Chapitre 7

Ginny s'était rapidement installée dans un wagon avec Malefoy. La familiarité du Poudlard Express, le confort de ses banquettes et la voix rassurante de la sorcière tirant son chariot de friandise n'avaient su la rassurer. Pourtant, avec toute la force dont elle était capable, elle se tenait aussi droite qu'un I sur sa banquette et tentait, vainement, de lire son manuel de métamorphose. De toutes manières, elle avait déjà passé ses BUSE, relire les incantations du sort de Disparition ne lui servait à rien.

Elle jetait de fréquent coup d'œil à Malefoy. Ce dernier semblait complètement absorbé par les paysages extérieurs, le regard orageux et sérieux. La vision de Jedusor semblait le bouleverser plus que de raisonnable. Ginny également se sentait fébrile et en frissonnait encore. Elle avait, après tout, comparé son regard à celui de Hermione. Et il avait été semblable ! Brillant d'une lueur d'intelligence et d'une chaleur... Mais ce n'était qu'une façade, elle le savait. Elle avait besoin de s'en convaincre, de le comprendre et d'oublier la petite fille de onze ans en elle qui s'était fait un ami dans ce journal empoisonné.

Quelqu'un frappa à leur porte et ouvrit leur compartiment. Drago sursauta puis foudroya du regard le nouveau venu tandis que Ginny s'efforçait de se constituer un visage sympathique et souriant. Devant eux, un sorcier au visage rondouillard leur adressait un petit sourire. Sur sa poitrine brillait son insigne de préfet-en-chef et il arborait les couleurs de Poufsouffle.

— Bonjour, je suis Gerald Avoy, un des deux préfet-en-chef que compte Poudlard ! Vous êtes sans doute les Macnotting !

— Drago, répondit Malefoy d'une voix trainante avec un regard glacé.

— Et je suis Ginny, se présenta la rouquine, sans se départir de sa fausse bonne humeur.

Le dénommé Gerald hocha la tête, puis continua avec entrain.

— Mon rôle est, entre autres, de guider les nouveaux comme vous. Ca n'arrive pas souvent de voir des élèves débarquer aussi tard dans l'année, si bien qu'il n'y a pas vraiment de... euh... Cérémonie pour votre cas. Vous devrez suivre les premières années en sortant de ce train, ils montent à bord des barques accompagnés du garde-chasse. Puis vous serez répartis dans une des maisons de Poudlard. Il y a Poufsouffle, Serpen...

— On le sait déjà, merci, au revoir, le coupa Malefoy avant de se retourner vers la fenêtre, l'air passablement agacé.

Ginny lança un regard désolé au pauvre Septième Année, totalement pris au dépourvu.

— Je vais aller chercher quelques chocogrenouilles, lança-t-elle à Malefoy. Tu veux quelque chose ?

Il ne prit pas la peine de répondre. La rouquine sortit du compartiment, accompagnée de Gerald, qui ne savait plus sur quel pied danser.

— Désolée pour l'attitude de mon demi-frère, il est à cran depuis que ma mère est décédée. Il ne faut pas lui en vouloir, finit-elle par dire.

— Oh euh... Pas de soucis, je ne savais pas... Euh... Toutes mes condoléances !

— Merci. Et tu n'as pas à t'en faire, nous avons lu l'Histoire de Poudlard, et nous savons, plus ou moins, comment ça marche là-bas. Nous nous en sortirons très bien.

— Oh, eh bien... Parfait ! Je suis désolé, je dois aller à la réunion des préfets, mais si jamais tu as la moindre question, n'hésite pas.

