Chapitre 11 : Aimer c'est protéger


Bonjour tout le monde ^^ Voici un nouveau petit chapitre qui je l'espère vous fera plaisir et qui vous montrera également un peu plus en profondeur l'étendue de la relation établie entre Magnus et son parrain Ragnor <3 Bonne lecture ! 

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New York, quinze ans plus tôt...

Ragnor s'accouda au chambranle de la porte, une serviette posée négligemment sur son épaule, ses longs cheveux roux et flamboyant tombant en cascade dans son dos, s'arrêtant à la lisière de son cou, ses yeux noisettes couvant d'un regard tendre et protecteur, presque paternel, son filleul assis en tailleur sur le tapis du salon, un peu à l'écart devant la table basse, dessinant sur un coin de feuille, comme s'il avait peur de se faire disputer s'il occupait trop d'espace. Le britannique poussa un léger soupire à en fendre l'âme et sentit sa gorge se nouer de peine et de colère contenue. Cela faisait un mois. Un mois que Magnus et lui s'étaient échappés d'Indonésie, échappés de l'emprise que le père de l'enfant avait sur tous deux. Ils étaient arrivés à New York sans bagage et avec peu d'argent, juste assez pour payer un hôtel sale et sans vie dans lequel, pourtant, ils avaient le plus de chance d'être en sécurité puisque personne ne poserait de question. Ragnor avait passé deux semaines dans cette chambre miteuses aux murs défraichis plongé dans l'écran de son ordinateur, lui qui ne s'interressait pourtant que très peu à la technologie, pour récupérer sur ses comptes privés les fonds qu'il avait mis de côté au fil des ans en prévision d'une urgence comme celle-ci. Une fois les fonds débloqués et acheminés vers un compte bancaire qu'il avait ouvert en Amérique, ici même dans la grosse pomme, il s'était empressé de leur trouver à Magnus et lui un endroit plus convenable où dormir, un endroit calme et sur. C'est ainsi qu'ils avaient atterrit dans ce petit appartement tranquille de Brooklyn, où ils résidaient depuis bientôt une semaine et demie, presque deux. Malheureusement, si Magnus retrouvait un simulacre d'équilibre, composé d'un foyer douillet, de son parrain aimant, de plats chauds et d'un lit où dormir, la situation n'avait qu'aller de mal en pis. 

A présent qu'ils étaient installés dans une relative sécurité, le petit garçon, encore à peine âgé de six ans seulement, avait inconsciemment laissé tomber ses barrières qu'il avait forgé en quittant son pays natale et se laissait aller aux sentiments les plus vifs qu'il avait toutefois tenté de refouler. Aujourd'hui, le jeune Indonésien se mettait à sursauter violement au moindre bruit, à la moindre approche non demandée. Lorsqu'un inconnu leur parlait ou que quelqu'un dans la rue se mettait à s'énerver pour une raison ou pour une autre, même s'il n'était pas concerné, l'enfant se mettait à fondre en larme et à sangloter lourdement. Mais, encore, ce n'était pas le pire. Le pire, il viendrait d'ici quelques minutes à peine, Ragnor le savait. Il l'anticipait et pourtant, chaque fois, chaque soir, il ne pouvait combattre les larmes qui lui montaient aux yeux, et son coeur qui se brisait lamentablement tandis que les pleurs de son filleul résonnaient d'avance à ses oreilles. Secouant la tête et se frottant rapidement les yeux pour se donner du courage, le libraire retira ses chaussures, veillant à faire le moins de bruit possible chaque fois qu'il s'approchait de son cadet. Le plus vieux s'arrêta à un bon mètre de distance, pour ne pas effrayer l'enfant, puis il déposa entre eux une minuscule peluche noire aux yeux jaunes, deux petits triangles pour former les oreilles : une balle pelucheuse représentant un chat d'une dizaine de centimètre de diamètre tout au plus, et qui servait de doudou et d'anti-stress au petit garçon. Dans la journée, Magnus l'utilisait peu, uniquement en cas d'urgence, et elle servait, pour le moment, à initier les dialogue entre eux, le temps que le bambin apprenne que son Pembi ne lui voulait aucun mal.  Lorsque la peluche apparut dans son champs de vision, Magnus releva la tête vers son ainé. 

- Pembi ? S'enquit-il d'une voix timide et tremblante, ses petites mains tremblantes accrochant le bord du dessins qu'il faisait et que Ragnor ne vit pas, Magnus le dissimulant à sa vue. 

- On va prendre un bain ? Haruskah kita mandi? 

