Chapitre 1

Ginny Weasley marchait dans la forêt interdite depuis quelques heures, indifférente aux dangers qui la guettait dans les taillis et les arbres immenses. En réalité, elle aurait préféré se trouver sur un balai, sentir l'air nocturne et frais s'engouffrer dans ses cheveux, son cou, et s'abandonner à des exercices périlleux de Quidditch. Quoi de plus libérateur ?

Mais non, elle ne pouvait pas. Elle se ferait si vite remarquer, puis chasser par les détraqueurs et les mangemorts. Elle se savait douée, oui, mais pas assez pour semer une partie de l'armée que Voldemort avait laissé derrière lui pour surveiller Poudlard. D'ailleurs, à quoi bon laisser autant de gardes patrouiller autour du château ? Enfin, si on pouvait l'appeler encore ainsi. Aux yeux de la jolie rousse, le lieu ressemblait tristement à une tombe. Un gouffre qui avait aspiré tant de vies d'êtres chers qu'elle n'avait pu sauver.

Elle secoua la tête, laissant ses mèches fauves lui couvrir les yeux. Ne pas y penser. C'était bien trop douloureux de se les souvenirs sans vie. Pourtant ils l'étaient. Et elle, elle était toujours là, parcourant la forêt pour s'éloigner de son foyer et de la tristesse dans laquelle il était sans cesse plongé. Pourtant, elle devait y retourner, sous peine de découvrir la fureur, et la déception, danser dans les yeux de sa mère. Molly Weasley était devenue si protectrice envers ses enfants. Enfin... Ceux qu'il lui restait.

S'engouffrant parmi les fourrés qu'elle connaissait désormais par cœur, Ginny finit par trouver le chemin vers la clairière. Une clairière non loin de la frontière de la forêt interdite, qui donnait alors sur une forêt moins dense, moins effrayante. Cet endroit, elle l'avait trouvé seule, alors qu'elle fuyait la bataille de Poudlard. Elle s'était alors rendu compte avec stupéfaction, et malgré son chagrin immense, qu'elle pouvait transplaner. Elle y avait alors mené le reste de l'ordre du Phénix pour qu'ils puissent se réfugier au 12, Square Grimmaurd. Plus que leur QG, c'était devenu leur foyer. Mais chacun savait qu'il ne leur restait plus beaucoup de temps avant qu'Il ne les trouve. Et alors... Ce serait sans doute la fin de tout.

Sans attendre, la jeune sorcière transplana sur le seuil de la maison. L'aspect décrépis de ses murs et ses fenêtres crasseuses la réconfortèrent un instant. Après tout, elle y avait passé de beaux moments. Mais d'autres, terribles, l'y attendait. Le hall l'accueillit avec l'apparition d'un Dumbledore décharné. Le sort de feu Alastor Maugrey fonctionnait toujours et avait longtemps donné des sueurs froides à la Gryffondor. Elle l'ignora superbement, tout comme les grommellements incessants du portrait de Walburga Black. Un instant, son regard se posa sur le porte-parapluie en forme de jambe de troll. La maladresse de Tonks l'amenait souvent à trébucher dessus. Ses yeux bruns la piquèrent brusquement et pourtant les larmes ne vinrent pas. La sorcière se refusait à pleurer tant qu'elle n'était pas à l'abri sous ses couvertures, quand la maison dormait.

Elle allait discrètement retourner dans sa chambre pour finir sa nuit, lorsque son œil acéré capta une lumière vacillante sous la porte de la salle à manger. Pire, des chuchotements transparaissaient. Elle s'approcha et tendit l'oreille.

— ... Refuse de mettre mes enfants en danger, couinait la voix de sa mère. Et c'est de la magie noire ! Je ...

— ... solution ? Vous ne pouvez combattre le Seigneur des Ténèbres sans utiliser ses méthodes ! poursuivit une voix froide.

— ... alors... Drago ! s'exclama Molly

Les chuchotis se firent plus faibles, mais aussi bien plus agressifs. Ginny n'arrivait qu'à attraper quelques mots qui, ensemble, n'avaient aucun sens. Elle ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi sa mère n'avait pas pris la précaution d'envoyer un Assurdiato sur la porte. Jamais, avant, elle n'aurait oublié ce genre de détail.

— On ne t'a jamais dit que c'était impoli d'écouter aux portes, Weasmoche ?

La rouquine sursauta et se retourna, furieuse, vers Drago Malefoy. Il était bien la dernière personne qu'elle avait envie de voir aujourd'hui, et une forte envie de saisir sa baguette pour lui jeter un sort la parcourut.

— Parce qu'espionner les autres, ça ne l'est pas ? répliqua-t-elle avec verve.

