Chapitre 3
Après avoir passé encore quelque temps à l'académie pour parler de tout et de rien, le groupe composé de la princesse du royaume, de son escorte, de deux lutaliciens et d'un lapin ailé se décida à quitter l'école pour se rendre au palais. Là bas, ils comptaient retrouver le prince qui, bien que lambinant souvent à l'académie, était resté chez lui ce jour-ci.
Le palais n'étant pas tout proche de l'académie, il leur aurait fallu un bon bout de temps pour y parvenir s'ils s'y étaient rendus à pied, surtout en présence de la princesse qui ne pouvait pas faire deux pas dans sa ville sans que quelqu'un ne vienne la saluer. C'était aussi un problème pour les lutaliciens qui, à peine arrivé à destination, auraient dû rentrer chez eux au vu de l'heure.
Ainsi, pour gagner du temps et puisque personne ne semblait respecter la loi portant sur l'interdiction de se téléporter dans la capitale, ce fut par ce moyen de transport qu'Ana amena tout le monde à destination en un claquement de doigts.
Chacun avait sa petite excuse pour déroger à la règle. Elisabeth, bien que directrice de l'académie, restait l'une des plus proches conseillères du roi, Zoé affirmait avoir reçu un passe-droit de la part de la reine, les autres amis de Scyllia avaient, pour la plupart, posé des balises à différents endroits de la ville, quant à Ana, son excuse était double.
Tout d'abord, elle disait qu'elle avait bien le droit de le faire vu qu'elle ne faisait que retourner chez elle. Ensuite, ça n'était pas qu'elle voulait spécifiquement se rendre au palais, mais que ses parents eux-mêmes avaient fait en sorte qu'elle se retrouve auprès de la prétendante à la vie lorsqu'elle usait de son pouvoir inné. Était-ce de sa faute si Scyllia se trouvait à la capitale ou même au sein du palais lorsque cela arrivait ?
Selon l'interlocuteur, cette mauvaise foi était soit amusante, soit exaspérante, surtout qu'elle avait prouvé qu'elle pouvait aisément contourner cette restriction et qu'elle se rendait souvent d'elle-même à Lutalica en se servant de l'énergie de Zuria pour localiser l'île volante.
Cette fois-ci, sa téléportation les fit atterrir sur l'un des balcons de la salle du trône. La prétendante à la vie avait fini par s'installer à cet endroit lorsqu'elle assistait à des séances afin de justement éviter que l'apparition de la princesse ne trouble le bon déroulé des doléances.
Outre les autres nobles qui se trouvaient plus loin, Wendy remarqua qu'elle n'était pas seule. Il y avait auprès d'elle son mari, son beau-père, mais aussi le prince. Enzo était assis sur une chaise et écoutait ce qui se passait en contrebas, sa tête appuyée sur ses bras eux-mêmes posés sur la balustrade.
— Salut tête de pioche ! Lança la garde du corps de sa sœur en lui ébouriffant les cheveux.
— Tête de pioche ? Comment t'adresses-tu à ton futur roi ? Feignit-il de s'indigner.
— Moi je trouve que ce surnom lui va bien, commenta la princesse, toujours prompte à défendre sa garde du corps lorsque cela concernait son frère.
— Enzo a raison, réprimanda gentiment Scyllia. Que dirait ta mère si elle t'entendait appeler le prince ainsi ?
— Mais c'est elle qui l'appelle tout le temps comme ça ! Se défendit-elle.
— Où est passé le temps où les gardes royaux respectaient ceux qu'ils avaient juré de protéger ? Souffla Enzo.
— Je crois que ce temps est mort lorsque tu as commencé à leur échapper pour faire tes petites escapades en ville, rit Alex. Tu devais avoir dans les alentours de six ans.
— Tu vois, c'est de ta faute ! Jubila Elisabeth.
— Les enfants, un peu de calme, tempéra Richard, le père d'Alex. Vous commencez à attirer l'attention.
Effectivement, si tout le monde en bas était concentré sur la doléance en cours, ceux présents sur le balcon leur jetaient des regards réprobateurs. Deux d'entre eux avaient beau être des enfants royaux, cela n'empêchait pas les nobles présents d'essayer de leur faire comprendre qu'ils pouvaient très bien aller jouer ailleurs s'ils voulaient faire tant de bruit.
