Chapitre 15

Le dernier chapitre que j'ai posté sur cette histoire date de mai 2021... deux années entières sont passées. 

J'en suis sincèrement désolée. 

Merci aux lecteurs qui sont toujours là malgré tout, aux nouveaux qui sont arrivés, à ceux qui sont de passage... merci d'être là.

Bonne lecture, à très bientôt. 

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Chapitre 15

Tu peux te reposer maintenant.

Tu peux te reposer maintenant.

Tu peux te reposer maintenant.

Les mots de Pepper résonnaient encore et encore dans sa tête.

- Non ! s'écria-t-il en essayant de passer devant elle pour rejoindre Tony, mais il ne pouvait pas.

Quelqu'un derrière lui le tenait fort. Rhodey.

- Laissez-moi ! protesta-t-il en se débattant pour se libérer. M. Stark ! Tony !

S'il pouvait l'atteindre, peut-être qu'il pourrait le sauver.

- Non ! Tony ! cria-t-il, mais l'homme ne le regarda même pas.

Il continuait à regarder devant lui, sans vie.

- Tony !

- Peter, entendit-il l'homme répondre, mais ses lèvres ne bougeaient pas.

- Tony, pleura-t-il. Tony.

- Je suis là, Peter. Ouvre les yeux, dit la voix de Tony, et des mains invisibles agrippèrent ses épaules pour le secouer. Réveille-toi.

Peter s'exécuta, s'extirpant de son cauchemar dans un sursaut.

- Te voilà, le rassura Tony, ses mains toujours sur ses épaules. Tout va bien.

Peter regarda autour de lui, essayant de se rappeler de l'endroit où il se trouvait. Il était dans sa chambre à la maison du lac. Il passait le week-end ici. Parce que Tony n'était pas mort. Il était vivant. Et il était juste devant lui.

- Tony ? demanda-t-il en essayant de reprendre son souffle, alors que son cœur battait fortement à ses tempes.

- Juste là, mon grand.

Tony relâcha ses épaules pour passer une main dans ses cheveux.

- Juste un cauchemar. Ce n'était pas réel.

- Ça l'était, haleta Peter avant de pouvoir s'en empêcher.

La main de Tony s'arrêta et ses sourcils se froncèrent en une question silencieuse.

- Tu es mort, expliqua Peter avec émotion.

- C'est de ça dont tu étais en train de rêver ?

Peter acquiesça.

- Je suis là, petit, murmura Tony en le prenant dans ses bras.

- Je sais. C'est juste que – j'arrive pas à me sortir ça de la tête, dit Peter.

- Je suis désolé, s'excusa Tony contre ses cheveux.

- Tu – tu étais tellement mal en point, chuchota Peter. Tu pouvais même pas parler.

Tony grimaça.

- Je suis désolé que tu aies dû traverser ça.

- Tu es mort juste devant moi. Et je ne pouvais même pas – je ne pouvais même pas faire quoi que ce soit, haleta Peter, dont la respiration était saccadée.

- Shh, essaya de le calmer Tony, en passant une main à l'arrière de sa tête. Je suis là, Pete. Je suis là avec toi.

- Je sais. Je sais. Juste... parfois je me réveille et je – j'oublie pendant une minute ce qui est réel et ce qui n'est l'est pas, admit Peter.

- Mmmh, acquiesça Tony, en continuant de le serrer contre lui.

- Je suis désolé de t'avoir réveillé. Je suis désolé que tu doives – tu doives gérer ça, renifla Peter.

- Ne dis pas ça, répliqua Tony avant d'embrasser sa tempe.

- Je – je –

Il n'arrivait pas à contrôler la panique qui l'envahissait et à reprendre sa respiration.

- Shhh, le rassura Tony. Ce n'est rien. Respire simplement.

Le visage à moitié noirci de Tony apparut dans son esprit.

- Je – je peux pas.

- Si, tu peux, dit Tony. Respire avec moi. Inspire... et expire.

Peter essaya d'écouter et de calquer sa respiration sur celle de Tony. Après quelques instants, il parvint à se calmer.

- Voilà, chuchota Tony tandis qu'il se calmait. Bien joué, mon grand.

Il était à moitié endormi quand Tony le recoucha contre les oreillers.

Peter tendit la main à l'aveugle pour attraper son poignet avant qu'il puisse partir.

- Dis-moi ce dont tu as besoin, lui dit Tony avec une intensité que Peter ne lui avait jamais entendue.

- Reste ? demanda-t-il, et il savait qu'il faisait pitié, mais il avait beaucoup trop mal pour en avoir quelque chose à faire.

- Je n'allais pas partir, le rassura Tony, et Peter l'observa à travers ses paupières semi-ouvertes tandis qu'il se dirigeait vers l'autre côté du lit et s'allongeait.

