Chapitre 9

Chapitre 9

- Il est en chemin, annonça Happy une fois qu'il eut raccroché. Il a dit qu'il pourrait être là d'ici cinq minutes. Il prend l'armure.

Tony hocha la tête et baissa les yeux sur son gamin, endormi contre son épaule. La peau de Peter était très pâle, et les cernes sous ses yeux étaient si sombres qu'elles ressemblaient à des bleus. Tony n'avait jamais vu le gamin aussi mal en point. Il n'était pas dans cet état lors de leurs retrouvailles, après l'étreinte qu'ils avaient partagée pendant la bataille. Il avait eu l'air en bonne santé et il avait parlé tout aussi vite que d'habitude.

Il brossa les cheveux du petit en arrière sans pouvoir s'en empêcher. Ce genre de démonstration physique d'affection n'était pas quelque chose qu'il faisait vraiment, avant, mais cinq années loin de Peter et ses expériences avec Morgan l'avaient adouci.

- Tu veux l'amener dans sa chambre ? suggéra Happy.

- Il a une chambre ici ? demanda-t-il avant qu'un sourire n'étire ses lèvres et qu'il réponde à sa propre question. Bien sûr qu'il en a une.

Et quelque chose lui fit mal à cette pensée. Il n'avait pas été là pour donner sa chambre au petit. Pour lui dire à quel point il lui avait manqué. A quel point il était important pour lui. Il avait raté ça.

Tony se leva, faisant attention à ne pas réveiller Peter. Il prit le gamin dans ses bras. Peter ne broncha pas.

- Il a toujours été aussi léger ? demanda Tony à Happy tandis qu'il montait les escaliers.

- Il a perdu du poids, répondit tristement Happy. Ça a été... difficile pour lui. Je veux dire, ça l'a été pour nous tous, mais... ça a été pire pour le petit. On s'est tous inquiétés pour lui.

Tony plissa les yeux en observant l'adolescent dans ses bras.

- Il ne mange pas. Je pense qu'il ne dort pas beaucoup non plus. Mais il ne veut pas en parler. Il a repoussé tout le monde, continua Happy en le guidant jusqu'à la chambre de Peter, qui était autrefois une chambre d'ami, située juste en face de la chambre de Pepper et lui.

- Ça semble familier, marmonna Tony en entrant dans la pièce.

Ce n'était pas forcément un trait de personnalité qu'il voulait voir Peter imiter.

Happy eut un raclement de gorge moqueur.

- Ouais. Il... te ressemble beaucoup.

- Pas vraiment une bonne chose, dit Tony, allongeant Peter dans son lit après qu'Happy ait retiré les couvertures.

Il enleva les chaussures de l'adolescent et les posa sur le sol.

- En quelque sorte, si, c'est une bonne chose, répondit doucement Happy. Retourner dans le temps pour faire quelque chose que tout le monde qualifiait d'impossible parce qu'il ne pouvait pas vivre dans un monde où quelqu'un qu'il aime n'existait pas ? Je me demande où il a appris ça. Qui d'autre serait assez dingue pour faire ça ?

Tony lança un regard très critique à son ami en remontant les couvertures sur le torse de Peter.

- Comme je l'ai dit, ce n'est pas une bonne chose.

- Je ne sais pas. Je trouve que c'est vraiment bien. Ce qu'il a fait. Te ramener, lui sourit Happy.

Tony souffla parce qu'il ne savait pas vraiment quoi faire face à une réponse aussi honnête. Il avait la mauvaise impression qu'il y en aurait beaucoup d'autres au cours des prochains jours.

- Il aurait pu mourir, dit-il en secouant la tête. T'as pas idée. Il y a tellement de choses qui auraient pu mal se passer.

- Mais ce n'est pas arrivé.

- Parce qu'il a eu de la chance, contra Tony.

- Non, rétorqua Happy en secouant la tête alors qu'ils regardaient tous les deux le garçon endormi. Parce qu'il est comme toi.

Tony souffla un rire sans joie.

- Je n'ai jamais voulu qu'il soit comme moi.

- Je sais. Heureusement qu'il n'écoute personne, ricana Happy.

- Un autre trait de personnalité qu'il m'a emprunté ? répondit Tony en haussant un sourcil face au sous-entendu.

- C'est toi qui le dis. Pas moi, dit son ami en levant les mains.

Tony roula des yeux.

- Donc t'es en train de me dire que je dois gérer deux mini-moi, maintenant.

