Chapitre neuf : Une attirance qui se dessine

Le cours d'anglais avait débuté il y a plus d'un quart d'heure maintenant mais il n'avait pas une seule fois touché à son stylo. Le teint pâle, de légères poches sous les yeux, Kasumi semblait ailleurs et préoccupé. Il avait pratiquement passé sa nuit à réfléchir. Et bien évidemment, le sujet était Daiki. Le jeune homme semblait l'attirer d'une manière ou d'une autre et cela l'intriguait. Que cela soit son corps ou bien même sa voix, Daiki lui faisait de l'effet. Kasumi n'était pas quelqu'un de fermé d'esprit, loin de là, mais il s'était toujours pensé hétérosexuel car la seule fois où il avait été amoureux, son cœur avait choisi une fille. Cependant, par un coup du sort qu'il ne s'expliquait toujours pas, Daiki lui plaisait, ne serait-ce qu'un peu. Ou bien était-ce sa franchise et cette agaçante habitude qu'il avait de se coller à lui pour le moindre petit truc, qui le faisait réagir ainsi. L'un ou l'autre, Kasumi était dans le flou total. Il avait l'impression d'avancer à taton dans sa propre vie. Était-il finalement bisexuel ? Ou simplement dérangé par ce garçon qui ne connaissait pas l'espace privé ? Comme pratiquement tous les adolescents de son âge, Kasumi se posait des questions sur sa sexualité et ces questions semblaient le rendre fou. Il ne se comprenait pas lui-même. L'adolescent pourrait en parler avec ses parents mais ces derniers seraient bien trop heureux d'apprendre que celui qui le faisait douter était Daiki. Et Kasumi ne voulait pas leur donner raison jusqu'au bout, bien que cela soit trop tard - Izuku étant persuadé depuis longtemps qu'ils étaient faits pour s'entendre. 

Tandis qu'il réfléchissait encore à la question, il vit un morceau de papier atterrir sur sa table, ceci provenant de derrière lui. Connaissant l'expéditeur de ce morceau de feuille arraché, Kasumi déplia ce qui semblait être un mot, sans adresser un regard à Daiki derrière lui. 

Tout va bien ? Tu n'as rien écrit depuis le début du cours. Je suis là si tu veux. 

PS : Je te passerai mes notes. 

Y avait-il d'écrit. 

Ce mot fit légèrement sourire Kasumi qui replia rapidement le mot avant que son professeur ne vienne le lui prendre. L'adolescent arracha à son tour un morceau de feuille provenant de son cahier puis saisit son stylo. Il écrivit rapidement quelques mots avant de jeter aléatoirement le bout de papier derrière lui, qui par chance, atterrit de justesse sur le bord de la table de Daiki. Le fils de Red Riot découvrit le contenu avec attention. 

Je suis juste un peu fatigué. Ne t'inquiètes pas. 

PS : Ne m'écris pas, le professeur pourrait nous surprendre. 

Lui avait-il répondu. 

Daiki chiffonna le mot avant de le fourrer dans sa trousse. Il mit ensuite son index droit sur le dos de Kasumi avant d'y tracer un léger "Ok". Il était un peu rassuré de savoir que Kasumi était seulement fatigué bien que cela l'ennui quand même de voir qu'il avait mal dormi. Le rose se demandait bien ce qui l'avait empêché de bien se reposer la veille d'une journée de cours. Il lui en parlerait à coup sûr à la fin du cours d'anglais. Daiki attendait avec impatience que cela se termine car ils auraient une pause de vingt minutes avant les deux prochaines heures de cours - leur professeur les avait prévenus qu'il aurait un peu de retard. Il pourrait ainsi aller voir Kasumi. 

Son souhait fut exaucé trente minutes plus tard à la sonnerie générale du lycée. Daiki se leva naturellement pour se mettre à côté de Kasumi qui somnolait sur sa table. La tête appuyé sur son bureau, il avait les yeux mi-clos comme s'il s'endormait. Finalement, Daiki abandonna l'idée de lui parler avec la même énergie que d'habitude. Il attendit que la classe soit vide pour récupérer sa chaise afin de s'asseoir à côté de Kasumi qui s'était endormi. Daiki observait son visage paisible dont le front était recouvert par ses boucles blondes. La joue appuyée contre la paume de sa main droite, l'adolescent dégagea délicatement les mèches de cheveux du visage endormi de Kasumi. Il s'allongea à son tour sur cette table, posant sa tête sur son bras gauche cette fois-ci. C'était si calme autour d'eux. La salle de classe était vide, leurs camarades avaient décidé de sortir à l'extérieur du bâtiment pour profiter de ces vingt minutes de pause au soleil. Daiki était seul avec son ami endormi, jouant avec ses boucles blondes cendrées entre ses doigts. Il trouvait Kasumi beau même quand il dormait avec de la bave coulant sur ses lèvres entrouvertes. Il se redressa pour essuyer la salive grâce à son pouce gauche. Daiki glissa naturellement son pouce sur les lèvres de Kasumi pour les essuyer, puis, pour une raison inconnue encore, il passa plusieurs fois sur elles. Il trouvait les lèvres de Kasumi moelleuses et douces et fut étonné de constater qu'elles étaient plutôt pulpeuses pour un garçon. Le rose appuya sur la lèvre inférieure de Kasumi, ouvrant un peu plus sa bouche. 

