Chapitre 6
Trois mois s'étaient écoulé depuis la naissance de Nebeli. Plusieurs facteurs avaient été source d'inquiétude, mais celles-ci s'étaient peu à peu éteintes une à une. Le nourrisson réagissait comme un bébé tout à fait normal et n'avait, pour le moment, pas créé la moindre flammèche.
Firos, le petit brumare, ne la quittait jamais et même s'il était considéré comme sauvage par Zoé, ne lui avait jamais donné le moindre coup de griffe ni de crocs. Même lorsqu'il recevait des coups involontaires ou se faisait tirer la queue, il se contentait de la repousser de ses pattes en y mettant uniquement les coussinets.
D'après Scyllia qui avait fouillé dans les souvenirs de la déesse qui avait créé les phénix, les nouveaux nés de cette espèce avaient de nombreuses facultés pour survivre à leurs premières années lorsqu'ils sont vulnérables. Tout d'abord, l'adaptation du corps pour se faire passer pour un enfant de l'espèce la plus présente lors de l'éclosion. Ensuite, un pouvoir psychique agissant sur certaines des personnes présentes pour que l'adoption vienne comme une évidence.
En apprenant cela, Zoé s'était sentie coupable envers ses parents vu qu'un tel pouvoir correspondait à ce qui leur était arrivé, mais son amie l'avait rassurée sur ce point. Ce pouvoir n'était pas tout puissant. Les paroles qu'ils avaient prononcées le jour où elle les avait questionnés sur les véritables conditions de sa naissance étaient véritablement les leurs et non l'objet d'un quelconque pouvoir.
En ce qui concernait Nebeli, Scyllia pensait qu'elle n'y avait pas eu recours vu que Zack et Zoé s'étaient immédiatement présentés à elle en lui faisant comprendre qu'ils seraient ses parents. Et même si cela avait été le cas, il ne fallait pas lui en vouloir d'avoir essayé de les influencer vu qu'elle avait fait cela de manière tout à fait inconsciente.
Enfin, un dernier pouvoir pouvait se manifester permettant au phénix de se munir d'un gardien. Vu le comportement de Firos qui couinait dès qu'il était éloigné d'elle, elle avait jeté son dévolu dessus. Là encore, il ne s'agissait pas d'un contrôle forcé, mais d'une forte suggestion que le petit brumare curieux avait accepté.
Les premiers mois de sa vie n'avaient pas été de tout repos et l'avaient fait voyager à de nombreux endroits pour la présenter aux amis de ses parents et au reste de sa famille. Au moins, dans cette vie, Nebeli était très bien entourée et faisait mentir les préjugés sur les humains auxquels sa elle d'avant s'accrochait.
De son côté, Wendy continuait ses études parallèles. Elle passait la moitié de son temps à l'académie où son retard sur les autres élèves de son âge était presque comblé et l'autre moitié auprès d'Agabir. En ce qui concernait la magie Lutalicienne, il ne lui restait que peu de choses à apprendre pour finir son apprentissage. Il s'agissait donc bien souvent d'heures passées en tant qu'assistante de recherche plutôt qu'en tant qu'élève.
La prétendante à la magie aimait aider son mentor. Réfléchir à des hypothèses, réaliser des expériences qu'elle avait elle-même conçues, présenter ses résultats et recommencer pour perfectionner le système. Elle sentait qu'elle gagnait en responsabilité, ce qui était gratifiant, surtout en sachant que les recherches d'Agabir avaient pour but d'améliorer la vie des Lutaliciens.
Elle n'était d'ailleurs pas la seule à avoir évolué ainsi. Ses amis Lutaliciens étaient tous devenus les assistants de leurs mentors, si bien qu'ils se voyaient beaucoup moins qu'autrefois. Il ne restait finalement que Fréone qu'elle voyait tous les jours vu que lui avait la particularité d'apprendre la magie continentale.
Depuis qu'ils avaient intégré l'académie de Trémiss, Wendy avait remarqué à quel point sa vie était coupée en deux. D'un côté, elle était presque traitée comme une adulte et, de l'autre, elle restait une enfant. Si elle devait choisir entre les deux, l'adolescente aurait été plus qu'indécise. D'un côté elle retrouvait l'insouciance et le bon temps passé avec des amis et, de l'autre, le sentiment d'accomplir des choses qui comptaient et servaient véritablement.
