𝚅𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚚𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎

Bonne lecture ! 

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C'est après sa troisième bière-au-beurre que Harry parait enfin satisfait.

— C'est super bon, dit-il encore.

Tous les élèves autour de la table pouffent.

— On avait cru comprendre, sourit Blaise. Je crois qu'on avait tous compris dès la première fois.

Pansy se rapproche de Harry.

— Dès le nouvel an, oui. Il en a avalé une bonne dizaine.

Ce dernier rit doucement aussi, et hausse les épaules.

— C'est super bon, répète-t-il. J'y peux rien. Y'a rien qui ressemble à ça, chez les moldus.

Il regarde sa choppe vide avec une seconde d'hésitation, comme s'il pensait à en reprendre une, et cette fois Draco n'y tient plus. La jambe agitée et le ventre serré, il demande :

— Tu voulais pas aller chercher des bonbons ? Ça va bientôt fermer si on se dépêche pas.

Harry penche la tête d'un côté.

— Oh, tu viens finalement ? Je croyais que les bonbons, c'était pour les gosses.

Draco grince des dents. Il a dit ça il y a trois semaines. Des choses ont changé depuis : comme par exemple le fait qu'il se soit décidé à parler à Harry en tête à tête aujourd'hui. À propos de leur relation.

Il s'est décidé à parler de sentiments, et Potter lui parle de bonbons. Draco s'en fout comme de son premier balai, des bonbons.

— J'ai changé d'avis.

Pansy lui envoie un regard entendu.

— Il a raison, Harry. Tu m'as dit hier que t'allais faire des achats. Que comme t'avais de l'argent, t'allais faire des folies.

Harry a l'air content. Pire, il rayonne presque de fierté.

— Je vais aller chercher des bonbons, dit-il, presque excité. Et vous savez quoi ? Je vais prendre deux sacs au lieu d'un.

Ils s'échangent tous des regards. Pansy force un sourire.

— C'est bien Harry. C'est bien de faire... des folies.

Blaise pouffe de rire, et Draco n'a pas envie d'attendre que ces abrutis brisent la bonne humeur de Harry : il se lève, et l'entraine vers la sortie.

Harry n'a pas l'air de l'avoir mal pris, pour autant. Quand ils tournent sur l'allée principale, il hausse les épaules.

— Je pense à tous ces bonbons, Draco. T'images ? J'ai jamais eu autant de bonbons. Dudley bavait dessus avant de me les envoyer dans les cheveux, quand on était petit.

Draco grimace. Chaque fois que Harry évoque (et ça n'arrive pas souvent) son cousin moldu, il a une envie folle d'attraper sa baguette. Ce petit rat dégoutant ne mérite pas Harry.

— Tu pourras en manger jusqu'à te rendre malade. Pomfresh a des potions pour ça, ta nausée partira en quelques minutes.

Ils échangent un regard, et c'est en arrivant dans une allée plus petite (avec, au bout, le magasin de bonbons) que Draco s'arrête.

Il s'arrête, et respire profondément.

— Harry ?

Ce dernier fait encore quelques pas sans lui, puis se retourne avec les sourcils froncés.

— T'as perdu quelque chose ?

— Ma dignité, dans quelques secondes, murmure-t-il.

Il fouille dans sa poche, et met quelques secondes à en sortir le bijou qu'il a acheté en début de journée. Pré-au-lard n'offre pas le meilleur choix possible, mais il aura tout le temps du monde de lui offrir des centaines de bijou si jamais Harry accepte.

Ou s'il n'accepte pas, d'ailleurs. Car Harry est son meilleur ami, et il n'a pas envie de le voir s'éloigner pour quelque chose comme ça. Draco préfère ça que rien du tout.

— Je voulais te parler.

— Ah... bon. C'est grave ?

Draco hausse un sourcil, et observe son expression.

— Toutes les discussions ne sont pas mauvaises. Je vais pas faire... quelque chose de Serpentard. Je veux juste parler avec toi.

— Parler de quoi ?

— Parler de moi, en fait. De...

Il inspire. Laissez sa fierté de côté est incroyablement compliqué.

Mais, quand il plonge son regard dans celui de Harry, quelque chose se détend dans sa poitrine. Ça arrive à chaque fois qu'il observe ces teintes de vert que sa magie renforce.

— Tiens.

Le bracelet est en argent : une chaine assez simple, jolie, avec un bijou vert en son centre. Draco n'avait pas prévu de lui acheter quelque chose. Une bague aurait été trop, même si Harry a de belles mains. Mais quand il est passé devant la boutique, son cœur a battu un peu plus fort. Il est sorti avec un sac avant même de s'en rendre compte.

