Chapitre 18
Le temps passait et le silence demeurait autour de la table. Plus personne ne parlait et n'osait même bouger après que Wendy ait parlé de la source des dragons. Elle avait beau ne pas encore avoir reçu de réponse, une telle situation ne disait rien qui vaille à l'adolescente.
— Pour recréer la source des dragons, j'ai besoin de la bénédiction des dragons qui ont été impliqués dans sa dernière apparition. Pour ce faire, je dois passer des épreuves qui, à ce qu'on m'a dit, vous ont été données. Vous êtes bien celle qui a en elle le pouvoir de la source des dragons, n'est -ce pas ?
— Tu es bien informée, répondit la duchesse. Je vois parfaitement en quoi je suis indispensable, mais il y a un léger problème.
— Ce pouvoir n'est plus en votre possession ? Questionna Fréone.
— Il s'est transmis à un de vos enfants ? Tenta Agabir.
— Non, non. Ce pouvoir est toujours en ma possession. Le problème est que j'en suis la gardienne et que je ne peux vous remettre ce pouvoir aussi facilement. Une telle histoire aurait très bien pu être imaginée par des personnes mal intentionné, pour le voler et l'utiliser à mauvais escient.
— Mais ça n'est pas notre cas, se défendit Fréone.
— Vous semblez sincères, mais certaines personnes sont très douées pour le paraître tout en enchaînant les mensonges. Pour votre demande, je n'ai pas dit non, mais il va falloir me convaincre d'accepter de vous aider.
— Si vous voulez vérifier, nous venons du sanctuaire. C'est Senca qui nous a envoyés ici.
— Dans ces cas-là, vous pouvez être vraiment très fort et l'avoir dupé lui.
— Il n'a pas à être dupé, il sait que ce que nous disons est vrai, insista Wendy. D'ailleurs, s'il pouvait douter de nous, il n'aurait certainement pas douté de son fils, Lig, qui était parti pour Lutalica et qui est revenu pour l'occasion.
— Et il n'est pas avec vous ? Demanda Scyllia d'un air suspicieux.
— Il n'a pas vu sa famille pendant six ans et nous sommes tombés à un moment où son plus jeune frère est parti pour une mission d'ambassadeur. J'ai préféré lui cacher notre départ pour qu'il puisse profiter de sa famille avec son fils et sa femme qui est ma sœur.
— il nous suffirait de contacter Senca par miroir pour savoir si tout ceci est vrai, proposa le duc.
— Si on pouvait éviter que Lig ou ma sœur soient présents dans la même pièce que Senca, ça m'arrangerait beaucoup, grimaça l'adolescente. Comme je l'ai dit, il est possible que nous soyons partis... sans vraiment leur dire.
— Je peux m'occuper de contacter Senca et... commença à proposer Alex.
— Non. Pas d'aide extérieure, pas de confirmation de qui que ce soit, c'est à eux de me convaincre, insista Scyllia.
Cette dernière phrase avait quelque chose d'étonnant. Ils avaient la possibilité de prouver qu'ils venaient effectivement avec de bonnes intentions et qu'ils n'avaient pas inventé cette histoire, mais alors pourquoi insistait-elle ainsi pour ne pas voir cela directement avec Senca ?
Son mari semblait tout aussi étonné que ses invités. Peut-être allait-il les aider à comprendre pourquoi elle avait un tel comportement, se dit la prétendante.
— Tante Scyllia, elle est comme moi, je suis certaine qu'elle dit la vérité ! Intervint la princesse.
Comme elle ? Que voulait-elle dire par là ? Était-ce pour cela qu'elle n'arrêtait pas de la dévisager depuis qu'elles s'étaient rencontrées ? Quoi qu'il en soit, son intervention n'avait pas l'air d'avoir fait grand-chose à Scyllia qui restait silencieuse.
— Chérie, je le vois bien, il y a quelque chose qui ne va pas. Qu'est-ce qu'il y a ?
Se penchant sur le côté, la duchesse chuchota quelque chose à l'oreille de son mari. Pour Wendy qui se trouvait à l'opposé de la table, c'était absolument inaudible, mais même Agabir ne semblait rien entendre alors qu'il se trouvait en face d'eux.
