Chapitre sept : Une occasion parfaite

La tête posée contre la paume de sa main gauche, le torse appuyé sur sa table individuelle, son esprit était ailleurs. Depuis maintenant deux semaines, ses pensées ne faisaient que s'agiter sans cesse, jour et nuit, cela ne s'arrêtait pas. Tout tournait autour de lui. Son quotidien était morose. Il alternait entre les cours au lycée et l'école pour aller chercher ses petites sœurs. Et même après le retour d'Izuku à la maison, rien n'avait changé. Il évitait même ses parents depuis plusieurs jours, ne leur adressant la parole que s'il était obligé. Kasumi avait été plus troublé par sa dernière conversation avec Daiki que ce qu'il voulait bien admettre. Il se sentait trahi après avoir appris que le début d'amitié qu'il commençait à entretenir avec l'enfant Kirishima était basé sur un élan de pitié de la part de leurs parents. L'adolescent connaissait ses piètres compétences sociales, il n'était pas aussi aveugle que cela mais il avait naïvement espéré que l'attention que Daiki lui portait était vraie. Kasumi s'en voulait de lui avoir permis de poser un pied dans sa bulle de solitude. Il se sentait blessé et triste de se rendre compte que Daiki n'avait fait qu'obéir à une demande d'Eijiro. Il évitait le rose depuis leur premier cours de super-héros 101 malgré les maintes approches de Daiki à son égard. 

Daiki avait tout essayé pour se faire pardonner. Il avait d'abord tenté de l'approcher directement, en entrant en classe mais Kasumi l'avait tout simplement ignoré. Il lui avait transmis un mot d'excuse lors d'un cours d'anglais mais le blond n'avait même pas pris la peine de le lire. Kasumi s'était contenté d'abandonner le morceau de papier sur sa table lors d'une pause. Daiki avait tenté des contacts visuels, des sourires ou même de lui prendre la main pour qu'il prononce au moins un seul mot même si cela aurait été pour le rejeter, mais Kasumi continuait de faire comme s'il n'existait pas. Le jeune homme commençait à désespérer. Il ne savait plus quoi faire pour que Kasumi le regarde et lui parle. Sa seule chance était d'être en duo avec lui pour le devoir donné par leur professeur principal mais même pour cela, Daiki perdait espoir. Kasumi l'avait évité pendant deux semaines entières, il n'allait pas accepter d'être avec lui pour ce devoir simplement parce qu'il le lui demandait gentiment. Cependant, il essaierait quand-même de lui proposer quitte à mentir un peu quant à ses capacités intellectuelles. 

En ce début de dernière heure de cours, alors que les deux adolescents se lamentaient sur leur table, Hitoshi fit son entrée en classe. Comme promis, il allait laisser l'heure de cours aux élèves pour établir des duos et commencer à discuter du devoir qu'ils devraient préparer pour la semaine suivante. Il s'assit à son bureau, leur donnant ensuite l'autorisation de se lever pour rejoindre leur partenaire. Ainsi, Daiki profita de cette occasion pour se lever à son tour. 

