Chapitre 12
La sortie de la ville sous les acclamations des habitants passée, les jours qui suivirent se firent bien plus calmes. Le beau temps était au rendez-vous et les routes étaient paisibles. D'un autre côté, même avec un butin aussi alléchant au vu du nombre de nobles présents dans le convoi, la simple vue de l'escorte devait refroidir les plus téméraires des bandes de bandits de grands chemins. Sans compter qu'en plus de l'escortes, certains nobles en questions étaient loin d'être sans défense.
Lorsqu'elle eut cette pensée, Wendy s'imagina avec amusement une embuscade ou un malfrat réussirait par miracle à se rendre jusqu'à la diligence où se trouvait la duchesse Emvar et regretter amèrement d'avoir ouvert la porte.
En la voyant sourire, la reine lui avait alors demandé à quoi elle pensait et, n'ayant aucune raison de le cacher, l'adolescente partagea avec eux cette petite histoire. Pour le roi, ce récit était peu réaliste. Elisabeth n'était pas du genre à rester dans sa voiture en cas d'attaque. Il affirma qu'elle n'aurait jamais la patience d'attendre que les gardes s'occupent d'eux et serait la première à sortir pour faire le ménage.
À cela, la reine répondit que les gardes royaux seraient de toute façon bien plus occupés à insister auprès de lui pour qu'il rentre se mettre à l'abri plutôt que de réellement combattre les assaillants. En disant cela, elle affirmait donc qu'en plus d'imiter Elisabeth, le roi se mettrait en danger en allant en première ligne, même si, dans son cas, se mettre en danger était un bien grand mot.
Mise à part les quelques conversations dont les sujets finirent par se tarir, il n'y avait pas grand-chose à faire à part regarder le paysage défiler. Wendy n'avait pas souvenir d'être ainsi prise d'un tel ennui lorsqu'elle avait fait ce périple en sens inverse avec sa famille. L'ennui était donc au rendez-vous et elle n'était pas la seule à le subir. Enzo et Ana, pourtant bien plus habitués aux voyages diplomatiques, ressentaient la même chose.
Plusieurs fois, la princesse se plaignit et affirma qu'ils auraient très bien pu s'y rendre par magie. Elle ajoutait d'ailleurs que ça n'était pas la première fois que les dirigeants de plusieurs pays se rassemblaient et qu'elle les avait déjà vu apparaître devant elle, ce qui voulait donc dire que ça n'était pas une question de tradition ou de protocole.
Ces deux justifications n'étaient cependant pas celles sur lesquelles son père s'appuya. En tant que roi, son devoir lui imposait bien souvent de rester à la capitale. Être invité par un pays proche était donc une bonne occasion de traverser son royaume et voir de ses yeux comment se portait son peuple. Lorsque plusieurs pays les séparaient de leur destination, là, il n'était pas contre user de la téléportation, négocier un droit de passage compliquant les choses ou passer par les voies maritimes pour éviter de se trouver chez un autre enlevant tout l'intérêt du voyage en diligence.
En trois jours, Wendy avait assisté à cette conversation cinq fois, comme si Ana avait oublié les précédentes ou bien qu'elle espérait un autre dénouement avec, à la clé, un voyage raccourci. Ils étaient de toute façon partis pour arriver à une date précise. Ils ne pouvaient donc pas user de magie pour s'y rendre vu qu'ils arriveraient bien trop en avance.
Les étapes étaient de véritables moments de libérations. À intervalle régulier, ils s'arrêtaient pour que les chevaux se reposent et que tout le monde puisse manger et se dégourdir les jambes. Lorsque la nuit tombait, plusieurs scénarios étaient envisageables. La première nuit, ce fut un noble dont le domaine était assez grand pour faire dormir tout le monde qui les accueillit. Le seconde tomba au moment où ils traversaient une grande ville où une auberge luxueuse avait été entièrement réservée. Enfin, pour la troisième nuit et comme dernière possibilité, ils s'arrêtaient pour camper.
Les diligences transportaient tout le nécessaire pour dresser des tentes et les aménager pour en faire de véritables habitations temporaires. D'après certains nobles, il s'agissait là de la grande aventure alors que Wendy ne pouvait s'empêcher de penser que ces tentes étaient bien plus spacieuses et plus confortables que ce que beaucoup avaient pour vivre. Il lui semblait d'ailleurs que la maison où elle avait passé les premières années de sa vie auprès de ses horribles parents était bien plus petite. Quant au confort, la question ne se posait même pas.