- Qu'est-ce que tu veux que je dise ? Le karma, Patron, sourit Happy d'un air sournois. Peut-être que c'est un juste retour aux choses après toutes ces fois où j'aie dû nettoyer ce vomi dans ma voiture.

- Mh. Peut-être.

Si c'était le cas, ce n'était pas si terrible. Bien qu'il ne l'admettrait jamais. Il se pencha et passa une main dans les cheveux de Peter pour qu'ils ne retombent pas sur ses yeux. Le petit avait besoin qu'on les lui coupe. Il se redressa et prit une seconde de plus pour regarder Peter, vivant et en sécurité et endormi dans sa propre chambre, sous le toit de Tony. C'était comme ça que les choses étaient censées être. C'était ce qu'il avait envisagé quand il avait décidé de tout risquer pour essayer de réparer leur plus gros échec. Et apparemment, ça avait fonctionné. Il sourit.

- Allez, viens, dit Happy en posant une main sur son épaule. On va laisser le gamin dormir. Dieu sait qu'il en a besoin.

Tony acquiesça et laissa Happy le guider hors de la chambre, fermant la porte derrière eux.

- Hey, Hap ? T'es là ? leur parvint la voix de Rhodey au rez-de-chaussée.

- Je suis là-haut ! J'arrive, lui répondit Happy en lançant un regard à Tony, lui ordonnant silencieusement de ne pas dire un mot.

Tony l'écouta pour une fois et fit un geste de la main pour indiquer à Happy d'ouvrir la route.

Alors qu'ils descendaient les escaliers, il entendit des bruits en provenance de la cuisine.

- Hey, t'as eu des nouvelles du petit, dernièrement ? demanda Rhodey. C'est radio silence pour moi depuis une semaine. Je commence à me dire qu'il mijote quelque chose.

Ils passèrent l'angle et arrivèrent dans la cuisine. Rhodey était dos à lui, versant du café dans un mug.

- Ouais, on peut dire ça, grommela Happy.

- Quoi ? demanda Rhodey, ne l'ayant pas entendu.

Il se retourna et se figea. Le mug dans sa main tomba au sol et se brisa, le café se répandant par terre.

- C'est mon mug préféré que tu viens de casser, se plaignit Tony.

C'était le noir, avec écrit #1 Dad sur le côté. C'était Morgan qui le lui avait offert pour la Fête des Pères, l'année dernière.

Le visage de Rhodey resta figé, sous le choc, ses yeux écarquillés et la bouche grande ouverte.

- Comme tu l'as dit, le gamin mijotait quelque chose, dit Happy, faisant un signe de la tête en direction de Tony en guise d'explication.

Rhodey cligna des yeux. Déglutit. Cligna de nouveau des yeux. Tony attendit. Lui, il avait vu son ami la veille, mais pour Rhodey, des mois s'étaient écoulés. Et il était censé être mort.

- C'est...

Le regard de Rhodey passa de Happy à Tony, puis se posa de nouveau sur Happy.

- C'est réel ?

Happy hocha la tête.

- Il a failli me faire faire une crise cardiaque aussi. Apparemment, le petit est retourné dans le temps, l'a pris avec lui et l'a ramené ici.

Rhodey cligna de nouveau des yeux et ferma la bouche, avant de faire un pas en avant. Puis un autre. Tony resta immobile tandis que son ami rompait la distance qui les séparait, faisant crisser la porcelaine sous ses pieds. Pepper n'allait pas aimer ça.

Rhodey s'arrêta devant lui et tendit une main tremblante dans sa direction. Il la posa sur son épaule et l'homme recula immédiatement, comme s'il s'était brûlé.

- Merde, haleta Rhodey.

Ses yeux étaient écarquillés. Il tendit de nouveau le bras vers lui et cette fois, Rhodey ne s'écarta pas quand sa main se posa sur son épaule. Il serra légèrement, comme pour s'assurer de sa solidité.

- Oh mon Dieu. Tu es –

Rhodey leva les yeux de sa main pour regarder le visage de Tony, ses yeux se remplissant d'émerveillement.

- Tu es réel.

Tony sourit.

- Oui.

Il se dit qu'il avait suffisamment attendu. Il attira son ami dans une étreinte. Rhodey se laissa faire facilement.

- Tu es là. Tu es vivant, murmura Rhodey, puis il le serra comme si le lâcher impliquerait qu'il disparaisse.

Son cœur manqua de se briser quand Rhodey commença à pleurer.