Il lui adressa un sourire franc, avant de se détourner et partir. Elle trouva, après quelques minutes, le fameux chariot de friandises et prit quelque chocogrenouilles, plus par habitude que par envie. Elle serait probablement incapable de les avaler, son estomac étant trop noué. Elle retournait à son compartiment, ses pensées plongées dans la nostalgie, quand soudain une porte de compartiment s'ouvrit au loin et... Une chevelure rousse en sortit, suivi de quelques autres jeunes sorciers. Ils devaient être en seconde année, guère plus, mais une chose était indéniable : c'était un Weasley. Avec une dextérité qui la surprit elle-même, Ginny enfonça un peu plus son chapeau de sorcière sur ses oreilles et couvrit sa chevelure de sa robe noire. Il était impensable de croiser un de ses cousins lointains ! Autant, qu'on la soupçonne d'être affiliée aux Weasleys n'était pas un problème, autant être reconnue par l'un des siens serait dévastateur. Les questions s'en suivraient et ils seraient perdus, Malefoy et elle.

Heureusement, le groupe de jeunes sorciers ne lui adressa pas un seul regard, trop occupés à rire, et elle put entrer dans son compartiment sans encombre. C'était sans compter sur Drago.

— Pourquoi tu as autant enfoncé ton chapeau ? Tu cherches à cacher ta face de troll ?

Il semblait être de meilleure humeur que lorsqu'elle était partie.

— J'ai croisé un Weasley, répondit-elle avec fureur.

— Comment ça ? Tes parents nous avait assuré qu'il n'y en aurait pas.

— Notre arbre généalogique n'est pas aussi précis que le tiens, il faut croire.

Il haussa les épaules, comme si cela n'avait pas d'importance, ce qui fit rugir de colère la Gryffondor.

— Tu ne comprends pas Malefoy ?! Je ne peux pas me retrouver dans la même maison que lui ! Et je vais devoir me teindre les cheveux !

— Sinon quoi ?

— Tu as une bouse de dragon à la place de la cervelle, ou quoi ? Sinon les parents de ce gamin vont nous poser des questions, ils vont mener une enquête sur nous et je ne suis pas sûre que nos couvertures tiennent longtemps face à eux !

Un nouveau haussement des épaules lui répondit.

— Te teindre les cheveux et ne pas aller à Gryffondor n'est pas un drame, conclut-il.

Elle aurait voulu lui faire manger son chapeau de sorcier, ou l'étouffer avec mais s'abstint. La mettre en colère semblait l'amuser et elle ne comptait pas tomber plus loin dans son piège. Elle marmonna en tendant la baguette vers elle. Aussitôt, ses cheveux de feu prirent une teinte auburn. Il était plus simple de les métamorphoser en une couleur proche de celle d'origine. Cependant, Ginny ne savait combien de temps un tel sort durait et préféra se faire un chignon qu'elle cacha sous son chapeau.

Ne pas aller à Gryffondor... Comment pourrait-elle tenir, sans sa maison d'origine ? C'était impensable, et pourtant... Elle serait bien obligée. Si jamais son sort sur ses cheveux ne tenait pas, elle pourrait au moins inventer quelque chose pour se sortir du pétrin. Tandis que si ça se passait sous le nez d'un Weasley, ce serait une toute autre histoire.

Comme une folle en cage, Ginny n'arrêta pas de se lancer son sort de métamorphose sur ses cheveux pendant tout le voyage, avec comme bruit de fond les soupirs agacés de Malefoy. Heureusement, le trajet ne dura pas plus longtemps. La nuit s'était couchée depuis peu quand le train à vapeur s'arrêta à son quai. Refoulant leurs appréhensions, les deux jeunes sorciers sortirent. Heureusement, ils furent tout de suite emmenés par le garde-chasse dans les barques des premières années.

Malefoy se tenait droit et immobile, ses yeux foudroyant chaque première année qui osait le regarder. Ginny, elle, observait avec une immense joie mêlée de tristesse le château qui l'avait vue mûrir. Poudlard était comme dans ses souvenirs, majestueuse et accueillante. Seulement, elle n'y trouverait ni ses frères, ni Harry et Hermione. Cette pensée lui fit l'effet d'un immense vide dans son cœur.

