Chapitre 18 : Eclats de coeur

Bonjour à tous ! Je sais que ça fait longtemps que je n'ai pas publié (plus d'un mois) aussi comme c'est les vacances aujourd'hui et que je n'aurai pas la possibilité de publier quoi que ce soit avant 2025, je tenais à vous offrir un chapitre plein d'amour pour marquer les fêtes. Joyeux Noël et bonne année à tous, bonne lecture. 

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La route jusqu'au studio de danse d'Isabelle fut plus courte que ce à quoi Alec avait pu s'attendre. En même temps, le temps prenait une autre dimension lorsqu'il le passait avec des gens qu'il aimait, qu'il s'agisse de sa famille de coeur ou de sang, et plaisanter avec Jace sur différentes techniques de dragues expérimentales était le meilleur moyen pour que les minutes s'égrainent comme des secondes. Le blond coupa le moteur en se garant devant le local et les deux amis sortirent de la voiture en continuant à disserter pour savoir quel appât serait le plus indiqué pour attraper un homme dans ses filets. Alec, malgré tout, essayait de maîtriser la plupart de ses réponses : bien qu'il soit évident que l'inconnu dont était amoureux Jace n'était autre que Raphaël, l'ambulancier ne l'avait pas encore explicitement avoué à son meilleur ami, et le noiraud ne voulait surtout pas le brusquer ni lui imposer une pression inutile. De toute manière, leur conversation s'éssoufla d'elle-même lorsqu'ils passèrent la porte du local, s'engageant dans les couloirs pour rejoindre la salle principale où se trouvait la scène. Jace n'avait rien dit à Isabelle et Alec respecterait son silence le temps qu'il faudrait. Les confidences du plus jeune étaient en sécurité avec lui, et il n'était pas de son ressort de les révéler à sa sœur cadette. En parlant du loup, la jeune femme se trouvait assise sur le bord de scène, ses jambes pendantes dans le vide. Elle avait troqué ses vêtements de danse, une jupe volage aussi bleue que les yeux de son frère et un boléro argenté par dessus un crop top à lacet prune, contre une jupe moderne en faux cuir noir, des cuisardes de même couleur et un chemisier rouge cerise à manche bouffantes, accordé à son rouge à lèvre. Ses cheveux étaient remontés en une haute queue de cheval dont la base partait du sommet de son crâne, et Alec ne doutait pas qu'elle avait mis leur temps de retard à contribution afin d'être la plus belle possible pour aller au Pandémonium. La cadette des Lightwood bavardait tranquillement avec les quelques danseurs qui étaient restés pour lui tenir compagnie et qui s'étiraient pour détendre leurs muscles sollicités. Parmi eux, Alec repéra immédiatement Magnus qui était à même le sol, en position de grand écart, et qui s'étirait de droite à gauche pour relâcher les tensions dans son dos et dans ses jambes.

La première pensée du noiraud fut de constater à quel point l'Indonésien était magnifique. Malgré le maquillage autour de ses yeux qui avait quelque peu coulé, et ses cheveux plaqués à son front à cause de la sueur des efforts qu'il avait mené pour donner le meilleur de lui-même lors de cette nouvelle séance d'entraînement, il n'avait rien perdu de son charme. Bien au contraire : avec son pantalon ample au tissu doré et son haut de corps argenté en résille qui faisait ressortir le caramel de sa peau, Magnus était tout ce qu'il y avait de plus sexy dans la pièce. Le noiraud, sous le charme, sentit son coeur faire une envolée folle dans sa poitrine et ses joues prendre une teinte similaire à celle des lèvres carmin de sa soeur. L'ambulancier ne put empêcher un sourire éclatant d'étirer les siennes et une seconde plus tard, Magnus posait son regard ambré sur lui. Le visage de l'asiatique s'illumina comme un soleil, ses yeux brillant de milles feux d'artifice, des étoiles au-dessus de la tête. Il avait l'air d'un petit garçon et les grands gestes qu'il accorda à Alec, dans toute sa plus pure innocence, firent éclater de rire le noiraud qui ne l'en aima que plus encore. Se mordant la lèvre, Magnus se releva lentement mais hésita cependant à s'avancer vers son tout récent petit ami lorsqu'il vit Isabelle se diriger dans sa direction pour l'enlacer. Par réflexe, le plus vieux l'enlaça doucement en embrassa son front dans un geste protecteur avant de laisser la place à Jace qui avait toujours considéré la jeune femme comme un membre de sa famille. La voix de sa cadette lui parvenait comme de très loins, filtrée par une nuage de côté, mais le noiraud ne souhaitait pas se donner la peine de l'écouter. Son regard cobalt n'avait d'yeux que pour Magnus qui, se tordant les mains nerveusement, avait fini par reporter son attention sur le fil de ses écouteurs qu'il trifouillait pour les démêler. L'aîné des Lightwood ne put s'empêcher de penser à la première fois qu'il avait rencontré Magnus, au Starbucks où travaillait Camille. La détresse dans ses yeux, la panique sur son visage, le manque d'air dans ses poumons. Il était presque certain que personne ne lui serait venu en aide s'il n'avait pas été là. Malheureusement, les gens étaient comme ça. Au fond de lui, Alec nourrissait désormais ce désir de toujours protéger Magnus, du monde, de ses angoisses, et de préserver, autant qu'il le pourrait, cette part de tendresse et d'insouciance qui caractérisait tant l'Indonésien.

