- Chette tarte aux pommes est chuper bonne !

- Dean ta bouche...

Le concerné déglutit et prononce avec fierté :

- Qu'est-ce qu'elle a ma bouche ? Elle n'est pas à ton goût Sammy ?

- Je crois que les bonnes manières t'ont échappées...

- Possible oui, songe-t-il en levant sa tête puis en croquant un nouveau morceau dans sa part.

Audrey essaye de retenir un rire tandis que son fils Thomas rigole face au comportement de Dean.

- Je suis contente qu'elle te plaise alors ! Par contre ce n'est pas la typique tarte venue des États-Unis...

- Oh non mais elle est super bonne ! Même Sammy la mange !

Le plus grand des frères sourit et affirme les dires de Dean en vantant la compote et les pommes fraîches de la pâtisserie.

- Que vous voulez-vous faire après manger ? demande Martin.

- Aucune idée, sûrement me reposer et me doucher, réfléchit le cadet.

- Comme tu veux, tu sais la maison est grande ! Et je dois avoir des livres en double si cela t'intéresse, sourit Audrey.

- Oh merci ce serait gentil, vraiment !

- Entre homme et femme de lettres c'est normal, déclare-t-elle après avoir fini son verre de vin blanc.

Le reste de la table suit Audrey et tous finissent leur verre.

- Comment tu tiens ton verre toi ?

- Bah ça ne se tient pas comme ça ? s'étonne l'aîné en posant le cristal sur la table.

- Non, absolument pas, rigolent Sam et les habitants de la grande propriété.

- Attends je te montre, s'approche la seule femme présente autour de cette table.

La grande et belle rousse s'assoit aux côtés du brun et prend son verre dans la main en posant l'index, le majeur et l'annulaire sur le pied fin du contenant, son pouce lui se met au même niveau que l'index mais de l'autre côté.

- Tu vois tu fais comme ça, sourit-elle gentiment, sinon tu peux le tenir par le bouton et enrouler tes doigts autour du verre à proprement parler, comme Sam.

Dean préfère la première option et essaye de faire comme elle vient de lui montrer, il devient alors très concentré et essaye tant bien que mal de reproduire le geste mais il perd patience assez rapidement.

- Rah ça me soule ! Ça ne veut aller comme je veux !

- Attends attends ne t'énerve pas ! Ça ne va jamais marcher si tu t'énerves, le calme Audrey. Je vais le faire avec toi si tu veux.

- Pourquoi faire aussi compliqué aussi ! Les verres de bière c'est plus simple...

- Oh je sais mais nous sommes Français et nous faisons tout dans le compliqué, explique la rousse en retenant un rire.

- Oh oui je confirme !

Pendant que la mère apprend au chasseur entêté comment tenir un verre à pied et que leurs prunelles et sentiments se mélangent, Sam rit devant la scène et discute un peu avec Thomas, le fils de leur hôte, et Martin.

- Tu es en quelle classe Thomas ?

- En CE2 monsieur.

- Voyons, appelle-moi Sam, tu as quel âge alors ?

- Huit ans et je vais avoir neuf ans dans deux mois comme ma maman.

- Et tu as une idée de ce que tu voudrais faire plus tard ?

- Je ne sais pas trop encore.

- Oh tu n'es pas pressé ne t'inquiète pas, le rassure le Winchester.

- Sammy regarde ! J'y arrive !

- Ouais c'est bien Dean... s'exaspère son frère.

Tout le monde rigole avec entrain suite à la réaction du cadet et les Winchester quittent alors la table après avoir remercié leurs hôtes. Ils décident de monter dans leur chambre respective afin de se doucher en premier lieu et après ils verront ce qu'ils vont faire mais la bibliothèque n'échappera pas à Sam.

***

Un peu plus tard dans la soirée aux alentours de vingt-deux heures, Dean sort de la douche une serviette entourée sur son bassin et la tête plein de questions. Pourquoi réussi-t-il à leur faire confiance si rapidement alors que ce n'est absolument pas comme ça qu'il fonctionne, pourquoi se sent-il bien en leur compagnie, pourquoi se trouve-t-il à peu près en sécurité ici, pourquoi a-t-il malgré cela des idées contradictoires telles que les secrets que ces personnes peuvent cacher et cet apriori étrange qui ne part pas... L'homme musclé passe une main sur le miroir de la salle de bain, se regarde et souffle en se mettant une main dans ses cheveux mouillés.

Bordel, pourquoi je ne suis pas comme Sam... Pourquoi je dois voir le mal partout où je me trouve ? Pourquoi je ne peux pas être sauvé ? Et si c'est possible qui le ferait hein, qui voudrait d'un con comme moi ?