Une fois arrivés au château, ce ne fut pas le professeur McGonagall qui les accueillit, mais un professeur grand au sourire bienveillant qui disserta pendant quelques instants sur les dragées de Bertille Crochue. Il ne portait pas encore de lunettes en demi-lune, possédait une chevelure châtain striée de gris et de blanc déjà longue et une barbe de bucheron. Jamais Ginny n'aurait imaginé le professeur Dumbledore ainsi, pourtant c'était bien lui. Encore vivace et fou, alors qu'elle l'avait enterrée au château un peu plus d'un an plus tôt. Il avait dû lire dans ses pensées car il tourna vers elle un regard nostalgique et réconfortant.

Puis ce fut l'entrée fracassante des premières années dans la grande salle. Les professeurs étaient différents, tout comme le directeur et les élèves, pourtant Ginny sentit la mélancolie la happer. Elle se revoyait, petite, peureuse et extrêmement amoureuse de Harry rentrer dans cette salle et prier pour être à Gryffondor. Aujourd'hui, elle prierait pour être dans une autre maison que la sienne et devrait tout faire pour détruire Tom Jedusor.

Le choixpeau fut posé sur sa chaise, sortant Ginny de ses réflexions, et entonna son chant :

Je ne suis peut-être pas beau,
Mais des chapeaux, je suis le plus finaud.
Tous font pâle figure près de moi,
Car à Poudlard, chacun se soumet à mon choix.

Il y a un peu plus de mille ans,
Lorsque j'étais jeune et brillant,
Les fondateurs de notre noble école,
De l'unité avaient fait leur symbole.

Toujours amis à la vie à la mort
Tels étaient Serpentard et Gryffondor
Toujours amies jusqu'à leur dernier souffle
Tels étaient aussi Serdaigle et Poufsouffle.

Serpentard disait : « Il faut enseigner
Aux descendants des plus nobles lignées »
Serdaigle disait : « Donnons la culture
À ceux qui ont l'intelligence sûre »

Gryffondor disait : « Tout apprentissage
Ira d'abord aux enfants du courage »
Poufsouffle disait : « Je veux l'équité
Tous mes élèves sont à égalité. »

Poudlard vécut alors en harmonie
De longues années libres de soucis.
Mais parmi nous la discorde grandit
Nourrie de nos peurs et de nos folies.

Ouvrez bien vos oreilles à ma chanson
Car cette année, je vais vous en chanter plus long
Toujours condamné à vous séparer
Je ne peux pas m'empêcher de douter.

Voyez les dangers, lisez les présages
Que nous montrent l'histoire et ses ravages.
Unifiez-vous, quelque soit votre maison
Car c'est ensemble que vous garderez la raison.

Soyez avertis et prenez-en conscience
La répartition maintenant commence.*

La rouquine se surprit à frissonner. Le choixpeau était lugubre, et ça ne lui était arrivé que lorsque le Seigneur des Ténèbres avait pris le pouvoir. Avait-il pu deviner leur mission ?

Elle ne put éclaircir ce point-là : ce fut l'appel. Un à un, les élèves, tremblant d'excitation ou de peur, se succédèrent sur la chaise. Ginny ignora totalement les autres, ainsi que son frisson d'appréhension, préférant parcourir des yeux la grande salle. Presque rien n'avait changé : les bougies flottaient toujours dans l'air, insensibles au courant d'air frais qui balayait l'atmosphère. En haut, un ciel nocturne totalement dégagé faisait disparaitre le plafond. Et au sol, les quatre grandes tablées de chaque maison résonnaient d'applaudissement et de cris quand un élève de première année les rejoignait. Beaucoup de joie crépitait dans l'air, étouffant la jeune sorcière. Heureusement, Tom Jedusor et le jeune Weasley étaient totalement absorbés par la cérémonie, aussi ne croisa-t-elle pas leurs regards.

— Ginerva Macnotting.

Ginny se mit en marche, se demandant pourquoi elle passait avant Drago puisqu'il passait avant elle dans l'ordre alphabétique. Peut-être était-ce une règle de bienséance envers les femmes, puisque chez les sorciers également persistait encore parfois l'idée qu'elles étaient moins puissantes que les hommes. Une théorie qu'Hermione aurait été ravie de dissoudre.

