|-Chapitre 43-|

_.Chapitre 43._

La semaine passe plutôt rapidement, Grant ne m'a pas adressé la parole.

Je pense qu'il a fait son choix, finalement il ne me portait peut être pas énormément d'attention et il s'est sûrement dit que s'occuper avec une élève naïve comme moi pourrait lui faire passer le temps.

J'ai envie de me baffer en repensant à mon comportement de ce week-end, j'allais l'embrasser.

J'ai si honte de moi, je veux dire que c'est probablement la seule et unique fois où j'ai réellement laissé l'occasion à Grant de voir ce que je ressentais.

Je n'ai pas masqué ce... désir ? qui m'oppressait et j'en ai payé les frais.

J'ai, seulement pendant quelques fractions de secondes, fracturé ma carapace, lui laissant tout le loisir de pouvoir admirer ce que la Avery Gates faible donnait.

Finalement la jeunesse ne rime pas avec force, joie, excitation, et toutes ses idioties car je resterai faible toute ma vie.

La cigarette et cette autoprotection constante qui m'entourent sont les seuls éléments qui peuvent me permettre de rester digne, de marcher la tête haute et de ne pas dévoiler mes faiblesses à mon entourage car je n'ai pas confiance en moi.

Je suis tellement vicieuse, j'analyse chaque personne qui m'entoure, connais chacune de leur faiblesse en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et j'ai tout simplement peur qu'ils fassent de même de leur côté. Certes, de mon côté je n'utilise pas leurs points faibles à mauvaise escient, mais rien ne me dit qu'ils ne le feront pas.

Cette simple expression de fille bornée, énervée et à la fois lassée de la vie m'accompagne chaque jour tout simplement pour éviter de me retrouver dans la position inférieur, de dépendre de quelqu'un.

Tout le mal que je me donne à cacher mes sentiments, cette haine de moi-même qui m'habite chaque jour, Grant l'a vu durant ses quelques secondes et il a fait tout simplement tout ce que j'évitais depuis des années.

Il m'a tout d'abord rejeté, une partie de moi se sent humilier, je suis tout simplement dans la position inférieure, j'ai été surprise sur le fait, il m'a arrêté avant que je ne commette l'irréparable. Mais il m'a aussi confirmé que cette peur constante que j'ai, ce manque de confiance totale envers mon entourage est complètement justifié car il a suffi que je baisse mes barrières pour quelques instants et que je laisse mes sentiments respirés pour être blessée.

Mais ce que j'ai réalisé c'est que je n'ai pas été assez prudente avec Grant, je lui ai laissé beaucoup trop d'occasion de m'atteindre, je l'ai encouragé dans cette voix, me montrant plus amicale avec lui tout en me rappelant que nous nous détestions au début. En me disant que je le déteste encore d'une certaine façon et que je n'ai aucune raison de le repousser en sachant qu'il n'y avait aucun risque.

Ce n'était pas ma raison qui parlait mais bien mes sentiments, ils se manifestaient pour la première fois en frappant contre ma cage thoracique, demandant un peu d'air libre, me priant de les laisser venir s'exprimer, me montrer la joie qu'ils procurent.

Mes sentiments ne riment pas qu'avec joie et bonheur, ce que je retiens des sentiments c'est qu'il y a toujours du mauvais même là où on ne le suspecte pas, c'est tellement facile de passer des rires aux pleurs en un claquement de doigt.

Je les ai laissé s'exprimer mais c'était la fois de trop.

Quelqu'un m'appelle et je relève la tête en souriant à cette personne.

— Alors t'as trouvé l'exercice 4 ? Me demande Dustin en souriant.

Je me racle la gorge et baisse mon regard sur la copie vierge qui est disposée devant moi puis relève le menton vers lui en arquant un sourcil.

Il soupire puis sort son manuel, sûrement pour trouver une réponse au problème.

Nous sommes actuellement Vendredi midi et la directrice a préféré nous laisser l'après-midi de libre pour nous préparer pour l'arrivée des membres du conseil.

Soudainement je prends conscience d'une chose, peut être que ma mère sera là. Elle est l'assistante d'un des membres et logiquement elle doit le suivre dans tous ses déplacements.

Un petit sourire prend naissance sur mes lèvres en imaginant croiser son regard bleuté, sa voix maternelle qui me rassure comme quand j'étais petite.

J'ai peut être l'air d'un ours qui déteste les relations sociales de n'importe quel type, je ne peux pas nier que j'ai besoin de l'amour de mes parents.

J'ai toujours eu besoin d'être rassurée à chaque fois, à chaque étape de ma vie et ils ont toujours réussi à le faire.

— Avy, je sais que t'es pas dans un état d'esprit travailleur mais tu pourrais y mettre du tien. On n'est pas à la bibliothèque pour rien, commence à s'énerver Dustin.

Je chasse tout ce qui me préoccupe pour me consacrer essentiellement à mon ami.

— Je suis désolée, excuse-moi. Je pense qu'on devrait essayer de calculer le discriminant ? Dis-je pour tenter de trouver une solution à l'exercice que nous a donné le professeur de maths.

