|-Chapitre 62-|

_.Chapitre 62._

|Point de vue d'Avery|

Les semaines sont passées et les élèves baissent les bras un par un.

Personne n'a osé défier à nouveau le couvre-feu et de mon côté je préfère fumer à ma fenêtre que de devoir courir puis la seule chose qui me revient en mémoire c'est ce baiser.

Il me hante plus que me ravi et je n'ai pas réussi à parler à Grant.

C'est tellement frustrant, je nous revois en train d'admettre l'inadmissible, en j'aurai du me jeter sur ses lèvres pour le faire taire au lieu de le laisser déblatérer toutes ses idioties.

Dans une semaine c'est Noël et je crois que c'est la première fois que je ne saute pas de joie à cette idée.

Je ne sais pas comment va se dérouler ce moment qui est censé être familiale, à l'école, parce que oui, il n'y a aucun doute, ils ne vont pas nous laisser partager ce moment avec notre famille.

Est-ce qu'il y aura un sapin ?

Je rêvasse et dessine sur le coin d'une feuille alors que notre professeur de je ne sais quel matière fait des grands gestes théâtraux pour rendre plus vivant son cours. C'est probablement le prof de d'art.

Je jette un coup d'œil à ma droite pour voir Phil et Dustin qui discutent entre eux, je regarde les rangs devant moi pour voir Peter qui joue avec un couteau suisse.

Quand il remarque que je suis en train de le regarder, il me fait un sourire en coin, je me surprends à penser qu'il est peut être gentil malgré tout, mais cette pensée s'évanouit lorsqu'il fait glisser son pouce en travers de son cou en signe de mort.

Message reçu.

Je lève les yeux au ciel et lui fais un magnifique doigt d'honneur avant de détourner le regard.

C'est un con.

Je me demande ce que fait Kris, mon meilleur ami.

Je l'envie tellement d'être à la maison, de ne pas avoir à supporter le genre de personne comme Peter ou encore la directrice.

D'ailleurs celle-ci n'a pas été trop exécrable ces dernières semaines, elle agit toujours comme une dictatrice mais aucun plan tordu n'a été mis en place pour le moment.

Le prof qui frappe sa règle contre son bureau en bois me fait sursauter et je me redresse sur ma chaise.

Déjà que je n'aimais pas l'école en général, je déteste encore plus la Wesley School.

Quand la sonnerie de fin du cours retentit, je ne perds pas de temps et fourre mes affaires dans mon sac puis quitte la salle le plus rapidement possible.

C'est l'heure du déjeuner et mon estomac danse la java rien qu'en y pensant.

Espérons que ce ne soit pas un jardinier décapité qui soit servi.

— Attend-nous ! S'exclame une voix derrière-moi.

Je ralentis en sachant très bien qui est-ce.

Quand Phil et Dustin arrivent à ma hauteur, nous nous dépêchons d'aller au réfectoire.

Alors que je m'apprête à rentrer à l'intérieur, quelqu'un m'attrape le bras.

Les garçons n'ont pas vu que je me suis arrêtée et je les vois chercher une table.

Je tourne ma tête vers la personne qui tient mon bras et me fige.

Encore elle ?

Je crois que c'est la 3ème fois depuis le début de la semaine, sans compter ceux des semaines précédentes.

Elle est agitée et me dévisage d'un air supérieur.

Mais je me dois de rester calme, ce n'est pas mon amie mais la nièce de la directrice.

— Où tu vas comme ça ? Me demande-t-elle d'une voix aigue.

Je serre la mâchoire et masque une grimace pointe le bout de son nez.

— Je vais manger, lui dis-je en jetant un coup d'œil vers le réfectoire.

Elle hoche la tête.

— Plus maintenant, je dois te parler de quelque chose ! S'exclame-t-elle.

— Encore ? Comme hier et avant-hier et tous les autres semaines ? Pourquoi ne pas aller droit au but ? Lui dis-je agacée de son petit manège.

