Chapitre 24
Alors que les deux premières téléportations avaient mené le groupe en pleine montagne et que la troisième les avait fait apparaître au milieu d'une plaine, celle-ci les fit atterrir au pied d'une falaise. Si le repère de ce dragon se trouvait en haut, cela n'allait véritablement poser problème qu'à Enzo, mais avec autant de mage pour l'entourer, il ne courrait aucun risque.
Quelque chose lui disait cependant qu'ils n'auraient pas à grimper. À une centaine de mètres d'eux, l'adolescente pouvait percevoir que de l'énergie émanait de la paroi. Ce phénomène n'était certainement pas naturel et provenait d'un sort. Elle en eut d'ailleurs la confirmation en voyant que Sixircun était attiré tel un papillon de nuit par une torche.
— Restes là toi, dit-elle en le retenant par le col.
— Mais...
— Moi aussi j'ai remarqué, mais c'est peut-être là pour une très bonne raison, alors il n'est pas question que tu le manges.
— Mais j'ai faim moi !
— Tu as mangé il y a deux heures !
Après un soupir d'exaspération, Wendy généra un sort censé produire des décharges dans ses mains. Le résultat ne fut que quelques arcs électriques qui passèrent d'un doigt à l'autre, le reste du sort étant aspiré par le mange-magie.
— Vous avez trouvé l'entrée de son repère ? Questionna Imali avec étonnement.
— Nous sommes plus sensibles à la magie que les habitants de continent, répondit Agabir, montrant que lui aussi voyait l'entrée.
— Quant à moi, je suis une potentielle prétendante à la magie, ajouta Wendy.
— Encore une prétendante ? Mais ils ont quoi en ce moment les dieux à tous vouloir passer le flambeau ! Et comment ça vous n'êtes pas des habitants du continent ?
— Vous ne lui avez rien dit ? s'étonna Scyllia.
— On a opté pour la version courte, répondit l'adolescente avec un sourire gêné.
— Sans aller jusqu'à s'étaler dans les détails, vous auriez pu quand même lui expliquer le minimum. Lui dire pourquoi vous vouliez reformer la source des dragons.
— On vient d'une ville volante et invisible qui utilise la source pour rester en l'air. Si elle ne revient pas rapidement, notre ville s'écrasera et provoquera un véritable cataclysme, résuma Sixircun.
— Quoi ? Mais... Comment ? Hein ?! Attendez je veux en savoir plus moi !
— On aura tout le temps de discuter de ça lorsque nous serons en route pour la source, décida Wendy.
Malgré les plaintes de la dragonne, Wendy commença à se diriger vers la partie de la paroi d'où émanait l'énergie. Les autres la suivirent sans rien ajouter, faisant chouiner d'autant plus Imali qui insistait pour en apprendre plus sur Lutalica.
Si le dragon d'or était similaire à ce qui était dit sur lui, elle devrait de toute façon expliquer en détail les raisons qui les poussaient à devoir passer son épreuve. Elle connaîtrait toute l'histoire à ce moment-là.
— De toute façon, sans moi vous ne pourrez jamais entrer, annonça la dragonne en croisant les bras et en leur tournant le dos.
Sans lui prêter aucune attention, Wendy scruta la roche devant elle et le sort qui y était dissimulé. Tous les tracés qu'elle percevait en tant que prétendante lui permirent de comprendre comment était agencé ce sort. Elle était encore loin d'être au niveau pour le reproduire, mais elle put tout de même déduire son fonctionnement et comment ouvrir le passage.
Après avoir regardé par terre, elle ramassa trois pierres bien précises et les posa sur des promontoires qui se fondaient parfaitement avec le reste de la paroi. Le mur devant eux se mit alors à vibrer, puis s'ouvrit telle une porte à deux battants. Un sort de silence avait dû aussi être lancé vu que, malgré les immenses pierres déplacées, celles-ci ne firent pas un bruit.
— Vous auriez pu prévenir que vous n'aviez pas besoin de moi !
— Ça n'est pas toi qui as besoin d'être transportée à la source ? Qu'on puisse l'ouvrir ou non, tu serais venue de toute façon, alors arrête de râler un peu ! La recadra la duchesse.
— Pardon, je suis de mauvais poil quand je n'ai pas assez dormis, s'excusa-t-elle comme une enfant.
