yeux sur les pectoraux de son homologue souriant. Je ne sais pas...
- Tu veux toucher ? Peut-être que ça te calmera. Non ? Je ne sais pas quoi faire pour t'aider...
- C'est moi qui suis bizarre. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi.
- Tu es sûr ? Ça ne me dérange pas si tu me touches, en plus les autres groupes ne sont pas encore là.
- Pourquoi je toucherai ton corps ?
- Eh bien, tu as l'air mal à l'aise de me voir comme ça... Alors je me dis que si tu me touches, peut-être tu t'habitueras et tu arrêteras de détourner le regard... Ou alors c'est autre chose ? Tu me trouves répugnant ? Demanda-t-il comme un chiot triste faisant sourire Kasumi.
- Non, tu... tu es très bien comme tu es... C'est juste moi qui suis bizarre de réagir comme ça juste parce que je vois le corps d'un homme à moitié nu... fit Kasumi honteux et déçu de lui-même. Tu t'habilles comme tu veux et je suis désolé de regarder ton corps comme ça... Je devrais apprendre à me contrôler au lieu d'être gêné...
Kasumi avait honte de lui. Honte de regarder le corps de Daiki comme s'il n'était qu'un morceau de viande, une bête curieuse. Il devrait plutôt le féliciter d'avoir une musculature comme celle-ci au lieu de la détailler avec insistance. Et tandis qu'il se lamentait, il sentit ses mains être saisies par celles de Daiki avant d'atterrir sur ses pectoraux roses. Il ne lui fallut qu'une seule et unique seconde pour rougir de la tête aux pieds imitant la couleur de peau de Daiki. Il lui tenait fermement les mains contre ses muscles tout en ne le quittant pas des yeux.
- Ce n'est rien, regarde. Ça ne me gêne pas. Je sais que mon costume est assez provocant alors je m'attends à être regardé tu sais. Et je n'ai pas de problème avec mon corps, je m'accepte comme je suis alors si tu veux me regarder, fais le autant que tu veux. Et puis, ça ne me dérange pas si c'est toi... fit-il en serrant les mains de Kasumi dans les siennes alors qu'il lui offrait un doux sourire.
- Ce n'est pas une raison... Il pourrait t'arriver quelque chose si tu es insouciant comme ça...
- J'ai deux alters je te signale. Et puis ce n'est que toi Kasumi, tu ne me feras rien.
- Qu'est-ce que tu en sais ?! On ne s'est pas vu pendant plusieurs années ! J-je suis peut-être un détraqué ou un vieux pervers ! Tu devrais être plus méfiant et ne pas laisser les gens te toucher aussi facilement ! Gronda l'adolescent, furieux de voir son ami d'enfance si inconscient.
- Tu es marrant Kasumi. Et mignon, rit Daiki en relâchant les mains de son ami. Tu es bien le seul à t'inquiéter de ça. Je sais comment tu es, et tu n'es sûrement pas un vieux pervers. En revanche, je te promets de faire plus attention à l'avenir si ça peut te rassurer.
- D'accord...
- Je peux te faire un câlin ?
- Mais pourquoi ?! Fit Kasumi indigné du comportement opportuniste de Daiki.
- Parce que tu es mon ami ? Pourquoi d'autres sinon ?
- Les autres groupes vont arriver et nous ne sommes pas seuls ! C'est non !
- Je voulais te faire un câlin moi... se lamenta le plus vieux, ses cornes se baissant de tristesse.
- Inutile de tenter de m'amadouer, c'est toujours non, soupira Kasumi, épuisé par Daiki. Pourquoi es-tu si collant ?
- Je t'aime bien, je te l'ai déjà dit. Et c'est normal pour moi d'être comme ça avec les personnes qu'on aime bien. Mes parents m'ont dit que ce n'était pas bizarre de vouloir prendre ses amis dans ses bras.
- Non ça ne l'est pas mais... Tu restes trop collant ! Tu ne comptes pas passer tes trois années à Yuei avec moi, si ?
- C'est dans mes projets, se moqua Daiki. Plus sérieusement, je t'ai toujours apprécié alors c'est normal pour moi d'être comme ça avec toi même si tu es froid et distant. Je réussirais à casser ce mur autour de toi.
- Ne sois pas bête... rougit Kasumi, touché par la dévotion de Daiki à son égard.
L'adolescent regardait Daiki dans les yeux, n'y décelant qu'une pureté déconcertante. Contrairement à lui, le fils Kirishima était honnête avec ce qu'il ressentait et n'avait pas honte d'être démonstratif même en public. C'était un trait de caractère que Kasumi lui enviait. Il était plus discret et réservé sur ses sentiments même avec ses parents. Et il n'était pas un adepte des étreintes ni même des contacts physiques en général.