Les jours continuèrent ainsi à se suivre et à se ressembler. Cette monotonie était parfois brisée à la demande du roi qui, comme il l'avait expliqué à sa fille, en profitait pour aller à la rencontre de son peuple et s'assurer qu'ils ne manquaient de rien, mais ces arrêts-ci restaient rares.
Amélioration notable, Wendy et Ana avaient, à partir du quatrième jour, beaucoup moins le temps de s'ennuyer. Vu que la directrice de l'académie faisait aussi partie du voyage et que ses deux élèves devaient normalement être en train d'étudier, la duchesse s'était dit que leur donner quelques exercices leur éviterai d'oublier ce qu'elles avaient appris.
Il n'était évidemment pas question de faire de la magie dans la diligence. Les deux prétendantes devaient se contenter de la théorie et, bien sûr, toute solution impliquant l'usage de la magie lutalicienne était interdite.
Dans un premier temps, Enzo n'avait pu s'empêcher de se moquer d'elles et de la malchance qu'elles avaient de devoir travailler, même en voyage. Cela aurait pu être le cas s'il ne s'agissait pas de la duchesse Emvar qui leur avait donné ces exercices. Ceux-ci étaient faits de telle manière, la plupart du temps sous forme d'énigmes, qu'Ana et Wendy prenaient plaisir à y répondre et courraient même en redemander dès qu'une pause leur permettait de rejoindre la duchesse.
D'après Richard, son mari, préparer ces petites énigmes était devenu le nouveau passe-temps de sa femme qui les faisait essayer à un autre mage de la même diligence. Voyant que cela plaisait, l'idée d'en écrire davantage et de les regrouper en recueils qui seraient disponibles à la bibliothèque de l'académie commença même à germer.
La directrice s'imaginait plusieurs ouvrages représentant les différents niveaux de ses élèves. Elle voulait instaurer un système de récompense si l'un d'eux réussissait à résoudre celles de son niveau. Restait encore à écrire les dits ouvrages, décider de la récompense en question et, sans doute le plus important, trouver un moyen pour que les élèves plus avancés ne partagent pas les solutions à ceux plus jeunes.
Alors qu'ils approchaient de la frontière et que le soleil commençait à descendre et à faire rougir le ciel, il fut décidé de s'arrêter et de monter le camp. Il y avait bien des villages aux alentours, mais aucun n'avait les bâtiments nécessaires pour accueillir une telle délégation. Ne voulant pas mettre ses sujets dans l'embarras, le roi avait donc décidé que cette nuit serait passée sous les tentes.
Dès que les voitures furent arrêtées, tous les serviteurs qui faisaient partie du voyage s'activèrent pour dresser le camp. Certains mages de la cour y mettaient aussi du leur, usant de leur magie pour faciliter et accélérer les choses.
— Enfin ! Gémit Enzo tout en s'étirant longuement. J'ai bien cru qu'on ne s'arrêterait jamais !
— Monsieur est fatigué d'avoir dormi toute l'après-midi ? Le taquina sa sœur.
Apparaissant depuis l'autre côté de la voiture, Elisabeth allait pour rejoindre le groupe. Si la jeune garde du corps avait habituellement un caractère aussi jovial que bien trempé, elle s'était totalement métamorphosé à partir du moment où la mission d'escorte avait commencé pour elle.
Les piques lancées à Enzo avaient été remplacées par un ton solennel et respectueux et, là où elle était prompte à donner son avis sur tout, même lorsque personne ne lui avait demandé, elle était à présent silencieuse et répondait uniquement lorsqu'une question lui était posée.
Cela peinait son groupe d'amis de la voir ainsi, mais elle ne semblait pas s'en plaindre, bien au contraire. Elle faisait partie d'une mission d'escorte de la garde royale et était assignée à la protection de la princesse dans des lieux autrement plus dangereux que la capitale. Pour elle, c'était une véritable opportunité doublée d'un rêve.
Sachant cela, ses amis n'avaient pas insisté pour retrouver celle qu'elle était, mais tous avaient hâte que ce voyage se termine pour retrouver la vraie Elisabeth.
Alors qu'elle s'approchait pour se positionner près de la personne qu'elle devait protéger, un homme lui barra le chemin et attira l'attention de ceux qui avaient voyagé dans la diligence royale. Cet homme, en armure dorée typique des gardes royaux, laissait pendre dans son dos une longue cape rouge, là où celles des autres étaient blanches. Le capitaine.
— Viens avec moi, ordonna-t-il. Il nous reste encore un peu de temps avant que nous n'ayons à allumer les torches. Nous allons le mettre à profit pour ton entraînement.
— Ne pouvez-vous pas la laisser tranquille ? Soupira Ana. Elisabeth a chevauché toute la journée, elle doit être épuisée !