— Bon, consigne très importante avant d'entrer, annonça Scyllia pour passer à autre chose. Lorsque nous serons à l'intérieur, je vais vous demander quelque chose. Surtout ne le faites pas. Ne. Touchez. À. Rien. Compris ?
— Compris ! Répondirent en cœur les Lutaliciens, Wendy et le prince.
— Et même s'il s'agit d'un objet magique qui a l'air appétissant, ajouta-t-elle.
— Ça va, je sais me tenir !
— C'est le moment de le prouver, lui répondit-elle.
Les consignes données, le groupe pénétra dans la brèche. Celle-ci était loin d'égaler la grotte de Drikinne. Il paraissait même inconcevable qu'un dragon de même taille puisse y pénétrer. Le dragon d'or devait sans aucun doute user de sa forme humaine.
Arrivés au fond, ils trouvèrent un escalier, confirmant cette théorie. Celui-ci descendait en spirale dans les profondeurs de la terre et n'était pas bien large. Atteindre le bas prit de longues minutes, mais le spectacle en valait la peine.
Celui-ci débouchait sur une nouvelle grotte aux proportions absolument démesurées. Il devait être possible d'y faire entrer une cathédrale sans aucun problème. Cependant, ça n'était pas les dimensions en elles-mêmes qui attiraient l'œil, mais bien le véritable trésor qui y était entreposé. Des pièces par centaines de milliers, voir des millions, des pierres précieuses absolument partout, des objets en or de toute sorte. Wendy avait toute simplement l'impression que toutes les richesses du continent avaient été rassemblées en ce lieu.
— Il n'a pas l'air d'être là ! Annonça Scyllia d'une voix forte. Remplissez le plus de sac que vous pouvez porter et partons d'ici avant qu'il ne revienne !
Du plus profond de la grotte, un grondement sourd se fit entendre. Les pièces se mirent à glisser telles des avalanches et, soudain, la plus grosse montagne vola en éclats pour révéler un dragon aux écailles d'or qui semblait enragé.
— Des voleurs ?! Vous allez payer pour vous être introduits ici ! Explosa-t-il.
Tel un animal enragé qui chargeait, le dragon courut vers les intrus. Chacun de ses pas faisait trembler la terre et voler des milliers de pièces et d'objets précieux. Voir ainsi une telle créature leur foncer dessus n'avait rien de rassurant. Était-ce réellement le meilleur des plans pour le réveiller.
Autre chose était des plus inquiétantes. Wendy voyait que des flammèches dorées s'échappaient de sa gueule. Il n'allait tout de même pas les incinérer sur place ? Qu'est-ce qui avait pris à Scyllia de hurler une telle chose !
Comme elle l'avait deviné, le dragon ne laissa même pas les intrus se justifier et cracha sur eux un jet de flammes dorées. D'une seule main, la duchesse fit apparaître un bouclier qui les engloba tous et sur lequel se heurta l'attaque. La protection était absolument prodigieuse. Wendy savait à quel point le souffle d'un dragon pouvait être chaud. Elle le voyait d'ailleurs de ses propres yeux avec les objets qui les entouraient qui s'étaient instantanément mis à fondre. Cependant, englobés dans cette bulle, ils ne ressentaient même pas la chaleur.
— Si vous croyez que vos petits tours vont vous sauver la vie, vous vous trompez lourdement ! Votre dernière heure a sonné !
— Du calme ! On n'est pas venu pour te voler, j'ai dit ça pour te faire réagir. Pour que tu sortes de ta cachette !
— Et tu penses que je vais te croire, voleuse ?
— La dernière fois qu'on s'est vu, c'était pour que je puisse accéder à la source des dragons.
— Tu es... La gamine amie de mes imbéciles de neveux ?
— Tu pourrais leur pardonner quand même, ça n'était qu'une blague et ça fait vingt ans. Ils ne comptaient pas véritablement te voler cette pierre précieuse.
— J'en doute fortement. Voilà ce qui arrive quand des dragons sont élevés par une humaine !
Malgré son ton colérique et son air renfrogné, le dragon d'or finit par prendre forme humaine alors que Scyllia abaissait la protection. Ainsi, il ressemblait à Senca avec des cheveux blancs et des yeux bleus. Son expression était cependant bien plus sévère que son frère aux écailles noires.
— Bon qu'est-ce que tu me... grogna-t-il avant de s'interrompre. Imali ? Qu'est-ce que tu fais là ?