- Merde. Ne pleure pas, Winnie l'Ourson, dit Tony en tapotant le dos de l'homme, mais sa tentative eut l'effet inverse et Rhodey pleura davantage.

Tony tourna des yeux impuissants vers Happy, mais l'homme ne l'aida pas et haussa les épaules d'un air peu compatissant.

- Va falloir vous y habituer, Patron.

Rhodey se calma et s'écarta, essuyant son visage.

- Désolé. Je suis désolé. C'est juste... j'arrive pas à croire que ce soit vrai.

- Ouais, c'est définitivement bizarre, acquiesça Happy. Mais bizarre dans le bon sens.

- Tu m'as dit que c'était Peter qui avait fait ça ? demanda Rhodey, cherchant Peter dans la pièce.

- Il dort à l'étage, expliqua Tony.

- Il a eu une grosse journée, ajouta Happy avec un rictus.

- Apparemment, oui, acquiesça Rhodey en regardant Tony.

Tony grogna.

- Alors, c'est quoi toute l'histoire ? demanda Rhodey.

- Tu en sais autant que moi, lui dit Happy.

Et ce n'était pas beaucoup.

Tony se frotta les yeux.

- Je ne sais que ce que le gamin m'a dit.

- Ouais, et c'est quoi, exactement ? lui demanda Rhodey en fronçant les sourcils.

- Je n'ai pas envie de me répéter encore et encore, alors on devrait réunir le reste de l'équipe ici, d'abord, et ensuite j'expliquerai tout, et vous pourrez me dire ce qui me manque. Comme les six derniers mois.

- Six et demi, le corrigea Happy.

- D'accord. Je vais appeler l'équipe. La plupart d'entre eux sont au Complexe, de toute façon. Ça ne devrait pas leur prendre trop longtemps pour arriver, acquiesça Rhodey.

- Le Complexe ? demanda Tony en fronçant les sourcils.

La dernière fois qu'il l'avait vu, c'était un champ de ruines.

- On l'a reconstruit.

- Je vois.

- Tu sais, tu devrais vraiment nettoyer tout ça, dit Rhodey en indiquant le sol jonché de débris, tandis qu'il sortait son téléphone. Avant que Morgan ne rentre à la maison et se coupe.

Tony lui lança un regard noir.

Rhodey explosa d'un rire surpris et dit :

- Ouais, ça, voilà. Ça m'avait manqué.

- Enfoiré, marmonna-t-il alors que Rhodey composait le numéro sur son téléphone, et Tony se dirigea vers le petit placard où ils rangeaient le balai.

Rhodey avait raison. Il ne voulait pas que Morgan marche accidentellement sur un débris de porcelaine. Ni Peter. Le petit avait la fâcheuse tendance à marcher pieds nus à l'intérieur. Une chose dont il devait de nouveau s'inquiéter. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire. Quand il pensa à quel point c'était irréel de retrouver son enfant après cinq longues années, il se rendit compte qu'il pouvait comprendre ce que les autres traversaient en le retrouvant lui. Ce n'était pas un problème, cela dit. Pas du tout.

*****

Les retrouvailles avec les autres Avengers se passèrent presque de la même manière qu'avec les autres.

Tony ne se rappelait pas d'avoir pris dans ses bras autant de personnes en une journée. Ni de voir autant de gens pleurer pour lui.

- Ok, ok, ça suffit, dit-il en écartant Scott, qui pleurait sur son épaule. Je veux dire, sérieux, je te connais à peine.

- Ouais, t'as raison. Je suis désolé, répondit Scott en s'éloignant, mais dès qu'il posa les yeux sur lui, il se jeta de nouveau sur Tony pour l'envelopper de ses bras. C'est juste tellement bon de te revoir.

Tony tendait bizarrement les bras, ne voulant pas encourager ce câlin, mais ne sachant pas vraiment quoi faire. Il regarda autour de lui pour de l'aide et surprit Rhodey en train de rire à côté de lui. Ouais, il ne trouverait aucune aide ici. Et les autres semblaient tout autant amusés. Il était clairement tout seul.

- Ok, yep, uh-huh. Tu m'as manqué aussi. Tu peux t'écarter maintenant.

Il poussa sur les épaules de Scott à nouveau et cette fois il le relâcha et s'éloigna réellement.

C'était un peu trop pour lui.

Il ne savait pas comment réagir à toutes ces preuves qui montraient qu'il avait été autant pleuré. Qu'il avait été aimé. Que son absence avait autant blessé tout le monde.

- Désolé, dit de nouveau Scott.