Peter s'attendait à ce que ce soit tout, mais il fut agréablement surpris quand Tony l'attira contre lui de manière à ce que la tête de Peter repose contre son torse et qu'il soit enveloppé par les bras de l'homme. Peter eut toutes les peines du monde à retenir ses larmes de soulagement.

- C'est mieux ? demanda doucement Tony. Est-ce que ça t'aide ?

Peter hocha la tête contre la poitrine de Tony.

- May m'a dit que tu avais des cauchemars, marmonna Tony.

Peter se figea mais acquiesça de nouveau. Il n'avait aucun intérêt à le cacher, étant donné qu'il était évident que Tony savait.

- Qu'est-ce que je peux faire, mon grand ? l'implora Tony. Dis-moi ce que je peux faire pour t'aider.

Peter réfléchit un moment puis répondit honnêtement :

- Ça... ça, heum... ça aide. Toi. Quand tu es là.

- Ouais ?

- Ouais, admit Peter. C'est, heum, plus simple de-de se rappeler que tu n'es plus mort. Que tu es là, maintenant.

- Mh, fit Tony, puis il demanda : tu penses que ça aiderait si tu restais là un petit moment ?

Cela l'aiderait probablement, mais il ne pouvait aller à l'école depuis la maison du lac.

- J-je peux pas. J'ai école, expliqua-t-il.

- Pep et moi déménageons en ville, lâcha Tony, une bombe qu'il laissait exploser comme si ce n'était pas grand-chose.

Peter se redressa pour regarder l'homme dans les yeux.

- Quoi ? C'est vrai ? Depuis quand ?

- Depuis qu'on a décidé que c'était le mieux à faire, répondit Tony en le repoussant légèrement dans le lit, appuyant sur son torse.

- Le mieux à faire ? Pour qui ? marmonna-t-il en fronçant les sourcils.

Tony hésita une seconde mais répondit :

- Pour toi, petit.

- Tu déménages en ville juste pour moi ?

Peter pourrait y croire, mais n'arrivait pas non plus à y croire, tout à la fois.

- Je te l'ai déjà dit, Pete, tu es mon gamin, et c'est ce dont tu as besoin.

Tony brossa ses cheveux vers l'arrière.

- Et si je dois être honnête, c'est aussi ce dont j'ai besoin. Je ne veux pas être aussi loin de toi.

Peter se détendit sous les caresses tendres de Tony. Il se sentait en sécurité. D'habitude, il n'arrivait jamais à se rendormir après un cauchemar, mais là, il se retrouvait presque à lutter contre le sommeil.

- Et – et je pourrai rester avec toi ? Pendant quelques temps ? demanda Peter.

- Pour aussi longtemps que tu le voudras. Tu sais qu'il y aura toujours une place pour toi, répondit Tony. Combien de fois je vais devoir te le dire ? Tu es mon enfant.

Les lèvres de Peter s'arquèrent en un sourire, et il agrippa le bas du t-shirt de Tony. Le sommeil commençait à l'emporter. Et pour une fois, il ne le combattit pas. Il savait que Tony était là. Tony le gardait en sécurité.

*

Tony se réveilla, momentanément désorienté. Il n'était pas dans sa chambre, et un poids reposait sur son torse. Il cligna des yeux pour en chasser la fatigue et baissa le regard. Il tomba directement sur un amas de boucle brunes qui lui chatouillaient le nez. Ah oui. Il était venu dans la chambre de Peter vers 2h30, la nuit dernière, parce que le gamin avait fait un cauchemar, mais il avait réussi à le calmer suffisamment pour qu'il se rendorme.

Tony tourna la tête autant qu'il le put sans déloger son gamin, et regarda le réveil sur la table de nuit. 9h25. Il n'avait plus dormi aussi tard depuis que Morgan était née, mais Peter en avait visiblement besoin. Il était surpris que Pepper ou Morgan ne les aient pas réveillés. En fait, la maison était étrangement silencieuse. Il se demanda si Pepper avait emmené Morgan quelque part pour l'occuper ce matin afin qu'ils puissent se reposer. L'alerte de Friday, cette nuit, l'avait réveillée aussi, alors elle savait que Peter avait eu un cauchemar et que Tony l'avait rejoint dans sa chambre, et n'était clairement pas revenu. Quand même, Tony se dit qu'il allait vérifier. Et même s'il ne voulait pas déranger le sommeil de Peter, il avait vraiment besoin d'un café.

Doucement, centimètre par centimètre, il s'extirpa de la prise de Peter, plaçant un coussin à sa place, avec toute l'expertise que facilite l'expérience. Il sortit de la pièce sur la pointe des pieds, ouvrant la porte et la refermant silencieusement derrière lui.