Elle savait que cela ne durerait pas éternellement et sa hantise était justement d'avoir à choisir un jour entre sa vie de Lutalicienne et celle qu'elle se construisait à Trémiss. La discussion qu'elle avait eue avec ses amis et qui se rapprochait de ce sujet,le soir même où elle était partie au secours de Zoé transformée en Nebeli, ne cessait de la hanter. Qu'allait-elle faire une fois adulte ?
Ces pensées occupaient d'ailleurs son esprit lorsque des doigts claquèrent devant ses yeux. En revenant à elle, Wendy vit que tout le monde autour de la table du réfectoire la regardait et attendait une réponse de sa part.
— Ça ne va pas ? S'inquiéta Fréone.
— Si, si. J'étais juste perdue dans mes pensées, répondit-elle.
— Elle devait sans doute rêver de son beau prince, se moqua Elisabeth.
Depuis que la garde du corps de la princesse avait clamé haut et fort que Wendy était la fiancée d'Enzo et que cette dernière avait démentie avec énergie, Elisabeth ne manquait jamais une occasion de faire référence à ce couple qui n'existait que dans son imagination. Si, au départ, la prétendante se défendait avec des mots, elle avait fini par passer ce stade et répondait à présent physiquement.
Ça n'était jamais vraiment méchant. Cette fois-ci, vu qu'elles étaient assises à côté l'une de l'autre, elle lui avait donné un coup de coude dans les cotes qui l'avait plus fait rire que fait mal. De toute façon, elle n'avait que peu de chance de la blesser. Pour celle qui se prenait des coups à longueur de journée dans ses entraînements, en recevoir un de la part d'une mage lui était semblable à une caresse.
— Au lieu d'essayer de deviner mes pensées avec aussi peu de succès, dites-moi plutôt ce que j'ai raté.
— Je disais qu'il y a une fête dans un village près d'ici et que les habitants nous envoient une invitation chaque année. Ça te dit de nous accompagner ?
— Je ne suis pas vraiment à l'aise dans ce genre de réception...
— Qui t'a parlé de réception ? C'est une fête populaire ! S'exclama Elisabeth. Il y aura de la musique, des animations, de la nourriture, de l'alcool.
— En quoi l'alcool est un argument ? On n'a pas le droit d'en boire.
— Parce que ceux qui en abusent sont amusants à regarder, rit la garde du corps.
— On n'a pas vu les mêmes personnes qui en abusent alors, souffla la lutalicienne pour qui cet abus était synonyme de souffrance bien plus que de divertissement.
Connaissant son passé qu'elle avait fini par leur révéler, Elisabeth se sentit mal d'avoir utilisé un tel argument en pensant qu'il était pertinent. Wendy ne lui en voulait pas, ce traumatisme étant derrière elle. Elle n'allait pas non plus s'indigner qu'elle trouve les comportements des adultes saouls amusants vu qu'elles ne partageaient pas les mêmes expériences à ce sujet.
— Viens s'il te plaît, insista Ana. Tu pourrais aussi proposer à ta famille.
Là par contre, l'argument était plus valable. Cela faisait un bout de temps qu'elle n'avait pas fait quelque chose avec eux et ce pouvait être l'occasion de s'amuser tous ensemble. Wendy allait donc céder et dire qu'elle allait leur proposer cette sortie une fois rentrée chez elle lorsque la directrice se présenta à leur table, mettant ainsi en pause leur discussion.
— J'ai entendu de quoi vous parliez, annonça-t-elle.
— Vous allez venir vous aussi ? S'enjoua la princesse.
— Je ne pense pas. Un messager est venu ce matin à mon bureau pour me prévenir que ton père voulait nous voir. Toi, moi et Wendy.
— Moi aussi ? S'étonna la lutalicienne. Pourquoi ?
— Je n'en sais rien, mais ça avait l'air important. Ne prévoyez donc rien tant que vous ne savez pas ce qu'il veut.
— C'est vrai que papa ne fait presque jamais ça.
— Peut-être que tu as fait une énorme bêtise avec Wendy, supposa Fréone.
— Mais on n'a rien fait ! Se défendit la princesse.
— C'est vrai ! Ajouta Wendy. Depuis le sauvetage de Zoé, nous n'avons absolument rien fait ! Notre comportement est irréprochable !