— C'est pour toi.

Il tend la main vers le poignet de Harry pour qu'il soit tendu vers lui. Draco repousse sa manche jusqu'à exposer sa peau. Habituellement, il aurait donné un coup avec sa baguette et le bracelet se serait mis tout seul.

Mais là, il prend le temps de l'ouvrir, de le faire glisser sur la peau de Harry (qui semble retenir son souffle, les yeux grands ouverts) et de le refermer.

Quand il le lâche, le silence entre eux manque de le faire suffoquer.

— Je t'apprécie beaucoup, tu sais ?

L'expression de Harry est toujours un peu effrayée. Comme s'il voyait la chose venir. Il ne semble pas savoir quoi ressentir, alors Draco tente sa chance.

— L'émeraude, c'est pour la protection. Pour que... le reste de ta vie ne ressemble pas à ce que t'as déjà vécu.

Il sourit, et se rapproche d'un pas. À présent, Harry n'a pas d'autre choix que de le regarder en face. Leurs respirations s'accélèrent.

— Je voudrais t'embrasser. Tout de suite, mais aussi plus tard. Plusieurs fois, peut-être. Je voudrais sortir avec toi, me dire qu'on pourra partager un lieu de vie, un jour, que je vais devoir m'habituer à ton bordel, et que je pourrai t'offrir une nouvelle vue sur le dessous d'un lac.

— Draco, je...

— T'as des problèmes pour faire confiance aux autres, je le sais. Ta vie a été assez merdique, et par merlin chaque jour je me demande ce que ça aurait donné, si tu étais arrivé en première année comme nous. Chaque fois qu'on parle, je me sens... tu me rends tendre, Harry, et c'est assez exceptionnel pour que ça m'énerve. Alors je veux que tu penses à moi comme ça. Je veux que t'y réfléchisse. Je veux que tu...

Harry ouvre la bouche, les yeux brillants et presque paniqué. Les mots ne semblent pas vouloir sortir, mais pile au moment où Draco hésite à ajouter quelque chose, Harry souffle :

— Je sais pas quoi faire.

— Tu peux...

— Non, attends. Tu ne comprends pas. Je ne sais pas quoi faire. Je ne suis jamais sorti avec personne. J'en ai jamais eu l'occasion. J'ai vécu chez ma tante et sa famille, puis dans la... rue, puis dans des foyers. Chaque fois que j'appréciais quelqu'un ça finissait en humiliation. Je...

Il se mord la lèvre.

— Ça fait un moment que je t'aime beaucoup. Mais je me disais qu'être ton ami, c'était vraiment bien aussi. C'était agréable. J'adorerais être avec toi comme ça, mais je sais juste pas comment...

La tête de Draco se vide. Ses mains agissent toutes seules : elles se lèvent, et se posent sur les joues de Harry. Ça le fait taire, et leurs yeux glissent en même temps sur les lèvres de l'autre. Au point que Draco ne soit même pas réellement sûr d'être celui qui s'est avancé.

En tout cas, une seconde plus tard, il est en train d'embrasser Harry Potter, et Harry Potter l'embrasse en retour.

Il a l'impression qu'un billywig vient de le mordre tant le tournis le prend. Son estomac éclate, son cœur papillonne : le dos de Harry rencontre le mur un peu brutalement et Draco libère enfin ses lèvres pour vérifier que c'est bien lui qui vient de le pousser contre.

Ils sont un peu essoufflés, et malgré son envie de recommencer, Draco se contente de poser son front contre le sien.

— Il n'y a pas de règles, Harry. Peut-être que je vais vouloir prendre ton bras pour marcher dans la rue. Je vais surement te faire des cadeaux. Te faire rencontrer ma mère, qui va surement bien t'aimer, et mon père, qui déteste tout le monde. Et si jamais on prend un chat, tu n'auras pas le choix du nom. Je sais comment appeler le mien depuis que j'ai six ans.

Harry sourit franchement, et renifle.

— Quand tu dis ça comme ça, ça a l'air simple.

— C'est simple. Tout n'est pas toujours compliqué. Sors avec moi.

Une seconde à peine. Puis :

— D'accord. Oui. Avec plaisir. Je... peux t'embrasser encore une fois ?

Draco a l'impression de pouvoir se mettre à voler. Si quelqu'un le voit avec une expression aussi niaise, il sera obligé de s'en débarrasser.

— Ça dépend, sourit-il. Tu veux toujours aller chercher tes deux énormes sacs de bonbons ? 

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