Il traversa ensuite le couloir et descendit les escaliers. Toujours aucun signe de Pepper ni de Morgan. Quand il arriva dans la cuisine, il trouva une note collée sur le frigo, avec l'écriture de Pepper. Il la décrocha du magnet.

Bonjour, chéri !

J'ai amené Morgan faire un tour en ville pour une mâtinée entre filles. J'ai pensé que tu aurais besoin de te reposer.

Appelle-moi quand tu te réveilles. Je t'aime !

Pep

Il sourit. Il avait la meilleure des femmes. Il se faufila dans sa chambre pour prendre son téléphone pour l'appeler.

- Fri, préviens-moi si le petit se réveille, dit-il une fois revenu dans la cuisine.

- Bien sûr, patron.

Il composa le numéro de Pepper tout en fourrageant dans le frigo pour trouver quelque chose à préparer pour le petit-déjeuner.

- Papa ! lui répondit directement Morgan.

- Hey, mon cœur.

- Maman m'a emmenée prendre un petit-déjeuner, et maintenant on va aller faire du shopping. Elle a dit que je pourrais prendre une nouvelle poupée American Girl !

La joie de Morgan était contagieuse, et il sourit tandis qu'il sortait le lait et les œufs du frigo pour les poser sur le comptoir.

- Wow !

- Maman a dit que c'était parce que c'est notre mâtinée spéciale entre filles, et que toi et Petey, vous allez avoir votre mâtinée entre garçons.

- C'est vrai, acquiesça Tony.

- Tu fais quoi ? lui demanda-t-elle avec curiosité, ne voulant probablement pas manquer quoi que ce soit.

- Heum, et bien, Petey dort toujours, et je viens de me lever, alors je vais nous préparer un petit-déjeuner, répondit-il en sortant des galettes de pomme de terre du congélateur, ainsi qu'un paquet de bacon du frigo.

- C'est tout ?

- Yep.

- C'est nul. Je suis triste pour Petey. J'imagine que maman est meilleure pour les journées entre filles que toi pour les journées entre garçons.

Tony eut un raclement de gorge moqueur.

- Est-ce que je peux parler à maman ?

- Uh huh, acquiesça Morgan, et Tony entendit un peu de bruit ambiant à travers le micro, tandis qu'elle lui tendait sans doute le téléphone.

- Bonjour, le salua chaleureusement Pepper.

- Hey, chérie. Merci d'avoir emmené Morgan avec toi ce matin.

Il trouva le mélange pour pancakes dans le placard et le posa juste à côté d'une pile de nourriture qui s'entassait sur le comptoir.

- C'est normal. Vous aviez l'air trop adorables pour qu'on vous dérange, ce matin, le taquina-t-elle. Tu fais un bon coussin.

- Tu sais de quoi tu parles, sourit-il moqueusement.

Pepper aimait se blottir contre lui.

Elle rit.

- Je vais emmener Morgan faire du shopping, mais on sera de retour dans quelques heures. Ce sera suffisant ?

- C'est parfait.

Il sortit les poêles dont il aurait besoin et les posa sur la gazinière.

- Comment c'était, la nuit dernière ? demanda-t-elle d'un ton plus sérieux.

- Pas terrible, admit-il. Mais j'ai réussi à le rendormir plutôt vite, alors c'est déjà ça.

- Oui, soupira Pepper.

- Il fait des cauchemars sur ma mort, et quand il se réveille, il a du mal à se rappeler que je suis toujours vivant, lui dit Tony en allumant le gaz, avant de pulvériser de l'huile sur les poêles.

- C'est terrible.

- Ouais. May m'a dit qu'il ne dormait pas à cause de ça. Au moins, maintenant je sais sur quoi portent ses cauchemars, alors peut-être que je peux essayer de faire quelque chose, dit-il. Je suis content qu'on retourne en ville.

- Moi aussi.

- J'ai, euh, je lui ai dit qu'il pouvait rester avec nous si ça l'aidait. J'ai pensé que ça pourrait l'aider.

Il ne pensait pas que Pepper protesterait, mais il ne lui avait pas non plus demandé avant de proposer cette option à Peter.

- Je pense que c'est une bonne idée. Du moment que May est d'accord, acquiesça Pepper.

- Je vais l'appeler juste après.

- Parfait. Oh, j'ai parlé à Jake, ce matin.

- Jake ? demanda-t-il en fronçant les sourcils, tout en plongeant le mélange pour pancakes dans un bol.

- Notre agent immobilier.

Il pouvait presque entendre Pepper rouler des yeux à travers le téléphone.

- C'est vrai.

Il secoua la tête. Comme s'il pouvait se rappeler du nom de tout le monde.