C'était devenu un réflexe, afin d'aider l'enfant à apprendre l'anglais plus rapidement : dire une phrase puis la répéter en indonésien afin qu'il associe les mots entre eux, recommençant parfois même plusieurs fois pour que les mots rentre dans son esprit. Magnus, lorsqu'il était angoissé ou fortement fatigué, répondait dans sa langue maternelle mais il s'éfforçait, sinon, de parler en anglais. Mais cette fois, ce soir tout particulièrement, l'asiatique semblait stressé, comme ça lui arrivait parfois et que ses terreurs revenaient le prendre au coeur et à l'âme. Il se contenta simplement de hocher la tête tout en retournant son dessin face contre la table. Prenant sa peluche avec lui, il accepta la main tendue de son ainé avec, tout de même, un peu de réticence. Ragnor lui guida jusqu'à la salle de bain et laissa son filleul se déshabiller. Le libraire savait que son cadet pouvait s'habiller et se déshabiller sans aide et laver son corps seul également. Magnus avait cependant encore un peu de mal avec ses cheveux et le britannique ne souhaitait pas le laisser sans surveillance. Malgré tout, ce n'était toujours pas pour ça qu'il restait avec lui. La raison, elle était gravée sur le corps du petit garçon. Des traces de brûlures, signes évidents de négligence, couvraient ses bras. Des marques de cigares, cependant moindres en nombre mais tout aussi douloureuses, tâchait ses cuisses. Enfin, des bleus et des plaies, sur tout son corps, son torse, ses bras et ses jambes, des marques de strangulation sur son cou. Magnus avait reçut de l'amour de la part de sa mère, il en recevait encore de la part de son parrain, mais son père, lui, avait été un monstre cruel, bourreau maltraitant son enfant. Déjà petit, il s'en occupait peu, l'ayant même laissé une fois seul dans une baignoire alors qu'il n'avait que deux ans, Magnus manquant de peu de se noyer et ancrant chez lui, part la même occasion, une terreur pure face à de trop grandes quantités d'eau. Mais après la mort de sa mère, le jeune garçon s'était vu régulièrement passé à tabac par son père ivre et drogué qui n'avait pour son fils que du mépris. Tout ça parce qu'il était différent, parce qu'il n'était pas comme lui, parce qu'il préférait jouer avec des poupées et des ustensiles de cuisines plutôt qu'avec des armes en plastique et des jeux vidéos de guerre, parce que Magnus était hypersensible, atteint de troubles proches de l'autisme, et qu'il hurlait face à la moindre forme de violence. 

Voilà pourquoi Ragnor restait, aidant chaque soir son neveux à prendre son bain dans une eau pas trop brulante à la quantité réduite pour lui éviter une crise de panique, soignant après coup chacune de ses blessures avec de la biseptine, de l'éosine, de la gaze, des crèmes cicatrisante et des pansements. Chaque soir, Magnus pleurait, criait lorsque son parrain soignait ses brulures, pansait ses plaies, parce que ça faisait mal, parce que le souvenir était encore trop frais dans son esprit, et parce qu'il avait peur, peur que son parrain ne devienne comme le monstre qui lui avait servit de géniteur. Cette fois encore, une fois déshabillé, Magnus grimpa dans la baignoire et s'installa les jambes ramenées contre son torse, serrant sa peluche désormais humide tout contre son coeur, tandis que son Pembi s'occupait de le laver, nettoyant également ses cheveux puis le rinçait, l'aidait à se sécher. Le petit Indonésien, fatigué, enfila son pyjama, une sorte de grenouillère intégrale en forme de lapin, bleu ciel, couleur pastel pour apaiser son esprit, puis ils retournèrent dans le salon où le plus vieux s'enquit de le soigner, comme chaque soir. Et comme chaque soir, Magnus pleura, versant toujours plus de larmes, fendant le coeur de son parrain. 

- Hey mon coeur, tu as été très courageux, tu veux une pizza pour ce soir ? S'enquit-il avec un sourire affectueux. Hei annaku, kau sangat berani, apakah kau ingin pizza untuk malam ini?

- Avec du jambon qui pique ? Demanda le plus jeune dans sa langue maternelle, trop fatigué pour parler anglais, épuisé comme chaque soir après les soins de son parrain. 

- Avec du chorizo, oui, si ça te fait plaisir trésor, sourit Ragnor, laissant tomber l'anglais pour ce soir. 