— Sauf votre respect princesse, Elisabeth est une néophyte de la garde royale. Or, la garde royale doit toujours être prête, quel que soient les circonstances. Ceux qui pourraient s'en prendre à vous ne vont pas revoir leur plan et rebrousser chemin parce que votre garde du corps a l'air épuisée. Je dirai même que, bien au contraire, ils verraient là une chance supplémentaire. Pour rejoindre nos rangs en tant que véritable garde royal à part entière, elle aura à traverser des épreuves bien plus difficiles qu'un entraînement aux armes après une journée de chevauchée.
Ne pouvant réfuter ces arguments, Ana chercha du soutien auprès de Ruby, la mère d'Elisabeth qui se trouvait proche d'eux et n'était pas intervenue. Celle-ci, plutôt que de l'aider, haussa les épaules et montra ainsi qu'elle ne prendrait pas part à cette discussion.
— Princesse, je vous remercie pour votre sollicitude, mais je suis d'accord avec le capitaine. Je dois être préparée à tout pour pouvoir vous protéger.
— Vivement que ce voyage se termine, j'en ai assez que tu m'appelles princesse à chaque fois que tu t'adresses à moi, bouda Ana.
Sachant qu'elle détestait le fait d'être suivie par une personne agissant aussi humainement qu'un golem, qu'elle était devenue une petite peste pour chacun de ceux qui avait essayé et qu'Elisabeth avait justement été choisie pour qu'il y ait un compromis entre protection et personnalité, Wendy comprenait qu'elle agisse ainsi. Pourtant, la lutalicienne, de par son âge qui lui donnait plus de maturité, comprenait Elisabeth. Pour elle, ce rôle de garde royal n'était pas un jeu et, si elle voulait réellement en devenir une, elle devrait se plier à ce genre d'exigence de la part du capitaine.
— Capitaine, cela vous dérangerait-il si elle m'affrontait à la place ? Proposa le roi. Je n'ai pas eu l'occasion de la mettre à l'épreuve depuis que je lui ai confié ma fille et je suis curieux de voir ses progrès.
— Mais... Papa ! Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ?!
— Arrête de te plaindre et regarde plutôt Elisabeth, murmura la reine pour que seuls ceux vraiment proches l'entendent. Elle a beau vouloir tenir son rôle de garde imperturbable, elle ne peut pas s'empêcher de sourire légèrement. Cette proposition lui fait plaisir.
Sans vraiment qu'elle ne comprenne pourquoi, de nombreuses paires d'yeux se posèrent sur la néophyte qui, en se sentant ainsi observée, se tint le plus droit possible comme le ferait n'importe quel garde royal. Malgré cela, elle n'arrivait pas à réfréner le très léger sourire qui tendait les commissures de ses lèvres.
— Puis-je vous parler sincèrement ? Questionna le capitaine.
— Te l'ai-je déjà interdit ? Répondit le roi.
— Je crains que vous ne reteniez trop vos coups en l'affrontant et que vous ne la ménagiez trop.
— Dans ce cas, tu n'auras qu'à me le dire et j'accélérerai la cadence. En attendant, Enzo a l'air de se plaindre de son immobilité. Pourquoi tu ne ferais pas quelques passes d'armes avec lui ?
— Mais je n'ai jamais dit ça ?! Protesta le prince.
— Entraîner le prince ? Avec grand plaisir ! Viens mon garçon, je vais t'apprendre deux ou trois choses qui pourraient te servir un jour.
— Bonne chance, mon garçon ! Se moqua la princesse tout en le poussant d'une tape dans le dos pour le faire avancer vers la capitaine.
S'il y avait eu une certaine solidarité et de la compassion pour Elisabeth, Enzo, lui, ne reçut aucun soutien de la part de sa famille ou de ses amis. Wendy avait d'ailleurs noté la différence de traitement du capitaine entre Ana et Enzo. Il s'était adressé à la première en l'appelant par son titre alors que le second avait eu le droit à un mon garçon bien plus familier.
— Capitaine, puis-je vous accompagner ? Questionna Ruby qui sortait enfin du silence.
— Mais arrêtez à la fin ! Je sais déjà que je vais avoir mal partout dans même pas dix minutes, alors si en plus je dois affronter deux gardes royaux, vous pouvez déjà creuser ma tombe ! Protesta le prince.
— Je ne souhaite pas affronter qui que ce soit, mais être témoin de l'évaluation d'Elisabeth, expliqua-t-elle. En tant que son instructrice, la voir combattre depuis un point de vue extérieur me permettrait de noter ses défauts et ses axes de progressions pour les lui faire travailler par la suite.