Même s'ils étaient ciblés comme fautifs, Enzo et Ana préféraient avoir affaire à ceux-là plutôt qu'aux autres qui prenaient un ton mielleux dès qu'ils leur adressaient la parole. Eux s'intéressaient à ce qui se passait dans le royaume alors que les autres ne cherchaient qu'à se faire bien voir pour obtenir richesse et pouvoirs.
— Alors, comment s'est passé cette première semaine d'école ? Demanda Scyllia pour changer de sujet et apaiser les esprits.
— Pour l'instant, ça me paraît facile, je dirai même que tout ce que j'ai vu tient de l'évidence, répondit Ana.
— Ça, c'est parce que tu as une affinité toute particulière avec la magie en tant que prétendante. Les premières semaines sont normalement assez difficiles vu que tous les préceptes sont parfaitement nouveaux sans aucune base sur lesquelles se reposer.
— Moi j'ai rien compris à ses bouquins, mais le maître d'armes de l'académie est vraiment bon ! Il ne me fait pas de cadeau, j'ai l'impression de m'entraîner avec ma mère.
— Et tu te rendras vite compte qu'en réalité, il te ménage, commenta Alex.
— Au moins, ça me change de mon père qui retient trop ses coups. Je sais qu'il est fort, mais à chaque fois que je l'affronte, j'ai l'impression de me battre contre Enzo, c'est bien trop facile.
— Pourquoi je m'en prends une gratuitement ? Souffla le prince sans vraiment chercher à protester.
— Il a peur de blesser sa petite princesse, c'est normal qu'il n'arrive pas à croiser le fer sérieusement avec toi, répondit le duc.
— Vous parlez du père d'Elisabeth ou d'Enzo ? Questionna Fréone.
— Tu ne vas pas t-y mettre toi aussi !
Vu l'endroit dans lequel ils se trouvaient, tout le monde tenta tant bien que mal de cacher son rire. Même le duc qui était le plus sérieux de tous peinait à se contenir.
— Et vous, tout se passe bien ? Questionna Alex une fois la crise de fou rire passée.
— Très bien, c'est parfois un peu compliqué, mais avec dame Elisabeth, tout finie toujours par être très clair, répondit Wendy. Par contre, étudier avec elle nous a valu d'être un peu mal vu par d'autres élèves.
— Ah bon ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
— L'un d'eux n'arrivait pas à admettre que la directrice faisait ça parce que nous n'avions pas le niveau pour rejoindre une classe normale, expliqua le lutalicien. Il disait qu'on avait un traitement de faveur et que c'était injuste que eux aient à étudier avec leurs professeurs et que nous nous ayons le droit de recevoir l'enseignement d'Elisabeth.
— Et il avait quel âge ?
— Le nôtre je crois, réfléchit la prétendante à la magie.
— Quoi ?! Mais quel petit con ! C'est moi qui m'occupe des classes de votre âge pour la magie blanche et les autres enseignants sont tous très bien ! Ne me dis surtout pas à quoi il ressemble sinon il va m'entendre !
— Du calme, la tempéra son mari. N'oublie pas où nous sommes.
Cette fois-ci, l'explosivité de Scyllia avait été telle que même ceux d'en bas s'étaient tournés vers eux. Le roi, sur son trône, s'était interrompu et regardait dans leur direction. D'un signe de main, la prétendante à la vie s'excusa auprès de l'audience puis se fit toute petite tandis que les doléances reprenaient.
— Et donc, à part critiquer mes collègues et moi-même, qu'a-t-il fait ?
— Il nous a lancé un défi en invoquant une ancienne règle pour prendre notre place.
— Tien, ça me rappelle quelque chose, s'en amusa Alex.
— Oui, moi aussi, grimaça Scyllia. Vous n'avez tout de même pas accepté, si ?
— J'ai envoyé Sixir, répondit Wendy.
— Ça aussi ça me rappelle quelque chose.
— Ah mais oui ! Je me disais bien que cette histoire me disait quelque chose ! S'exclama Ana tout en restant assez discrète pour ne pas déranger la séance. Ça t'était arrivé aussi quand tu étais à l'académie.