- Bref, je lui ai dit que nous avions besoin d'un endroit, et le plus vite sera le mieux, dit Pepper.

Tony sourit, mesurant le lait et le beurre tout en l'écoutant parler.

- Je lui ai dit ce qu'on recherchait, et il a dit qu'il avait déjà quelques endroits qui pourraient être parfaits pour nous en tête.

- C'est super, répondit Tony avant de coincer son téléphone entre son oreille et son épaule pour pouvoir casser les œufs puis mélanger le tout.

- Il va s'occuper de tout ça pour qu'on puisse aller visiter mardi. Je n'ai pas parlé de toi étant donné qu'on n'a pas encore fait d'annonce, et je pense que tu vas vouloir repousser ça avec tout ce qui se passe avec Peter, mais il faudrait qu'on en parle quand même à Jake pour qu'il ne fasse pas de cr.ise cardiaque quand tu te pointeras avec moi. Et il faudra lui faire signer un accord de confidentialité.

- Définitivement, acquiesça Tony en hochant la tête, même si elle ne pouvait pas le voir.

- Enfin, bref, je lui ai dit qu'on voulait un endroit rapidement et qu'on prendrait la décision le jour-même, si possible, mardi, continua Pepper. Il va tout arranger. Il pense qu'on aura trouvé quelque chose d'ici au week-end prochain.

- Parfait. Tu es incroyable, tu le sais, ça ?

- C'est toi qui le dis, rit Pepper.

- Non, vraiment. Je me suis marié à une femme parfaite.

- Je t'aime aussi, sourit Pepper. Mais il faut que je te laisse. On est au magasin American Girl. Souhaite-moi bonne chance.

Tony émit un son de compassion, avant de répondre :

- Bonne chance.

- On se voit tout à l'heure, dit Pepper.

- Je t'aime, Pep. A plus tard.

- A plus tard.

Elle raccrocha, et Tony profita du fait qu'il avait deux mains libres pour mettre le bacon et les galettes de pomme de terre dans une poêle, puis mit les pancakes à cuire dans une autre. Tandis qu'il les regardait sur le feu, il composa le numéro de May et l'appela. Il voulait lui parler avant que l'odeur du petit-déjeuner ne réveille Peter.

Elle décrocha à la première tonalité.

- Tony ? Alors, comment ça se passe ?

- Heum, ça... se passe, grimaça Tony.

C'était loin d'être convainquant.

- T'as pas l'air très sûr de toi, rétorqua May. Tout va bien ? Comment va Peter ?

Il hésita. Il ne voulait pas mentir, parce que ça n'allait définitivement pas, mais il voulait dire les choses avec un peu plus de délicatesse.

- Il dort, répondit-il.

- Encore ?

May semblait surprise.

- Il a dormi toute la nuit ?

- Non. Il a fait un cauchemar, mais j'ai réussi à le rendormir.

Il retourna les pancakes.

- Et il a réussi à se recoucher ? D'habitude, il me jette de la chambre et je suis presque sûre qu'il passe la nuit à regarder son plafond.

- Ouais, je suis resté avec lui. Il a dormi.

May soupira.

- Bien. Merci.

- Ecoute, May.

Il retourna le bacon et appuya sur les galettes de pomme de terre en essayant de trouver les mots pour formuler ce qu'il voulait dire.

- Je t'écoute, l'encouragea May.

- Pepper et moi avons décidé de retourner vivre en ville. Et je pourrais te faire tout un laïus pour te dire que le trajet est trop long, qu'on voudrait que Morgan soit confrontée au multiculturalisme, et tout ça, mais on sait tous les deux que c'est des conneries. On déménage pour Peter. J'ai besoin d'être plus proche de Peter.

Il prononça la dernière phrase avec détermination, au cas où May voudrait argumenter.

- Je pense que c'est une bonne idée.

May n'argumenta pas. Elle semblait presque soulagée.

- Je ne t'aurais jamais demandé de faire ça, mais je pense qu'être plus proche de toi est ce dont Peter a besoin pour guérir de tout ça.

- Oui. En fait, quand je lui ai parlé la nuit dernière, il m'a dit en quoi consistent ses cauchemars. Il me, euh, revoit mourir. Il m'a dit que ça l'aidait, le fait que je sois là quand il se réveillait. J'ai, euh – je lui ai proposé de rester avec moi quand on déménagerait en ville, si ça pouvait lui apporter une aide, que je sois là quand il se réveillerait. Il a dit que c'était ce qu'il voulait, mais je ne veux pas prendre la décision pour toi. Si tu ne veux pas qu'il – si tu préfères qu'il reste avec toi – balbutia-t-il.