— Vu que je serai occupé avec le prince, c'est effectivement une bonne idée, confirma le capitaine. Allons un peu à l'écart pour ne pas déranger les serviteurs qui montent le camp.
Si ceux présents dans la diligence royale les suivirent à l'écart parce qu'il s'agissait de leurs proches, ils ne furent pas les seuls à se déplacer dans la petite clairière à côté du camp en construction. La nouvelle qu'un entraînement d'une acolyte allait avoir lieu, supervisé par le roi et avec, en prime, un combat entre le capitaine et le prince avait fait le tour du camp plus vite qu'il n'en fallait pour le dire et ce fut finalement sous les regards d'une véritable tribune de nobles que les amis de Wendy dégainèrent face à ceux qui devaient être parmi les meilleurs duellistes du royaume.
Au moins, avec tout le monde réuni ainsi sur le côté, cela facilitait le travail du reste de la garde qui pouvait aussi assister au combat sans avoir à quitter leur poste.
— Allez Elisabeth ! Montre leur tout le travail que tu as accompli et les progrès que tu as fait depuis la dernière fois ! L'encouragea la princesse.
— Et un petit mot d'encouragement pour ton frère ? Proposa la reine.
— Allez capitaine ! Lança-t-elle tout aussi fort que pour son premier encouragement.
Ces petites chamailleries entre le prince et la princesse étant connues de tous, la réaction d'Ana fit rire l'assemblée. Même sa mère, qui lui faisait de gros yeux, ne pouvait malgré tout s'empêcher de sourire.
Si, du côté du prince, le capitaine attendit qu'il fasse le premier pas, le roi, lui, prit l'initiative et chargea Elisabeth. La pointe de sa lame frôlant le sol, il la remonta dans un coup oblique qu'elle para avant de la repousser et de faire un pas en avant pour réduire la distance et tenter de reprendre le dessus. Leurs lames s'entrechoquaient dans de rapides mouvements fluides qui donnaient l'impression d'une danse et, si pour le moment personne ne semblait prendre l'ascendant, il était clair qu'au moins l'un des deux ne faisait que s'échauffer.
— Le capitaine lui avait pourtant dit de ne pas la ménager, grinça Ruby.
— Ça va venir, tempéra la reine.
— Quand les ennemis attaquent, ils ne commencent pas par des passes d'armes amicales.
— Tu préférerais que mon mari y aille sérieusement et ridiculise ta fille devant tout le monde ? N'es-tu pas parfois trop dure avec elle ?
— C'est elle qui m'a demandé d'être comme ça, de l'entraîner sans lui faire la moindre faveur. Si ça n'avait tenu qu'à moi ou à son père, jamais elle n'aurait tenu une arme de sa vie, mais elle a montré que c'était ce qu'elle souhaitait et qu'elle était prête à en accepter les conséquences. J'avais même peur qu'être aussi dure avec elle l'éloignerai de moi, mais au contraire, cela nous a rapprochées.
— D'aussi loin que je me souvienne, elle t'a toujours admirée, même lorsque tu n'étais encore que capitaine dans la garde de la ville. Elle t'a aussi vu endurer et réussir toutes les épreuves pour devenir garde royal et cela a dû l'inspirer.
— D'ailleurs, je me demandais, réfléchit Sixircun. Admettons que vous vous fassiez attaquer et que vous soyez séparée d'Elisabeth qui est aussi attaquée. Est-ce que vous choisiriez de la sauver elle ou de rester protéger le reste de la famille royale ?
— Sixir ! Ça n'est pas une question qui se pose. C'est horrible de penser à cela ! Réprimanda son invocatrice.
— C'est pourtant une question que j'ai dû me poser à un moment donné, répondit Ruby. Choisir entre son devoir et sa famille est le pire dilemme qui soit pour un garde royal. Ces deux choses qui importent plus que tout à nos yeux n'ont normalement que très peu d'occasions d'imposer un tel choix, à part bien sûr si le membre de sa famille est aussi de la garde royale. Fort heureusement, mon serment de loyauté va à un roi et une reine qui comprennent ces choses. Ainsi, si une attaque venait à se produire, ma mission serait de me rendre auprès d'Ana pour la protéger.
— Et elle pourrait ainsi veiller sur Elisabeth, compléta la reine. De toute façon, de ma famille, je suis la seule avec Ana qui puisse être réellement considérée comme sans défense et un autre garde qu'elle assure ma sécurité. Si elle devait protéger mon mari, il lui hurlerait sans doute dessus pour qu'elle rejoigne Ana tout en protégeant Enzo s'il est présent aussi.