Étrangement timide, il s'agenouilla à côté de la table de Kasumi posant ses avants bras dessus. Daiki sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine. Il n'était pas de nature anxieuse mais après avoir essuyé tous ces échecs, il avait perdu un peu de sa confiance en lui. 
— Kasumi… On fait équipe toi et moi ? Pour le devoir, fit-il espérant que le blond pose un regard sur lui. Je travaille assez bien et… Comme tu me traites comme un inconnu, nous sommes dans le thème…
Comme attendu, Kasumi ne lui répondit pas. Cependant, il croisa ses bras sur sa table, posant ensuite sa tête dessus en direction de Daiki qui prit ce geste anodin comme une ouverture à poursuivre. 
— Kasumi, je suis désolé. Mon père m'a peut-être demandé de me rapprocher de toi pour que tu ais un ami mais je l'aurai fait, même sans ça. Faut que tu me crois, supplia le rose en approchant sa main gauche de Kasumi. 
— Pourquoi devrais-tu être ami avec moi ? Je t'ai traité comme un parfait inconnu pendant deux semaines et pourtant tu continues de me courir après. Je ne te comprends vraiment pas, finit-il par dire faisant ainsi sourire Daiki qui obtint enfin une réponse de sa part. Tu es du genre à aimer souffrir ? 
— Non Kasumi. Je ne te poursuis pas parce que j'aime souffrir ou parce que ça m'amuse. 
— Un défi pour toi alors ? 
— Non plus. Si je le fais c'est parce que je suis sincère avec toi. Tout ce que je t'ai dit était vrai. Je t'apprécie et je veux être proche de toi, répondit-il en venant glisser ses doigts entre ceux de Kasumi. 
— Pourquoi ? Il y a plusieurs personnes ici qui seraient ravis d'avoir ta compagnie, à toi le fils de Red Riot et Pinky, se moqua Kasumi sans rejeter le contact qu'avait engagé Daiki avec lui. 
— C'est pareil pour toi tu sais, seulement tu es plus inatteignable que moi. Tu es aussi froid qu'un glaçon. Tu hisses une barrière entre toi et les autres sans leur laisser une chance de t'approcher. 
— Je te laisse m'approcher, non ? 
— Je ne pense pas. Tu laisses toujours ce fossé entre nous deux. Laisse-moi passer au-dessus, fit Daiki en serrant les doigts de Kasumi entre les siens. Je ne te laisserai jamais seul. Je te le promets. 
— Tu ne m'as pas laissé seul une seule fois depuis la rentrée. 
— Mais tu ne me laisses pas entrer dans ta vie. Tu n'as même pas lu le mot que je t'ai donné. 
— C'est ce que je t'ai fait croire… Je sais que tu as écrit que tu étais désolé, avoua Kasumi, honteux de s'être comporté comme un enfant en voyant à quel point Daiki insistait pour être proche de lui. 
— Tu acceptes alors ? 
— D'être ami avec toi ? Je n'ai pas vraiment le choix, répondit-il en offrant toutefois un sourire à Daiki. Tu as aussi intérêt à travailler pour le devoir. 
— Je serai plus intelligent que Ingenium ou que Deku ! S'écria Daiki, heureux de voir que Kasumi acceptait enfin de lui reparler. 
— N'exagère pas non plus. 
— Tu viens chez moi ce week-end ? Pour le devoir, demanda le rose en se levant sans pour autant lâcher la main de Kasumi. 
— Je devrais demander à mes parents avant. Avec les filles ce serait sûrement compliqué. Je te dirais ça plus tard. 
— Tu me donnes ton numéro de téléphone ? 
— Tu vas m'envoyer des messages pour n'importe quoi ? 
— Non. Je réserve ça pour nos appels, sourit Daiki. 
— Ne m'appelle pas n'importe quand… capitula Kasumi en prenant le téléphone de Daiki qui dépassait de sa poche d'uniforme. C'est quoi ton code ? 
— Ma date de naissance. Et toi ? 
— Celle de mes sœurs… rougit Kasumi alors qu'il enregistrait son numéro de téléphone portable dans celui de Daiki. Tiens. 
— Minuit ? Je peux ? 
— Pourquoi tu voudrais m'appeler à cette heure-là ? 
— Je n'arrive pas à dormir parfois, c'est pour ça. 
— Tu n'as pas intérêt à laisser de longs silences, sinon je m'endors et tu restes tout seul. 
— Promis.
Daiki affichait un sourire fier comme s'il venait de recevoir le plus beau prix de sa vie.

Il se mit à jouer avec les doigts de Kasumi qu'il tenait entre les siens sans enlever ce sourire béat. Le blond le laissait faire à sa guise. Il lui devait bien cela après l'avoir ignoré et traité comme un inconnu durant deux semaines. Et puis, Kasumi appréciait la gaieté que dégageait Daiki. Son ami possédait une douce aura rafraîchissante qui donnait l'envie de s'en rapprocher, de l'avoir près de soi. Kasumi le regardait triturer ses doigts ne faisant pas attention à leur classe et au brouhaha qu'elle faisait. À vrai dire, il ne voyait que cet adolescent plus grand que lui en train de s'amuser avec sa main. 
— Tu es un garçon étrange Daiki… fit-il en observant ses yeux rouges. Pourquoi tu m'aimes bien ? 
— Je n'ai pas de raison particulière. Même si tu fais le gars distant et froid, je sais que tu es timide et gentil quand on prend la peine de te connaître. Et je suppose que le fait qu'on ait passé beaucoup de temps ensemble quand on était plus jeunes à cause de nos parents aide aussi. Pourquoi ? 
— Je te traite mal mais tu restes quand même. 
— C'est normal, c'est ce que font les amis. Je ne vais pas te laisser tomber à la première dispute, répondit-il avec sérieux afin de prouver à Kasumi sa sincérité. Et toi ? 
— Quoi moi ? 
— Qu'est-ce que tu ressens pour moi ? Demanda-t-il soudainement anxieux, craignant la réponse de Kasumi. Après tout, je me suis immiscé de force dans ta vie… 
— C'est un peu tard pour te poser la question, tu ne crois pas ? 
— Kasumi… 
— D'accord, ça va. Je suppose que je t'aime bien aussi. 
— Pourquoi ? 
— Mais pourquoi tu me demandes ça ? 
— Je t'ai dis pourquoi moi. À ton tour. 
— Pitié… soupira Kasumi. Tu es agaçant, borné et collant ! Mais… tu es le seul qui veuille de moi, même si je suis désagréable… Alors ça te rend un peu… Attachant ou quelque chose comme ça… Et malgré tout, tu es gentil… fit-il avant de violemment rougir n'ayant pas l'habitude de livrer ses sentiments aussi facilement. 
— Ne me rejette plus… 
— D'accord…
Les deux adolescents se regardèrent dans les yeux et une sorte de connexion se créa entre eux, comme un éclair passant dans leurs iris colorés. Et tandis qu'ils se regardaient - étrangement silencieux - la sonnerie résonna faisant sursauter Kasumi. Ils prirent leurs affaires, gênés de s'être ainsi regardés, avant de sortir ensemble de la salle de classe. Daiki souriait tellement que Kasumi avait l'impression de voir des fleurs voler autour de lui. 
— L'un de tes pères vient te chercher ? Demanda Daiki comme s'il avait une idée derrière la tête. 
— Non, je prends le train. Katsuki est en mission jusqu'à ce soir et Izuku va chercher les filles. Pourquoi ? 
— On fait un bout de chemin ensemble alors ? Jusqu'à la gare même si on prend pas le même train. 
— Si tu veux. 
— C'est vrai ? Super ! S'exclama-t-il avant de saisir la main de Kasumi afin de le tirer hors de leur bâtiment.
Kasumi se laissa faire malgré sa gêne. Il était heureux d'avoir un ami alors même si cela le mettait mal à l'aise de lui tenir la main, il n'était pas contre ça. Et puis, Daiki semblait si heureux qu'il ne pouvait pas reprendre ce qu'il lui appartenait. Au lieu de cela, longeant à présent le muret autour de Yuei jusqu'à la gare, Kasumi se surprit à serrer la main de Daiki. Le rose avait toujours été son premier et vrai ami, il l'avait simplement retrouvé après plusieurs années de séparation. 