— Je suis venue récupérer la pension que tu me dois, répondit-elle en croisant les bras.
— La pension ? Les enfants ont quitté le nid depuis bien longtemps, je ne te dois rien et tu n'auras pas la moindre petite piécette qui se trouve ici !
— Vous avez été ensemble ? s'étonna Agabir.
— Oui, mais ça n'a pas duré. Juste une histoire passagère de deux-cents ans, expliqua la dragonne en haussant les épaules.
— Je te l'ai dit, nous ne sommes pas là pour ton argent, répéta Scyllia. Nous voulons reformer la source des dragons et pour ça...
— Vous devez passer mon épreuve, finit le dragon. Il était temps que tu la rendes. Je n'étais pas dans le faux en disant que tu étais une voleuse.
— J'ai proposé de la rendre à l'époque et vous avez refusé ! Se défendit la duchesse. Et puis, si la source n'était pas aussi mal conçue et qu'on pouvait y entrer comme dans un moulin une fois les épreuves passées, je ne l'aurai pas absorbée, soit dit en passant involontairement, pour nous sauver.
— Oui, oui. L'arrivée d'Istram, la trahison d'une succube du sanctuaire de mon frère, le coup de la déesse éphémère, la résurrection de tes amis, lista-t-il en brassant l'air avec sa main. Tout ça semble un peu gros.
— Crois-le ou non, c'est la vérité. Quoi qu'il en soit, ce sont eux qui ont demandé à ce que la source soit reformée, alors c'est à eux de passer ton épreuve. Je suppose que tu te fiches de connaître les détails.
— Comme de ma première écaille, confirma-t-il.
Finalement, ce qu'il venait de dire allait à l'encontre de ce que Wendy pensait. Elle croyait que le plus dur allait être de le convaincre de les laisser passer l'épreuve, mais il n'en avait visiblement rien à faire. Ça n'était pas grâce à lui qu'Imali allait en apprendre plus sur Lutalica.
— Mon épreuve est la suivante, enchaîna-t-il. Donnez-moi quelque chose de valeur pour prouver votre détermination à vouloir atteindre la source.
— Quoi ? C'est ça ton épreuve ? s'exclama Imali. Espèce de rapace cupide amasseur compulsif !
— Sérieusement, pourquoi vous l'avez amené celle là ?
— Elle se trouve dans une situation qui l'empêche de se transformer, donc elle nous accompagne pour que vous puissiez tous nous emmener à la source une fois l'épreuve terminée, expliqua le mentor de Wendy.
— L'empêcher de se transformer ? Tu t'es acoquinée avec un humain ?
— Et lui est tout le contraire de toi, c'est un type bien, répondit-elle en lui tirant la langue.
Amener Imali n'était peut-être pas une si bonne idée que ça finalement, se dit Wendy. S'ils continuaient à se chamailler ainsi, Sona allait finir par les jeter dehors sans qu'ils puissent passer son épreuve et obtenir sa bénédiction.
D'aileurs, Celle-ci allait poser problème. Les Lutaliciens n'accordaient pas vraiment d'importance aux objets qui pouvaient être considérés comme étant de valeur sur le continent. Ils n'avaient donc rien pour passer cette épreuve.
Alors qu'elle était concentrée et réfléchissait à cette problématique, Wendy ne remarqua que tardivement que la dispute entre les deux dragons avait cessé. Sona la regardait à présent avec un air intéressé.
— Ton pendentif, qu'est-ce que c'est ?
— Mais ça va pas recommencer ? Explosa cette fois-ci Scyllia. Tu n'en as pas assez de voler les colliers des jeunes filles ?
— Ça va, tu as récupéré le tien, non ? Juste après votre départ, j'ai eu la visite d'un dieu qui m'a proposé de faire un échange. J'avais vraiment l'impression que si je refusais j'étais mort dans la seconde. Si c'est pareil pour elle, ça ne devrait poser aucun souci !
— Tu aurais pu faire un effort et refuser cet échange, commenta la dragonne d'argent.
— Toi tu peux aller crever.
— Va chier !
— Ah non, ça ne va pas recommencer ! s'énerva de nouveau Scyllia. Je ne sais pas pourquoi vous vous vouez une telle haine l'un envers l'autre, mais pour le moment, j'aimerais bien que l'on se concentre sur l'épreuve !