- Isabelle à grand frère, Isabelle à grand frère. Ohé la terre, tu m'entends ? Soupira la jeune femme en passant sa main devant les yeux de son aîné pour le faire reagir. Mais qu'est-ce que tu regardes comme ça ? Marmonna-t-elle en se retournant pour suivre son regard, à la recherche de ce qui avait bien pu retenir son attention.

- Rien du tout, j'étais juste...ailleurs, souffla l'ambulancier en secouant la tête. Tu disais ?

- Nah, tu ne m'auras pas comme ça, Alexander Gideon Lightwood, je veux savoir ce que tu mijote....

- Mais rien, Izzy ! Arrête de chercher la petite bête là où...

- A tout hasard, ce serait pas le mec là-bas, ton rencard de ce weekend ? Se hasarda Jace en haussant un sourcil entendu, les yeux rivés sur Magnus.

Le noiraud fusilla son meilleur ami du regard et ce dernier sourit presque béatement, son regard passant frénétiquement de Magnus à Alec alors que la réalisation se faisait dans son esprit. Isabelle plissa les yeux, ces derniers réduit à deux fentes, puis elle les écarquilla en ouvrant la bouche comme un poisson hors de l'eau, se mettant à frapper le bras de son frère avec énergie l'air de dire "pincez moi je rêve". En l'occurrence, c'était Alec qui se faisait martyriser.

- Tu veux bien arrêter de me frapper ? S'exaspéra-t-il en secouant la tête. Iz', stop !

- Pourquoi tu ne m'as pas dit que c'était Magnus Bane ton rencard ?! Tu as couché avec lui ? Vous vous êtes déjà embrassé ? Tu lui as dit que tu l'aimais ? Il faut que j'aille lui parler tout de suite !

- Non ! Isabelle, je suis très sérieux, gronda presque Alec en fronçant les sourcils.

- Mais...

- Mais rien. Je ne t'ai rien dit parce que je savais que tu réagirais comme ça ! Écoute..., soupira-t-il en se radoucissant malgré tout, Magnus est bien plus sensible que toi et moi, il n'a pas les mêmes réactions, et un tout petit rien peut le faire paniquer. Il est...l'être le plus doux, le plus gentil et le plus innocent que je connaisse et il a du mal à faire confiance. S'il te plait, Izzy, je te demande juste de ne pas être aussi...débordante que tu l'es d'habitude, tu veux bien ?

- Très bien...Mais à la condition que tu me raconte tout ! Plaida la danseuse en le menaçant de son doigt vernis d'argent. J'attends un rapport complet !