La prétendante devait donc se fier aux expressions faciales d'Alex pour en déduire quelque chose. Elle le vit écarquiller les yeux puis froncer les sourcils, lui lancer un regard réprobateur et enfin souffler longuement.
— Bon, désolé, mais vous allez devoir vous montrer convaincants, annonça le duc, visiblement peiné pour eux.
Se sentant quelque peu décontenancée, Wendy laissa son ami et son mentor essayer de convaincre la détentrice du pouvoir de la source des dragons de le redonner. Les arguments qu'ils donnaient étaient principalement des explications sur Lutalica. Ils tentaient de montrer qu'une telle ville ne pouvait pas n'être qu'une simple histoire inventée pour l'occasion.
À chaque fois, son contre-argument était simple. Elle ne pouvait pas le vérifier. Agabir tenta de lui démontrer qu'ils venaient bien d'un autre endroit que le continent en faisant une démonstration de la magie Lutalicienne. Si ce sujet intéressait fortement la princesse il n'était malgré tout pas suffisant pour Scyllia.
Tout ceci dura presque l'entièreté du repas. Il ne restait plus que le dessert, et encore, la moitié des assiettes étaient déjà vides. Wendy n'était pas intervenue une seule fois et cherchait l'argument imparable. Elle avait passé tout le temps à se remémorer les informations que Lig avait données sur elle ainsi que ce qu'elle avait appris en la rencontrant et avait peut-être trouvé une réponse adéquate.
— J'aurai une question, s'avança-t-elle.
— Oui ?
— Vous avez dit que c'était votre frère qui avait créé les mange-magie, comment est-ce possible ?
— Il se trouve que j'ai été impliquée avant même ma naissance dans un plan de l'ancien dieu de la mort. Il voulait ressusciter sa femme qui était la déesse originelle de la vie. Une partie de mon âme est en fait celle de cette déesse, Illiandra. Finalement, elle a refusé de me sacrifier pour revenir et m'a dit que ce fragment d'âme était mien, mais il m'arrive parfois de sentir certaines choses qui font écho à ce que elle a vécu et je peux aussi aller fouiller dans sa mémoire lorsque je le désire.
— Dans ce cas, j'ai trouvé l'argument qui vous convaincra ! Annonça Wendy de manière triomphale.
— Je t'écoute.
— Celle qui nous a tout expliqué sur les piliers du monde et qui nous a donné la mission de reconstruire la source des dragons n'est autre que Zuria.
— Zu...ria ?
Que ce soit sa voix ou l'expression de son visage, Wendy savait qu'elle avait touché quelque chose. Elle n'avait pas répété ce nom comme s'il ne lui disait rien, mais plutôt comme s'il s'agissait de celui d'une personne dont elle était très proche et dont elle n'avait pas eu de nouvelles depuis un long moment.
Zuria était la première des dragonnes, créée par Illiandra elle-même. Ça n'était certainement pas le genre de nom que l'on pouvait donner ainsi avec tant d'assurance en espérant que la personne que l'on voulait convaincre le connaisse.
— Ça va ? s'inquiéta son mari.
— Oui, c'est juste que... C'est comme j'avais été séparée de Tiphaine pendant des années et que quelqu'un venait me donner de ses nouvelles, expliqua-t-elle, confirmant ainsi la théorie de l'adolescente.
— Qui est-ce ? Questionna la princesse.
— La toute première dragonne. Elle est aussi la dirigeante de Lutalica, expliqua rapidement Agabir.
— Est-ce suffisant pour vous convaincre ? s'enquit Fréone.
— Oui. Je suis vraiment désolée, c'était un caprice de ma part, s'excusa la duchesse. Je savais déjà que vous ne mentiez pas, mais comme pour les dragons que vous allez rencontrer, je voulais vous faire passer une épreuve. Je vous aurai aidés même si vous ne l'aviez pas réussie, mais je ne pensais pas être aussi affectée. Je... Excusez-moi.
À ces mots, Scyllia se leva et quitta rapidement la salle à manger. Tous se regardèrent sans vraiment comprendre ce qui se passait, mais au moins, pour les visiteurs, ils étaient assurés d'avoir son aide.