— Si je vous donne ce collier, aucun dieu ne viendra le récupérer, annonça la jeune fille pour revenir au sujet principal. La chaîne a été faite à partir de mon collier d'esclave et la pierre vient du ruban qui m'a été offert par mon grand-père pour fêter ma liberté et cacher la marque laissée par l'entrave magique.
— C'est très réussi. On dirait véritablement une pierre précieuse et une chaîne en argent. Mais puisque tu m'as avoué que ce n'est que du faux... Avez-vous autre chose ?
Cette fois-ci, tous les participants à l'épreuve se mirent à réfléchir à ce qu'ils pouvaient offrir au dragon. Comme elle le pensait, les Lutaliciens étaient quelque peu perdus et ne savaient pas ce qui, sur eux, pouvait avoir de la valeur pour un dragon.
Ils pouvaient bien se baser sur ce qu'ils voyaient autour d'eux pour prendre exemple dessus, mais ne trouvaient rien qui pouvait convenir dans leurs paquetages. Wendy se sentait stupide. Pourquoi avait-elle expliqué l'origine de son collier ? Avec, ils auraient pu réussir l'épreuve ! Mais aurait-elle été prête à s'en séparer ? La chaîne peut-être, mais certainement pas la gemme qui représentait tant pour elle.
— Je... J'ai peut-être quelque chose pour vous, annonça soudainement le prince, resté discret jusque-là.
Portant la main à sa ceinture, Enzo détacha le fourreau de son épée et la tendit au dragon.
— Enzo, attends ! tempéra Scyllia.
— Une épée ? J'en ai des centaines. En quoi celle-ci pourrait m'intéresser ?
— Tu ne peux pas la donner comme ça, c'est un trésor national !
Contrairement à Wendy qui avait fait perdre toute valeur à son collier, Scyllia venait, en disant cela, d'attiser l'interêt du dragon. Lorsque Sona prit le fourreau et dégaina l'épée, ses sourcils se froncèrent légèrement. Était-ce bon ou mauvais signe ? Mais, aussi, Wendy pouvait-elle laisser Enzo sacrifier un bien aussi précieux pour eux ?
— Je ressens l'énergie de mon frère qui la parcourt.
— Cette épée a été offerte par Senca à mon père, le roi de Trémiss, en signe d'amitié entre mon royaume et sa cité état. Elle m'a ensuite été confiée en échange d'une promesse.
— Et quelle est-elle ?
— Que cette arme, baptisée protectrice du peuple, ne serve qu'à faire ce que son nom indique.
— Comme tu peux t'en douter, elle a été enchantée par ton frère, donc avec une magie hors de portée des humains, mais aussi avec des matériaux aussi rarissimes que coûteux, expliqua la duchesse. Pour l'épée en elle-même, elle a été évaluée par le dieu de la mort. Lui qui peut faire passer les créations du dieu de l'artisanat pour du travail d'amateur a dit que cette lame était passable. Traduction pour nous, tu trouveras difficilement mieux dans notre monde... Mais qu'est-ce que je dis moi ? Il n'est pas question que tu lui donnes cette épée !
Ramassant une pièce par terre, le dragon l'envoya voler d'une pichenette. Au moment où elle redescendit au niveau de ses yeux, il donna un rapide coup de bas en haut. Lorsque la pièce toucha le sol un instant plus tard, ce fut en deux parties bien distinctes et égales.
Wendy savait déjà que l'enchantement qui se trouvait dessus était complexe, mais en le voyant en action, elle ne put que constater qu'elle serait incapable, à son niveau actuel, de le reproduire, même avec des matériaux similaires. La magie des dragons était définitivement d'un tout autre niveau.
— C'est du très beau travail, constata-t-il. Ce serait le joyau de ma collection d'armes.
— Enzo, s'il te plaît, réfléchis bien, implora Scyllia.
— Cette épée doit servir à protéger le peuple. Or, si nous ne réussissons pas cette épreuve, de nombreuses personnes, que ce soit chez nous, dans d'autres royaumes ou sur leur île mourront. En l'utilisant ainsi, elle remplit parfaitement son rôle.
— Tes parents vont m'écarteler quand ils apprendront ça, soupira la duchesse.
— Je leur dirai que tu n'étais pas présente quand j'ai eu cette idée.