Le petit garçon lui offrit alors un sourire innocent et édenté du à son jeune âge, balançant peu à peu, de plus en plus joyeusement, ses jambes contre le canapé au bord duquel il était assis. Ragnor se redressa, planta un baiser sur son front lorsqu'il le sentit suffisamment en confiance, puis il commanda une pizza au téléphone, donnant l'adresse puis raccrochant. Voyant que l'asiatique récupérait son énergie de la journée, le libraire alluma la chaine hi-fi, régla le volume pour qu'il ne soit pas trop fort à ses oreilles sensibles d'enfant, puis ils dansèrent joyeusement, Magnus serrant toujours sa peluche dans ses mains minuscules, sautillant sur place et courant dans le salon sous les rires affectueux de son parrain. C'est alors que, sans qu'ils ne s'y attendent, la sonnette retentie et Magnus sursauta avec violence, s'effuyant derrière le canapé pour s'y rouler en boule, tremblant et commençant à gémir de peur lorsque son parrain l'approcha pour le calmer. Soupirant de dépit, Ragnor marmonna dans sa barbe qu'il avait pourtant bien expliquer au téléphone de ne, justement, pas sonner et de frapper à la porte, plutôt. Le britannique, qui était pourtant du genre calme, râla quelque peu en expliquant que son neveux avait les tympans fragile, ce qui n'était pas tout à fait un mensonge, et qu'il valait mieux ne plus sonner la prochaine fois. Sans laisser à l'autre le temps de répondre, il fourra le paiement en liquide dans sa main et referma la porte après avoir récupéré la pizza, encore chaude dans son carton. Prêt à amadouer son cadet avec la nourriture à l'odeur délicieuse, l'ainé fut cependant déchiré de voir le plus jeune tremblant de tous ses membres, se balançant d'avant en arrière, les lames dévalant ses joues. Un seul mot, déchirant, passa la barrière de ses lèvres : pembohong. Menteur. 

- Tu as mentit ! Tu as dit...tu as dit que tu prendrais soins de moi...Mais tu fais comme lui, tu l'a payé et il va venir me chercher et je vais retourner avec lui...Je t'aime pu, sanglota-t-il en reniflant lourdement, tâchant sa peluche pressée contre le bas de son visage, recueillant ses larmes. Tu es comme lui....

- Non, mon chaton, je suis comme toi, souffla Ragnor, attristé, relevant sa manche droite pour dévoilée une longue cicatrice sur son avant bras. Ton Bapak m'a fait du mal aussi, parce que je lui ai un jour dit quelque chose qu'il n'a pas aimé. Je ne suis pas comme lui. Je sais que tu l'as déjà vu faire, que tu l'as déjà vu donner de l'argent à des gens pour faire de mauvaises choses, mais j'ai simplement payer cet homme pour le remercier de nous avoir apporter notre pizza, tu comprend ? Souffla-t-il pour lui expliquer avec des mots d'enfants qu'il pourrait plus facilement comprendre. Magnus, mon coeur, tu es...tu es l'être le plus précieux dans ma vie, la seule personne qui compte désormais pour moi et je te promet, sur ma vie même, que je ne laisserais jamais personne t'enlever à moi. Je suis désolée que tu ais eu peur annaku, sincèrement désolé...

Sans un mot, reniflant toujours, Magnus se leva sur ses jambes tremblante et il alla chercher, à la plus grande surprise de son parrain, le dessins qu'il avait commencé. Le bambin revint alors vers lui et le lui tendit avec crainte et timidité, Ragnor s'en saisissant doucement de ses doigts de pianiste. Sur la feuille de papier blanche, deux silhouettes aux grands sourirent élargis, un adulte et un enfant, le premier avec les cheveux roux, le second avec les yeux ambrés. Au dessus de leur tête, avec une myriade de coeurs multicolore, quatre petits mots tendre : Aku Cinta Kamu Pembi. Ragnor sentit ses yeux s'humidifier alors que Magnus venait se nicher sans ses bras, libérant ses larmes dans son cou. 

- Je t'aime aussi mon coeur, je serais toujours là pour toi, toujours. 

Et cette fois, Magnus le cru.


New York, présent...

- Ma...Us....Mag...Us...Magnus..., chuchota une voix à son réveil, le forçant à ouvrir les yeux. 

Le danseur gémit en dévoilant ses orbes ambrés aux reflets dorés, observant son environnement avec un intérêt mêlé de crainte. Il se trouvait dans un bureau aux murs couleur crème, accueillant et doux. Le jeune homme réalisa, également, qu'il était allongé sur un divan et, après un froncement de sourcils, il comprit qu'il se trouvait encore au cabinet du docteur Jem Carstairs. Il avait dû s'évanouir à cause de sa crise de panique. L'Indonésien tourna alors la tête lorsqu'il sentit une main qui tenait la sienne, ou plus précisément deux doigts qui pressaient son poignet. Suivant des yeux le bras, il remonta jusqu'à son propriétaire et constata qu'il ne s'agissait d'autre que d'Alec. L'ambulancier était concentré, les yeux clos, un stéthoscopes relié à ses oreilles, l'embout posé sur le torse du plus jeune pour écouter les battements de son coeur. Lorsque ces derniers se firent plus rapprochés, le noiraud posa son regard sur l'endormis et sourit doucement, d'un sourire plein de confiance et de calme, apaisant. 