- C'est rien. On peut dire qu'on est quittes étant donné que mon gamin a volé les particules Pym de ton costume, répondit brièvement Tony en donnant une tape sur l'épaule de Scott.

- Attends. Quoi ? s'étonna Scott en fronçant les sourcils.

- J'explique dans une seconde, dit Tony en faisant deux pas vers l'avant pour se retrouver au centre d'un cercle impromptu d'Avengers dans son salon. Maintenant qu'on est tous là...

Il fronça les sourcils. Mais tout le monde n'était pas là. Quelqu'un était absent.

- Ou pas, ajouta-t-il. Attendez une minute. Où est Cap ?

- Il n'est pas là, répondit Sam.

- Evidemment qu'il n'est pas là. C'est ce que je viens de dire, rétorqua Tony.

- Oh, comme ce Starkasme m'avait manqué, ricana Clint.

- Où il est ? demanda Tony en haussant les sourcils.

Le reste de l'équipe échangea de lourds regards, mais personne ne répondit. Oh merde.

- Il est mort ? devina Tony, ses yeux s'écarquillant.

Il était mort et Cap aussi ?

- Non. Il n'est pas mort, répondit Bruce. Il est juste... vieux.

Tony souffla un rire.

- Il a toujours été vieux. Il est né en 1918.

- Non, il est genre vraiment vieux, maintenant, dit Sam. Il est âgé.

Tony secoua la tête, dans l'incompréhension.

- Quoi ?

- Après Thanos, Steve est retourné dans le temps pour ramener les pierres, expliqua Bruce.

Tony acquiesça. Comme ils l'avaient prévu.

- Et, il, euh... il n'est pas revenu, continua Bruce.

- Comment ça, il est pas revenu ?

Tony ne comprenait pas.

- Il est resté dans le passé pour vivre sa vie.

Tony savait qu'il devait avoir une expression bouche bée sur le visage.

Ce qui expliquait sans doute pourquoi Bruce ajouta :

- C'est un vieil homme maintenant. Vraiment. Il est à la retraite.

Tony se pinça l'arête du nez en essayant de voir plus clair avec cette information en tête.

- Donc vous êtes en train de me dire que je suis mort en sauvant l'univers et que Cap a survécu. Mais qu'au lieu de rester pour aider à rétablir tout ce qu'il a foutu en l'air dans le passé, il s'est retiré pour vivre sa vie en paix ? Clôture blanche, femme, chien, et tout ça ?

Tout le monde acquiesça autour de lui. Bon sang.

- Vous savez, j'aimerais pouvoir dire que je suis surpris, mais...

Tony secoua la tête d'un air consterné.

- Ça m'étonne même pas.

Pour une fois, personne ne le contredit.

- Donc si Cap n'est plus là et moi non plus, qui dirige l'équipe ? demanda Tony.

En fait, d'autres gens manquaient. Rhodey lui avait dit que Thor était parti avec cet abruti de Quill et sa bande d'idiots. Et Wanda avait disparu quelque part en Europe, ayant du mal à gérer la perte de Vision.

- C'est moi, répondit Sam.

Tony le regarda de haut en bas. L'homme ne bougea pas. Tony était surpris mais pas vraiment surpris non plus.

- D'accord, dit Tony en claquant ses mains l'une contre l'autre. Donc... voilà ce que je sais.

Il leur raconta tout ce que lui avait dit Peter, aidé par F.R.I.D.A.Y. de temps en temps.

A la fin, tout le monde semblait choqué.

- Je n'avais jamais pensé à ça, admit Bruce, se frottant le menton, plongé dans ses pensées.

- C'est vraiment un sale morveux un peu trop intelligent, hein ? se moqua Clint.

- Hey, le réprimanda Tony en pointant un doigt vers l'homme. C'est mon sale morveux alors je suis le seul à pouvoir l'appeler comme ça.

- Uh huh. Où est le morveux maintenant ? demanda Sam.

- Il est là, répondit Tony. Il fait une sieste bien méritée à l'étage.

- Bon... je veux pas être déprimant ou quoi, mais ça veut dire quoi ? demanda Scott. Ça n'a pas explosé l'univers ou autre, si ?

Tony cligna des yeux. Il n'avait pas vraiment pensé ça. Comment avait-il pu ne pas y penser ?

Bruce secouait déjà la tête.

- Non. En tout cas, pas plus que ce qu'on a déjà fait.

Ça n'augurait rien qui vaille.

- Comment ça ? demanda Tony.