Kasumi était conscient que Daiki et lui étaient des opposés sur plusieurs points alors il ne comprenait pas pourquoi le rose était aussi heureux d'être en sa compagnie ni même ce qui le motivait à être ainsi.
- Hum... Daiki ?
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ton père, est-ce qu'il t'a demandé d'être proche de moi ? Demanda Kasumi suspicieux, se rappelant que ses pères étaient proches du sien. C'est pour ça que tu es comme ça ?
- Je... Kasumi... répondit Daiki mal à l'aise. Oui mais...
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Il m'a demandé d'être ami avec toi car ton père lui avait dit que tu n'avais eu aucun ami au collège... Et qu'il avait peur que ça recommence au lycée... avoua Daiki. Je suis désolé...
- Je vais te libérer de ta tâche. Je n'ai pas besoin d'amis et sûrement pas d'un ami comme toi. Tu n'as pas à te forcer pour ça. Je suis très bien tout seul, fit Kasumi avant de tourner le dos à Daiki.
Il était blessé même s'il ne le montrait pas.
- Un ami comme moi ? Qu'est-ce que tu veux dire ? Demanda Daiki, blessé par les mots de Kasumi.
- Tu m'as menti. Tu n'es qu'un hypocrite. Tu m'as fait croire que tu voulais être ami avec moi de ton plein gré. Tu te forces simplement parce que ton père te l'a demandé, répondit-il furieux d'avoir été pris pour un idiot aussi facilement.
- Kasumi... Mon père me l'a peut-être demandé mais je ne me force pas tu sais... Je t'aime vraiment bien... s'enquit-il en tentant d'attraper le poignet de Kasumi pour qu'il se tourne vers lui mais ce dernier commençait déjà à partir. Kasumi, écoute moi au moins. S'il te plaît...
- Je n'ai pas très envie Daiki. Je n'aime pas l'idée que mes parents me prennent autant en pitié simplement parce que je ne suis pas doué pour me faire des amis, lui dit-il sans pour autant se tourner pour le regarder. Mêle toi aux autres, tu es doué pour ça, pas moi. Je peux survivre trois ans de plus tout seul.
- Kasumi...
Kasumi s'éloigna définitivement de Daiki, profitant de l'arrivée de leurs camarades pour élargir le fossé entre eux.

Quant à Daiki, il se sentait coupable. Certes son père lui avait suggéré de se rapprocher de Kasumi pour qu'il ne soit plus seul mais il ne s'était jamais forcé avec lui. Il avait été naturel depuis leur rencontre devant la porte de la classe jusqu'à maintenant. Le rose aurait voulu lui dire que même si son père ne lui avait pas demandé, il se serait quand même rapproché de lui mais maintenant il savait que Kasumi allait le fuir. Daiki l'appréciait beaucoup. Il affichait une mine triste au milieu de cette foule d'élèves braillards qui se formait autour de lui.
Kasumi n'était plus dans son champ de vision. Il aurait voulu le chercher pour clarifier la situation mais leur professeur arriva en même temps, l'obligeant à ne plus bouger.
- Bien, globalement, l'exercice s'est bien passé. Je suis fier de vous, commença Hitoshi debout devant ses élèves. Le prochain cours aura lieu dans trois jours et il sera individuel comme les trois cours suivants. Cependant, d'ici deux semaines, je vais vous demander de former des duos pour un devoir. Le thème du devoir est : mettre en place une stratégie avec l'inconnu. Je vous explique. Il vous sera un jour demander de faire équipe avec quelqu'un que vous ne connaissez pas alors vous devez monter une situation que vous présenterez à la classe ensuite. Je vous laisse deux semaines pour vous décider, termina-t-il.
Daiki affichait à présent un sourire victorieux. Ce devoir serait peut-être une occasion pour lui de s'expliquer avec Kasumi et de se rapprocher à nouveau de lui, à condition que le blond accepte de le laisser approcher et l'écouter. Il n'était pas certain qu'il accepte de faire équipe avec lui mais il avait deux semaines pour essayer de le convaincre. Daiki était confiant et il ne lâchera pas Kasumi de si tôt.

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