— Ça n'a pas dû être facile de combattre avec uniquement de la magie blanche, réfléchit Fréone.
— Oh non, penses-tu, elle s'est simplement contenté de libérer un démon primordial sur un gamin, répondit Alex, hilare.
— Arrête, j'ai trop honte en me rappelant ça. Je me souviens encore de la gifle que m'a mise le directeur de l'époque. Au moins, toi tu t'en es mieux sortie, même si Sixir n'a pas l'air dans son assiette.
— Les sorts étaient mal faits et la magie de mauvaise qualité, il a fait une intoxication alimentaire, répondit Ana.
— Pauvre petit lapin, s'attendrit la prétendante.
Tendant sa main vers le mange-magie, Scyllia généra un sort de soin basique, mais exécuté dans les règles de l'art avec une énergie de première qualité. Wendy allait pour lui dire que cela ne servait à rien vu qu'elle avait déjà essayé et qu'il n'avait pas mangé son sort, mais Sixircun se mit à l'engloutir avant qu'elle n'ait le temps d'ouvrir la bouche.
Rassasié et allant visiblement bien mieux, il sauta de ses bras et reprit forme humaine avant de se jeter dans ceux de Scyllia qui le réceptionna avec autant d'étonnement que d'amusement.
— Je peux devenir ton familier ? Je ne prends pas beaucoup de place et je serai sage, c'est promis, chouina-t-il.
— C'est gentil, mais je ne pense pas que Wendy appréciera que je te vole à elle. En plus, entre mes différentes classes, nos enfants et nos terres, nous avons déjà fort à faire.
Apprécier, oui et non, pensa la lutalicienne. D'accord, elle l'avait forcé à absorber de la magie qu'il ne voulait pas manger. Elle comprenait donc sa réaction. Cependant, voir qu'il avait dévoré le sort de Scyllia alors qu'il n'avait pas voulu du sien quelques minutes plus tôt était des plus vexants.
— Et de votre côté, tout se passe bien ?
— On peut dire ça, répondit le prince qui avait repris sa posture initiale, affalé sur le garde-corps. Il n'y a rien eu de grave, mais je ne sais pas ce qu'ils ont tous aujourd'hui, leurs requêtes sont toutes plus débiles les unes que les autres. Je n'ai jamais vu mes parents aussi pressés que les doléances se terminent.
De par ces étranges paroles, Enzo attira l'attention de tous les nouveaux venus sur ce qui se passait en bas. Le prince n'était pas du genre à dénigrer son peuple. S'il disait cela, ce devait vraiment être parce que les doléances étaient saugrenues.
Assis dans leurs trônes respectifs, le roi et la reine, habituellement si imposants et inspirants de par leur posture paraissaient effectivement las. Wendy n'avait pas entendu pourquoi la personne en face d'eux se présentait aujourd'hui, mais la réponse du roi, ce refus d'accéder à la requête, traduisait malgré lui toute son exaspération.
Une nouvelle personne fut annoncée et un homme au milieu de la vingtaine s'avança avec assurance jusque devant le trône. Contrairement au précédent, lui était bien habillé, se tenait parfaitement droit et avait une allure de ceux qui avaient passé du temps à travailler leur démarche.
Contrairement à ce que la prétendante avait pu voir en assistant à certaines séances, l'homme ne s'inclina pas face au couple royal et ne baissa même pas la tête, soutenant leur regard.
— Nous vous écoutons, lança le roi qui ne se formalisa pas de ce manque de respect envers la couronne. Quelles sont les raisons de votre présence aujourd'hui ?
— Si je me présente aujourd'hui devant vous, c'est pour revendiquer ce qui me revient de droit. Ceci !
Dans un geste assuré, l'homme lança son bras en avant et pointa le roi de son index. Le roi ? Non, il visait légèrement plus bas. Le trône ? Mais qu'est-ce que ça voulait dire ?
— Voilà aut'chose, commenta Elisabeth. Tu as raison, ils sont vraiment débiles. Il est évident que ce trône appartient à Ana.
— Et encore, tu n'as pas vu les précédents, souffla Enzo. Ils étaient tous du même acabit. Et d'ailleurs, non, ce trône n'appartient pas à Ana, il appartient à notre père et aux dernières nouvelles, l'ordre de succession me place en tête.