Alec leva les yeux au ciel en marmonnant un "oui, cheffe !" mais il gloussa tout de même, la tension dans ses épaules se relâchant. Jace lui accorda un clin d'œil complice, heureux pour lui et de l'amour qu'il avait visiblement trouvé auprès de Magnus, et l'ambulancier aux cheveux noirs reporta son attention sur son petit ami, toujours assis sur scène. Aussi vite qu'elle était apparue sur son visage, la joie du noiraud laissa place à une sourde inquiétude qui lui serra le cœur. Quelque chose n'allait pas. Magnus, qui avait les sourcils à présent froncés, se balançait d'avant en arrière, les yeux rivés sur ses écouteurs. De là où il était, Alec ne pouvait en être certain, mais il était prêt à parier que l'Indonésien avait les yeux emplis de larmes. Un faible gémissement lui échappa, et il n'en fallut pas plus au plus vieux pour laisser là sa sœur et son meilleur ami afin de rejoindre son compagnon. Le regard pas, Magnus ne sembla même pas réaliser qu'Alec était là, venant de s'agenouiller devant lui. L'appelant doucement pour ne pas le brusquer, l'ambulancier déglutit difficilement en voyant que la panique de son cadet ne diminuait pas. Bien au contraire : Magnus tremblait de toutes parts et, dans ses mains, l'objet de son angoisse emmêlé entre ses doigts. Empêtré dans sa volonté de déméler ses écouteurs, le danseur s'était pris les doigts dedans et s'était retrouvé lui aussi bloqué. De geste doux qu'il utilisait avec les patients que Jace et lui transportaient, Alec prit les mains de Magnus dans les siennes en lui expliquant chacun de ses gestes pour ne pas lui faire peur et accentuer plus encore sa panique. Au bout de longues minutes qui leur parurent interminable à tous deux, le noiraud parvint enfin à libérer Magnus et entreprit de déposer les écouteurs démélés auprès de lui. Il continua de lui parler, lui expliquant que tout allait bien, mais la panique ne semblait pas quitter le plus jeune qui continuait de se balancer, inlassablement, ses larmes menaçant de déborder à tout moment. Cherchant à capter son regard pour le calmer, Alec, à l'instar de Magnus, ne vit pas Isabelle qui venait de s'approcher d'eux, la mine soucieuse, un verre d'eau entre les mains. Tendant la main pour la poser sur le bras de son danseur, la jeune femme n'entendit l'avertissement de son frère que trop tard.

- Izzy, non, il ne vaut mieux...

Magnus poussa un hurlement et fondit en larmes brusquement alors qu'un sanglot déchirait sa gorge. La cadette des Lightwood, surprise, en lâcha le verre qu'elle avait voulu proposer à l'Indonésien, ce dernier se brisant en mille éclats dont certains entaillèrent les mains, toujours tremblantes, de Magnus.

- ...pas toucher quelqu'un en crise de panique..., termina le noiraud, l'estomac pincé et le cœur douloureux. Merde c'est pas vrai...! Jace ! Cria-t-il à l'intention de son meilleur ami.

- Je sais, je suis sur le coup, assura le blond d'un calme olympien en quittant la salle.

Sur scène, Magnus continuait de se balancer en pleurant et en gémissant, ses mains ensanglantées pressées en poings serrés contre ses épaules. Ses yeux étaient troubles, perdu dans un vide infini, bien loin d'Alec, d'Isabelle et de la salle de danse où il se trouvait actuellement. Alec continuait de parler à son petit ami, mais c'était à n'y rien y faire, Magnus était partit trop loin, enfermé dans sa panique. Ne sachant que faire pour l'apaiser, le noiraud pensa un instant à prévenir Ragnor, le parrain de l'Indonésien, mais il ne servait à rien de l'inquiéter dans l'immédiat alors que son filleul pissait le sang sur scène. Heureusement, Jace revint rapidement au pas de charge, une large trousse entre les mains. Tout comme Alec, l'ambulancier avait pris l'habitude de garder une trousse d'urgentiste dans son coffre, en cas de besoin. Les deux hommes auraient pourtant préféré n'avoir jamais à l'utiliser. S'écartant pour laisser son ami et son frère travailler, Isabelle observa tristement Jace enfiler une paire de gants stériles avant de sortir une pince à épiler, une compresse et un réceptacle, ainsi que du désinfectant, afin de déloger les quelques morceaux de verre coincés dans la peau du plus jeune. Alec, qui avait lui aussi enfilé des gants, s'appliquait à essuyer le maximum de sang tout en déposant, de temps à autre, un baiser sur la tempe de son petit ami pour le rassurer, lui expliquant une fois encore les actions qu'il effectuait, ainsi que celles de Jace, pour le calmer. Entre ses bras, Magnus ne semblait pas près à se calmer, bien au contraire. Alec savait que s'il continuait à s'agiter, Jace et lui seraient incapables de le soigner correctement, aussi le noiraud fit-il fonctionner sa tête pour tâcher d'aider au mieux son cadet et à lui apporter l'apaisement dont il avait cruellement besoin. Retirant ses gants, une idée venant de jaillir dans son esprit, Alec empocha les écouteurs du danseur et les glissa dans ses oreilles. Une fois l'opération faite, il activa l'enregistreur vocal de son téléphone et commença à chanter, la première chanson qui lui passa par la tête, une chanson qu'il n'avait pas entendue depuis des années, une chanson que sa mère lui chantait, le soir, avant de dormir.