— C'est peut-être parce que votre comportement est irréprochable que le roi et la reine pensent que vous manigancez quelque chose, commenta la garde du corps.
— Eh ! Je ne suis pas mon frère ! Ça n'est pas parce qu'on n'entend pas parler de moi que je prépare un coup fourré !
— Une dernière précision, ajouta la directrice tout en se tournant vers Fréone. C'est une convocation restreinte, ce qui veut dire que tu ne pourras pas les accompagner.
— Il n'est pas question que je m'éloigne de Wendy ! Protesta Sixircun.
Si Fréone ne semblait pas spécialement affecté par ce refus de sa présence, cela ne plaisait clairement pas au mange-magie. Il s'était juré de toujours rester auprès d'elle, sa réaction était donc logique, même si une telle énergie dans sa protestation avait surpris tout le monde.
— Tu ne fais pas partie des personnes conviées, répondit calmement la directrice.
— Allons, vous savez bien qu'ils sont inséparables, on ne peut pas faire une exception pour lui ? Tenta la jeune Elisabeth.
— Je viens juste vous prévenir, ça n'est pas moi qui fais les règles.
— Il n'aura qu'à nous accompagner et il restera à l'extérieur si mon père ne veut vraiment pas de sa présence, trancha Ana avec un haussement d'épaule.
En signe de protestation, le mange-magie se transforma immédiatement en lapin ailé et sauta sur les genoux de son invocatrice. Ce geste fit soupirer la directrice qui lui avait pourtant dit et répété qu'il ne devait pas se montrer sous cette apparence dans l'enceinte de l'académie. Pour Wendy, il faisait aussi cela pour montrer que si Sixircun en tant que personne n'était pas admis à cette réunion, il ne devait exister aucune contre-indication lui interdisant de venir en tant qu'animal de compagnie.
Son message passé, la directrice repartit à sa table pour manger en compagnie d'autres professeurs. De leur côté, les étudiants et surtout Ana étaient déçus de ne peut-être pas pouvoir assister au festival dont ils avaient parlé. La suite de leur repas fut, elle, rythmée par les différentes hypothèses autour de la convocation.
Si les deux prétendantes cherchaient vraiment, le lutalicien et la garde du corps, eux, s'amusaient à donner des raisons absurdes et à les défendre comme s'ils savaient détenir la vérité. Ainsi, Fréone était resté sur l'hypothèse de la grosse bêtise, justifiant ainsi qu'il ne faisait pas partie des convoqués vu que lui n'avait rien fait de mal. Elisabeth, quant à elle, était retournée sur son sujet de taquinerie préféré et affirmait que cette convocation avait pour but d'annoncer les fiançailles du prince avec Wendy.
Cette fois-ci cependant, la lutalicienne ne se laissa pas faire et se mit à réfléchir à haute voix. Si Elisabeth n'arrêtait pas de parler du prince et de fiançailles, n'était-ce pas parce que c'était elle qui avait des sentiments pour lui et qu'elle tentait de le cacher en projetant ces sentiments sur quelqu'un d'autre.
La garde du corps trouva d'abord cette théorie très drôle, mais perdit son sourire lorsque la princesse s'en mêla et se joignit à Wendy pour l'étoffer. À partir de ce moment, les rires s'étaient transformés en bafouillements et en justifications bancales. Ce retour à l'envoyeur avait été bien plus efficace que prévu, se dit-elle.
La reprise des cours sonna comme une libération pour Elisabeth qui s'empressa de repartir à l'entraînement. De leur côté, les lutaliciens avaient une après-midi un peu plus libre que le reste des étudiants. Vu qu'aucun professeur n'était entièrement disponible pour leurs cours particuliers, des travaux pratiques leur avait été donné pour qu'ils puissent progresser en autonomie. Cela se faisait sous la surveillance d'un professeur qui s'occupait de sa propre classe sur le terrain d'à côté, mais venait régulièrement les voir pour les corriger et prodiguer quelques conseils.
Concentrée sur sa pratique, Wendy ne vit pas le temps passer et ne se rendit compte de l'heure que lorsque la directrice vint la chercher, accompagnée de son fils, sa belle-fille, la princesse et son escorte. L'heure était venue de se rendre à cette fameuse convocation qui avait occupé son esprit au moins autant que les sorts qu'elle devait s'exercer à lancer.