— Comme elle l'a dit, il lui arrive de ressentir des choses qui font écho non pas à sa propre âme, mais à la partie qui appartenait à Illiandra, expliqua Alex. D'habitude, cela se traduit par quelque chose de discret. Un sourire devant quelque chose qu'elle-même ne reconnaît pas, une larme face à une situation qui ne lui dit rien... Pour qu'elle soit aussi perturbée, cette Zuria devait beaucoup compter pour la première déesse de la vie. Elle va avoir besoin d'un moment pour se remettre de ses émotions, puis reviendra vers vous. Ça ne devrait pas durer très longtemps. En attendant, vous êtes nos invités.
— Elle va pas bien maman ? s'inquiéta leur fille.
— Si ma chérie. Elle est juste un peu chamboulée, répondit son père en l'embrassant sur le front.
Si tout le monde comprenait qu'elle était partie s'isoler pour remettre de l'ordre dans ses émotions, cela avait tout de même jeté un froid autour de la table. Seul Alex qui, en tant que mari, devait être habitué à ce que les émotions d'Illiandra interfèrent avec celles de sa femme, ne laissait rien transparaître.
À la suite du repas et en attendant le retour de la duchesse, chacun partit dans son coin. Agabir était resté avec Alex et parlaient des différences de magies, rappelant à Wendy les toutes premières discussions que son mentor avait eu avec son grand-père, Fréone et Sixircun étaient partis à la découverte du manoir et les enfants royaux étaient restés jouer avec Tiphaine.
Enfin, Wendy avait ressenti le besoin de s'isoler et était sortie pour s'installer dans un kiosque au fond du jardin. L'endroit au calme où les seuls sons qui lui provenaient étaient le chant des oiseaux l'invitait à se détendre et à faire le vide. Il s'agissait de l'endroit parfait pour se remettre de la fin du repas où elle se sentait tout de même coupable d'avoir ainsi bouleversé Scyllia.
Cette pause fut cependant de courte durée. Les yeux fermés, elle entendit un bruit semblable à de la porcelaine qui s'entrechoquait légèrement et vit, en ouvrant les yeux, que le prince s'avançait avec deux tasses à la main. Le repas lui avait permis de passer outre son titre. Elle était toujours un peu mal à l'aise de s'adresser à un prince, mais ça n'était plus au point de ne plus pouvoir aligner deux mots.
— Une tasse de thé ? Proposa-t-il.
— Pourquoi pas, accepta-t-elle. Merci.
Après avoir posé les tasses sur la table en marbre, le prince alla s'asseoir en face d'elle. Visiblement, il voulait lui parler, mais ne disait rien et attendait. Elle ne savait pas ce qu'il lui voulait, mais elle avait bien une question qui la hantait depuis qu'elle était arrivée ici.
— Je peux vous poser une question ? Demanda-t-elle tout de même.
— Oui, mais on peut se tutoyer je pense. Nous devons avoir à peu près le même age.
— Je n'oserai pas tutoyer un prince.
— J'ai juste eu la chance de bien naître, ça n'est pas quelque chose que j'ai gagné et que je mérite. Personnellement, quand il n'y a pas vraiment de protocole, je trouve que le vouvoiement éloigne les personnes, mais si ça dérange, je comprends.
— Si tu en fais de même, d'accord, céda l'adolescente. Je voulais te demander si j'avais fait quelque chose qui déplaît à ta sœur. Depuis que je suis arrivée, elle n'arrête pas de me dévisager et même si ça s'est un peu calmé quand nous avons parlé du protocole à table, j'ai l'impression d'avoir tout de même fait quelque chose de mal. C'est parce que le duc est allé nous chercher en cellule ?
— Hein ? Pas du tout, ma sœur t'adore et, ne lui répète pas que j'ai dit ça, mais elle m'a dit qu'elle aimerait beaucoup être amie avec toi.
— Vraiment ?
— Oui. Pour le fait qu'elle te dévisage, je n'en sais rien. Peut-être que c'est en rapport avec ce qu'elle a dit pendant le repas, comme quoi tu es comme elle. Après, je ne sais pas ce qu'elle voulait dire par là, il faudra lui demander.