- Non, Tony, l'interrompit May. Ça – ça me va. Je n'ai pas réussi à l'aider, et Dieu sait que j'ai essayé. Je veux seulement ce qu'il y a de mieux pour lui. Et si tu penses que c'est ce qui peut l'aider, alors bien sûr qu'il peut rester avec toi.

Même si elle avait accepté facilement, elle avait l'air triste.

- Ce ne sera pas pour toujours, essaya-t-il de la rassurer. Jusqu'à ce que ses cauchemars soient sous contrôle et qu'il soit de nouveau capable de dormir. Qui sait ? peut-être que ce ne sera l'affaire que d'une semaine.

- Je pense que tu es un peu trop optimiste, dit-elle, mais il entendit l'ombre d'un sourire revenir dans sa voix.

- On sait jamais, répliqua-t-il en haussant les épaules, et il entreposa les pancakes cuits sur une assiette, avant de remettre du beurre dans le poêle.

Elle rit, et il détestait le fait qu'il doive casser sa bonne humeur, mais il le fallait.

- Il faut que je te parle d'autre chose, annonça-t-il.

Elle dut sentir le sérieux dans sa voix, car l'inquiétude résonnait quand elle répondit :

- Quoi ?

- Je pense que Peter fait une dépression, dit-il sans chercher à embellir la réalité.

Il y eut une longue pause avant que May n'admette doucement :

- Je commençais à penser ça, moi aussi.

- On, euh, on en a un peu parlé, hier, expliqua Tony. Il a accepté de voir un thérapeute. Et un psychiatre.

- Tu penses que c'est à ce point-là ?

- Oui.

Il débattit mentalement pour savoir s'il lui parlait de la vidéo du costume de Spider-Man, mais il décida de ne pas le faire. Il choisit de lui parler de la version moins inquiétante.

- J'ai visionné quelques enregistrements de son costume, qui datent de quand je n'étais plus là, et le mot « imprudent » est trop faible pour décrire certaines choses que j'ai vues. Je suis inquiet pour lui.

May soupira de façon audible à travers le téléphone.

- Je mentirais si je te disais que je ne l'étais pas non plus. Et... je te fais confiance, Tony. Si tu penses que c'est ce dont il a besoin, alors tu sais que je te soutiendrai.

- C'est ce dont il a besoin, May, dit-il fermement en posant le bacon sur une assiette.

Elle souffla tristement.

- Ok.

- Et, euh, autre chose, ajouta-t-il. Je voudrais qu'il n'aille pas à l'école, cette semaine.

- Je ne sais pas si c'est la meilleure idée, contra May. Est-ce que ça ne va pas empirer les choses ?

- Je ne pense pas. Je pense... je pense qu'il commence à peine à assimiler les choses, et je veux qu'il commence par voir la thérapeute tous les jours, au moins au début, et je te parle par expérience personnelle, discuter de ces choses qui nous rongent n'est pas une expérience plaisante. La dernière chose dont il a besoin, par-dessus de tout ça, c'est le stress de l'école.

- Je ne sais pas, Tony, répondit May. Je veux dire, je sais qu'il a déjà été pris au MIT, mais ça ne veut pas dire qu'il peut simplement tout lâcher comme ça. Il faut qu'il termine son année.

- Et il le fera. Je ne dis pas qu'il n'y retournera pas. Je dis juste qu'on devrait prendre les choses une semaine à la fois. Peut-être qu'il n'aura besoin que de cette semaine. Ou peut-être que ce sera deux, ou trois, ou quatre. Je sais pas. Je vais suivre ce que suggèrent les professionnels. En attendant, on peut dire à l'école qu'il a besoin de soins médicaux, qu'il a eu un accident de voiture, ou quelque chose dans le genre, et leur demander d'envoyer ses devoirs pour qu'il puisse travailler dessus. Au moins, il ne sera pas laissé pour compte.

- Tu penses vraiment que c'est nécessaire ?

- Oui. Fais-moi confiance, May, si tu avais vu ce que j'ai vu, on n'en discuterait même pas.

- Ok. Très bien. J'appellerai l'école lundi, accepta May, mais il put voir que c'était à contrecœur.

- May, il a besoin d'aide, et c'est ce qu'on va lui donner. Je n'ai pas envie de perdre de temps pour le faire ou – ou de prendre un quelconque risque, pas quand ça le concerne. Je vais m'arranger pour qu'il voie le psychiatre et le thérapeute dès lundi. Et on verra ce qu'ils diront. Peut-être que je me trompe. Peut-être que je surréagis. Mais je préfère prendre toutes les précautions avec tout ça. Avec Peter.

De plus, il avait le mauvais sentiment qu'il ne se trompait pas.

- Ok.

- Et...

Il prit une inspiration et se lança.