— C'est ça, comme si le roi allait sciemment conduire à la ruine le royaume qu'il s'est évertué à faire prospérer pendant toutes ces années, railla la jeune garde du corps.
Encore et toujours dans le conflit, se dit Wendy. Lorsqu'ils étaient réunis, il n'y avait pas une journée où cela n'était pas arrivé au moins une fois. Si elle était gênée au début de se retrouver entre deux amis qui s'écharpaient ainsi, elle avait vite compris que ces piques et cette répartie amusaient autant l'un que l'autre. À présent, la prétendante à la magie n'intervenait plus pour défendre l'un ou l'autre et faisait comme tout le monde. Elle restait à l'écart et profitait du spectacle.
Leur petit jeu n'était cependant pas la chose la plus divertissante cette fois-ci. Ce qui se trouvait en bas était bien plus intrigant.
— Allons bon, soupira le roi qui y voyait encore du temps perdu. Et qu'est-ce qui vous fait croire que le trône vous revient avant mes enfants ? Sans compter que je ne compte pas non plus abdiquer dans les prochaines années.
— Certes, tant que vous n'aurez pas abdiqué, ce trône restera votre. Il me reviendra cependant lorsque vous déciderez de laisser le pouvoir car je suis votre successeur et l'aîné de vos enfants !
Cette révélation provoqua l'étonnement dans l'assemblée. Les témoins de la scène se mirent à chuchoter entre eux, que ce soit en bas ou sur les balcons. Dans le groupe autour de Wendy, les réactions étaient plus mitigées. Enzo et Ana, à leur expression, n'y croyaient pas une seule seconde tandis que les adultes semblaient perdus dans leurs pensées, comme s'ils s'étaient mis à calculer si ceci était cohérent d'après l'âge estimé de l'inconnu.
— J'aurai donc un enfant illégitime, résuma le roi. À en juger par ton âge, tu serais né avant mon mariage avec la reine. Puis-je savoir qui t'a mis cette idée en tête ?
— C'est ma mère qui m'a parlé de vous, de votre rencontre avec elle alors que vous étiez de passage à Sotariane. De la manière dont vous l'avez séduite, puis abandonnée par la suite ! Vous ne pouvez nier que vous avez eu des aventures avant votre mariage, promettant à de jeunes femmes naïves que vous feriez d'elles la reine. L'une de ces jeunes femmes est ma mère !
— Nous étions encore de jeunes enfants à cette époque, dit Scyllia en se tournant vers Richard. Qu'en pensez-vous ?
— Que c'est absurde, répondit-il de manière catégorique. Le roi n'a jamais été réputé comme un coureur du jupon. Une telle chose se serait sue. Il n'est pas rare qu'il y ait des enfants illégitimes de nobles, mais je vois mal notre roi en avoir un.
— Et pourtant, c'est vrai que d'ici, il y a un petit air de ressemblance... commenta Elisabeth.
— Ne dis pas n'importe quoi ! S'agaça le prince. Il ressemble à mon père autant que moi je ressemble à Senca.
— Loin de moi l'idée de remettre en question la fidélité de notre très chère reine Lise, mais ça ferai donc d'Ana la première et seule héritière, sourit-elle.
— Là tu vas trop loin, lança sèchement la princesse qui n'avait visiblement pas apprécié le sous entendu concernant sa mère.
Honteuse d'avoir dit cela, Elisabeth se fit toute petite et se recula. Si les chamailleries étaient courantes entre le frère et la sœur et qu'elle la laissait s'en prendre à lui à loisir, le reste de sa famille était quelque chose d'absolument sacré et intouchable.
— Que ce soit vrai ou non, il va falloir que le roi règle cette affaire rapidement s'il ne veut pas que cela s'ébruite.
De ce que Wendy pouvait voir, le père d'Enzo et d'Ana ne semblait pas si inquiet que ça. La reine, quant à elle, regardait son mari, non pas avec de la méfiance, mais au contraire, avec une totale confiance en lui.
— D'accord, céda le roi. Met ceci à ton doigt, ainsi tout le monde saura que tu es de mon sang.
