_.Chapitre 82._

|Point de vue de Grant|

Je fais les 100 pas devant le bureau de la directrice, elle s'est enfermé avec ce patrouilleur et depuis qu'il est arrivé et le soleil s'est déjà couché depuis déjà deux bonnes heures.

J'ai prévenu Ethan de se méfier, d'être sur ses gardes et je n'ai pas osé lui demander de me passer Avery, premièrement parce que le moins de temps nous nous contactons le plus c'est sûr et de plus je n'avais pas vraiment le cœur à attendre sa voix.

C'est un peu lâche je l'avoue mais ça me permet de ne pas trop me fixer sur elle et d'oublier que les chances de la revoir de sitôt se réduisent au fur et à mesure des secondes qui s'écoulent.

Alors que la porte du bureau du mal en personne s'ouvre enfin, mon portable se met à sonner.

Je jure entre mes dents et le sors rapidement de ma poche pour aller dans un coin plus discret.

Je m'apprête à raccrocher mais en voyant que c'est le numéro du téléphone que j'ai donné à Ethan je réponds, comprenant qu'il ne prendrait pas contact avec moi pour me parler de ses doigts de pieds.

Quand la voix me parvient à l'oreille, je frémis et déglutis, ne m'étant pas préparer à cela.

C'est Avery, elle me parle, elle est paniquée et cela ne fait qu'augmenter mon malaise.

J'aimerais juste être au près d'elle pour la rassurer mais ce n'est pas possible et je ne pensais pas un jour pouvoir être aussi dépendant de quelqu'un.

Je me racle la gorge alors qu'elle répète mon prénom à plusieurs reprises.

— Oui je suis là Avery, lui dis-je.

— Ecoute, fait vraiment attention à toi, commence-t-elle alors que des cris attirent mon attention.

Je reviens sur mes pas pour retourner vers le bureau de la directrice et je me fige en apercevant la scène qui se déroule devant mes yeux.

Le patrouilleur est à genoux devant la directrice et la supplie de lui laisser la vie sauve.

La directrice a une arme pointée sur le front de celui-ci mais il est beaucoup trop pétrifié pour faire quoi que ce soit.

Je retiens mon souffle alors qu'Avery m'explique que la directrice n'est pas aussi bête que ça.

Quand elle appuie sur la gâchette, le bruit retentit dans tout le couloir, même Avery se tait puis commence à me crier dessus pour s'assurer que je vais bien.

Pour ma part, je fixe le corps allongé par terre et la directrice qui range son arme sous sa veste comme si c'était un geste quotidien.

Son visage est hautain, à la limite de l'excessif.

Je tourne le dos pour essayer de m'éloigner, j'ai l'impression de revivre la scène avec Ethan mais du point de vue de Jessica.

Je suis beaucoup trop sonné pour répondre aux nombreuses questions d'Avery mais je finis par retrouver mon calme pour la rassurer.

— Je... Je vais bien ne t'en fais pas, la rassurais-je en passant nerveusement une main dans mes cheveux.

— Mais c'était quoi alors ? Me demande-t-elle impuissante.

Je m'apprête à lui répondre quand le bruit d'une arme qu'on recharge résonne derrière-moi.

Je tourne doucement ma tête pour voir la directrice qui me regarde narquoisement, elle penche sa tête sur le côté et arque un sourcil en me faisant signe de lui donner mon téléphone.

Je lui tends doucement ce que j'ai dans la main et lorsqu'elle l'attrape enfin, elle le balance contre le sol et tire une balle dedans.

Je sursaute, ne m'attendant pas à cela et avant que j'aie le temps de faire ou dire quoi que ce soit, son arme est à nouveau en joue dans ma direction.

— On a quelques trucs à se dire, je pense, me dit-elle en souriant.

Je hoche doucement la tête en maudissant ma naïveté.

|Point de vue d'Avery|

Je laisse le téléphone collé contre mon oreille, le bruit d'un tir résonne dans mes oreilles encore et encore et je ne sais pas quoi faire.

Que vient-il de se passer ?

Je regarde autour de moi pour essayer de me repérer mais c'est comme si soudainement tout était identique, j'ai l'impression d'être complètement perdue.

Je commence à respirer de façon irrégulière alors que la voix de Grant se répète dans ma tête.

Mon cœur se serre en imaginant qu'il vient de se prendre une balle.

