|-Chapitre 77-|
_.Chapitre 77._
J'ai complètement perdu la notion du temps et je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est mais lorsqu' Ethan et Jessica reviennent, je vois le soleil qui commence progressivement à se lever.
Je me relève alors qu'ils arrivent à ma hauteur.
— On a retrouvé le chasseur, il nous attend ce soir, m'informe Ethan en jetant des regards autour de lui.
Je hoche la tête soulagée d'entendre une bonne nouvelle.
Je pose mon regard sur Grant qui dort paisiblement sur l'herbe et je m'en veux qu'il soit là.
Il pourrait profiter de son lit mais non il vient dormir ici, je ne sais pas si c'est parce que je lui ai dit qu'on risquait de ne pas se voir avant longtemps, je ne sais pas.
Ses cheveux noirs tombent sur son front soulignant la beauté de ses longs cils.
Son nez droit ne fait qu'embellir ses belles lèvres dont j'ai tant rêvé.
C'est grâce à ce visage, à cette personne que j'ai réussi à ne pas craquer alors que j'étais enfermée.
Dire que l'école ne m'a pas changé est un euphémisme, je suis tout le temps aux aguets, avoir été enfermé dans une cellule pendant des semaines à considérablement réduit mes forces et ce n'est pas les maigres repas que nous offrent le cuisinier qui va me permettre de me remettre sur pied.
J'essaye de passer une main dans mes cheveux sales et emmêlés mais je m'arrête dans mon élan, je me sens sale et j'aimerai juste rentrer chez moi.
Je n'arrive pas à croire que tout part d'une seule et même personne.
Je m'assois à côté de Grant et pose sa tête sur mes jambes tout en jouant avec une mèche de ses cheveux.
Je ne sais pas ce que je préfère, dormir dehors comme une malpropre sans réellement pouvoir se reposer ou être enfermer dans une cellule et considérer comme étant morte.
De nombreuses fois j'ai eu envie de craquer, de pleurer toutes les larmes de mon corps, de rêver de sauter d'une falaise pour disparaitre pour toujours.
J'arrête de jouer avec les cheveux de Grant pour fixer mes doigts abimés, noir de crasse puis les enlève.
Je ne veux pas salir sa belle chevelure.
J'ai toujours vécu dans la richesse, même si je ne le voyais pas directement, c'était évident comparé à mes amis.
Mais je n'ai jamais pris la peine d'en profiter et me voilà au bas de l'échelle, je n'ai même pas le luxe de pouvoir me laver et d'avoir un repas digne de ce nom, j'ai juste le droit de respirer et de profiter de la nature qui m'entoure en m'accrochant au peu d'espoir qu'il me reste.
Même avec Grant à mes côtés je me sens seule, j'ai l'impression qu'un mur nous sépare du reste du monde.
Que même si il est allongé à côté de moi, il appartient au monde réel, à ce monde où il travaille en tant que surveillant.
Alors que moi je suis sûrement déjà morte aux yeux du monde comme tout ceux qui était enfermé dans la grange.
Ethan s'assoit à côté de moi et regarde son meilleur ami dormir.
Je le regarde et je réalise que je ne suis pas la plus à plaindre.
Il a traversé beaucoup plus de choses que nous tous réunis et je me plains pour des futilités.
— Oh non, ne me regarde pas comme ça, me prévient-t-il.
— Comment ?
— Avec de la pitié, je déteste ça, m'avertit-il.
— Comment tu as fait pour tenir bon malgré tout ? Lui demandais-je.
— J'avais l'espoir de revoir ceux que j'aimais c'est tout, c'est minable mais ça a l'air d'avoir fonctionné ! Me répond-il en souriant.
Je relève discrètement mes yeux pour Jessica qui nous regarde sans rien dire quelques mètres plus loin.
— Tu penses qu'on va devoir faire profil bas jusqu'au restant de nos jours ? Le questionnais-je.
— Je pense qu'il faudra frapper fort, un grand coup pour démonter cette putain de directrice à la con, me répond-il en levant ses yeux vers le ciel.
— Tu penses vraiment que nous, de pauvres élèves allons pouvoir démonter la directrice ! Me moquais-je.
