|-Chapitre 42-|
_.Chapitre 42._
Je n'ai jamais été autant perdue de ma vie, j'ai l'impression qu'il s'amuse à me mettre à bout, comme si c'était son petit plaisir quotidien mais je commence à en avoir marre.
Je ne nierai pas le fait que j'apprécie Grant, il a beau être quelqu'un de têtu, ne montrant pas ses sentiments et aussi très déroutant par moment mais c'est ce qui fait son charme.
Je m'assois sur le rebord de la baignoire et fixe le carrelage au sol en soupirant.
J'ai envie de retourner chez moi, de serrer dans mes bras mes parents et de respirer à nouveau l'odeur de lavande de mon lit.
Je tape du pied et tente de mettre les choses au clair dans ma tête.
J'ai toujours su ce que je voulais, ce que je pensais, je n'ai jamais douté de quoi que ce soit dans ma vie et j'ai l'impression que maintenant le doute est devenu quelque chose de quotidien pour moi.
Il n'y a aucun bruit de l'autre côté de la porte et j'espère que Grant est parti car je suis trop fatiguée émotionnellement parlant pour me disputer avec lui à nouveau.
J'ouvre la porte et soupire de soulagement en voyant qu'il est parti mais ma réjouissance est de courte durée quand je le vois allongé sur mon lit en train de dormir.
Il est vraiment sans gêne.
Je regarde l'heure rapidement et décide que je vais moi aussi aller dormir.
J'attrape mon pyjama qui gise au sol et m'enferme à nouveau dans la salle de bain pour me changer.
Je retourne ensuite dans la chambre et fixe Grant qui dort paisiblement sur mon matelas.
Je pourrais presque dire qu'il est beau à cet instant, mais la beauté n'est pas qu'extérieur, c'est pour ça que je ne peux pas dire qu'il est beau. Son caractère est beaucoup trop impulsif, trop agaçant, trop similaire au mien en faite.
Je détourne le regard et m'allonge dans le lit de Ginny. Un frisson me parcourt le dos en me rappelant qu'elle est peut être morte, je dors peut être dans le lit d'un mort.
Je secoue la tête et me concentre sur le visage de Grant qui est tourné dans ma direction.
Sa lèvre inférieure est un peu ressortie mais il a toujours cette espèce d'expression nerveuse même en plein repos.
Sa mâchoire est contractée et un peu avancé, amplifiant cette aura masculine qui l'entoure. Son nez est droit et fin, tout est symétrique sur son visage.
Ses cheveux sont décoiffés mais je crois que c'est une manière de dire qu'il est peut être séduisant même en étant négligé.
Oui, Grant est séduisant.
Grant est mon ainé alors je ne devrais même pas penser cela.
Certes nous n'avons que 2 ans d'écart je crois mais d'une certaine manière la profession qu'il exerce laisse penser que ce genre de relation n'est pas toléré.
Je me tourne pour me mettre dos à lui et cesser de déblatérer de cette manière sur lui.
J'inspire l'air qui empeste la nicotine et souris face à cette odeur familière.
Pourquoi est-il toujours dans ma chambre ?
Pourquoi dort-il dans mon lit ?
Je n'imagine même pas ce qu'il va se passer si quelqu'un découvre qu'il a passé la nuit dans ma chambre.
Toutes mes craintes s'envolent lorsque je sens le sommeil m'emporter.
***
Je baille et ouvre doucement les yeux.
Je fronce les sourcils en remarquant que je ne suis pas dans mon lit.
Je me redresse et remarque que je dors dans le lit de Ginny.
Mais qu'est ce qu'il s'est passé ?
Je me tourne et remarque que mon lit est défait.
Je sors de celui que j'occupe et inspecte mon matelas, une odeur familière emplit mes narines et les souvenirs de la veille me reviennent en mémoire.
Grant a dormi dans mon lit.
Je secoue la tête et croise du regard l'horloge.
Je mets de côté les évènements de la veille et m'habille rapidement pour rejoindre le reste des élèves.
Lorsque j'arrive dans la cantine, je prends la première place que je vois et attends sagement sans rien dire.
Je n'ai pas la tête à bouger aujourd'hui.
Je crois que fumer ce paquet de cigarettes n'était peut être pas une bonne idée.
Je renifle avec la grâce d'un cachalot et tourne la tête lorsque la directrice fait son entrée.