- Je veux qu'il soit près de moi. Il a vraiment besoin de dormir, et même si je voudrais pouvoir déménager en ville dès demain, ce n'est pas possible. La bonne nouvelle, c'est que Pepper pense que nous pourrons le faire dès la fin de la semaine.

- Déjà ?

- Oui.

May soupira fortement.

- Ok, Tony. Je ne peux pas dire que ça me plait, mais comme je te l'ai dit, je te fais confiance et je ferai tout ce qu'il faut pour le rendre heureux à nouveau. Peut-être que ça passera par le fait de le laisser passer du temps avec toi. Je l'ai eu pour moi toute seule pendant les six derniers mois, alors j'imagine que je peux te laisser cette chance, surtout si tu penses que ça va l'aider.

- Je le pense vraiment. Merci, May, répondit-il, plus que reconnaissant qu'elle lui laisse le champ libre.

- Mais il faut que tu me promettes de faire en sorte qu'il m'appelle. Je ne veux pas d'un silence radio tout le temps qu'il sera chez toi.

- Je ne pense pas que j'aurai besoin de lui rappeler, mais je le ferai s'il le faut, acquiesça Tony.

- Ok, et tu dois m'appeler aussi. Je veux rester au courant, Stark. Je veux savoir ce que disent le thérapeute et le psychiatre.

- Tu sais que je le ferai.

- Ok, alors. Tu as mon autorisation.

- Patron, Peter est réveillé, annonça FRIDAY.

- Il faut que j'y aille, May. Peter vient juste de se réveiller.

- Très bien. On se parle plus tard.

- Pas de soucis.

- Et... merci, Tony, dit-elle doucement.

- Tu n'as pas besoin de me remercier.

Il secoua la tête et retourna les pancakes.

- Et bien merci quand même. Tu aides avec Peter, tu t'inquiètes pour lui, ça – ça a une grande signification. Pas seulement pour lui, mais aussi pour moi.

- C'est un plaisir. Vraiment. C'est – c'est mon gamin.

Il espérait ne pas avoir franchi la ligne.

- Je sais.

Et Tony sentit qu'elle souriait.

- A plus tard, Tony.

- A plus, May.

Il raccrocha et plaça les galettes de pomme de terre dans une assiette.

- Fri, dis au gamin que je suis là et que le petit-déjeuner est presque prêt.

- C'est déjà fait, Patron, répondit FRIDAY.

Tony souleva les pancakes avec une spatule et les ajouta à ceux qui étaient déjà prêts, avant d'en préparer d'autres.

Il était en train de craquer d'autres œufs dans une poêle quand il entendit les pas de Peter dans l'escalier.

- Je suis dans la cuisine, petit. J'espère que tu as faim, l'interpella-t-il.

- Wow, dit Peter quand il put le voir. Depuis quand tu cuisines ?

Tony eut un rictus.

- Depuis que j'ai pris ma retraite pour devenir un homme à la maison pour Morgan. Tu te moques, gamin, mais s'il y a bien une chose pour laquelle je suis doué, c'est les petits-déjeuners.

Peter sourit et s'assit sur l'un des tabourets du comptoir de la cuisine.

- Les affaires ont dû être vraiment difficiles si tu n'étais même pas capable d'engager quelqu'un qui cuisine pour toi, le taquina Peter.

Tony rit.

- Tu sais que je ne laisse pas entrer n'importe qui chez moi.

- Je sais, répondit Peter, puis il redevint silencieux et sérieux, au lieu de continuer sur cette conversation légère.

Tony s'arrêta de cuisiner pour contourner l'îlot de cuisine, et déposer un baiser dans les cheveux de Peter avant de les lui ébouriffer.

- Tony..., se plaignit Peter en essayant de remettre ses cheveux en place.

Tony retourna derrière les fourneaux, juste à temps pour retourner les pancakes, puis les œufs.

- Sers-toi, mon grand, l'encouragea Tony en désignant les assiettes déjà présentes sur le comptoir.

- Merci.

- Mmhmm.

- Vraiment. Merci, insista Peter, et Tony comprit qu'il était reconnaissant pour autre chose que la nourriture.

Beaucoup de Parker le remerciaient, ce matin.

Il se retourna pour faire un sourire sincère à Peter.

- Tu n'a pas besoin de me remercier.

- Je sais mais j'en ai envie. Ça s'appelle avoir des bonnes manières. Tu devrais essayer, parfois.

- On est insolent, ce matin, répliqua Tony en poussant les assiettes de nourriture vers lui. Et bien, de rien. Tu sais comment tu peux vraiment me remercier ? En mangeant.

Peter roula des yeux mais attrapa une assiette vide pour la remplir.

- Tu veux des toasts, gamin ? demanda Tony dès que Peter commença à manger.