Il hausse les épaules.
— En fait ce qui m'a permis de tenir c'était juste l'espoir de pouvoir lui faire payer, c'est triste mais la seule raison que j'ai trouvé pour me battre et survivre c'est la vengeance, m'avoue-t-il en ignorant ma question.
Je lui fais un sourire et il me le rend d'un air complice.
— Je vois exactement ce que tu veux dire, riais-je.
Son regard dévie sur Jessica.
— Ca s'est bien passé avec elle ? Murmurais-je.
— Elle est aussi douce qu'une ortie, me répond Ethan avec un faible sourire aux lèvres.
Je vois les patrouilleurs remués dans tous les sens et je les désigne d'un geste avec ma tête à Ethan.
Il se relève et retrousse ses manches en s'approchant d'eux.
Ils se stoppent et le regardent pétrifiés.
Ethan prend l'un d'eux par le col et le relève avant de planter son regard dans le sien.
La carrure imposante d'Ethan lui permet d'intimider les trois patrouilleurs sans aucun problème.
En fait, Ethan et Grant sont des copies conformes à quelques exceptions près.
Les cheveux cendrés d'Ethan lui donnent un côté surfeur alors que les couleurs sombres des yeux de Grant le rende plus hostile, mais pourtant le fait qu'ils soient meilleurs amis, pour moi, semble tout à fait logique.
J'aurais vraiment aimé rencontrer ses deux amis dans un autre contexte.
Mais en réalité j'avais très peu de chance de les rencontrer, Grant m'a dit lors d'une de nos conversations qu'il venait du Texas, jamais je n'aurais eu l'idée d'aller là bas.
Contrairement aux idées reçus, malgré les fortunes que certains amassent, nous n'avons pas de vacances en famille à l'étranger.
Le problème des familles riches c'est tout simplement l'argent, c'est devenu tellement essentiel qu'au final ça devient le centre d'attention et tout le reste s'évapore.
A part mes vacances chez mes grands-parents quand ils étaient encore en vie, je n'ai jamais passé de temps en dehors de la maison avec mes parents.
Ma mère n'est pas souvent là et mon père essaye tant bien que mal de passer autant de temps à la maison qu'au travail.
Même si nous ne montrions pas notre argent, il était présent dans chacune de mes pensées.
Je ne vais pas me plaindre d'avoir de l'argent mais c'est la seule chose que le conseil chérie plus que tout au monde.
Il nous promet un monde parfait, sans guerre, sans famine mais en réalité tout est faux.
Tout le monde se fait violence pour avoir le plus d'argent, je me rappelle des phrases qu'ils nous faisaient apprendre par cœur à l'école quand nous étions petits.
Petit et donc manipulable.
« Le bonheur n'est fondé que sur deux principes : L'activité et La réussite »
Au début je n'avais pas réellement compris ce que voulait dire cette phrase, j'avais l'impression qu'elle vendait du rêve mais c'est quand j'ai vu ma mère que j'ai compris la triste réalité.
L'activité signifie le travail, et la réussite c'est l'argent, pour eux le seul moyen pour être heureux c'est de vivre pour travailler et gagner.
Même si ceux qui ont plus d'argent ne sont pas séparés des autres cela ne m'a pas empêché de voir ce fossé, cette séparation.
Nous commençons tous l'école à 7 ans et nous arrêtons à 17 ans, pour eux 10 d'apprentissage est suffisant.
Personne ne sait réellement ce qui arrive à la « basse classe sociale » en fait, puisque les « riches » se mettent à travailler pour être heureux comme ils le disent si bien et oublie tout le reste.
En plus de pouvoir trouver les nouveaux membres du conseil, le Wesley Game est un bon moyen d'affirmer de manière indirect que même si les plus fortunés partagent leur ville avec les autres, ils seront toujours différents.
Et malheureusement je vis dans ce monde n'est là que pour renforcer l'inégalité et d'appuyer sur les faiblesses de notre société.
Je suis de retour, je suis désolée si le chapitre est petit mais j'avais envie de me pencher un peu plus sur le côté de la société dans laquelle il vit pour une fois
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