Une fois assise sur la chaise, sous des centaines de paires d'yeux, Ginny se sentit mal à l'aise mais n'en laissa rien percevoir. Elle fixa la porte de la grande salle, ignorant la piqûre que lui procurait le regard de Tom Jedusor. Puis elle se mit à prier.

« Pas Gryffondor, pas Gryffondor, pas Gryffondor... » comme une litanie.

« Comment ça, pas Gryffondor ? Tu es une lionne, pas de doutes là-dessus. » intervint la voix du choixpeau dans sa tête. Elle faillit sursauter, ne l'ayant jamais entendu si clairement dans son crâne. A sa première répartition, il ne lui avait même pas touché le crâne qu'il s'était exclamé « Gryffondor ».

« Je ne peux pas, je ne peux pas, pitié. ». Le désespoir commença à envahir la sorcière, l'angoisse vit perler sur son front quelques gouttes de sueur.

« Je ne te comprends pas. Tu es attachée à Gryffondor, je le sens. »

« Je ne peux pas, je ne peux vraiment pas... »

Ginny se sentait au bord des larmes. Elle ne voulait pas craquer, pas devant tout le monde, mais ce serait trop. Etre à Gryffondor, avec la peur permanente d'être découverte en plus de l'angoisse que lui procurait le fait d'être dans la même école que Tom Jedusor, ce serait trop. Elle le savait. Encore, si elle savait que ses amis et sa famille étaient encore vivants, elle l'aurait supporté. Mais là, non. Elle ne le pouvait pas.

Le choixpeau dû ressentir toutes ces émotions puisqu'il n'insista pas. Même si c'était une Gryffondor née, l'envoyer dans une maison qui lui faisait ressentir une telle détresse n'était pas une bonne idée. Si bien qu'il prononça :

— Poufsouffle !

Avec un soupir de soulagement et un sourire rayonnant, Ginny se leva et rejoignit la table de sa nouvelle maison. Gerald Avoy, le préfet-en-chef, lui fit une place à côté de lui, visiblement ravi d'accueillir la jeune fille.

— Drago Macnotting.

Ginny fixa ses yeux sur son faux demi-frère. Elle avait pu, au fil des jours, apprendre à le connaitre. Elle devinait sous sa robe de sorcier noire ses épaules tendue et avait vu sa mâchoire crispée. Tout absorbée qu'elle était à ne pas avoir voulu aller à Gryffondor, elle avait oublié que Malefoy devait aller dans la maison du serpent.

A peine le choixpeau était-il au-dessus de sa tête qu'il cria :

— SER...

Puis il s'arrêta net. Tout le monde retint sa respiration, tandis que le regard de Drago se faisait plus dur, ses sourcils plus froncés. Il était si concentré que le monde ne semblait avoir aucun impact sur lui. Ginny serra les poings, ne comprenant pas ce qu'il se passait, ou plutôt ne voulant pas comprendre.

Enfin, le choixpeau expira.

— ...DAIGLE !


*****

Hello, petit mot d'auteur :) 

Si vous êtes arrivés jusque-là, déjà, un grand merci du fond du coeur! Cette fanfiction, c'est un peu une évidence pour moi même si je sais absolument pas où elle nous ménera. Je n'ai encore pas vu Ginny comme perso principal dans une seule fanfiction, et très rarement croisé des FF sombres (si vous en avez à me conseiller, je suis preneuse!).

*Bref, pas comme dans ma FF précédente, j'ai réécris la chanson du choixpeau! J'ai pris quelques morceaux de l'oeuvre originale et l'ai arrangé à ma sauce. Vous reconnaitrez probablement beaucoup de paragraphes! Je ne cherche pas à voler l'oeuvre originale, je n'ai juste pas eu la force de tout inventer ^^ J'espère que ça vous plaira quand même. 

Voilà, plein de bisous et de chocogrenouilles! 

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