— Je me demandais juste pourquoi tu ne montais pas. Ton transplanage a fait un boucan de tous les diables. C'est étonnant que mère ne t'ait pas entendue.

Ginny haussa les épaules et le bouscula pour accéder aux escaliers. Le regard acier de son ancien ennemi la suivit un instant, et elle le détesta pour ça. Depuis quand Malefoy avait-il fait abstraction de son égoïsme pour s'intéresser à elle ?

— Ça ne t'intéresse pas de savoir ce qu'elles racontent ? demanda-t-il de sa voix trainante.

— Et en quoi cela te regarde ?

— Je sais de quoi elles parlent. Et ça peut te concerner.

— Qu'est-ce que tu sous-entends, la fouine ?

— Par le sang de Merlin, qu'est-ce que tu peux être têtue ! Tu n'as pas compris que maintenant, on est dans la même galère ?

Les yeux flamboyants d'une colère incontrôlable, Ginny faillit continuer de l'insulter. Mais ses mots sonnaient justes. Narcissa et lui avaient aidé Harry, du moins l'avaient-ils sauvé de la mort une fois. Assez pour que l'Elu se dresse une nouvelle fois devant Voldemort et tente de le battre, alors que tout semblait perdu.

Ça n'avait pas marché. Le Seigneur des Ténèbres était trop fort, trop vil, et malgré son affaiblissement, il finit par tuer Harry. Le cœur de Ginny se serra à cette pensée et, soudain, ses yeux s'embuèrent. Non, elle ne faiblirait pas, pas devant Malefoy.

Bien sûr, le Sorcier noir ne s'était pas arrêté en si bon chemin. Il avait gagné la bataille haut la main, puis appris la traitrise des Malefoy. Ses derniers, en bons Serpentards, avaient suivis Molly, George et Ginny dans la forêt interdite en toute discrétion et s'étaient tout simplement jetés sur eux quand ils avaient transplané, découvrant le 12, Square Grimmaurd. Lucius n'avait pas eu cette chance.

— Alors Weasmoche ?

— C'est bon, je te suis face de troll.

Drago dormait dans la même chambre que sa mère, si on pouvait nommer le grenier ainsi. Puisqu'elle était en plein conversation, ou dispute, avec Molly, elle ne s'y trouvait pas. Le Serpentard pris ses aises sur son lit, s'allongeant de tout son long, tandis que Ginny préféra rester debout et le fixer de son regard de feu.

— Alors, crache le morceau !

— C'est si agréable de te voir me supplier, Weas...

— Je te préviens, bouse de dragon, si tu ne parles pas immédiatement, tu vas regretter de nous avoir suivi jusqu'ici.

Ses yeux métalliques se fixèrent sur elle un instant, mais elle ne flancha pas. Elle se découvrait soudain le besoin de savoir ce que les deux femmes complotaient. Car si elles arrivaient enfin à discuter ensemble, c'est que l'heure était grave.

— Très bien, Bouffondor. Vois-tu, pendant que tu t'éclipsais Merlin sait où, je suis allé à la pêche aux infos.

— Bravo Malefoy, tu veux une médaille ?

— Tss, tss, tss... Je disais donc. J'ai surpris la discussion de nos deux mères. Vois-tu, la mienne a beaucoup étudié la magie noire, et il s'avère qu'elle a découvert une porte de sortie.

— Oh, voyez-vous ça ! Les Malefoys à la rescousse des ruines de l'Ordre du Phénix, que c'est charmant.

— Mais c'est pas possible, Weasmoche, comment faisais Potter pour te supporter ?

Rien que l'évocation de son nom lui fit aussi mal qu'un coup de poing. La rouquine, déstabilisée, ne répondit rien. La blessure était trop fraîche, bien trop fraîche dans son esprit. Ses yeux verts... Si beaux yeux verts, éteints à jamais, brisé par un Avada Kedavra trop puissant pour lui.

— Eh la rouquine, t'es encore avec moi ?

Et cette voix trainante si insupportable ! Pourtant, son attention retourna vers Malefoy qu'elle foudroya du regard.

— Arrête de tourner autour du pot, la fouine.

— Dans la dot de ma mère se trouvait un livre de magie noire unique transmis de génération en génération dans la famille Black, . Elle en a hérité. Et il s'avère qu'il possède un sort tout spécial. Complexe, extrêmement dangereux, utilisable uniquement par les plus grands bien entendu.

— Crache le morceau bordel !

— Elles veulent retourner dans le temps, Weasmoche. Ou plutôt, elles veulent faire remonter le temps à un de vous, les enfants Weasley. 

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