Suite à cette brève conversation, le silence s'installa entre eux deux. Seul le bruit des tasses se faisait entendre lorsqu'ils les reposaient sur la coupelle. Pourquoi lui avait-il amené du thé alors qu'il ne disait rien, réfléchit Wendy. Par simple courtoisie ? Il devait bien avoir quelque chose à lui dire, non ?
— Tu sais je... Je voulais m'excuser pour mon comportement de ce matin, dit-il finalement. J'ai été vraiment froid avec vous. C'est d'autant plus injuste que tu avais été emprisonnée alors que tu n'avais absolument rien fait contrairement à tes amis.
— C'est normal d'être méfiant. Et puis, tu pensais à protéger ta sœur en restant sur tes gardes devant des personnes qui voulaient venir ici alors qu'ils étaient en prison. Par contre, je n'ai pas vraiment compris pourquoi le duc prenait ce sujet autant à la légère alors que ses enfants auraient pu être impliqués si nous avions de mauvaises intentions. J'ai entendu beaucoup d'histoire sur Scyllia et sa puissance, mais aurait-elle pu les protéger si elle avait été prise par surprise ?
— Quand il a dit qu'ils ne risquaient rien, même au beau milieu d'un champ de bataille, il ne faisait pas référence à Scyllia, mais au parrain de Tiphaine et Liam. De ce que j'ai compris, c'est le fils de Senca, qui est devenu le mari de ta sœur, qui t'a raconté son histoire. Tu as dû entendre parler de Shed, le démon qui était en elle et qui a fini dieu de la mort. C'est lui leur parrain et on peut dire qu'il est très protecteur.
— Je croyais que les dieux ne pouvaient pas vraiment intervenir de manière individuelle pour aider les mortels, commenta-t-elle, dubitative quant à ce qu'il pouvait vraiment faire pour les protéger.
— Crois-moi, c'est un dieu qui se fiche de ces règles. Oncle Alex et tante Scyllia découvrent régulièrement des anges dans le manoir. Ils sont envoyés par le dieu de la mort pour veiller sur ces deux enfants. Ça a le don de mettre tante Scyllia totalement hors d'elle. À chaque fois elle les renvoie auprès de Shed en leur hurlant dessus. Il n'y en a que deux qui trouvent grâce auprès d'elle, mais eux ne se cachent pas et viennent la voir directement. De ce que j'ai compris, ceux-là ont des ailes grises et sont autant au service d'elle que du dieu de la mort.
Avec un tel parrain, Wendy ne doutait plus une seule seconde que leurs enfants ne craindraient rien, même au beau milieu du champ de bataille. Elle pensa aussi à Siguir qui, contrairement au dieu de la mort, respectait les règles d'impartialité et avait dû passer par divers moyens détournés pour leur venir en aide et éviter l'invasion d'Istram sur Lutalica.
— En tout cas, si on m'avait dit il y a quelques années que je prendrais le thé avec le prince d'un des royaumes les plus puissants du continent, j'aurai demandé à cette personne d'arrêter de se moquer de moi, rit-elle pour enchaîner sur un autre sujet.
— Tu l'as rapidement évoqué pendant le repas, tu parles du temps où tu étais...
— Esclave ? Finit-elle. Je ne l'ai été que pendant quelques mois en vérité, mais on ne peut pas vraiment dire que j'étais mieux traitée avant auprès de mes parents. Entre dettes de jeux et alcoolisme, je leur servais à la fois d'esclave et de défouloir.
Étrange, pensa immédiatement Wendy. Ça n'était pas le genre de sujet qu'elle abordait d'habitude avec un inconnu. À présent qu'elle était assise en face du prince, elle avait l'impression qu'il se dégageait de lui une certaine aura de confiance qui la poussait à ne pas cacher ses origines.
— Je ne connais qu'un seul pays qui pratique l'esclavage. En tant que prince, je ne devrais pas dire une telle chose, mais Istram me répugne.
— Tu sembles plus affecté que s'il s'agissait juste de simples paroles pour me faire plaisir, remarqua-t-elle.