- Ben, tu sais qu'on a essayé de faire en sorte de ne rien changer en retournant chercher les pierres, mais qu'on n'avait pas vraiment réussi ? Selon Strange, on a déjà endommagé irrémédiablement l'espace temporel et créé de nombreuses réalités absurdes, répondit Bruce en haussant les épaules. Ça en a juste créé une autre.

- Alors..., répondit Tony en fronçant les sourcils. J'ai créé une réalité alternative en venant ici.

Logiquement, il savait que c'était le cas. Il avait aussi bien compris que Bruce l'avertissement que lui avait donné cette étrange femme mystique. C'était pour cette raison qu'ils avaient essayé de ramener les pierres, pour ne pas fracturer l'espace-temps. Il n'avait juste pas vraiment réfléchi aux conséquences des petites aventures de Peter. Il laissait une autre Pepper, une autre Morgan et un autre Peter.

- La seule façon d'arranger ça serait de retourner au moment où Peter m'a pris, marmonna-t-il, réfléchissant à haute voix.

- Tu n'y retournes pas, protesta Happy avec véhémence.

- Est-ce qu'il le faut ? demanda Tony à Bruce, le regardant, ignorant volontairement les protestations d'Happy.

- Peut-être qu'on devrait parler à Strange, dit Bruce sans rompre le contact visuel.

Tony pinça les lèvres et acquiesça.

- Je me fous de ce que dit le Sorcier. Tu n'y retournes pas, dit Happy avec plus d'insistance.

Tony tourna son regard vers lui.

- Tu peux pas y retourner, insista Happy, le suppliant presque. Tu ne peux pas. Ça tuerait le petit.

Tony se frotta les yeux. Il ne voulait pas y retourner, pas si ça impliquait de mourir. Mais pouvait-il vraiment fracasser un espace-temps entier par égoïsme ? Il avait besoin de plus d'informations.

Il regarda de nouveau Bruce et acquiesça.

- Appelle Strange.

*

Le Sorcier fut aussi utile que l'avait pensé Tony. C'est-à-dire pas du tout.

- Donc vous dites que je n'ai pas besoin d'y retourner, clarifia Tony après une explication très longue et détaillée plus que nécessaire.

- Je dis, soupira Strange, que même si vous y retourniez maintenant, en sachant ce que vous savez, il y a de fortes chances que les évènements ne se déroulent pas de la même manière, donc l'espace-temps a déjà été fracturé. Le mal est déjà fait.

- Donc je n'ai pas à y retourner, répéta Tony.

Dr. Strange lui lança un regard froid.

- Sauf si vous voulez de vous sacrifier à nouveau.

- Ouais, non, je pense que je préfère éviter ça, plaisanta Tony, même si son estomac se retourna.

Il était plus que soulagé de ne pas être mort, mais il ne pouvait s'empêcher de penser aux dégâts causés dans cette nouvelle réalité alternative.

- Tant mieux, acquiesça Rhodey.

Tout autour de lui, tout le monde dans la pièce semblait soulagé. Aucun n'avait voulu le retrouver pour le perdre à nouveau.

- Qu'est-ce qui va se passer dans la réalité que j'ai quittée ? demanda Tony à Strange. Vous le savez ? Ils ont gagné ?

Strange regarda ailleurs pendant un moment et pinça les lèvres avant de croiser de nouveau son regard, répondant par un hochement de tête solennel.

- Ils ont gagné.

Tony ne put s'empêcher de penser que l'autre homme mentait, mais avant qu'il ait pu l'accuser, Clint intervint :

- Donc si le môme a réussi à ramener Tony et que tout va bien, pourquoi on ferait pas la même chose pour Nat ?

Tout le monde regarda Strange, se demanda la même chose. Et bon sang, Tony le voulait vraiment. Peter avait-il finalement trouvé le moyen pour qu'ils vivent tous heureux jusqu'à la fin des temps ?

Mais Strange secoua la tête.

- Non. Elle est trop liée aux pierres d'Infinité.

- Comment ça ? demanda Sam.

Dr. Strange soupira mais expliqua :

- Si vous retourniez dans le temps et preniez Natasha avec vous, il faut que ce soit avant qu'elle se soit sacrifiée pour la Pierre de l'Âme. Et alors, cette nouvelle réalité serait condamnée à ne jamais défaire le Snap. Mais si vous arrivez à vivre avec ça, alors allez la chercher.

- Nat ne voudrait jamais ça.

Tout le monde acquiesça, Tony compris.