Cependant, Kasumi ouvrit lentement les yeux, dérangé par une étrange sensation sur sa bouche. Bien que son repos soit court, il avait eu le temps de rêver que quelqu'un l'embrassait. La sensation avait été si réelle que cela l'avait réveillé. Il se redressa, l'esprit dans le vague et vit Daiki figé devant ses yeux, le bras tendu vers lui et les joues rouges. Ce n'était pas la première fois que Daiki rougissait mais en temps normal, c'était lié à ses éclats de rire. Son ami paraissait gêné comme pris sur le fait. Ce fut lorsqu'il prit conscience de ce pouce sur ses lèvres et ces autres doigts sur sa joue, que Kasumi comprit. Pour une obscure raison, Daiki était en train de lui caresser la bouche pendant son sommeil. 
— Qu'est-ce que tu étais en train de faire ? Demanda-t-il calmement, encore sous le joug de son sommeil. 
— C'est pas… C'est pas ce que tu crois… Je te regardais dormir et… Tu avais de la salive sur les lèvres alors j'ai voulu l'essuyer… balbutia Daiki complètement paniqué par ses propres gestes, récupérant aussitôt sa main. 
— Tu me regardais dormir ? Fit Kasumi en rougissant à son tour alors qu'il prenait conscience de Daiki. 
— Je ne voulais pas te laisser tout seul pendant que tu dormais… Il s'est passé quelque chose pour que tu sois fatigué ? 
— Non… J'ai… J'ai sûrement trop réfléchi, avoua Kasumi en détournant le regard. 
— Tu réfléchissais à quoi ? Fit Daiki en glissant sa main droite sur le bureau de Kasumi là où était posé ses deux mains. 
— À plusieurs choses… Et un peu à toi je suppose… répondit Kasumi en laissant Daiki lui prendre la main. 
— Tu pensais à moi ? Lui dit Daiki en s'approchant de son ami, serrant ses doigts dans les siens. 
— Qu'est-ce que tu fais… Daiki… ?

Le fils de Pinky vint poser ses lèvres sur celles de Kasumi. Lorsqu'il les avait touchés, il s'était demandé ce que cela ferait de les caresser avec les siennes, de les embrasser. Daiki s'était naturellement levé pour unir leurs bouches, pressant sa main de libre sur la joue rouge vive de Kasumi qui avait les yeux écarquillés. Il ne s'était pas attendu à ce que Daiki vienne l'embrasser aussi soudainement. C'était la première fois qu'il embrassait quelqu'un et son premier baiser venait d'être pris par Daiki. En revanche, ce qui l'étonnait, était qu'il ne le repousse pas. Au contraire, Kasumi ferma les yeux pour profiter de son premier baiser. Et puis, ils étaient seuls, il pouvait bien apprécié cela sans se sentir gêné bien que celui qui l'embrasse soit Daiki. Kasumi vint même attraper son ami par la nuque, pressant de lui-même ses lèvres avec plus de force sur celles du rose. Et tandis qu'ils se laissaient tous les deux emporter par leur premier baiser partagé ensemble, Kasumi entendit la porte de la salle de classe s'ouvrir. 