— Le prénom que je porte est en hommage au héros qui a mis fin à l'invasion d'Istram sur notre royaume. Il était le meilleur ami de mon père et il m'arrive encore aujourd'hui de le surprendre à se demander ce que cet ami aurait fait dans telle ou telle situation.
— Je pensais que c'était Scyllia qui avait mis fin à la guerre. C'est d'ailleurs pour ça qu'ils l'appellent tous la nécromancienne de l'autre côté de la frontière.
— Elle a gagné la grande bataille qui a précédé la fin de l'invasion, mais c'est l'archimage Enzo qui a vaincu les dirigeants d'Istram et détruit toute la flotte d'aéronef. Il ne s'en est cependant pas sorti. Surtout, n'en parle pas à Scyllia. Encore aujourd'hui, elle considère que ne pas avoir réussi à le sauver fait partie de ses plus grands échecs.
— D'accords, mais tu n'étais pas né à ce moment là où bien trop jeune pour t'en souvenir. Dire qu'Istram te répugne est un peu fort, non ? Ne le prends pas mal, mais entre un esclave et son maître ou un noble et un simple paysan qui se trouve sur ses terres, il y a aussi des similitudes. Un pays dirigé par une noblesse n'est pas tout blanc non plus.
— C'est vrai, admit le prince. Mais ça n'est pas à ce genre de noblesse que ma famille aspire. On peut même dire que nous faisons la chasse aux nobles tyranniques. Tu as pu voir de tes propres yeux ce matin vers quoi nous voulons aller. La famille Emvar s'occupe de ces terres depuis des générations et il s'agit de l'une des régions les plus prospères du royaume. Pourquoi ? Parce qu'ils agissent pour le bien du peuple et sont à son écoute. Quand les habitants voient le duc et la duchesse, ils ne voient pas des maîtres, mais des personnes sur qui ils peuvent compter s'ils ont un problème. C'est de cette noblesse dont le royaume a besoin, pas de celle qui lèche les bottes de ma famille à longueur de journée dans l'espoir d'obtenir des faveurs.
Un prince rempli d'idéaux et qui était néanmoins conscient de certains problèmes qui gangrenaient la noblesse. Pour Wendy, c'était une bonne chose, mais si les choses étaient aussi simples et que le roi partageait ses idées, les lèches bottes auraient déjà disparu. Certains, parmi ceux-là, devaient être puissants et il était peut-être préférable de ne pas s'en faire des ennemis.
L'adolescente était une véritable néophyte en ce qui concernait les jeux et intrigues de la cour et était d'ailleurs bien contente de ne pas avoir à s'en soucier. En tant que personnalité centrale, le prince devait cependant avoir ce poids constant sur ses épaules. Avec de tels idéaux, ça ne devait pas être facile tous les jours.
— Depuis qu'oncle Alex et tante Scyllia se sont installés dans le manoir familial des Emvar, ma sœur et moi y passons une bonne partie de l'été chaque année. Cela nous fait du bien de voir des personnes sincères qui ne calculent pas chacune de leurs paroles pour obtenir quelque chose. De voir la vie des habitants telle qu'elle est sur le terrain et non telle qu'elle nous est rapportée. Nous voulons que la royauté soit au service du royaume et de son peuple, alors c'est important de connaître leur réalité plutôt que de rester enfermé dans celle privilégiée qui est la nôtre.
— Lorsque j'ai traversé la frontière avec mon maître et qu'il m'a affranchie, nous nous sommes créé notre propre famille et la recherche de Lutalica était devenue secondaire. Nous pensions nous installer dans ce royaume avec les économies qu'il avait emportées. À t'entendre, je me dis que la vie n'aurait pas été si mal si nous ne l'avions pas trouvée, sourit-elle en omettant pour elle-même dans ce scénario que George était malade à ce moment-là.
— Mais aujourd'hui, ta ville est en danger. Même en tant que prince, je ne peux pas m'avancer et affirmer que Trémiss pourrait vous servir de refuge si vous veniez à échouer votre mission, mais j'aurai tout de même une faveur à te demander. Je sais que ça peut paraître bizarre et que tu peux te demander ce que je peux avoir à y gagner dans tout ça, mais accepterais-tu que je vous accompagne dans ce voyage ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top