— C'est aussi pour cela que je suis dure avec elle pendant ses entraînements. Pour qu'elle ne se retrouve pas prise au dépourvu et qu'elle puisse tenir jusqu'à ce que j'arrive en renfort. C'est donc un choix que je n'aurai heureusement pas à faire.
Le devoir ou la famille, pensa intérieurement Wendy. Rien que cela ne lui donnait aucune envie de s'engager dans un quelconque corps militaire. Malgré tout, la lutalicienne pouvait parfaitement s'imaginer une situation similaire où elle devrait faire le choix de venir en aide à sa famille ou à ses amis. Rien que d'y penser lui provoqua des frissons dans le dos et lui fit secouer la tête pour chasser ces images de son esprit avant de se concentrer de nouveau sur les affrontements.
Au milieu de la plaine, les combats s'étaient intensifiés. Le roi avait terminé son échauffement et maintenait Elisabeth sur une posture défensive grâce à des coups que Wendy ne pensait pas être réalisable sans l'usage de la magie. Et pourtant, il n'en utilisait aucune.
Enzo était lui aussi en difficulté contre le capitaine de la garde qui ne le ménageait pas. Ses coups étaient plus lents que ceux du roi, mais chaque impact semblait beaucoup plus violent. Les deux adolescents ne pouvaient que subir en espérant que leurs adversaires fassent une erreur. Était-il seulement possible que ces adversaires là fassent une erreur ?
Wendy pensa d'abord que la position défensive leur permettrait d'épuiser plus rapidement les adultes, mais elle dut se rendre à l'évidence. Ceux qui attaquaient étaient passés maître dans l'art de manier une lame et ils pouvaient danser ainsi pendant des heures sans vraiment flancher.
Du côté des spectateurs, si le résultat final était couru d'avance, ils n'étaient pas avares en compliments pour autant. Que ce soit au sujet d'Enzo ou d'Elisabeth, tous s'accordaient à dire qu'ils résistaient merveilleusement bien face à de tels adversaires.
Pendant qu'Elisabeth était toujours aux prises avec le roi, le capitaine sauta en arrière et fléchit les jambes pour se rapprocher du sol, la lame parfaitement à l'horizontale sur le côté. Cette posture faisait penser à un félin qui se ramassait sur lui-même pour ensuite bondir sur sa proie.
Le garde royal fit exactement cela. Avec une vitesse encore plus prodigieuse que ce dont le roi avait fait la démonstration, il se jeta sur le prince et amorça un coup qui ne trancha heureusement que l'air. Enzo devait son salut à l'intervention d'Elisabeth qui avait trouvé une occasion de repousser la lame du roi et de se jeter sur le prince pour le faire esquiver le coup.
— Mais qu'est-ce que tu fais ?! S'emporta Enzo tout en se relevant le plus vite possible.
— je fais mon travail de garde et je sauve ton cul royal ! S'exclama-t-elle. Contrairement à toi, j'ai déjà subi ce coup et je sais comment tu aurais fini si tu te l'étais pris.
— Un tel langage envers le prince et devant toute la cour, elle va m'entendre, grinça Ruby.
— Tout le monde sait qu'ils se chamaillent à longueur de journée, répondit Ana avec un haussement d'épaule. Il arrive même parfois que l'on entende qu'eux depuis l'autre bout du palais.
— Eh bien c'était inattendu, commenta le capitaine. Beau réflexe.
— Et magnifique contre, félicita le roi. La manœuvre semblait quelque peu désespérée, mais tu as su exploiter une faille que je n'avais même pas laissée intentionnellement. Ton niveau n'a déjà plus rien à voir avec celui que tu avais lorsque je t'avais mise à l'épreuve la première fois.
— Pensez-vous que nous pouvons nous arrêter là ? Questionna le garde royal.
— Je dirai que oui pour ce qui est de l'évaluation, mais le combat en lui-même a pris une tournure inattendue avec la jeune acolyte volant au secours du prince. N'êtes-vous pas curieux de voir ce dont ils sont capables s'ils allient leurs forces ?
Sans prononcer le moindre mot, le capitaine sourit largement et se remit en garde, imité l'instant d'après par le roi. De l'autre côté, les deux adolescents paraissaient abattus d'entendre une telle nouvelle et pensaient certainement, au début, qu'ils allaient pouvoir se reposer après avoir subi tous ces assauts sans interruption.
Alors qu'ils levaient leurs épées une nouvelle fois, sans vraiment y croire, pour parer la charge qui venait déjà sur eux, Wendy ne put s'empêcher de penser à une simple chose. Les pauvres.
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