Elle a l'air encore plus sérieuse et professionnel que d'habitude, quelque chose brille dans ses yeux, je peux le voir même si je suis assez loin de l'estrade.
Elle croise ses bras sur sa poitrine et fait un pas en avant pour se placer devant le micro qui est placé.
Elle sourit puis commence à parler mais ce n'est pas le discours habituel qu'elle nous sort alors tout le monde écoute attentivement chaque mot qui sorte de sa bouche.
Je n'entends que quelques bribes parmi le discours qu'elle fait.
« Le conseil », « se déplacer », « vendredi », « à l'occasion de la journée internationale de l'éducation et de la jeunesse », « irréprochable », « montrer l'exemple », « faire honneur ».
Le conseil va donc venir Vendredi nous rendre visite et nous allons devoir jouer les hypocrites devant ses clowns.
La fin de la semaine s'annonce géniale !
J'attends les applaudissements sans écouter la fin de ses paroles puis commence à manger mon repas sans rien dire alors que j'entends des cris fusés dans la salle et quelques gloussements.
Ils vénèrent tous le Conseil comme si c'était un être divin mais pour ma part la seule chose que je vois c'est un groupe de riche hypocrite qui m'a volé ma mère.
Je remarque alors Grant qui est sur l'estrade et qui discute avec ses collègues.
Une sensation étrange se propage dans mon ventre en repensant au fait qu'il est dormi dans mon lit, j'aimerai vraiment savoir ce qu'il s'est passé dans sa tête pour qu'il agisse de la sorte.
Je détourne le regard et quitte la table sur laquelle j'étais pour aller prendre mon sac de cours et reprendre la routine barbante des cours.
***
Je traverse rapidement le hall d'entrée en vérifiant que Caillie n'est pas à son bureau, puis je sors en courant vers la petite cabane.
Je grimpe sur le toit comme à mon habitude et m'empresse d'approcher le bout de ma cigarette sur la flamme qui jailli de mon zippo.
Lorsque j'aspire une bouffée de nicotine, mes muscles se relâchent et je pose ma tête contre le mur derrière moi.
J'étends mes jambes et recrache la fumée lentement, la regardant disparaitre dans l'air.
J'en avais besoin.
Je n'ai vu ni Phil, ni Dustin ce matin et j'ai préféré louper la cantine plutôt que me priver de cette petite pause.
J'ai cette tension palpable qui m'encercle et se resserre un peu plus chaque jour.
Certains se défoule en frappant, d'autre en écrivant sur une feuille mais je préfère la méthode plus éphémère, plus destructrice. Je suis complètement consciente que je détruis ma santé de cette façon mais ai-je vraiment envie de rester dans ce monde qui empeste l'égoïsme à plein nez.
Je laisse simplement ma vie s'évaporer peu à peu avec la fumée de nicotine que je recrache.
C'est moins lâche que de prendre la poudre d'escampette et de quitter le champ de bataille en se tirant une balle dans la tête. Je fume simplement en me disant que je vivrais assez pour savoir ce qu'est la vie sans pour autant y passer trop de temps pour vieillir et attendre que la mort vienne m'embrasser et prendre possession de mon corps.
Je préfère me rappeler de la vie comme d'une jeunesse éternelle, d'une puissance, d'une force permanente et non comme quelque chose qui affaiblit l'être humain.
La cigarette me permet tout simplement de vivre assez sans abuser pour tomber dans la partie nocive de la vie, celle qui fragilise l'homme, le rend plus chétif, fait ressortir toutes les faces négatives que la jeunesse et la gloire se forcent à enfouir profondément.
Certaines personnes disent : Fume avant que la vie te fume.
Mes pensées pourraient s'accorder avec cette citation complètement idiote qui donne un genre cool aux adolescents en manque d'attention.
Cette phrase donne l'impression que l'on se bat contre la vie mais ce n'est pas ce que je veux, je veux vivre ma vie, la consommer jusqu'à la dernière bouffée mais lorsqu'un goût amer commence à pointer le bout de son nez, je vais juste l'écraser et fermer les yeux.
Je ne fume pas pour mettre fin à mes jours, nous allons mourir de toute façon un jour, je veux seulement garder en mémoire les beaux jours de la vie et non la faiblesse humaine, s'éteindre avant d'entrée dans cette partie de la vie est une manière de le faire.
J'aspire à nouveau une bouffée de ma cigarette, peut être qu'un jour je voudrais savoir ce que c'est d'être faible.
Prochain chapitre : Dans la semaine.
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