- A la claire fontaine, m'en allant promener, j'ai trouvé l'eau si belle que je m'y suis baigné. Il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne t'oublierais.

Reniflant, tressaillant sous l'écho de la voix grave et veloutée de son aîné, Magnus ouvrit lentement ses yeux ambré pour les poser sur son petit ami qui lui sourit quelque peu, continuant de fredonner.

- Chante, rossignol, chante, toi qui as leur coeur gai. Tu as le coeur à rire, moi je l'ai à pleurer. Il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne t'oublierais.

Contre lui, l'Indonésien sembla se détendre, happé par la magie de la voix de son petit ami, l'ambulancier aussi hypnotisant qu'electrisant, aussi apaisant que poétique, féérique. L'asiatique se demanda un instant s'il ne pourrait pas danser un jour, porté par les mots d'Alec, devant une salle comble. Ses yeux d'ambre, incandescents, détaillèrent le visage du noiraud comme le déshabilleraient ses doigts délicats. Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement, portées par l'envie d'embrasser et d'être embrassé et, pendant une seconde, à peine un instant, Magnus oublia complètement les morceaux de verre plantés de sa chair.

- J'ai perdu mon ami, sans l'avoir mérité, pour un bouquet de roses que je lui refusais. Il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne t'oublierais.

Sans lâcher son compagnon des yeux, Alec continua de chanter et de sourire, avisant discrètement son meilleur ami qui, non content d'avoir terminé de retirer le verre des mains du danseur, avait soin de panser ces dernières avec de la gaze et des bandages qu'il noua délicatement, donnant l'impression que l'asiatique portrait désormais des gants de boxe, blancs.

- Je voudrais que la rose fut encore un rosier, et que mon doux ami fut encore à m'aimer. Il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne t'oublierais, conclut-il en effleurant sa joue. Comment tu te sens ? Chuchota-t-il en coupant son téléphone et que Magnus retirait fébrilement ses écouteurs.

D'un geste délicat, encore tout tremblant, le danseur déposa ses lèvres sur celles, chaudes et douces, de son cadet pour toute réponse. Stupéfait mais non moins charmé, Alec prit le visage de son cher et tendre en coupe et lui rendit son baiser aussi délicatement qu'il le put. Le temps venait de s'arrêter, le monde ne tournait plus, l'angoisse était passée. Il n'y avait plus qu'eux, dans leur bulle, loin de tout. Lorsqu'il fallut cependant reprendre son souffle, le noiraud s'écarta délicatement, bien qu'à contre cœur, et constata que Magnus était toujours concentré sur lui, exclusivement sur lui. Ses yeux brillaient de feu des projecteurs encore allumés et, tout aussi subjugué que lui, le noiraud ne remarqua pas son meilleur ami et sa petite soeur quitter le bâtiment en lui accordant des clins d'oeils complices, bras dessus bras dessous, trop heureux de pouvoir lui laisser s'accorder du temps avec son petit ami. Magnus était soigné, et les morceaux de verre dans le cœur d'Alec avaient été retirés, au moins en partie, en même temps que ceux présents dans les mains du danseur. La cigarette avait été son médicament depuis qu'il avait seize ans : peut-être que Magnus Bane parviendrait à la remplacer, finalement. 

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RDV en 2025 pour la suite !! ^^

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