Hier, elle m'a parlé du taux de suicide dans les dortoirs, je crois que c'était un message pour me dire de me pendre, agréable, c'est sympa.

Avant-hier, elle m'a raconté l'histoire d'un meurtre accidentel à cause d'une gâchette trop sensible, j'ai compris le message.

Elle veut ma mort.

Elle tire sur ses vêtements et prend son air le plus sévère.

— Si tu insistes ! Grant m'a plaqué, je veux savoir pourquoi ? S'énerve-t-elle.

Je réprime un rire.

— Est-ce que j'ai une tête à être sa psychologue ? Lui dis-je.

— C'est pour toi c'est ça ? Vous êtes en couple, hein ? Me demande-t-elle en m'empoignant plus fermement le bras.

— Non, n'importe quoi ! Et puis je ne crois pas qu'une relation entre un élève et un membre de l'école soit tolérée ! Lui dis-je en faisant référence à sa relation avec Peter.

Ses ongles se plantent dans mon bras et j'essaye de le retirer.

— Tu ne vas pas t'en sortir comme ça ! Dis-moi la vérité, s'énerve-t-elle.

— Un problème ? Demande une voix derrière.

Elle me dit quelque chose mais je ne suis pas sûre.

— Jessica pas maintenant ! S'écrie Caillie.

Jessica ?

Ah oui je m'en rappelle, c'est celle qui s'était occupée du groupe des filles quand on a une notre « sortie » en forêt pour « chasser ».

Elle fait partie du Staff aussi.

— Caillie, lâche là, lui ordonne Jessica.

Elle soupire et me relâche.

Je me tourne vers Jessica et la remercie.

Elle me sourit et pose sa main sur mon épaule pendant que Caillie repart en m'insultant.

— Elle te voulait quoi ?

Je secoue la tête et lui réponds :

— Je pense qu'elle se remet mal de sa rupture avec Grant, lui dis-je.

C'est un peu étrange de parler de ça avec une surveillante, j'ai envie de dire.

Elle hoche la tête et alors que je m'apprête à partir, elle me retient.

— Tu es Avery c'est ça ? Me demande-t-elle.

J'acquiesce.

— Bon, bonne appétit, me dit-elle avant de me laisser.

Bon j'espère au moins avoir la paix et que Caillie ne viendra plus me piquer sa crise de cœur brisé.

Je vois que les places à côtés de mes deux amis sont déjà prises, je m'assois donc seule une autre table et ce n'est pas plus mal. Au moins je n'aurai pas à m'obliger à parler alors que l'envie n'y est pas.

Tout le monde parle mais j'ai l'impression que dès que j'entre dans celle salle je ne pense qu'à Grant, en réalité je pense à lui tout le temps.

Le fait qu'il ne m'ait pas dit la vérité ne me blesse pas tant que ça mais cela m'inquiète plus qu'autre chose.

Il me cache quelque chose et j'ai l'impression que c'est cela qui le torture plus qu'autre chose.

Phil m'a dit que son meilleur ami allait le tuer ?

C'est déjà très inquiétant.

Tous les jours je le regardais, et chaque fois j'avais envie de le serrer dans mes bras et le rassurer, il cache bien son jeu mais cela ne marchera pas avec moi.

Le fait qu'il obnubile mes pensées ne laisse aucun doute de mon côté, je m'attache à lui chaque un peu plus, il est ancré sous ma peau et je ne peux plus le nier.

J'ai loupé le discours de la directrice et je pense que je devrais arriver plus souvent en retard mais c'est aussi le seul moment où je peux voir Grant.

Il m'évite comme la peste et je suis blessée parce que mon côté égoïste ne peut pas supporter une chose pareil, nous étions sur la même longueur d'onde et à cause d'un secret il ne veut plus m'approcher, il veut peut être me protéger mais ce n'est pas en me repoussant sans arrêt qu'il parviendra à le faire.

— Il parait que Grant et Caillie ne sont plus en couple, annonce une fille à côté de moi.