- Ok, donc on peut pas sauver Nat, dit tristement Bruce. Mais Vision ? Si on le ramène avant que Thanos s'empare de lui, on empêcherait carrément le Snap, dans cette réalité ?

Dr. Strange pencha la tête sur le côté, presque imperceptiblement, tandis qu'il considérait ses propos.

- Ça pourrait marcher, acquiesça-t-il après quelques secondes.

- Alors on le fait, dit Sam d'un air décidé.

- On aura besoin de plus de particules de Pym, répondit Rhodey.

- Je peux en prendre à Hank, intervint Scott. Ça devrait pas être un problème.

- On peut déplacer l'équipement temporel au Complexe demain, et y travailler dessus là-bas, suggéra Bruce. Quelqu'un devrait appeler Wanda.

- Je vais le faire, se proposa Clint.

- Tout ça est vraiment touchant, les interrompit Strange, avec un air sarcastique subtil, mais ça ne résout toujours pas le problème de ce que nous allons faire des Pierres.

- Je pense qu'on devrait les détruire, dit Clint.

- Je suis d'accord, acquiesça Bruce.

- Je récupère la Pierre du Temps. J'ai été chargé de sa protection, dit le Dr. Strange. Les autres pierres, vous pouvez les détruire. Sauf la Pierre de l'Âme.

- Quoi ? Pourquoi ? demanda Sam.

- C'est difficile à expliquer. Pour résumer, elle est trop entrelacée entre l'Univers et les âmes qui y vivent pour être détruite.

- Alors quoi ? On la retourne ? s'inquiéta Rhodey.

- C'est ce que je vous suggère, acquiesça Strange.

- D'accord, intervint Tony en passant une main dans ses cheveux. Donc Houdini ici présent récupère la Pierre du Temps, on ramène la Pierre de l'Âme, et on détruit toutes les autres. C'est bon ?

Tout le monde donna son approbation.

- On aura besoin de Wanda pour le faire, dit Bruce.

- Comme je l'ai dit, je vais l'appeler et lui expliquer tout ça, répondit Clint.

- Pendant ce temps, vous ramenez le Gantelet avec vous, dit Tony en regardant Sam. Je n'en veux pas ici. Vous avez un endroit où le stocker, au Complexe, non ?

- Oui, acquiesça Sam.

- Ok. Je vais aller le chercher. Plus tôt il disparait d'ici, mieux c'est, dit Tony en descendant dans l'atelier.

Il récupéra le Gantelet là où il l'avait placé en sécurité, et le remonta dans le salon.

- Putain, jura Clint quand il l'aperçut.

Tous les autres avaient les mêmes expressions de terreur sur leur visage, à la vue du gantelet d'or qui portait toutes les pierres d'Infinité.

- Voilà, dit Tony en le donnant à Strange, qui le prit et le survola d'une main.

La pierre verte brilla et disparut, avant d'apparaitre dans le collier du sorcier.

- Merci, dit Strange en hochant la tête avant de lui rendre le gantelet.

Tony ne perdit pas de temps et le tendit à Sam.

- Mets-le en sécurité, dit-il quand l'homme le récupéra.

- Promis, acquiesça Sam.

- Ça a déjà causé assez de problèmes, marmonna Tony.

- C'est rien de le dire, approuva Clint.

Avant que quiconque ait la chance de dire quoi que ce soit d'autre, la porte d'entrée s'ouvrit d'un seul coup. C'était la seule façon dont Morgan ouvrait les portes, ces derniers temps.

- Pepper, attends – dit soudainement Rhodey d'un air alarmé.

- Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que tout le monde fait là ? demanda Pepper.

Il entendit de l'irritation dans sa voix et se demanda s'il avait eu une dure journée au travail.

Il se retourna. Leurs yeux se rencontrèrent avec une intensité qui vibrait d'électricité.

- Oh mon Dieu.

Les yeux de Pepper s'écarquillèrent et elle porta une main à sa bouche.

- Hey, Pep, sourit-il, essayant de ne pas lui faire peur sachant qu'il était censé être mort, etc.

Elle resta plantée devant la porte, sous le choc.

Morgan, quant à elle, n'avait absolument aucune réserve.

- Papa ! s'exclama-t-elle en se précipitant vers lui.

Il la rattrapa et la souleva pour la prendre dans ses bras. Comme il l'avait fait d'innombrables fois avant.

- Salut mon cœur, l'accueilla-t-il doucement, et sa fille enroula ses bras et ses jambes autour de lui.