— Je rentre prévenir ton grand-père pour qu'il ne s'inquiète pas de me voir revenir sans toi, annonça Fréone.
— Merci, à tout à l'heure, le salua-t-elle avant de venir à la rencontre des autres.
— On ne sait toujours pas ce que le roi nous veut ?
— J'ai eu Ana une bonne partie de l'après-midi en classe et j'ai eu beau lui dire que je n'en savais rien, elle continuait d'insister avec cette question, soupira Scyllia.
— Je ne l'ai pas demandé tant de fois que ça ! Se défendit la princesse.
— De toute façon, même si je le savais, ton père va nous en parler dans quelques minutes alors ça ne change pas grand-chose.
— Vu que Scyllia se trouve ici et que les téléportations sont interdites, cela veut dire que nous y allons à pied ? Questionna Wendy.
— Pour cette fois-ci, nous allons être convoqués. Cela ne devrait pas tarder à arriver, alors restez près de moi, annonça la directrice.
Convoqué ? Que voulait-elle dire par là ? Au moment où elle allait poser cette question, Wendy vit de l'énergie s'accumuler dans la main de la duchesse. Non, pas dans sa main. Dans l'une de ses bagues. L'instant d'après, cette énergie se libéra et généra un cercle de téléportation de quelques mètres de diamètre.
Voici donc ce qu'elle entendait par convoqué. Le roi avait la capacité, via cette bague, de les faire venir à lui, à la manière d'une invocation. Grandement intéressée par cet enchantement, la prétendante se mit à réfléchir à toutes sortes de questions. Y avait-il une limite de distance ? La personne invoquée pouvait-elle refuser l'appel ? Combien d'autres personnes pouvait-elle emmener avec elle ?
— Je ne comprends pas pourquoi je n'ai toujours pas reçu la mienne, râla Scyllia.
— Tu manques encore d'expérience en tant que conseillère, répondit sa belle-mère. Cette fois-ci est un peu exceptionnelle, mais il l'utilise d'habitude lors des crises où il a besoin de conseils rapides et réfléchis.
Et de toutes les histoires que Wendy avait entendu, si la rapidité ne lui faisait pas défaut, le caractère réfléchi des conseils qu'elle pouvait donner pouvait poser problème. La prétendante à la vie devait d'ailleurs en être arrivée à la même conclusion vu qu'elle croisait les bras et arborait une mine boudeuse.
Du côté des invoqués, tout était semblable à une téléportation classique avec le voile de lumière qui les entoura avant de s'évanouir pour révéler leur nouvelle position. La lutalicienne reconnut l'intérieur du palais, mais n'avait jamais été dans cette pièce précisément. Le roi, la reine, le prince ainsi que le mari d'Elisabeth étaient assis du même côté d'une grande table ronde qui pouvait accueillir bien plus de personnes que le nombre qu'ils étaient.
Chacun prit place, à l'exception de la jeune Elisabeth qui se rendit près de l'un des gardes royaux et se figea dans une posture d'attente. La seule personne qui n'avait pas été clairement invitée, à savoir Sixircun, s'assit aux côtés de son invocatrice comme si de rien était. Cela ne provoqua aucune réaction chez le roi, ce qu'il prit comme un signe qu'il pouvait rester.
— Bonjour à tous, salua le roi. J'espère que vous allez tous bien.
— Mise à part une certaine personne qui n'a pas arrêté de demander pourquoi nous étions convoqués, au point de perturber mon cours, tout va bien, répondit Scyllia.
— Ça n'est pas vrai, je n'ai rien fait ! Se défendit la princesse.
Au vu du sourire de la prétendante à la vie, Ana venait de réagir exactement comme elle le souhaitait et était tombée à pieds joints dans son piège. Voyant qu'il s'agissait d'une blague, le couple royal ne réprimanda pas la princesse et attendit que le silence retombe pour commencer la réunion.
— D'un côté, tu n'as pas pour habitude d'utiliser la bague pour rien, mais d'un autre, tu nous as laissé terminer notre journée avant de nous faire venir. Dois-je en conclure que c'est important, mais que l'urgence n'est pas absolue ? Demanda la duchesse.
— C'est tout à fait ça. Les choses bougent chez nos voisins du sud.