Même si Dustin et moi n'avons pas cours de maths en même temps, il se trouve que nous avons le même prof ce qui est plutôt bien puisque nous faisons nos devoirs ensemble.

Je lève les yeux vers mon camarde pour voir si mon idée l'a inspiré et effectivement il hoche vivement la tête avant de gribouiller rapidement sur son brouillon.

Je souris et détourne le regard.

Cette semaine a vraiment été beaucoup plus calme que celle de la semaine dernière, rien qu'à énumérer tout ce qu'il s'est passé il y a une semaine j'en ai la chair de poule.

Il y a l'incident où tous les élèves sont sortis en pleine nuit en criant et pleurer. Ensuite nos parents sont venus nous voir et j'ai fait la connaissance du père de Grant, je veux dire du père de Phil. Le soir même la directrice m'a fait le plaisir de me faire goûter à la torture psychologique. Le vendredi j'ai tué une biche, ai fait face à plus de cadavres dans ma vie que n'importe qui et j'ai failli mourir. Et pour finir en beauté, je suis allée en Ecosse avec Dustin. Bien entendu, j'attends toujours les représailles de ma chère directrice.

Le bruit d'un livre qu'on ferme violemment me sort de mes pensées.

Je me redresse sur ma chaise et regarde Dustin qui se lève.

— Tu vas où ? Lui demandais-je.

— J'ai fini, je vais me préparer pour ce soir, m'explique-t-il.

— Tu peux me passer ton exercice, j'ai pas vraiment la tête à le faire, lui dis-je en me grattant la nuque.

Il me sourit puis me tend son cahier qu'il n'avait pas rangé.

— Je savais que tu allais me dire ça, tu viens avec moi ou tu restes un peu ? Me questionne-t-il.

Pour toute réponse, je m'empresse de ranger toutes mes affaires dans mon sac et de me lever.

Nous sortons rapidement pour ensuite monter les escaliers en marbre à l'intérieur de l'école.

— Tu penses qu'elle prépare quoi ? Me demande-t-il.

Je me tourne vers lui et hausse les épaules.

Il parle de la directrice et sa vengeance, Phil et lui sont au courant pour l'incident et une partie de moi est contente de leur avoir dit, au moins ils m'embêteront moins avec leurs questions.

— Fais quand même attention, regarde ce qu'elle nous a fait la semaine dernière. Elle peut très bien faire pire la prochaine fois, m'avertit-il.

Je hoche la tête et tente de lui sourire pour le rassurer mais plus les heures passent et plus l'angoisse monte en moi.

Cela va faire presque une semaine et elle n'a toujours rien tenté, plus les jours passent et plus ma garde augmente.

Je regarde chaque recoin, fouille ma chambre avant de dormir et jette une chaussure sur mon lit pour m'assurer qu'elle n'a pas mis de bombe ou je ne sais quoi.

Un peu paranoïaque sur les bords je vous l'accorde mais j'ai l'impression d'être menacée constamment.

C'est insupportable mais ce qui m'énerve c'est de voir qu'elle n'a pas l'air de se soucier de mon cas et m'oublie même peut être alors que je passe le plus clair de mon temps à surveiller mes arrières.

Mais alors que je pense que finalement elle a peut être jeté l'éponge, une voix m'interpelle.

Je me tourne pour voir Grant qui est derrière moi, quelques marches plus bas.

Il me regarde froidement et son expression faciale ne me laisse aucune chance de connaitre sa véritable humeur.

Dire que j'étais à deux doigts de l'embrasser...

— Quoi ? Demandais-je en tentant de parler d'un ton aussi dur que le sien.

Il me fait un simple signe de tête de le suivre.

Je me tourne vers Dustin qui me fixe un peu perdu.

Je sais très bien que Grant n'est pas venu de son plein gré, à moins qu'il veuille parler de sa scène d'hier ou du fait qu'il est dormi dans mon lit ? Je donne ma main à couper qu'il ne parlera jamais de ça volontairement, il faudrait plutôt lui sortir les vers du nez pour qu'il se confie.

Malgré tout, je décide de le suivre, laissant encore ma faiblesse appelée aussi sentiment me guider mais j'ai l'intime conviction que je devrais le suivre.

Lorsque je le rejoins dans le hall et qu'il m'attend droit comme un –i, il énonce d'une voix claire comme un bon messager :

— La directrice veut que tu ailles la voir.

Mon cœur se serre en réalisant qu'effectivement il n'est venu me voir que pour son travail.

Il a vraiment choisi son camp, j'avais cette infime espoir que ce moment de faiblesse du week-end dernier n'avait pas servi à rien, que lui aussi avait cette faiblesse en lui mais finalement il m'a repoussé simplement parce que je ne suis qu'une stupide adolescente de 18 ans bourrée de fric qui pense que le monde tourne autour d'elle.

Une boule se forme dans ma gorge mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort car il me fait signe de le suivre.

Je fixe son dos, et son air impassible commence à m'agacer.

J'ai vraiment l'impression d'être idiote, je me suis fourrée dans cette histoire toute seule, je me suis tordue le cerveau dans tous les sens, me questionnant sur ce qu'il pensait pour au final voir la vérité en fasse.