- Tu m'as manqué, papa, dit-elle contre son cou.

- Tu m'as manqué aussi, chérie, répondit-il même si seulement deux jours étaient passés pour lui.

Ce n'était quand même pas un mensonge. Elle lui manquait à chaque seconde qu'il passait loin d'elle.

Il embrassa sa tempe mais garda les yeux fixés sur Pepper. Elle n'avait toujours pas bougé. Rhodey et Happy se précipitèrent à son côté.

- Qu'est-ce que ? demanda Pepper en agrippant l'épaule de Rhodey quand il fut assez proche d'elle, comme si elle allait s'effondrer si elle n'avait pas de soutien.

- C'est lui, Pepper. C'est Tony. Il est revenu, la rassura Rhodey.

- Comment ? souffla-t-elle en le regardant comme s'il était un fantôme.

- Le petit est retourné dans le temps et l'a ramené.

- Peter ?

Happy acquiesça.

- Où il est ? Il va bien ? s'inquiéta Pepper en regardant frénétiquement autour d'elle.

Tony ne se rappelait pas de la dernière fois qu'il l'avait vue dans cet état.

- Il va bien. Il dort dans sa chambre, répondit Happy.

Pepper acquiesça et regarda de nouveau Tony.

- Et c'est...

Pepper fit un geste dans sa direction.

- Il est – il est... là ? Tu le vois aussi, pas vrai ? Je ne... deviens pas folle ?

- Tu ne deviens pas folle. Il est là. C'est vraiment Tony. Il est de retour, lui dit calmement Rhodey.

Tony fit un pas dans sa direction. S'il devait attendre encore une seconde pour la réconforter, il allait devenir dingue.

Il réajusta sa prise sur Morgan pour pouvoir la porter avec un seul bras, tendant l'autre en direction de Pepper.

- Pep, l'encouragea-t-il.

Cela sembla finalement suffisant pour la sortir de sa transe.

- Tony, dit-elle, et elle souriait et pleurait à moitié tandis qu'elle parcourait la distance qui les séparait.

Quand elle fut assez proche, Tony la prit contre lui et Pepper enroula ses bras autour de Morgan et lui. Tony sourit. Il avait ses deux filles préférées dans ses bras.

Elle le serrait si fort que ça lui faisait presque mal.

- Tony, Tony, Tony, murmura-t-elle d'une voix brisée en plongeant sa main dans ses cheveux.

- Je suis là, chérie. Je suis là. Je suis désolé. Je suis vraiment désolé, murmura-t-il en retour. J'ai jamais voulu te quitter. Il faut que tu me croies. Je ne voulais pas te quitter.

- Je sais. Je sais.

La voix de Pepper se brisa et elle commença à trembler quand des sanglots lui échappèrent.

- Shhh, chérie. Tout va bien, la rassura-t-il. Je suis là. Je vais nulle part.

Pepper se reprit très rapidement. Elle était l'une des personnes les plus fortes qu'il connaisse. Elle prit une profonde inspiration et essuya ses joues. Même avec le visage strié de larmes, elle était belle.

Il lui fit un sourire étincelant et elle se pencha vers lui pour l'embrasser. Sa main s'écrasa contre sa nuque, et quand le baiser s'arrêta, elle resta proche de lui et appuya son front contre le sien.

- Je t'aime, murmura-t-elle.

- Je t'aime aussi, répondit-il et il se pencha pour l'embrasser à nouveau.

Quand leurs retrouvailles se termina, les Avengers avaient déjà quitté la pièce pour leur donner un peu d'intimité. Ce qui était probablement une bonne chose parce que Pepper ne semblait pas prête à s'arrêter de l'embrasser.

- Je pourrais m'habituer à ça, marmonna-t-il.

Elle embrassa sa joue puis le coin de ses lèvres, puis ses lèvres à nouveau, sa langue dansant contre la sienne. Il fit un « mh » d'approbation mais termina le baiser et s'écarta. Ça commençait à devenir un peu trop chaleureux. Et il comprenait. Vraiment. Il savait exactement ce qu'il ferait avec Pepper s'il l'avait crue morte pendant six mois et était réapparue miraculeusement. Mais ils ne pouvaient. Pas alors que la maison était pleine d'Avengers, avec un gamin à l'étage et un autre dans ses bras.

Comme sa bouche n'occupait plus la sienne, elle se dirigea vers son cou, déposant une ligne de baisers sensuels, tandis que sa main caressait doucement sa joue.

- Pep. Pep, on peut pas, murmura-t-il.

