« - KAYLEEN BETHY SCOTT

- Oh merde... »

Levée depuis plusieurs heures, je m'attache les cheveux lorsque la voix de Nick retentit à travers toute la villa. Il vient sûrement de croiser un miroir, lui permettant d'admirer mon oeuvre de la veille.

« - 5-4 JONAS ! Hurlai-je a mon tour. »

Un grognement lointain retentit. Je laisse échapper un rire puis repars, vêtue de mon uniforme ou du moins un substitut de ce dernier vers la chambre de Nick. Pourtant pas lunatique, mon rire s'arrête soudainement, se transformant en une moue boudeuse à la vue des talons hauts que je vais devoir supporter toute la journée. Je les enfile malgré tout, littéralement dégoûtée, et descends. Je trouve Nick, assis là, des clés dans les mains.

« - Alors, comment t'as trouvé mon chef-d'oeuvre ?

- Pertinent, expressif, et impossible à faire partir. Tu as gagné cette manche, mais pas la partie Kayleen. »

Je me mets à rire et à lui emboîter le pas vers la sortie. Nous avons convenus ou du moins, Jimmy a forcé Nick, à m'emmener en cours ce matin. Je monte alors dans la voiture de Nick. Lorsque mon lycée est en vue, je tente discrètement de disparaître sous mon siège perdant soudainement l'entrain que le réveil de ce matin m'a donné.

« - Qu'est ce qui va pas Kayleen ?

- J'veux pas y aller.

- Ne fais pas l'enfant. »

J'observe les gens sur le trottoir, les suivant des yeux. Je me résigne finalement à sortir lorsque Nick déverrouille les portières. Habituée aux regards haineux des gens, je suis surprise de me voir intimidée par ces derniers, doublés de méchanceté, lorsque les gens se rendent compte que ce n'est pas Jimmy cette fois, mais bien Nick Jonas qui m'a servi de chauffeur. Nick reste garé là, m'observant marcher vers le casier, les bras repliés sur sa poitrine pour tenir mes cahiers. Il m'observe toujours, je le sais.

Je griffonne calmement le coin de mon cahier de mathématique, me distrayant tant bien que mal. Je sais pertinemment que la sonnerie retentira d'une minute a l'autre, mais pour moi cela semble s'apparenter a une éternité. J'observe désespérément l'aiguille de la vieille horloge rouillée continuer de tourner en un tic tac qui en agaçe plus d'un. Lorsqu'enfin la cloche vibre. Alors que je posséde déjà un pied en dehors de cette salle que j'aime appeler la salle de torture, le professeur me rappelle Ma tenue vestimentaire, encore. Certes, je ne porte pas l'habituelle jupe plissée, mais les couleurs sont respectées et de ce fait, il ne peut donc pas me sanctionner. Je m'arme de courage et fait immédiatement marche arrière vers son bureau.

« - Mademoiselle Jones, n'avez-vous donc pas lu le règlement ?

- Il me semble l'avoir assez recopié en heures de retenues pour le connaître sur les bout des doigts.

- Votre tenue n'est pas réglementaire, votre cousin dépravé ne vous donne-t-il pas assez d'argent pour acheter des uniformes ?

- Mon dépravé de cousin gagne trois fois votre salaire en même pas deux jours, alors monsieur, je ne vous permet pas. Sur ce, bonne soirée. »

Ceci fait, je pars vers la sortie malgré les protestation du professeur. Une fois devant le lycée, je me retrouve assise sur le banc où je fume mon habituelle cigarette. Trois quarts d'heures sont passés et ni Jimmy ni Nick qui, je le suppose, sont censé venir me chercher, ne se trouvent là. C'est énervée que j'attrape mon téléphone, prête a incendier le bouclé pour un tel retard.

BIP BIP BIP

« - Nick Jonas, où es- tu bordel ?!

- Je suis au Starbucks, pourquoi ?

- Oh j'en sais rien, sa va peut-être faire 45 minutes que je t'attends.

- Y'avais trop d'embouteillage. Rejoins-moi ! Ah et au fait, sa fait 5-5.

- Et ma main dans ta jolie gueule d'ange sa fera 6-5.

- T'a dis que j'avais une gueule d'ange.

- Abruti. »

BIP BIP BIP

Je me releve, remontée comme jamais, et prends la direction du Starbuck. Mes talons claquent sur le sol, rapides et rythmés. J'entre finalement dans le magasin, et cherche Nick des yeux. Assit dos à l'entrée ou je me trouve, il m'attend. Je m'avançe et aplatit ma main sur l'arrière de son crâne. Lorsque je m'assois face à lui, je suis surprise de me rendre compte que Nick a commandé la boisson que j'ai pour habitude de prendre quand je trouve le temps de venir au Strabuck.

« - Comment t'as su que j'aimais le Caramel Machiatto ?

- Une intuition. »

Un silence s'installe. Je fais pianoter mes doigts sur le bois de la table sous les yeux attentifs de Nick. Aucun de nous deux n'ose ouvrir la bouche et rompre ce silence pourtant pesant. J'attrape ma tasse et boit le contenu brûlant avant de relever la tête et de plonger mes yeux dans ceux de Nick.

« - Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi tu me donnes envie de te tuer mais en même temps j'y arrive pas ? »

Il me sourit. Pourquoi ai-je le sentiment de faiblesse? Le voir sourire, après ma réponse confirme son contentement. A t-il gagné? Non! Mais... Je ne sais pas ce que je veux. Je détourne mon regard de ses yeux perçants qui me déstabilise. Il pince sa lèvre inférieur puis il dit.

« -Je suis peut être ta faiblesse qui c'est?»

Je secoue la tête puis quitte la table laissant Nick face à une place vide, ma boisson à moitié entamé. Il n'essaye pas de me rattraper ni de m'interpeler, je m'empresse vers chez moi, tout en réfléchissant sur ce jeu qui ne mène à rien.