Mes jambes me lâchent et je perds tout contrôle, laissant mon corps s'effondrer sur le sol, ignorant la douleur que fait ma tête en rencontrant la terre humide et les branches.

— Avery ? M'appelle une personne.

Je ne pleure pas, j'en ai envie mais je n'arrive pas, j'ai juste l'impression d'être si vider de mes émotions que tirer sur quelqu'un ne me ferait plus rien.

Je suis insensible, je suis juste redevenue celle que j'étais avant, insensible, solitaire et sans sentiments.

Quelqu'un me relève et quand je croise le regard de Ginny, je me retiens de la pousser.

Je ne l'ai jamais aimé non plus, je n'ai aimé personne à part lui et il faut qu'on me l'enlève, c'est tout simplement injuste.

Sa voix me hante et j'aimerai devenir sourde, me percer les tympans pour arrêter d'entendre sa voix grave mais si douce pour mon cœur.

J'ai l'impression de me prendre des coups de couteau dès que mon esprit se met à penser à lui.

Son visage, ses yeux, son sourire et cette personnalité si énigmatique que j'aurais dû m'en douter que cela allait devenir une obsession.

— Il est mort je crois, déclarais-je.

— Ne dis pas de bêtises, juste dis-moi ce qu'il vient de se passer, m'encourage-t-elle en passant un bras sur ses épaules.

Je déglutis et prends une grande inspiration.

— Ils ont tiré plusieurs fois, puis plus rien, lui dis-je un peu confuse dans mes souvenirs.

— Mais cela ne veut rien dire, il est sûrement en vie, me rassure-t-elle.

De la pitié, de la putain de pitié.

Je lâche un rire, un rire amer qui me brûle la gorge et me donne envie de m'arracher ce cœur qui me pourrit de l'intérieur, qui fait de moi cette personne émotive et finalement les émotions, c'est une perte de temps, ça n'a aucune utilité à part te faire souffrir, te rendre la monnaie de ta pièce.

Je fais le vide intérieur alors que Ginny me scrute comme un animal de foire.

Je tourne ma tête d'un geste presque robotique et plonge mon regard dans le sien, j'adopte l'expression la plus neutre possible et lui réponds calmement :

— Mais je m'en fous en fait.

Ses yeux deviennent presque rond tant la surprise la claque.

Elle ouvre sa bouche pour me répondre mais je la quitte pour m'enfoncer dans les bois, tout devient plus clair.

Je sais exactement où je vais, et si c'est la seule solution pour oublier ce qu'il vient d'arriver alors je le ferais.

Si j'avais l'intention de mentir à tout le monde, alors autant mentir à moi-même, je n'ai pas envie de vivre dans le passé à cause d'un sentiment qui m'a peut-être rendu la vie plus belle quelques instants mais je ne suis pas si forte que cela pour rester la tête haute et affronter mes démons intérieurs.

Il appartient au passé, j'ai besoin du futur pour m'aider à surmonter le présent, je vais juste marcher sans me retourner, si j'arrive à convaincre mon entourage que je vais bien, je vais sûrement y arriver et ce mensonge deviendra réalité.

Ginny me rattrape et sa pitié dans son regard ne fait que renforcer ma détermination.

— Ecoute, Grant était ce que je qualifierai comme un amour de vacances, ce n'était pas la réalité, lui dis-je en souriant alors que je lutte pour éviter ses larmes traitresses de tomber.

Je ne peux plus faire marche arrière.

Quand je rejoins enfin suivie de ma camarade la cabane du chasseur, Ethan est là, il fait les 100 pas et quand il nous voit arriver, il se précipite sur nous.

— Qu'est ce qui t'as pris, que s'est-il passé ? Me demande-t-il.

Je hausse les épaules.

— J'ai voulu prévenir Grant de faire attention à la directrice, en tant qu'équipe on doit se serrer les coudes mais apparemment il n'a pas été aussi attentif qu'il aurait du l'être, lui annonçais-je avant de faire volte-face pour me diriger vers ma tente où Rachel est en train de dormir.

J'entends Ethan posait des questions à propos de mon comportement à Ginny mais je préfère les ignorer, plus j'y crois, plus rapidement cela sera réel.

Je suis désolée de ne pas avoir poster avant, le rythme des Terminales n'est pas du tout comme avant et j'ai un peu de mal à m'organiser mais je compte bien finir cette histoire, le prochain chapitre sera à la fin de la semaine et je vais essayer de respecter ce que je dis♥