Je pensais que ce genre de fille, commère, avait été emmené avec les patrouilleurs l'autre soir mais en fait il y en aura toujours.

J'écoute discrètement leur conversation pour m'occuper et me moquer d'elle aussi.

— Ah bon ! Ils étaient en couple, s'exclame une autre surprise.

— Oui, mais bon on est toute d'accord, ils n'allaient pas ensemble, ricane la première.

Elles hochent toutes la tête en lâchant le rire d'hyène.

— Vous pensez quoi de moi avec lui ? Rêvasse l'une.

— On m'a dit qu'il l'avait quitté pour une autre, ajoute une fille.

Tout le monde se tourne vers elle.

— Tu sais qui c'est ? Demande-t-elles en chœur.

— C'était qui déjà la fille qui était proche de lui au début de l'année ? Elle doit forcément le savoir, propose l'une d'elles.

Un silence s'installe quand elle remarque que je suis à côté d'elle et j'entends des « je crois que c'est elle », « vas-y demande-lui », « non vas-y toi ».

Tellement puéril mais je continue de manger en fixant un point devant moi sans leur laisser comprendre que je les écoute depuis tout à l'heure.

— Excuse-moi, demande celle qui a lancé la discussion.

Je tourne la tête lentement vers celle-ci.

— C'est bien toi Avery ? S'assure-t-elle.

Je hoche la tête.

— Les filles et moi on se demandait si tu avais des infos croustillantes à propos de Grant, j'ai une amie qui a des vues sur lui en fait, me dit-elle.

« Les filles et moi », j'ai envie de vomir.

— Je ne pense pas que des relations entre un surveillant et une élève soient tolérées, lui dis-je.

Elle se retient de m'insulter, je le vois dans ses yeux.

— Peut être mais je ne pense pas qu'a cause du métier qu'il exerce deux âmes sœurs soient obligées de se repousser, me répond-elle.

Pour je ne sais quelle raison, sa réponse a un impact mais je chasse rapidement ce qui fusent dans ma tête.

— Je sais qu'il est célibataire maintenant mais je ne sais pas s'il a quelqu'un en vue par contre, lui dis-je ce qui est la vérité.

Peut être que nous avons eu cette discussion étrange il y a quelques semaines mais le fait qu'il m'évite me laisse penser qu'il a sûrement changé d'avis.

Comprenant que je n'ai rien d'intéressant à lui dire, elle se tourne vers ses amies et continue de discuter.

De mon côté, je profite du peu de temps qu'il me reste pour aller chercher Grant, en espérant le trouver.

Je traverse les couloirs à grande enjambée, tourne ma tête dans tous les sens pour le trouver.

Je toque à la porte de sa chambre mais je n'ai aucune réponse de sa part.

Je m'apprête à aller au niveau de la cabane dehors mais la sonnerie de la reprise de cours me freine dans mon élan.

Je décide de reprendre ma rechercher plus tard.

Mais vers 23 heures, j'abandonne et retourne dans ma chambre, n'ayant trouvé aucune trace de Grant.

Je décide tout de même d'aller me fumer une clope pour me récompenser de l'effort que j'ai fait et pour atténuer cette frustration qui me comprime le cerveau.

Je sors une de mon paquet et me dirige vers ma chambre en jouant avec ma cigarette entre mes doigts.

Alors que je passe devant la cuisine, j'entends une casserole tomber au sol.

Je m'arrête et curieuse comme je suis, je décide d'aller voir ce que s'est.

J'ouvre la porte qui est censé être fermée et marche à pas de loup dans la cuisine mais mon envie d'être discrète s'évanouie quand je crie :

— Y'a quelqu'un ?

Je tourne ma tête pour voir si j'aperçois quelque chose puis je remarque la casserole au sol.

Je la ramasse et la range à sa place, du coin de l'œil j'aperçois une silhouette en mouvement.