Les deux futurs héros marchaient à présent à travers les longs couloirs souterrains de la gare vers le train de Kasumi. Ce dernier commençait à sentir les regards curieux des autres sur eux car ils se tenaient la main. Kasumi serrait une bretelle de son sac à dos avec sa main de libre, la tête basse sans pour autant ôter sa main de celle de Daiki. 
— Eh, je vais prendre le même train que toi, fit Daiki une fois devant le quai. 
— Pourquoi ? Nos chemins sont à l'opposé. 
— Oui je sais, mais ça m'ennuie de te lâcher maintenant. Et puis je peux descendre à la prochaine station. 
— Tu devrais rentrer maintenant. Faire une seule station simplement pour rester deux minutes de plus avec moi c'est ridicule. On se revoit demain de toute façon et tu as mon numéro de téléphone maintenant. 
— Oui c'est vrai, tu as raison… fit-il cependant déçu. Je peux te faire un câlin au moins ? 
— Tu… ! Débuta Kasumi avant de soupirer. D'accord… Mais pas longtemps ! 
— Promis !
Daiki ne perdit pas de temps pour se placer en face de Kasumi pour lui offrir l'étreinte qu'il désirait tant partager avec lui. Il fit quelques petits pas vers lui avant de lui saisir les mains pour les placer sur sa taille. Kasumi semblait troublé par l'approche de Daiki. De son point de vue, il était le seul à étreindre l'autre jusqu'à ce que Daiki ne glisse ses mains autour de sa nuque avant de se coller définitivement à lui. Le blond quant à lui attendit quelques secondes avant de venir saisir la veste d'uniforme de Daiki au niveau de ses omoplates, serrant légèrement le tissu grisâtre entre ses mains. Au milieu de cette foule d'inconnus, Kasumi dissimulait son visage contre le cou de Daiki qui se fichait bien d'être vu. Kasumi était gêné de faire un câlin au rose en public, son cœur tambourinait dans sa poitrine, ses joues chauffaient, néanmoins, il appréciait cela. L'étreinte était douce, chaude et réconfortante. Il se sentait étrangement en sécurité dans les bras de Daiki. Il avait l'impression d'être étreint par une peluche qui sentait la guimauve. C'était agréable comme sensation. 
— Kasumi… murmura Daiki en venant coller son front contre celui de Kasumi. 
— Quoi… ? 
— Rentre bien… fit-il alors que le train de son ami entrait en gare. 
— … Toi aussi.
Ainsi, après une étrange séparation, Kasumi monta à bord d'un des wagons de son train alors que Daiki lui faisait de grands signes en guise d'au revoir. Il agita faiblement sa main dans sa direction quand les portes se fermaient devant lui. Kasumi - comme Daiki - était peut-être heureux lui aussi de s'être lié d'amitié avec l'autre, car après tout, Daiki était vraiment quelqu'un d'attachant. 

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