— Nous te faisons la promesse que nous t'offrirons une épée tout aussi belle et puissante, annonça Agabir. Tous les mages de notre ville ne pourraient pas rivaliser avec un tel niveau d'enchantement, mais je suis certain que notre dirigeante saurait en créer un de ce niveau.
— Nous avons donc un accord, sourit Sona.
— Si vous me promettez qu'elle ne sera jamais utilisée pour faire le mal, alors oui.
— Je suis un collectionneur. Elle ne tranchera jamais qui que ce soit entre mes mains.
— Dans ce cas elle est à vous.
— Parfait ! Marché conclu, la bénédiction de la spiritualité est à vous !
Étonnamment, Wendy sentit les picotements habituels qui accompagnaient une bénédiction. Les autres dragons avaient énoncé une formule solennelle où ils disaient qu'ils étaient des dragons ancestraux et des gardiens, ils évoquaient aussi un effondrement. Mis à part leur couleur et la signification de leur bénédiction, elles étaient en tout point semblables, si bien que l'adolescente croyait qu'il s'agissait d'une obligation, comme une formule. Visiblement, ça n'était pas le cas.
— Tu ne fais vraiment aucun effort, soupira Imali. Et en quoi ton épreuve représente la spiritualité ?
— En me donnant un objet de valeur, ils abandonnent leur côté matérialiste, donc gagnent en spiritualité, répondit Sona avec un haussement d'épaule tout en faisant disparaître l'arme qui était désormais sienne.
— Si je pouvais me transformer, je te sauterais dessus pour te faire bouffer toutes les pièces de ton trésor et te montrer à quel point tu es hypocrite d'avoir choisi un tel thème pour ta bénédiction.
— Eh bien si tu voulais me sauter dessus, il ne fallait pas te faire engrosser par un humain !
— Mais ça suffit à la fin ! Les stoppa Scyllia. Vous ne pouvez pas aligner deux mots sans vous écharper ? Si la réponse est non, alors ne vous parlez pas, tout simplement. En attendant, on a besoin de se rendre à la source et ce serait très aimable de ta part si tu pouvais nous y emmener.
— Les autres doivent déjà être sur place, commenta Sona. Ça ne me coûtera pas grand-chose de plus de vous prendre dans ma téléportation.
— Ta téléportation ? s'étonna la dragonne d'argent. Comment ça ta téléportation ? Depuis quand on peut y aller de cette manière.
— Depuis un moment déjà, mais tu devais sans doute être en train de fricoter avec une certaine personne aux écailles bleues quand nous avons mis ça en place.
— Je n'aurais pas fricoté avec cette personne si je ne t'avais pas retrouvé dans la grotte d'une certaine dragonne verte !
— Je vais en prendre un et frapper l'autre avec, je vais en prendre un et frapper l'autre avec, je vais en prendre un et frapper l'autre avec, répéta Scyllia avec les yeux fermés et les poings serrés.
— Il me semblait pourtant que dans les histoires de Lig, Scyllia s'y était rendue en bateau. Pourquoi ne pas l'avoir téléporté directement ? Questionna Fréone.
— Parce qu'il faut soit être un dragon, soit avoir toutes les bénédictions pour que le sort fonctionne. Vu qu'elle ne remplissait pas ces conditions, elle a dû s'y rendre par des moyens plus conventionnels, expliqua le dragon d'or. Allez, ne perdons pas de temps, approchez-vous de moi.
Suivant ses instructions, tout le monde se regroupa devant Sona. Le juge de la dernière épreuve se mit alors à incanter une formule aux termes bien trop avancés pour Wendy. Les symboles qui se dessinèrent au sol dans une lumière rosée étaient, comme elle avait fini par s'habituer, d'une grande complexité digne de la magie draconnique.
Un dôme aux multiples couleurs qui dansaient à la manière d'une bulle de savon ne tarda pas à se former et à les englober. Lorsque celles-ci se firent plus vives et plus nombreuses, au point d'occulter totalement l'extérieur, le sol se mit à trembler. Tous se tenaient les uns aux autres pour pouvoir tenir debout tandis que Sona restait totalement imperturbable et continuait son incantation.
Lorsque enfin les secousses cessèrent, le dôme éclata, la encore comme une bulle de savon, et révéla au groupe un tout nouvel environnement. Ils y étaient enfin, la source des dragons.
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