Effrayé, l'adolescent repoussa violemment Daiki qui manqua de tomber de sa chaise quand il atterrit dessus. Kasumi sentit son cœur s'emballer avec violence. Il prenait subitement conscience de ce qu'il venait de se passer entre Daiki et lui. 
— Qu'est-ce que vous faites ici tous les deux ? Demanda Yuuko qui venait d'entrer. 
— R-rien ! Je vais aller prendre un peu l'air, fit Kasumi en se levant, ôtant sa main de celle de Daiki avant de partir de la salle de classe. 
— Kasumi ! Attends ! S'exclama Daiki en voulant poursuivre son ami, ce dernier étant déjà loin. Je suis désolé… 
— Vous vous êtes disputés ? Demanda Yuuko en se dirigeant vers le bureau d'Aruma. 
— Non, ce n'est pas ça… Tout allait bien… Enfin je crois… J'ai peut-être été trop loin avec lui… 
— Ah oui ? Tu lui as fait quoi pour qu'il s'enfuit comme ça ? Enfin, si je peux demander. 
— Je… je l'ai embrassé. 
— Mmh, je vois. La première fois que j'ai embrassé Aruma, il m'a giflé avant de partir en courant, fit Yuuko après avoir récupéré ce qu'il était venu chercher dans le sac de son petit-ami. 
— Pourquoi ? 
— Je ne sais plus vraiment. Je suppose qu'il avait paniqué. Enfin, si tu veux un conseil, laisse lui le temps de réfléchir à tout ça. 
— Je ne sais même pas pourquoi j'ai fait ça… C'est mon ami et je l'ai embrassé… 
— Toi aussi t'as besoin de réfléchir. Si tu veux mon avis, attends de voir qu'il t'en parle en premier, sinon prenez ça comme une erreur et n'en parlez plus à moins d'être sûr de ce que vous attendez l'un de l'autre. 
— Faire comme si de rien était ? 
— Oui. Comporte toi comme tu le fais tous les jours, ne le brusque pas. C'est ce que j'ai fait avec Aruma, j'ai attendu qu'il réfléchisse. 
— Merci Kareshima… T'es plutôt sympa comme type. 
— Je suppose. Et ne t'inquiète pas, je ne dirai rien à personne, fit-il en posant une main réconfortante sur l'épaule de son camarade. Je te laisse. Aruma m'avait envoyé chercher son téléphone. 
— D'accord… Moi je… Je vais rester ici… 
— À plus tard.

Daiki se retrouva seul dans cette salle se demandant bien ce qu'il lui était passé par la tête pour embrasser Kasumi. Qu'est-ce qu'il était ? Un animal qui se jette sur quelqu'un sous prétexte que la personne lui plaît ? Il aurait voulu y aller doucement avec lui sachant parfaitement bien que le brusquer n'était pas une bonne idée. Et maintenant, il était persuadé que Kasumi allait se remettre à le fuir et à le détester. 
— T'es bête ou quoi… se dit-il en se frappant les joues avant que son téléphone ne se mette à sonner.

Kasumi. 

//— Allô… ? Fit-il timidement. 
— Daiki je… Je… 
— Je suis désolé Kasumi… Je ne sais pas pourquoi je t'ai embrassé. Ça a dû te surprendre ou peut-être te dégoûter… commença-t-il complètement paniqué. 
— Daiki, mes parents sont gays. Je ne vais pas être dégouté parce qu'un garçon m'a embrassé tu sais… 
— Je suis vraiment désolé. Et Kareshima qui est arrivé… 
— Je ne t'en veux pas mais… Je préfère ne plus y penser… 
— Tu veux faire comme si je ne t'avais pas embrassé ? 
— C'est trop soudain pour moi. Je ne sais pas ce qu'il se passe alors… Oui… 
— D'accord. On est toujours amis ? 
— Oui Daiki, nous sommes toujours amis toi et moi. 
— Et je voulais te demander si tes parents sont d'accord pour que tu dormes chez moi ce week-end… 
— Oui, ils le sont. 
— Sérieux ? 
– Oui. C'est même Izuku qui l'a proposé avant que je t'appelle. 
— Pourquoi tu ne me l'as pas dit hier soir ? 
— Je voulais t'embêter je suppose. 
— Et toi ? Tu acceptes ? 
— Oui. Le devoir est assez long, deux jours c'est mieux qu'un pour tout faire et relire si besoin.
— J'ai hâte, sourit-il contre le combiné. 
— Oui… Bon je… Je te laisse. \\

Kasumi raccrocha sans plus tarder avant de venir prendre son visage entre ses mains. Sa vie changeait bien trop rapidement à son goût. Il ne parvenait pas à suivre tout ce qu'il se passait en si peu de temps. Ses retrouvailles avec Daiki, leur début d'amitié puis la révélation qu'il lui avait faite. Et son esprit qui se chamboulait parce qu'il se sentait attiré par le corps de Daiki, sa voix et sa personnalité et à présent il était complètement perdu après avoir embrassé son ami d'enfance. Rien n'allait dans son sens et il allait passer un week-end entier chez Daiki, seul avec lui. 

Tout allait de travers. 

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