- Heum, ouais, je veux bien, répondit Peter de façon à peine discernable, la bouche pleine.

Tony mit les œufs cuits dans une assiette devant Peter, et rajouta d'autres pancakes avant de se diriger vers le grille-pain et d'y insérer des tranches de pain.

Tandis qu'il finissait de faire cuire les derniers pancakes, Peter continuait à manger. Cela le prit de cours un instant, de voir cette scène étrangement banale se dérouler. C'était quelque chose qu'il pensait ne jamais vivre avec Peter. Quelque chose qu'il aurait manqué si Peter ne l'avait pas sauvé.

Le pain sauta dans le grille-pain et interrompit ses pensées. Il beurra les toasts et les déposa sur une assiette plus petite devant Peter.

- Merci, marmonna Peter, la bouche toujours pleine.

- Mais de rien, se moqua Tony.

Il était content que le cauchemar de la nuit dernière n'ait pas coupé l'appétit de Peter.

Tony retourna les pancakes, et en attendant qu'ils finissent de cuire, il regarda Peter du coin de l'œil.

Parfois, il avait encore du mal à croire que le petit était de retour. Qu'il était là. Ce nouvel arrangement nécessitant que Peter reste avec lui n'aiderait pas seulement ce dernier.

Il fit glisser les deux derniers pancakes dans l'assiette de Peter, et s'assit sur le tabouret à côté de Peter.

Ils mangèrent tous deux dans un silence confortable. Avec son assiette plus petite, Tony finit bien avant Peter. Le temps que celui-ci ait terminé, Tony avait presque déjà fini de nettoyer toute la cuisine. Il était content de voir que Peter mangeait de nouveau correctement.

Son gamin, avec son métabolisme de super-humain.

Son gamin, qui l'avait sauvé.

C'était au tour de Tony, maintenant, de le sauver.

- Est-ce qu'on va parler de cette nuit ? demanda Tony d'un ton léger en prenant l'assiette vide de Peter pour la mettre dans le lave-vaisselle.

Peter grimaça et regarda ailleurs.

- Non ?

Tony imita un bruit de buzzer et dit :

- Mauvaise réponse. Essaye encore.

- Où sont Morgan et Pepper ? demanda Peter en fronçant les sourcils et en regardant autour de lui, faisant mine de ne remarquer leur absence que maintenant, mais Tony savait très bien qu'il s'agissait d'une tentative de distraction.

- En ville, mâtinée entre filles, répondit brièvement Tony. Belle tentative de diversion, mais désolé, ça ne prend pas. Il faut qu'on parle.

Peter grogna et descendit de son tabouret, s'éloignant.

- Je ne veux pas parler. On a déjà parlé la nuit dernière. Et hier. Trop de blabla. Je n'ai plus envie.

Tony haussa un sourcil et suivit le gamin. Cela faisait longtemps qu'il lui avait semblé aussi jeune, et le fait qu'il était littéralement en train de fuir la conversation était indéniablement puéril. Et cerise sur le gâteau, Peter se laissa tomber, visage en avant, sur le canapé, de façon typiquement adolescente.

- Et bien, moi, je veux parler, dit Tony en essayant de ne pas laisser paraitre son amusement face à ses facéties, et croisa les bras sur son torse, debout à côté du gamin.

Peter gémit contre l'oreiller sur lequel il était appuyé.

- Peter, insista Tony en prenant sa « voix de père », celle qu'il utilisait avec Morgan quand elle n'écoutait pas.

Etonnamment, cela fonctionna. Peter grogna de nouveau mais roula sur le dos pour au moins le regarder.

- On n'est pas obligé de parler de la nuit dernière si tu n'en as vraiment pas envie.

- J'en ai pas envie, confirma rapidement Peter.

- Mais il faut qu'on parle d'autres choses.

- Quoi d'autre ?

- Il faut qu'on parle de ce qui est prévu cette semaine.

Peter fronça les sourcils.

- Je vais t'arranger un rendez-vous avec le thérapeute et le psychiatre ce lundi, lui dit Tony.

- Je croyais que la liste d'attente était genre hyper longue.

- Pas quand tu es Tony Stark.

- C'est vrai. J'avais oublié, rétorqua Peter en roulant des yeux. Mais même, je vois pas pourquoi il faut se précipiter.

- Vraiment ? Tu ne vois pas ? répliqua Tony en adoucissant la dureté de ses mots en haussant un sourcil puis en s'asseyant au bout du canapé, pour ne pas être au-dessus du petit.

Peter haussa les épaules et se mit à jouer avec un fil qui pendait de son t-shirt.

- Alors quand est-ce que je vais les voir ? Après l'école ? demanda-t-il en brisant finalement le silence.

- Non. Lundi matin.

