Journal 5

Cher journal,

Ma main tremble alors que je t'écris en ce jour terrible. J'ai vécu les heures les plus horribles de ma vie, aucunes des tortures que j'ai subi dans cet asile n'avaient atteint ce stade. Comme tu le sais, hier matin le docteur Griffins a procédé à sa fameuse méthode qui m'a vidée de mon sang à petit feu, me faisant croire, à chacune de ces secondes interminables que la vie allait quitter mon corps et me laisser ici à jamais, mon âme contrainte à hanter à jamais les résidents. N'étais-ce pas ce qu'étaient ceux qui me parlent: des fantômes qui ne peuvent trouver le repos éternel?

Plus jamais je ne grandirai, plus jamais je ne vieillirai, et plus jamais je n'accepterai l'idée de devenir adulte! Ces choses là ont du mal à se contrôler prétend-on, cependant je sais que j'en serai capable!

Le docteur Griffins n'entendra plus jamais parler du Pays Imaginaire, de Peter Pan ou d'enfants perdus! Je fais le serment que plus jamais ces mots ne franchiront mes lèvres! Après les tortures qu'il m'a fait subir, je ne sais même par quels miracles il a pu inventer quelque chose d'aussi horrible!

Ce matin à la première heure, il m'a convoquée dans son bureau. Inutile me semble-t-il de préciser que je n'avais point fermé l'œil de la nuit, en effet mes entailles me faisaient souffrir le martyre dès que ma peau sentait une quelconque pression sur les plaies. J'ai eu bien du mal à marcher jusqu'où je devais aller, à tel point qu'une infirmière est venue m'aider à me déplacer. Son regard était guilleret tout comme à son habitude. Comment un tel homme, à l'apparence fort aimable pouvait-il en réalité cacher un monstre sans coeur? Il m'a demandé bien calmement de m'asseoir (chose paraissant pourtant si simple mais qui m'a semblée être d'une difficulté sans pareil) puis m'a posé des questions, comme si la veille n'avait pas existée. J'étais furieuse et une haine incontrôlable s'est emparée de moi, je me suis levée précipitamment et j'ai essayé de la frapper en m'énervant violemment. Bien évidemment il m'a contrôlée avec une aisance fort frustrante et a appelé deux infirmiers. Ils se sont emparés de moi et sous ses ordres m'ont mis une camisole qui me broyait littéralement, je ne pouvais plus faire un seul mouvement avec mon buste et mes bras se retrouvaient bloqués. Elle était tellement serrée sur mon corps endolori que je dus retenir un hurlement de douleur. Ils me jetèrent sans ménagement dans une pièce close où la seule source de lumière était une petite fenêtre rectangulaire sertie de barreaux en fer. Je me suis mise à hurler aussi fort que je le pouvais, dans l'espoir que l'on vienne au moins me retirer ce vêtement de malheur, en vain.

Les heures s'écoulèrent, synonymes  de souffrances, les fantômes ne cessaient de me murmurer toute sortes de conseils et commentaires sur ce qu'il se passait. Je dois bien avouer que cela me faisait de la compagnie si toutefois je peux me permettre d'appeler cela "compagnie" mais tous ce qu'ils me disaient était vraiment loin d'être rassurant. Quand enfin le moment de délivrance vint et que l'on me retira ma camisole, je me sentais sous constante méfiance, une infirmière tenta de poser sa main sur mon bras pour me raccompagner à ma cellule, cependant son geste innocent me donnait juste envie de hurler de douleur.

Ma haine pour le Docteur Griffins est maintenant décuplée et inégalable. S'il y a bien une personne dont je pourrais souhaiter la mort, c'est lui!

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