|-Chapitre 60-|

_.Chapitre 60._

Je souffle un nuage de nicotine en regardant l'étendu de gazon parfaitement tondu sous mes yeux.

Je suis assise sur le rebord de la fenêtre et je regarde le vent faire valser les arbres.

J'apporte ma clope à mes lèvres pour emplir le plus possible mes poumons de ce poison.

Le vent fait danser mes cheveux alors que mon cerveau bout alors que la discussion avec Grant repasse en boucle dans ma tête me torturant plus qu'autre chose.

Je peux comprendre qu'il ait peur ou que la cicatrice de son incident avec son meilleur ami soit encore fraîche mais je ne peux pas le laisser comme ça.

Le problème est qu'il n'a pas l'intention de me laisser l'aider.

Je commence à comprendre la personne qu'il est et plus je m'approche de la vérité, plus il me repousse.

J'écrase ma cigarette sur le rebord de la fenêtre et me penche par terre pour attraper une autre dans mon paquet qui gise au sol.

Je la coince dans ma bouche et approche la flamme de mon zippo pour brûler le rouleau de nicotine.

Je prends une grande inspiration et recrache la fumée.

J'arrive mieux à le cerner mais la seule chose que je perçois le plus c'est sa souffrance et en dépit de mon attachement pour lui, il ne mérite pas de souffrir autant.

Je prends une taffe de ma clope et laisse s'échapper mes malheurs.

J'ai envie de parler à mon meilleur ami, d'entendre la voix de mon père qui me rassure mais ce n'est plus possible, je n'ai plus de téléphone et je doute que je puisse le revoir un jour ou l'autre.

Soudainement, quelqu'un toque à la porte de ma chambre.

Je m'étouffe avec ma cigarette et l'écrase avant d'attraper tous les mégots et les fourrer dans ma poche.

Je cours dans la salle de bain et attrape mon déodorant et du dentifrice.

J'imprègne la pièce de déodorant et avale un bout de dentifrice non sans grimacer.

J'essaye de faire sortir au plus vite l'odeur dehors par la fenêtre, je me mets du parfum et me précipite vers la porte avant que la personne ne fasse demi-tour.

Quand j'ouvre la porte, je lâche un soupir de soulagement.

C'est seulement Phil.

Je le laisse entrer.

— Je ne ferai aucun commentaire sur l'odeur, me dit-il en se pinçant le nez.

Je lève les yeux au ciel et m'affale sur mon lit.

Je suis tentée de m'allumer une autre cigarette mais si je continue comme ça, je vais soit mourir dans les deux jours qui suivent ou alors je n'en aurai plus assez pour finir l'année.

— C'est un mélange de déodorant pour femme, de clope et d'herbe, me dit-il.

Je lui lance un regard de travers.

— T'avais dit que tu ne ferais pas de commentaire, lui rappelais-je.

— Plus fort que moi, me répond-il en levant les mains en signe de paix.

Je secoue ma tête et lui fais signe de s'assoir sur le lit à côté du mien.

— Je suis venu te voir parce que j'ai vu que tu n'étais pas dans ton état normal l'après-midi, me dit-il.

Je soupire.

— Je suis un peu frustrée de ne plus avoir mon téléphone, j'ai vraiment l'impression d'être coupée du monde maintenant, lui avouais-je alors que la vraie raison est totalement différente.

— Tu sais très bien que tu ne me feras pas avaler ça, rit-il.

— C'est juste que ton frère me perd un peu mais rien de grave, lui confiais-je.

— Si tu savais, il est plus lunatique que n'importe qui sur cette planète, ricane-t-il.

Je prends une grande inspiration avant de lui demander :

— Est-ce qu'il t'a parlé de ce qu'il s'est passé avec son meilleur ami.

Il tourne sa tête vers moi, surpris.

— Il t'en a parlé ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête.

— Il s'en veut pour sa mort, mais même s'il ne veut pas le croire il ne pouvait rien faire pour lui. Son meilleur ami allait le tuer s'il ne faisait rien, me dit-il.

Je fronce les sourcils.

Est-ce que j'ai bien entendu ?

— Quoi ! M'exclamais-je.

— Il allait le tuer, le jeu l'a rendu fou et tout ce qui l'intéressait était la victoire, il allait tuer son meilleur ami pour être sur le podium. Grant n'a fait que se défendre, m'explique-t-il.

Je déglutis, ce n'est pas du tout ce qu'il m'a dit.

— Mais il m'a dit que son meilleur ami lui avait sauvé la vie, dis-je perdue.

Phil lâche un rire ironique.

— Aux dernières nouvelles, je ne pense pas que ce soit la vérité. Il t'a raconté ça ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête.

— C'est quoi la vraie version ? Lui demandais-je.

— Il ne nous a pas vraiment raconté la totalité de ce qu'il s'était passé mais ce que je sais c'est que son meilleur ami lui a pointé un pistolet entre les deux yeux et que Grant lui a tiré dessus pour se défendre dans un moment d'inattention, m'explique Phil.

J'écoute, abasourdie par ce qu'il me raconte.

Cela n'a rien à voir avec la version qu'il m'a donné.

Il avait l'air si sincère pourtant.

En réalité, la vérité est beaucoup plus complexe que je ne le pensais.

La fin de la soirée se passe sans encombre, je discute avec Phil et il finit par partir pour me laisser seule, face à des questions qui me torturent l'esprit.

Le lendemain, lorsque je me réveille, je comprends pourquoi Phil a dit que ma chambre empestée.

J'ouvre ma fenêtre et prends une douche puis enfile des vêtements confortables.

J'ai envie de m'assommer rien qu'en me rappelant que nous allons encore devoir écouter un des discours de la directrice.

Je me rends malgré tout dans le réfectoire pour manger et rassasier mon estomac.

J'aperçois Grant et je n'arrive pas à la regarder comme avant, tout ce que je vois c'est son visage crispé par la douleur et un être brisé qui cache sa souffrance avec une attitude froide.

Je déteste que l'on ait pitié de moi mais je n'arrive pas à faire autrement pour Grant.

Il me parait si vulnérable maintenant et je suis tellement attachée à lui que plus il souffre plus cela m'importe et me touche.

Après le petit déjeuner, nous décidons d'aller nous assoir dans l'énorme jardin de l'école pour profiter du beau temps.

Nous trouvons un point en hauteur où nous pouvons voir pratiquement tout le terrain de l'école, où nous pouvons épier tous les faits et gestes des personnes.

— J'ai toujours l'espoir qu'il nous laisse partir pour Noël, nous confie Dustin.

— L'espoir fait vivre, comme on dit, lui répondais-je.

Je n'arrive pas à être totalement impliquée dans la conversation, Grant est toujours dans le top 3 de mes préoccupations et maintenant que je comprends un peu mieux son attitude j'ai dû mal à le laisser.

Ma vision a son égard à énormément changé.

Mon regard se pose sur lui, il est derrière l'école et il porte une caisse pour la déposer dans la cour arrière.

Il décharge un camion et j'ai envie de descendre pour le prendre dans mes bras, je n'arrive juste pas à supporter le fait qu'il soit aussi malheureux.

Je pensais qu'il n'était qu'un idiot prétentieux, égoïste et insociable mais tout cela a changé.

S'il pense que je vais le laisser ainsi, il se fourre le doigt dans l'œil et bien profondément, j'en donne ma parole.

Prochain chapitre : Le week-end prochain ♥

Chapitre pourritos ♥

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