|-Chapitre 59-|
_.Chapitre 59._
Je plonge mon regard dans le sien et m'éloigne un peu de lui.
— Mais je ne comprends pas, soupirais-je en détournant le regard.
Il me regarde, sûrement fatigué que je remette tout en question.
— Tu ne comprends pas quoi ? Me demande-t-il.
— Il y a à peine quelques semaines tu m'as repoussée et m'a dit que je ne serais jamais plus qu'une élève à tes yeux, lui rappelais-je.
Il soupire et lève les yeux au ciel.
— Ecoute Avery, je n'avais juste pas envie d'imaginer ne serait-ce qu'un instant de te considérer autrement qu'une amie ou une élève. Je n'ai jamais vraiment aimé mêlé travail et vie personnel mais je ne peux nier ce que je ressens au fond de moi, m'explique-t-il.
Je crois que je n'ai jamais vu Grant être aussi sincère.
— Mais pourquoi étais-tu en couple avec Caillie alors ? Lui demandais-je.
— Ca peut te paraître égoïste mais Caillie est la nièce de la directrice et je me suis dit que si j'étais bien vu par la nièce alors la tante ferait de même. Puis elle me tournait autour depuis un certain temps et quelques évènements ont fait que je me suis retrouvé dans une relation avec elle sans réellement le réaliser, me confie-t-il.
Je hoche la tête, abasourdie par ses explications.
— Je n'arrive juste pas à réaliser que je te détestais au début de l'année, me rappelais-je.
— Je me revois en train de chercher des chaussettes avec toi, rit-il.
Je souris en aspirant une bouffée de nicotine.
Le temps passe tellement vite et même si je devrais être sur les nerfs avec toute la pression que nous met la directrice sur les épaules, je crois que je n'ai jamais été aussi contente d'être ici.
— Tu n'as jamais voulu me le dire mais pourquoi tu travailles ici ? Demandais-je.
Il prend une grande inspiration et prend une taffe.
Je crois que j'ai touché une corde sensible.
— Tu sais que Phil est dans cette école, donc logiquement je suis allée dans cette école aussi, il y a 2 ans, me dit-il.
Il était élève ici ?
C'est tellement logique que je n'y ai même pas pensé.
— Je connais tellement de chose sur cette école que tu ne pourrais même pas imaginer que cela puisse exister. Ils avaient fait la mauvaise erreur d'inscrire mon meilleur ami dans cette école, j'ai donc eu mon meilleur acolyte durant l'année et ni l'un ni l'autre ne prenions le jeu au sérieux, un peu comme toi. Mais malgré tout nous étions parmi les derniers à être toujours en vie, il restait une dernière épreuve et ça aurait dû être mon meilleur ami le vainqueur mais il s'est sacrifié pour moi et naïf comme j'étais à l'époque, je suis retourné à l'école en pensant qu'il était sincère quand il disait qu'il serait juste derrière-moi. Il n'est jamais revenu, il est mort par ma faute et alors que tout le monde félicitait les vainqueurs je ne pouvais pas me réjouir d'être parmi les survivants, j'ai passé un an à essayer de le chercher mais je ne l'ai jamais trouvé. L'année d'après c'était mon frère qui devait entrer dans ce jeu de malheur. J'avais délaissé mes études et j'ai joué sur ma victoire au jeu pour pouvoir obtenir un poste au sain de l'école, voici comment je suis arrivé ici. Je me suis promis de ne pas l'abandonner ici, de ne pas faire comme avec mon meilleur ami, me raconte-t-il.
Je le regarde, touchée par son récit et hypnotisé par son courage.
C'est tellement gentil de revenir dans cette école qui lui rappelle son meilleur ami, pour protéger son frère.
Je me penche pour essayer d'attraper sa main.
Je noue mes doigts au sien et profite de la chaleur que produit ce contact.
— Tu es tellement courageux, lui murmurais-je.
Il tourne sa tête vers moi et secoue la tête négativement.
— Non, je suis un traître, me contredit-il.
— Ton meilleur ami serait fier de toi pour ce que tu fais, j'en suis sûre, le rassurais-je.
Il pose sa tête contre le mur derrière lui et ferme les yeux.
Je peux lire la souffrance sur les traits de son visage et j'ai l'impression d'avoir aussi mal que lui.
Je comprends mieux pourquoi il connait aussi bien cette école.
Il doit sûrement savoir ce qu'il y a dans le hangar des patrouilleurs mais je n'ai pas le cœur à lui demander.
Je n'ai jamais vraiment été à l'aise dans ce genre de situation mais je ne peux pas non plus le laisser dans sa douleur alors qu'il vient de revivre ce moment pour me l'expliquer.