Dean, tu ne peux pas être sauvé parce que tu as touché la noirceur et ceux qui la touche deviennent irrécupérables car elle est là, près de toi. Tu sais comment tout cela va se terminer... souffle sa conscience détruite par les malheurs de sa vie.

Le chasseur aux yeux verts siffle un de ses fameux "son of a bitch" et quitte sa salle de bain attenante à sa chambre, il prend dans son sac un rechange soit un jean, une chemise à carreaux foncée et un t-shirt noir. Marcher dans le domaine des Leroy lui changera peut-être les idées un moment. Il s'exécute alors et part de cette chambre qu'il ferme, bien sûr son révolver favori gravé sur les côtés et sa prise en ivoire, un colt m1911a1, l'accompagne et cette belle arme se cache derrière sa chemise, coincée dans son pantalon.

Il arpente les couloirs du premier étage et entend du bruit dans une chambre pas loin, de la lumière danse sur le sol et une voix douce et envoûtante s'échappe de la pièce éclairée entrouverte. Il s'y approche sans un bruit, à pas de loup et comme à son habitude positionne sa main droite sur l'arrière de son pantalon, sur son arme, au cas où. Une fois près de la pièce en question, il se met sur le côté de la porte et sourit en enlevant la main de son colt. Fausse alerte ce n'est qu'Audrey qui lit une histoire à son fils pour l'endormir.

- Et tu connaîtras la fin de l'histoire demain mon petit Roi, déclare la mère en claquant le livre, le déposant sur une étagère et en embrassant son enfant sur le front.

- Pile poil avant de reprendre l'école lundi.

- Oui c'est fait exprès, dit-elle en lui ébouriffant les cheveux légèrement. Bon maintenant dodo Tommy.

- Oui maman fait de beaux rêves, annonce le petit garçon en se glissant un peu plus sous la couette bleue et rouge.

Audrey s'apprête à laisser son fils dans sa chambre quand ce dernier l'appelle.

Ouf j'ai eu chaud moi, pense Dean.

- Oui Tom ?

- Il est où papa ?

Le chasseur se redresse intéressé par la tournure que prend la situation et écoute -encore une fois- à la porte, Audrey, elle, s'arrête net et respire plus bruyamment.

- Ton papa est parti et... et il est bien là où il est, débite-t-elle en retenant ses larmes.

- Parti mais comment ça ?

- En mission (pour le paradis) tu le sais très bien.

- Et il revient quand ? se redresse la petit tête curieuse mais tout de même inquiète.

- Je... je ne sais pas.

La rousse reprend ses esprits, sèche ses quelques larmes et fait face à son fils.

- Bon au lit maintenant, pour devenir un grand garçon tu dois te reposer.

- Ça ne va pas maman ?

- Si, très bien mais tu sais je suis aussi fatiguée que toi donc au lit mon petit monsieur, lui dit-elle en remontant sa couette et l'embrassant une dernière fois.

Audrey quitte alors la pièce pour de bon, ferme la chambre de son fils et fait demi-tour pour aller dans le salon.

- J'ai-

- Ah Dean ! Tu m'as fait peur... s'exclame-t-elle surprise et paniquée.

- Désolé je ne voulais pas.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

La respiration de l'homme de lettres s'accélère et il décide de ne pas lui mentir.

- J'ai tout entendu... chuchote-t-il d'un air désolé.

- Entendu quoi ? angoisse Audrey.

- Pourquoi lui mentir ? C'est un grand garçon qui mérite de savoir la vérité sur son père. C'est son père quand même... tente Dean en chuchotant, connaissant maintenant le lourd secret que cachait cette femme.

Cette dernière lui empoigne la main et l'emmène dans la véranda de derrière tandis que l'aîné ne comprend pas tout ce qu'il se passe.

- Pour son bien Dean. Je ne veux pas qu'il souffre comme je souffre.

- Lui cacher la vérité ne fera qu'empirer la situation, repousser le moment attendu et ne te fera que plus mal. Il va sûrement l'apprendre tout seul ou par quelqu'un d'autre et je pense que quand ça arrivera ton garçon t'en voudra et sera très en colère contre toi. Tu ne peux pas lui cacher la mort de son père Audrey, imagine s'il l'apprend par quelqu'un d'autre, imagine sa réaction. Je sais que c'est dur d'annoncer une pareille nouvelle mais fais-le pour son bien, le tien, le vôtre à vous deux... déclare l'homme tendrement en prenant son visage dans ses mains.

- Pourquoi les choses sont si pesantes ? Dis-moi Dean.