- Magnus, je suis content que tu sois réveillé, affirma-t-il en rangeant son stéthoscope dans la trousse de son oncle. Tu nous a fait une sacré frayeur, tu sais ? On attend ton réveil depuis au moins une demi-heure. Oncle Jem a appelé ton parrain, il est en train de lui expliquer la situation, ils ne vont pas tarder. Comment tu te sens ? 

- Bien, marmonna le plus jeune en déglutissant difficilement, ramenant son poignet à lui. 

Il n'aimait pas les contact imprévu, et même si la présence d'Alec ne le dérangeait pas autant que celle des autres, il n'était plus aussi rassuré maintenant qu'il savait que l'ambulancier était un parent de son psychologue. Une angoisse sourde monta alors de nouveau en lui. Il allait devoir changer de psy, éviter de prendre le risque d'être découvert. Mais non, ce ne serait pas suffisant, puisque Jem connaissait son histoire, la vraie, complice depuis toujours de ce qu'avait fait son parrain pour lui sauver la vie. Ils allaient devoir déménager, quitter New York, recommencer une nouvelle vie, changer d'identité une nouvelle fois...Cette perspective, tous ces bouleversement, c'en fut assez pour l'asiatique qui commença à suffoquer, haletant à la recherche d'un peu d'air. Ses yeux se chargèrent de larmes et Alec réagit immédiatement, criant après son oncle pour qu'il vienne les aider, ce qui ne fit malheureusement qu'accentuer le mal-être du plus jeune qui gémit de peur, ne supportant plus le moindre bruit lorsqu'il était dans cet état avancé de stress. Son regard se flouta, plongé dans le vide, et il se balança d'avant en arrière en marmonnant dans sa langue maternelle. Jem et Ragnor entrèrent rapidement et, à la vue de son filleul en pleine crise, le britannique sut immédiatement quoi faire. Le libraire s'approcha de lui en l'envellopa de ses bras, guidant son visage contre son torse pour poser son oreille sur son coeur. Le battement de l'organe, sourd et régulier, avait toujours été un bon moyen de calmer ses crises. Cependant, le plus vieux ne doutait pas de la force de celle-ci, étant donné l'état dans lequel se trouvait son cadet. C'était ce qu'on appelait, dans le cas de Magnus comme dans beaucoup d'autre, un repli autistique. Le jeune homme se repliait sur lui même, enfermé dans sa coquille, hérmétiquement sourd au monde qui l'entourait. Ragnor aurait beau lui parler, rien ne l'aiderait à faire face. Heureusement, sa technique presque brevetée des battements cardiaque finit par faire émerger Magnus de sa bulle, sa respiration se calmant peu à peu. 

- Je veux pas...pas partir encore...tu dois le convaincre, il doit rien dire...Pembi, sinon il...il va nous retrouver..., bredouilla-t-il avec difficulté. 

- Je te promet qu'il ne nous retrouvera pas, Magnus, le rassura le plus vieux en embrassant son front, étant le seul dont Magnus supportait agréablement le contact sans qu'il ait à lui demander son accord. Jem nous connaît depuis des années, c'est un bon médecin et même, je dirais, un bon ami. Il ne dirait rien à personne, et surement pas à son neveux. On aura pas à quitter New York, je te le promet trésor. Notre vie est ici, et tu n'as plus rien à craindre maintenant, d'accord ? Tout notre passé, ton père, l'Indonésie, plus rien ne te fera de mal, je te le jure. Tu te souviens ? Je serais toujours là pour toi. 

- Alors...Alors Alexander ? 

- Alec est un jeune homme charmant, plein de savoir vivre, et il ne sait rien de ton parcours ni de tes troubles. Tout ce qu'il sait de toi, il le sait parce que tu le lui aura dit, c'est tout. Crois moi, tu peux lui faire confiance. Et puis, je comprend que tu l'aime bien, il est très mignon et tout à fait ton style. 

Rassuré, le danseur laissa échapper un rire puis passa ses bras autour du coup de son parrain pour lui faire un câlin, Ragnor lui rendant son étreinte. Finalement, ils rejoignirent les deux autres qui attendaient toujours patiemment dans le couloir. Alec se leva, les yeux implorant d'excuses muettes, le regard sombre d'inquiétude. Magnus, inspirant profondemment, finit par sourire et, prenant son courage à deux mains, serra le bout des doigts du noiraud, comme le ferait un enfant en demande d'affection, puis il repartit au bras de son parrain, épuisé mais rassuré. 

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Tadaaaa !! Des avis ? Théories ? A bientôt ^^

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