Je me tourne pour voir une personne qui se dirige droit vers la porte pour sortir.

— Stop ! Dis-je.

La personne tourne sa tête brièvement et je reconnais ce visage, cette bouche parfaitement rosée.

— Grant ? Demandais-je.

Les battements de mon cœur s'accélère, il ne me répond pas et tente un mouvement pour sortir de la pièce mais j'attrape la casserole que j'ai rangée pour lui lancer dessus.

— Aïe ! S'exclame-t-il en se frottant la tête.

J'ai bien visé au moins.

Je m'approche mais il reprend rapidement ses esprits.

— Laisse-moi tranquille, me dit-il.

— Vraiment ? Ca fait des semaines que tu m'évites et tu crois que je vais te laisser filer comme ça ? M'exclamais-je.

— S'il te plait, juste restons professionnel, me dit-il.

Je déglutis, il se moque de moi c'est ça ?

— Bien, restons professionnel, répétais-je en lui lançant un regard noir.

— Va te coucher, tu ne devrais pas être ici, me dit-il.

Je le fixe.

— Je ne pense pas que ce soit professionnel et puisque tu veux jouer à ce jeu là, je pense que ce n'est pas approprié d'aller dans la cuisine. En plus c'est censé être fermé, tu es donc rentré par effraction, lui dis-je.

— Je voulais juste un briquet, le mien ne marche plus, me répond-il.

— En plus vous fumez en plus, la directrice ne va pas être très contente d'apprendre cela alors, le narguais-je.

Il baisse son regard.

— T'es pas mieux que moi, me dit-il en désignant la clope entre mes doigts.

— Restons professionnel, lui rappelais-je en arquant un sourcil d'un air provocateur.

— C'est ridicule, soupire-t-il.

— Je me rappelle d'une personne ridicule, elle me repoussait et agissait comme un ado au lieu de m'expliquer la vraie raison, à croire que le ridicule fait partie de ma vie, lui dis-je.

— Ecoute, c'est mieux pour nous deux, m'explique-t-il.

Je lève les yeux au ciel.

— Ne soyons pas si familiers, je ne pense pas que vous soyez autorisé à me parler de la sorte, l'énervais-je.

Il serre sa mâchoire et je sens mon cœur battre plus fort, cogner contre ma cage thoracique pour s'échapper.

— Avery, arrête c'est pas drôle. Je suis sérieux, me dit-il.

— Je le suis aussi monsieur, lui répondais-je avec un visage neutre.

— Arrête de faire l'enfant, c'était une erreur de t'avoir dit des choses que je ne pensais pas, m'explique-t-il.

Je déglutis et fais un pas vers lui.

— Je te croirai quand tu seras sincère avec moi, déclarais-je.

Il passe une main dans ses cheveux et mon estomac se tord.

— Mais je le suis, me répond-il.

Je secoue la tête négativement.

— Pourquoi tu ne m'as pas dit la vérité à propos de ton meilleur ami ? Il ne t'a pas sauvé la vie, tu l'as tué, lui dis-je.

Son regard se noircit.

— Avery va t'en !

— Non, je veux la vérité, m'énervais-je.

— Je ne veux pas, je ne peux pas, tu ne me verras plus de la même manière, je veux que tu arrêtes de me parler, que tu m'oublies, me dit-il en reculant.

Je lui attrape le bras.

— Non, je veux savoir, tu dis n'importe quoi ! M'exclamais-je.

— Mais pourquoi c'est si important que ça ! Me crie-t-il.

— Parce que je veux t'aider, lui avouais-je.

Il me fixe quelques instants.

— Je n'ai pas besoin d'aide, me dit-il.

Il retire son bras de mon emprise et me tourne le dos.

— Mais j'ai besoin de toi, murmurais-je.

Il s'arrête quelques secondes, les battements de mon cœur résonnant dans mes oreilles.

Puis il pousse la porte et sort de la salle, me laissant seule.

[J'ai une idée géniale pour leur Noël :)]

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