|-Chapitre 35-|
_.Chapitre 35._
Je m'affale sur mon lit après avoir fini de tout ranger. Mais quelle idée de faire un nettoyage de printemps et hors saison !
Je regarde l'heure et remarque qu'il est temps de manger.
Je grogne et me relève avant de rejoindre le reste des élèves qui marchent comme des automates.
Quand je m'assois à une place au hasard je fixe mon assiette et un silence de mort s'installe.
Je devine que la directrice vient d'entrer dans la salle.
Un raclement de gorge s'en suit et d'une voix clair mais malsaine, la directrice commence son discours.
Toujours la même chose, elle est fière de nous mais en réalité elle ne le pense pas.
Mais cette fois-ci son discours dure plus longtemps alors je décide de m'y intéresser un peu plus.
Je tends l'oreille :
— J'ai préféré vous laisser vous reposer hier soir et ne pas parler des évènements de la veille mais vous êtes tout rayonnant alors passons aux choses sérieuses si vous le voulez bien, elle laisse sa phrase en suspens puis reprend, certaines personnes ont malheureusement eu une altercation avec le prénommé Peter Wales. Ne vous en faites pas, vous êtes hors de danger et lui aussi. Il est aussi inoffensif que n'importe quelle personne ici présente. Mais si vous avez besoin d'une quelconque envie de parler alors vous n'avez qu'à toquer à la porte de mon bureau et je viendrais vous accueillir à bras ouverts. La santé de mes élèves est ma priorité, finit-elle avant de se reculer et de quitter l'estrade.
Je déglutis face à son discours, elle n'a même pas parlé de tous ses morts.
Alors que tout le monde a repris ses discussions, le silence s'installe à nouveau et beaucoup d'entre eux baisse la tête. Je fronce les sourcils et lève la tête pour voir quelqu'un qui marche doucement dans le réfectoire, les plus courageux le fixe mais les autres ne font que baisser le regard en tremblant.
C'est Peter.
Je comprends mieux pourquoi la directrice a insisté sur le fait qu'il n'était plus dangereux mais je ne peux pas la croire, le regard qu'il m'a lancé en pointant son arme sur mon front était tellement sincère que je ne pense pas qu'il est regretté ce qu'il a fait, que ce soit avec moi où avec les autres élèves. Cela paraissait tellement naturelle chez lui de tuer que j'en ai froid dans le dos.
Je remarque que Grant est juste derrière lui et qu'il fixe le réfectoire d'un regard sombre et minutieux puis une fille éclate en sanglot.
Voir cette souffrance s'émaner de cette pauvre élève me glace le sang.
J'entends des murmures s'élever dans la salle.
— C'est un monstre.
— Pourquoi il ne s'est pas fait attaquer par un ours.
Il traverse la cantine suivi de Grant, la tête haute et je le fixe quelques instants, essayant de trouver une once de tristesse, de regret mais je ne vois rien à part une attitude impassible.
Il s'installe à la place en face de moi et me lance un regard qui se veut menaçant.
Je ne décroche pas mon regard du sien et il finit par le détourner.
Grant reste quelques instants à nous jauger du regard puis quitte la pièce.
— Salop ! Crie une fille en se levant.
En quelques instant pratiquement tout le monde est levé et insulte ouvertement Peter qui me fixe et nous bouge pas.
Je ne comprends vraiment pas comment il a fait pour appuyer sur cette gâchette sans aucune hésitation.
Quelqu'un plaque sa main entre moi et Peter, me sortant de ma transe et je détourne le regard pour voir cette fille qui fixe Peter avec la rage la plus puissante du monde.
Elle se penche vers lui et murmure :
— Regarde, idiot.
Elle quitte la table pour se diriger rapidement vers l'estrade.
Elle frappe ses chaussures contre le sol et balaye du regard la salle.
Elle se racle la gorge et d'une voix forte crie :
— Comment ose-t-il se montrer devant nous !
Personne ne répond mais la fixe comme si c'était une divinité.
— Cette personne ! Continue-t-elle en pointant du doigt Peter. Il a tué vos amis, à blesser vos camardes avec un sang froid et n'a pas une seule fois regretté son acte !
Elle ôte un foulard qu'elle avait mis sur sa tête et c'est une tête complètement rasée qui voit le jour.
Tout le monde lâche un cri de surprise.