— Encore eux ?! Ils ne peuvent pas se tenir tranquille un peu ? Qu'est-ce qu'ils ont encore inventé ?
— Leur structure politique est sur le point de changer. La fédération d'Istram va devenir l'empire d'Istram.
— Cette information vient de nos espions ? Questionna Alex.
— Ils m'avaient déjà révélé que les choses bougeaient dans les hautes instances, mais ils n'avaient pas été aussi précis. Non, si je le sais, c'est parce que la famille royale de Trémiss a été invitée au sacre de cet empereur.
— Et qui est donc ce fameux empereur ?
— Son nom ne figure pas dans l'invitation.
— Voilà qui est étrange... Et puis, un empire, ça aussi c'est inquiétant.
— C'est une suite logique, contredit le roi. Le royaume d'Istram a été morcelé en plusieurs territoires qui sont restés sous la même bannière en formant une fédération avec un conseil à sa tête. Vu qu'ils ne sont plus aussi unis qu'avant, un empire est plus adéquat qu'un royaume, surtout qu'ils ne veulent plus de royauté chez eux.
— Oui, enfin entre un empereur et un roi, le peuple ne verra pas la différence, commenta Scyllia.
— Certes, mais rien qu'un petit changement de nom peut faire accepter une idée qui aurait été refusée autrement, répondit la reine.
— Et pourquoi un empire serait plus inquiétant qu'un royaume pour nous ? Questionna la princesse.
— Parce que les empires ont la fâcheuse tendance à avoir un comportement plus belliqueux et à vouloir s'étendre au détriment de leurs voisins.
Voilà qui n'augurait rien de bon, se dit Wendy. Le royaume où se trouvaient tous ses amis était-il sur le point d'être envahi par le pays qu'elle avait fui ? Trémiss avait parfaitement réussi à les repousser quelques années auparavant, qu'est-ce qui pouvait bien changer la donne cette fois-ci ?
— Tu penses que c'est un piège ? Devina Elisabeth.
— Réunir tous les dirigeants du continent en un seul point, c'est une occasion rêvée pour se débarrasser d'eux et désorganiser tout le monde, confirma-t-il. Mais d'un autre côté, ne pas y aller s'ils nous envoient cette invitation de bonne foi pourrait être vu comme une insulte et nous placerai en haut de la liste des pays à conquérir.
— Nous y avons bien réfléchi et nous comptons nous y rendre, annonça la reine. Pouvons-nous compter sur vous pour nous accompagner ?
— Merci, mais non merci, répondit immédiatement Scyllia. Pardon, mais je ne pense pas que les Istramiens voient ma présence d'un bon œil. N'oubliez pas que pour eux, je suis toujours la nécromancienne et que cela fait des années que nous jouons sur ça pour étouffer dans l'œuf toute envie de nouvelle guerre de leur part.
— Je comprends, acquiesça le roi sans insister. Ça n'est même pas plus mal. Si les choses tournent mal, nous pourrons user des pouvoirs d'Ana pour nous enfuir. Richard, Elisabeth ?
— C'est un peu soudain, j'ai certaines choses à mettre en ordre à l'académie avant de pouvoir déléguer, mais si nous avons du temps, je serai évidemment du voyage.
— Moi également, répondit son mari.
— Excusez-moi mais... Pourquoi vouliez-vous que j'assiste à cette réunion ? Finit par demander Wendy. J'ai beau être originaire d'Istram, je n'y ai plus aucun lien et je n'ai d'ailleurs aucune envie d'y retourner. Et puis, en tant que Lutalicienne, je n'ai que peu d'intérêts dans la politique du continent et je m'y connais très peu en étiquette. Je risque de faire des faux pas qui pourraient vous mettre dans l'embarras.
— Pour toi, c'est un peu spécial. Ça n'est pas moi qui ai demandé ta présence et crois bien que, connaissant ton passé, je t'aurai bien épargné cela. Cependant...
Plutôt que de terminer sa phrase, le roi prit l'un des parchemins enroulés qui se trouvaient près de lui et le fit glisser jusqu'à Wendy. Contrairement aux autres, celui-ci dénotait par sa couleur. Il semblait être fait d'or et le cachet déjà descellé dessus était marqué d'un symbole qu'elle connaissait bien. Celui de Siguir, la déesse de la magie.
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