- Mh, répondit simplement Pepper, et elle déposa un baiser sur son oreille.

Ses yeux roulèrent pratiquement dans leurs orbites. Oh bon sang.

Peut-être qu'ils pouvaient se précipiter à l'étage très rapidement. Rhodey pouvait faire du baby-sitting. Ce n'était pas comme si le monde allait s'écrouler, cette fois. Tout pouvait attendre.

- Chérie, tu es en train de me tuer, grogna-t-il.

Elle s'arrêta et il ne sut pas s'il soupirait de soulagement ou de déception.

- Plus tard ? murmura-t-elle d'un ton séducteur.

- Plus tard, répondit-il très vite. Oui, plus tard. Définitivement plus tard.

Pepper embrassa de nouveau sa joue puis s'écarta.

- C'est quoi plus tard, Papa ? demanda curieusement Morgan en levant la tête de son épaule.

Il lui donna toute son attention.

- Heum, rien. Juste, euh, un truc d'adulte super ennuyant que Maman et moi devons... faire.

Le rire de Pepper ne l'aida pas.

Le nez de Morgan se fronça, comme si elle savait que ça cachait quelque chose mais qu'elle ne savait pas ce que c'était.

Avant qu'elle pose d'autres questions, il se pencha vers elle et lui embrassa le bout du nez.

Elle rit, distraite. Succès.

Elle leva sa petite main pour la poser contre sa joue.

- Papa ? demanda-t-elle.

- Oui, ma chérie ?

- Tu étais où ?

Son souffle se coinça dans sa gorge. Il ne savait pas comment expliquer qu'il avait été mort et qu'il était magiquement réapparu.

- Papa a dû partir quelques temps, mais il est revenu, expliqua cette incroyable Pepper.

- Comment il est revenu ? demanda Morgan.

- Et bien, tu vois, Morgan, ton frère voulait tellement revoir papa qu'il est allé le chercher et l'a ramené ici avec nous, répondit doucement Pepper.

Son frère ? Tony cligna des yeux d'un air confus.

Il comprit ce qu'elle voulait dire une seconde plus tard quand Morgan demanda :

- Petey a ramené Papa ?

Pepper acquiesça. Tony savait qu'il manquait quelque chose, qu'il manquait sans doute beaucoup de choses, mais son cœur se réchauffa quand même face à la familiarité avec laquelle Morgan et Pepper parlaient de son gamin. Le petit à qui il pensait comme à un fils.

- Est-ce que tu vas encore partir ? demanda tristement Morgan, et Tony put voir qu'elle avait peur de sa réponse.

Tony chassa doucement les cheveux de son visage.

- Non, mon cœur. Je ne m'en irai plus. Pas si je peux éviter.

- Ok, lui sourit Morgan. J'aimais pas quand t'étais pas là.

- Je sais. Je suis désolé, dit-il en embrassant son front.

- C'est pas grave. Je te pardonne, rayonna-t-elle en lui tapotant la joue.

Tony laissa échapper un petit rire.

- Tu es définitivement la fille de ta mère.

Elle pencha la tête sur le côté, comme pour savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

- Alors...

Tony regarda Pepper.

- Alors ? répéta-t-elle en haussant un sourcil amusé.

- On fait quoi maintenant ?

Il arrivait à peine à imaginer quel bazar ça allait être, son retour miraculeux d'entre les morts, et tout ce qu'il allait falloir faire.

- Maintenant, sourit-elle, et tout son visage s'illumina. On célèbre ton retour. 

*****

Vraiment, la réaction de Pepper pourrait être compréhensible à mes yeux si Morgan n'était pas dans les bras de Tony. Mais là j'étais choquée personnellement mdrrr

Et l'auteure est très en colère concernant le sort de Steve dans Endgame et trouve que ce n'est pas du tout en adéquation avec le personnage.

On est déjà à la moitié de l'histoire, il ne reste plus que 9 chapitres avant la fin, mais les gars... Qu'est-ce qu'ils sont longs. Genre là le chapitre 10 il fait 6000 mots, je suis au bout de ma vie.

Alors je bosse pas vraiment en ce moment, je souffre d'une rupture partielle du tendon de l'épaule qui vient de s'aggraver méchamment, au point que même écrire me fait mal, je vous raconte même pas la torture, j'en ai marre. :(

J'espère que vous allez bien. Je vous dis à jeudi pour ATT, et dimanche pour le chapitre 10 de WIT.

Prenez bien soin de vous ❤️

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