- Mais j'ai école, objecta Peter en le regardant, les sourcils froncés.

- Tu n'iras pas à l'école.

- Pour la matinée ?

- Pour la semaine.

- Quoi ? demanda Peter en s'asseyant, sous le choc.

- Tu n'iras pas à l'école cette semaine. Peut-être que la semaine d'après non plus. On verra.

- Tu peux pas faire ça ! protesta Peter.

- Si, je le peux. Je l'ai fait. C'est fait, répondit-il simplement, sans lever la voix pour égaler celle de Peter.

- May ne laissera jamais –

- J'ai déjà parlé à May et elle est d'accord avec moi, l'interrompit-il. Elle me laisse m'occuper de ça.

Tony observa la myriade d'émotions qui traversa le visage de Peter. Le choc. La confusion. La trahison. La colère.

- C'est pas juste, objecta Peter. Je vais bien.

- Tu ne vas pas bien, gamin.

Il essaya de poser la main sur l'épaule de Peter, mais le petit s'éloigna.

- Je vais suffisamment bien pour aller à l'école.

Tony soupira et passa une main dans ses cheveux. Il savait que ça allait se transformer en dispute, mais c'était quand même désagréable d'y participer.

- On verra ce que dit le thérapeute.

- Si tu ne me laisses pas aller à l'école, je ne leur parlerai pas, le menaça Peter de façon têtue, croisant les bras sur son torse.

Tony prit une seconde pour être impressionné. Il n'avait pas vu ça venir.

Il haussa les épaules, se donnant l'air nonchalant, car il savait que le gamin bluffait.

- Très bien. Dans ce cas, ce sera plus long qu'une semaine, parce que tu n'y retourneras pas tant qu'ils ne donneront pas leur aval.

Peter grogna presque de frustration.

- C'est ridicule. Tu surréagis complètement ! j'arrive pas à croire que May a accepté ça. Je veux lui parler.

- Très bien, répondit Tony d'un ton raisonnable. Appelle-la.

Le visage de Peter se fronça, se rendent compte que Tony ne mentait pas et que May devait être vraiment d'accord.

- J'arrive pas à croire que vous complotiez contre moi, tous les deux, se plaignit Peter.

- On ne complote pas contre toi.

Tony rompit la distance que Peter avait mis entre eux.

- Si, c'est ce que vous faites ! s'exclama Peter en levant les bras en l'air de frustration, faisant de grands gestes. Il faut que j'aille à l'école. J'ai déjà loupé mon contrôle d'Espagnol, vendredi. Je peux pas rater une semaine complète ! Je vais être à la ramasse ! Je – je ne serai jamais capable de tout rattraper !

- Hey. Hey, intervint Tony avant d'attraper les poignets de Peter. Calme-toi. Ça va aller. May va appeler ton école lundi, et ils t'enverront tes devoirs à la maison. Tu ne vas pas être à la ramasse.

Peter cligna des yeux, prit quelques inspirations en laissant les mots de Tony faire leur chemin dans sa tête.

- C'est vrai ?

- Oui, petit, acquiesça Tony.

- Oh. Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

- J'allais y venir.

Les sourcils de Peter se froncèrent, et Tony vit l'anxiété déformer ses traits.

- Heum, qu'est-ce qu'elle va dire à l'école pour justifier mon absence ? Pas – pas que je suis dingue hein ?

- Non. Elle va leur dire que tu as eu un accident de voiture et que tu as besoin d'un peu de temps pour te rétablir, répondit Tony, puis serra légèrement les poignets de Peter. Et tu n'es pas dingue.

- Tu dois penser que je suis quand même un petit peu dingue si tu me fais manquer l'école pour voir un psychiatre et un thérapeute.

Peter essaya d'esquisser un petit sourire, mais cela tordit simplement son visage, ce qui donna plutôt une grimace.

- Je ne pense pas que tu sois dingue, dit doucement Tony, regardant Peter dans les yeux. Je pense que tu es passé par des choses très difficiles, récemment, et que tu as besoin d'un peu d'aide. Et je suis là pour m'assurer que tu l'obtiens. Pour m'assurer que tu aies ce dont tu as besoin pour aller mieux. Ok ?

- Oui, d'accord, soupira Peter.

- Et, hey, tu vas pouvoir passer toute la semaine avec moi, donc c'est pas mal aussi, sourit Tony.

- C'est vrai ?

- Oui. May travaille. Quoi ? Tu pensais que j'allais te faire manquer l'école pour rester toute la journée dans un appartement vide ?

- Non. Je sais pas.

- Et bien tu restes avec moi. Et ça va être une bonne semaine. Ok ?

Tony voyait l'incertitude dans les yeux de Peter, mais le petit acquiesça.

- Ok. 

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