Une certaine rage s'empare de moi, j'ai l'impression d'être trahi, j'ai l'impression qu'il s'est joué de moi d'une certaine manière.

Il a attendu que ce soit à point pour me stopper dans mon élan.

D'une voix qui ne cache pas mon agacement, je lui dis :

— Pas besoin de m'accompagner, je sais où c'est.

Il ne se tourne pas vers moi mais me répond tout de même d'une voix cassante et d'un air supérieur :

— Je n'en doute pas, ce n'est pas comme si tu n'étais pas une habituée.

Mes poings se serrent en voyant que même son respect s'était fait la malle.

Je sais que je n'agis pas de la manière la plus mature mais j'ai laissé mes sentiments me guidés beaucoup trop de fois et maintenant c'est trop tard, ils me guident et si la colère s'empare de moi, je lui donne les commandes sans aucune réticence.

— Mais elle m'a clairement ordonné de t'accompagner jusqu'à la porte pour s'assurer que tu ne te défilerais pas, ajoute-t-il d'un ton professionnel.

Je déglutis, je déteste lorsqu'il agit de la sorte, il a l'air si froid, si distant, et j'ai l'air de ne rien être pour lui.

Mon cœur se serre rien qu'à cette pensée.

Mais je ne suis rien pour lui de toute façon, je l'ai très bien compris.

Lorsque nous arrivons devant cette porte en bois que je connais si bien, il se décale pour me faire passer devant lui, puis avec ses allures de majordome, il toque sur la porte avant de se reculer un peu pour me mettre en évidence.

Un sourd « Entrez ! » se fait entendre et je peux deviner par le ton de sa voix qu'elle n'a pas l'air aussi confiante que ça.

Je me tourne vers Grant qui évite mon regard puis m'avance et ouvre la porte.

— Assis-toi Gates, me dit-elle d'un air peu concerné.

Je fronce les sourcils mais m'assois sur un des fauteuils.

Je la fixe, et je remarque qu'elle parait préoccupée, voir angoissée.

Oui, la venue du Conseil lui fait peur, elle a peur de ne pas être à la hauteur.

Moi qui pensais qu'elle n'avait peur de rien et que le monde était à ses pieds !

Après avoir jeter dans un de ses tiroirs des feuilles, elle s'assoit en soupirant sur son fauteuil et m'accorde un peu d'attention.

Je déglutis et tente de paraître comme à mon habitude décontractée et lassée de la situation.

— Comme tu le vois, la venue de nos chers confrères est une grande organisation et j'aimerai savoir si tu voudrais bien contribuer à cette cause ? Me demande-t-elle en me jetant de brefs coups d'œil.

J'arque un sourcil pour essayer de trouver la blague mais je ne trouve rien.

— Quoi ? Lâchais-je interloquée.

— Mon dieu Avery ! S'exclame-t-elle d'une voix fatiguée, Grant peux-tu lui répéter ? Demande-t-elle en levant les yeux vers quelqu'un derrière moi

Je me tourne pour voir Grant qui est droit comme un piquet, la tête haute et les mains jointes devant lui.

Il hoche la tête puis s'en me jeter un quelconque regard, me répète mot pour mot ce qu'à dit la directrice.

J'ai envie de prendre sa tête et de la plaquer contre un mur.

Un sourire diabolique se dessine sur mes lèvres mais s'efface en me rappelant que je ne suis pas seule.

— Je peux savoir pourquoi ? Dis-je en me tournant vers la directrice qui parait... Vulnérable ?

— J'ai appris l'incident dans la chambre, je suis déçue de toi mais finalement je me dis que tu es quelqu'un qui ne réfléchit pas avant d'agir. Tu penses que je te déteste mais ce n'est pas le cas. Je te laisse simplement une opportunité pour que tu remontes un peu dans mon estime c'est tout. Bien sûr tes fautes ne seront pas totalement pardonnées mais c'est un commencement, m'explique-t-elle d'une voix bienveillante.

Je la fixe en essayant de découvrir le pot aux roses mais rien ne me vient à l'esprit.

Est-elle vraiment sincère ?

Si ce n'est pas le cas alors elle a un très bon jeu d'acteur.

— En quoi ça consiste ? Demandais-je en sachant que je venais en partie d'accepter sa proposition.

— Tu nous aideras à faire deux, trois petits trucs. Nous allons mettre en place un petit buffet, de l'aide en cuisine et dans la salle ne serait pas de refus, me dit-elle d'une voix mielleuse.

Je baisse les yeux et essaye de peser le pour et le contre.

De toute façon qu'est ce que j'ai à perdre.

Je relève la tête et la fixe droit dans les yeux une dernière fois pour être sûr de ma décision puis hoche la tête en souriant.

— Ca marche, lui dis-je d'un air confiant.

Prochain chapitre : Ce week-end.

L'action arrive progressivement, j'ai adoré écrire ce chapitre qui selon mon point de vue semble plutôt long et j'espère qu'il vous a plu tout aussi. Et qui est posté en avance ;)

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