Tout en parlant, le roi retira l'une de ses chevalières et la lança à son prétendu fils. Celui-ci ne pouvait cacher son étonnement qu'il l'ait accepté aussi facilement et récupéra la bague au vol. Dans l'assistance, les murmures redoublèrent. À ce niveau là, ce n'était même plus des murmures vu que Wendy arrivait à entendre ce qui se disait depuis le balcon.
Certains n'y croyaient toujours pas, d'autres se demandaient si le roi était finalement une tout autre personne que ce qu'ils croyaient, d'autres encore commençaient à adhérer à la version de l'homme qui s'était présenté comme étant son fils.
— Que... que se passe-t-il ! S'étonna l'homme à haute voix, faisant ainsi taire tout le monde.
À sa posture, il essayait de passer la chevalière à son doigt en y mettant toutes ses forces, mais n'y arrivait pas. Il les essayait tous, du pouce à l'auriculaire en passant par le majeur. La bague ne dépassait jamais son ongle. Pourtant, le roi l'avait retiré de son index et l'inconnu avait des doigts fins, ça ne devait pas être un problème de taille de l'anneau.
— Cette bague a été enchantée pour n'être portée que par les descendants de ma famille, expliqua le roi. Seuls ceux dont le sang des Sarkine coule dans leur veine peuvent la passer au doigt. Le fait qu'elle te repousse démontre bien que je ne suis pas ton père. Je pourrais tout aussi bien demander à ce que l'on cherche dans les archives de mes déplacements la preuve que je ne me suis pas rendu à Sotariane dans une période qui pourrait coïncider avec le récit qui t'a été donné, mais je pense que cette preuve est déjà suffisante.
— Tu le savais ? Demanda Elisabeth à Enzo.
Pour toute réponse, le prince leva négligemment sa main devant elle et l'agita légèrement pour lui montrer la chevalière qu'il portait au majeur. Les armoiries de la famille royale y figuraient, signe que lui était bien un descendant du roi Sarkine. De la même manière, Ana tendit sa main devant sa garde du corps et révéla une bague bien plus féminine et discrète à son annulaire, mais qui arborait elle aussi le symbole de la famille.
— Maman en a une aussi, mais elle est différente de la nôtre, expliqua la princesse. Ces bagues ne peuvent être imitées et si quelqu'un se présente avec une semblable à celle de maman, alors ça ne prouvera absolument rien.
— Je ne te ferai pas l'affront de traiter ta mère de menteuse, il est parfaitement possible qu'elle même croyait à cette histoire. Tu l'as dit toi-même, elle était jeune et sans doute naïve à cette époque. Un imposteur a très bien pu se faire passer pour moi. Je crois en ta sincérité et je suis convaincu que tu pensais réellement être mon fils illégitime. Je suis navré pour toi, mais ça n'est pas le cas.
Lâchant la chevalière qui tinta au sol sur quelques rebonds avant de s'arrêter en dessinant un petit cercle, le fils illégitime qui ne l'était pas serra autant les poings que la mâchoire. Ça n'était pas de la colère qui provoquait cela, mais une profonde frustration mêlée à de la tristesse. Son monde, tout ce qu'il croyait être, venait de s'écrouler en un instant. Comme l'avait dit le roi, il ne devait pas être un imposteur, mais pensait réellement ce qu'il disait.
Alors qu'une première larme roulait sur sa joue, il finit par se détourner du roi et marcha précipitamment dans l'allée au milieu de l'assistance avant de disparaître par la grande porte.
Une fois qu'il fut parti, le roi se leva, récupéra sa chevalière et la passa à son doigt comme s'il s'agissait d'une simple bague tout à fait banale. Il poussa ensuite un long soupir, puis se tourna vers l'assistance.
— J'espère que ceci fera taire les rumeurs naissantes. Quant à ce garçon, je vous demanderai de le laisser tranquille. Il doit déjà bien assez souffrir comme ça d'avoir appris une partie de la vérité.
Les choses mises au clair avec l'assistance, il retourna s'asseoir sur son trône, puis demanda à ce que la personne suivante se présente devant lui. Les doléances n'étaient pas terminées, au grand damne du roi et de la reine qui étaient pressés d'en finir avec cette journée folle.
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