— Sa famille me déteste, j'ai pensé que je devais leur dire la vérité sur la mort de leur fils mais maintenant je suis un meurtrier à leurs yeux, continue-t-il.
Je place mes mains sur ses joues et le fixe dans le blanc des yeux.
— Tu es tout sauf cette personne qu'ils décrivent tous. Tu es courageux, tu as un grand cœur, je ne peux pas te laisser dire des choses pareils, lui murmurais-je.
Il pose une de ses mains sur la mienne.
— Promet-moi de ne plus laisser qui que ce soit te faire douter de la personne que tu es, continuais-je.
Son souffle s'abat sur mes mains et tout ce que je veux c'est l'embrasser pour aspirer toute cette douleur qui le submerge mais je me retiens car je n'ai pas envie qu'il pense que je profite de sa faiblesse.
— Je ne sais même plus qui je suis, soupire-t-il.
— Mais moi je sais, le rassurais-je.
Je caresse sa joue du bout de mon pouce alors qu'il me fixe de la manière la plus intense qu'il soit possible d'imaginer.
Je me penche et dépose un baiser sur son front avant de me reculer et de retirer mes mains de son visage.
Je reprends une taffe de ma cigarette et laisse un nuage opaque se former lorsque j'ouvre ma bouche.
— Je ne peux pas prendre le risque de te blesser aussi, me dit-il soudainement.
Je fronce les sourcils et me tourne vers lui.
— Arrête de dire n'importe quoi, lui répondais-je en frissonnant face à la tournure que prend notre discussion.
— Avery il faut être réaliste, la directrice te déteste et si jamais elle apprend que j'ai mis fin à mon couple avec sa nièce pour toi, elle ne va pas te rater, me répond-il.
Je secoue la tête négativement.
— Ne dis pas n'importe quoi, il y a à peine deux minutes tu me disais le contraire. Je n'arrive pas à te suivre, lui dis-je.
— Et avec ce qu'il s'est passé il y a deux ans, je ne veux pas te faire de mal aussi. Je pense que c'était l'égarement c'est tout, se justifie-t-il.
Je le fixe.
Je pense que lui poser ma question n'était pas une très bonne idée, maintenant il revoit toute sa souffrance.
— S'il te plait, ne dis pas une chose pareille, lui dis-je en me penchant pour attraper sa main.
Il recule et je peux lire la souffrance dans son regard mais il ne veut pas que je l'aide, il se bloque, s'enfermant dans une bulle qui va l'étouffer.
— Tu devrais y aller, c'est l'heure des cours, me dit-il froidement en se levant pour se mettre dos à moi.
Une boule se forme dans ma gorge et je lutte pour ne pas me montrer faible devant lui, je ne peux l'aider s'il se bloque pourtant je meurs d'envie de le rassurer.
Je le regarde quelques instants et en comprenant qu'il est décidé et qu'il ne changera pas d'avis, je me relève à mon tour et descends rapidement de la cabane après avoir éteint ma clope.
Chaque pas que je fais en direction de l'école ne fait qu'ajouter un poids sur mes épaules.
J'ai l'impression qu'une force me retient mais ses paroles résonnent dans ma tête.
Pourquoi faut-il que tout soit si difficile, nous n'avons pas réellement mis de mots sur ce que nous ressentions mais ils étaient inutiles, je pensais que tout allait bien mais en réalité en posant ma question je n'ai fait qu'enclencher une bombe à retardement.
Je rejoins mes deux amis qui sont devant la salle de classe et essaye de masquer au mieux mon mal-être.
— Tu fumais ? Me demande Dustin.
Je hoche la tête en évitant son regard.
— Tu fumes ? Demande Peter en s'immisçant dans la conversation.
Tout mais pas lui.
— C'est pas tes oignons, soupirais-je.
— Intéressant, mais attend c'est interdit ! Me dit-il en riant.
Je lève les yeux au ciel.
— Va te trouver une autre victime, je n'ai pas la tête à jouer, m'énervais-je.
J'ai tout fait pour l'éviter depuis qu'il m'a pointé une arme au visage et pourquoi faut-il qu'il est la soudaine envie de me parler lorsque je ne veux parler à personne.
— Depuis quand tu as le droit de choisir quand je te parle ? Ricane-t-il.
— Juste fait une exception, soupirais-je.
Heureusement, le professeur arrive et nous ordonne d'entrer dans la salle, m'évitant un énième effort pour répondre aux idioties de Peter.
Prochain chapitre : Demain si je peux ♥
Je sais que vous avez tous envie de tuer Grant
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