— Certaines personnes me connaissent, ils savent que j'avais des cheveux blonds et que j'avais une envie de rire à tout moment de la journée. Regardez moi maintenant, est ce que j'ai toujours l'air de cette fille ? Non, pas du tout. Pourquoi suis-je chauve maintenant ? A cause de lui tout simplement ! Une de ces balles a frôlée mon crâne, mais le verbe frôler est léger pour la douleur que j'ai subie. Quand je suis revenue à l'école, on a dû me recoudre en urgence, la balle ne s'était pas logée dans mon crâne par chance mais elle avait fait assez de dégât pour qu'on soit obligé de pratiquement m'arracher les cheveux pour mieux voir la blessure. Quand je suis sortie du soit disant bloc opératoire, j'ai croisé mon reflet. Un énorme trou, laissant visible tous ces fils qui ont servi à me recoudre et une multitude de cheveux sur les côtés. J'ai simplement enlevé le reste, préférant être chauve que de vouloir ressembler à un clown. Je ne suis peut être pas à plaindre par rapport aux autres victimes de monsieur Peter mais je n'ai pas été non plus épargnée. Alors cette expression satisfaite sur son visage me donne envie de vomir. Conclut-elle.
Un long silence s'en suit et quelqu'un applaudit.
Tout le monde aurait suivi le geste de cette personne si ça n'avait pas été Peter.
Il applaudit et un petit rire sort de sa bouche.
Il se redresse et rejoint la jeune fille sur l'estrade.
De ce point de vue, tout semble différent. Peter dégage une prestance, quelque chose qui nous oblige à dire que la partie est déjà gagnée d'avance pour lui.
— J'adore ton numéro de la fille souffrante ma pauvre. Ricane-t-il.
Je vois que le sourire confiant de cette élève se désintègre peu à peu.
— Tu as autre chose à dire, en rajouter sur la manière dont je t'ai fait souffrir ou je peux enfin commencer ? Continue-t-il.
Même le fait de dire ça est interpréter comme une insulte.
— Bien ! Dit-il en voyant qu'elle ne répond pas. Je trouve ça tellement amusant vous savez, de vous voir vous déchaîner sur moi, m'insulter de tous les noms d'oiseaux possibles. Ça m'amuse pour tout vous dire, je me demande d'où vous vient cette soudaine assurance parce que parlons un peu de ce moment où vous me fuyiez comme des lâches. Je n'ai peut être plus d'arme mais ne vous en faites pas j'ai une très bonne mémoire et je ne suis pas moins inoffensif sans un fusil. Déclare-t-il avec un sourire en coin.
Il passe une main dans ses cheveux puis se tourne vers la fille.
— Ma chère Claire, devons nous parler du courage soudain dont tu fais preuve ? Tu as de la chance que ta chère amie se soit pris la balle à ta place parce que je ne t'aurais pas raté. En en parlant je doute que tu aurais fait la même chose pour ton amie, se jeter sur la balle pour la protéger ? Non, tu veux peut être passé pour la pauvre blessée mais tu n'es pas plus gentille que moi ma chérie. Je dirais même que sur une échelle de 0 à 10 tu dois largement me dépasser sur le domaine de l'égoïsme. Ricane-t-il en caressant rapidement la joue de la nommée Claire.
Je ne sais pas ce qui me surprend le plus, le fait qu'il connaisse son prénom où qu'il tourne la situation à son avantage sans aucun problème.
Claire perd complètement ses moyens mais reste tout de même la tête haute.
— En réfléchissant, tu as toujours été une lâche ma pauvre et une soumise par la même occasion. Dois-je dire à tout le monde le fait que tu m'attendais presque tous les soirs devant ma chambre pour me supplier de te faire du bien ? Vraiment ne te crois pas plus exceptionnelle que les autres parce que tu t'es rabaissée toute seule ma chérie. Dit-il avant de quitter l'estrade.
Personne n'ose parler mais une chose est sûr, ce n'est plus la même vision de cette Claire qui habite les esprits.
C'était comme si il avait déjà prévu à l'avance tout ce qu'il allait se passer ce soir.
La directrice arrive suivie de Grant et un autre surveillant, il s'empare de Claire et elle quitte la salle sous les yeux surpris de tous les élèves.
— Bien, je vois que certaines personnes n'ont pas réellement compris le message mais j'espère que cette petite dévergondée ne vous a pas retourné le cerveau. Je vous pris de manger maintenant. Dit rapidement la directrice avant de quitter l'estrade.
Tout le monde reprend son repas en silence et Peter reprend sa place en face de moi d'un air satisfait.
Pourquoi enfonce-t-elle Claire ? Je comprends le faite qu'elle est pu tomber sous le charme de Peter parce qu'il est très beau, je ne vais pas le cacher mais ce n'est pas une raison. Peter a prouvé qu'il ne regrettait pas ce qu'il a fait et c'est ce qui m'importe.
Et la directrice qui défend Peter.
Prochain chapitre : Le week-end prochain.
Je suis désolée de poster aussi tard mais j'espère qu'il vous a plu ♥
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