- La vie se montre cruelle et salope et il faut absolument que tu lui montres que c'est toi qui la commande. En se confiant ton poids s'enlève et ces choses lourdes rapetissent si tu veux mon avis de "fais-ce-que-je-dis-pas-ce-que-je-fais".

Audrey sourit mais ne semble pas bien du tout, Dean connait ce regard, ce faux sourire et il n'aime pas ça : faire comme si tout va bien, qu'une parole vient tout remettre d'aplomb alors que c'est tout le contraire.

Le chasseur légendaire n'attend pas plus longtemps et la prend dans ses bras, son menton maintient la tête de la rousse et ses bras entourent son dos comme pour la protéger de tout danger environnant et toxique. Il ferme les yeux et ils restent là tous les deux dans les bras l'un de l'autre sans rien dire, dans le silence de la nuit.

- Pourquoi tu es si gentil avec moi ?

- Je n'en ai pas la moindre idée... Je suis comme ça c'est tout et puis tu me rappelles moi, une femme forte qui sourit malgré la tristesse ou le mal en elle.

Comme simple réponse elle le serre un peu plus et colle de nouveau sa tête contre son torse en respirant son odeur.

- Combien de temps ?

- Combien de temps que quoi ? demande-t-elle toujours appuyée contre le corps du chasseur.

- Qu'il est décédé.

- Laurent est mort au combat, on me l'a appris il y a trois mois.

- Cela fait trois mois que tu le caches pour toi.

- Oui.

- Mon dieu Audrey... Et son corps il a été enterré ici ?

- Il a sauté sur une bombe, c'est de la charpie maintenant et depuis longtemps.

- Je suis affreusement désolé.

- Tu n'y es pour rien, elle s'écarte du plus petit des frères Winchester et le remercie en séchant ses dernières larmes.

- Je vais devoir me rechanger, regarde-moi ça je suis tout mouillé, rage l'aîné en blaguant le sourire aux lèvres.

- Je suis désolée, dit-elle toute attristée.

- Ne t'en fais pas je déconne. Ça sèche les larmes et ce n'est pas comme si c'était de la bière, rit-il suivi de celui d'Audrey.

- J'aime bien ton rire, sort-il sans y prêter attention.

- Merci c'est sympa.

Dean Winchester lui envoie un sourire mais intérieurement il se maudit se demandant qu'est-ce qu'il lui est passé par la tête pour avoir dit ça.

- Avant de jouer le mec qui écoutait les portes je voulais me promener dehors, ça te dit de venir avec moi ?

- Pourquoi pas oui ça me changera les esprits.

- C'est ce que je me disais aussi mais Sam n'est pas censé t'attendre dans la bibliothèque pour vos histoires de bouquins ? demande-t-il en commençant à marcher.

- Non Martin s'en est chargé finalement.

- OK.

- Si tu veux avoir plus d'infos sur la manière dont les hommes de lettres français fonctionnent n'hésite pas, déclare la jolie rousse.

- Non c'est bon j'ai tout pigé, répond-il en lui lançant un clin d'œil.

- Ah le chasseur entêté fait son comeback !

- Oui on peut dire ça mais ça ne plaît pas à votre personne ? la charrie-t-il.

- Je m'y ferai bien. Et pourquoi tu as une arme à feu sur toi ? reprend-elle d'un ton sérieux.

- Moi ? Non.

- Et c'est toi qui enseigne que le mensonge c'est mal mais tu n'es pas bien placé pour le dire...

- Moi, Dean Winchester, je mens tout le temps et il faut savoir qu'un chasseur ne se sépare jamais de son révolver.

- Je suppose que tu dors avec aussi ?

- Oui, il est sous l'oreiller au cas où quelque chose se passe ou ne va pas. On ne sait jamais ce qu'il se passe dehors en plus, se justifie-t-il en disant la vérité.

- Ce n'est pas faux.

- Je ne dis pas que des mensonges, tu vois ! hausse-t-il des épaules.

- Effectivement, sourit-elle.

- Et où est votre arme ?

- Je te fais confiance voyons, annonce la rousse d'un clin d'œil.

- Oh quelle confiance à mon égard ! se vante le Winchester.

- Et vous qu'en est-il alors ?

----

Bonjouur !

Nouveau chapitre aujourd'hui ! Qu'en pensez-vous ?

Et oui Dean reste lui-même, méfiant, réconfortant, pas sûr de lui et la liste est longue ! On le voit bien dans ce chapitre d'ailleurs !

La musique en média c'est Heavy de Linkin Park et Kiira, musique qui décrit bien le chapitre d'ailleurs !

Voilà voilà ! À plus !!

Bises, Chlo ❤️