XXXVI
[...] n'est pas or. >> ???
— Zoé, ici Mérald Louis. Je te parle depuis mon bureau à Canal3, par l'intermédiaire d'une de mes créations. La camicrhologramind. Elle est comme une caméra, mais en mieux. Tu en as attrapé une, après la petite scène avec Oën, chez toi. Ce que tu pensais être une simple bille, est bien plus.
Elle me fascine cette Zoé. Elle regarde partout en riant. Ces changements d'humeur sont vraiment flippants et impressionnants.
— En plus de filmer, elle est équipée de micro. Elle a des capteurs qui permettent d'établir un bilan de santé physique. Elle lit les pensées, et même les souvenirs, et les retransmet en image. Si tu vois quelque chose qui n'existe pas, elle le voit aussi. Si tu n'oses pas dire ce que tu penses tout bas, elle se charge de le retransmettre tout haut, et ceci avec ta propre voix... Et ce n'est pas tout.
Zoé s'arrache les cheveux, en riant. Heureusement qu'il y a des milliers de kilomètres, qui nous séparent.
— Écoute-toi penser Zoé : Mérald ? Lëon, il... Depuis combien... Que ? Quoi ? Veste ! Arrêtez ! Arrêtez !
Zoé court jusqu'à sa maison. Elle ramasse et enfile son sweatshirt. Elle fouille ses poches. Elle l'a trouvée. Elle l'examine sous toutes ses coutures.
— Elle peut se camoufler n'importe où. Changer de forme, se faufiler partout. Celle que tu tiens, a eu un léger dysfonctionnement. Mais, le problème a été fixé.
Zoé panique en voyant mon invention s'élever, disparaître, et réapparaître.
— J'ai failli oublier. Mon invention peut aussi diffuser des hologrammes. La raison principale de notre conversation ? Je voulais te montrer des images, et voir ta réaction. D'un côté, tu auras ce qui a été filmé de la caméra. De l'autre ce que la camicrhologramind a vu de tes yeux, de ton esprit, aux mêmes instants : tes petites hallucinations, les vérités que tu n'arrives pas à accepter.
Zoé sursaute en voyant les deux appareils apparaître en même temps qu'un orage éclate. Sa curiosité est presqu'aussi grande que son besoin de se rendre au haut de la falaise.
Sans hésiter, Zoé choisit. Elle court pour se rendre à cet endroit sans valeur, qui lui tient à cœur.
Cernée par plus d'une centaine d'hologrammes, la représentant elle et Aurore, face à face, Zoé perd pied. Elle se met à gratter compulsivement ses bras, en faisant les cent pas.
— Bonne idée. Ma vessie attendait ce moment avec impatience.
Zoé s'arrête en entendant la voix d'Aurore. Elle a de vagues souvenirs, de cet instant. Elle se rappelle qu'elle avait montré à Aurore une phrase pré-écrite : <<Pause pipi>>.
Elle se rapproche de l'un des hologrammes qui semblent si réel, pour l'embrasser. Mais je les fais disparaître tous, en ne laissant que les deux qui devaient servir. Ils se trouvent derrière elle. Zoé revient à eux, en s'asseyant sous cette pluie qui ne s'arrête pas.
Sur sa gauche Zoé suit Aurore qui se crée un chemin entre les adventices. Elle regarde, à peine l'hologramme à sa droite.
— J'ai l'impression que quelqu'un me regarde, alors qu'il n'y a personne ici. Il n'y a que Zoé, elle est de l'autre côté... Hum ! Non, non... Ce n'est peut-être que le fait de me retrouver au beau milieu de nulle part pour assouvir mes besoins qui me rend paranoïaque. Oui, c'est ça !
— Ce qui vient de précéder, ce sont les pensées de ta mère. J'espère que tu avais compris. J'avais eu les mêmes conclusions qu'elle, j'en ris aujourd'hui !
Zoé m'ignore ? Mais de quel droit ? Elle préfère se perdre dans les images. Elle n'a d'yeux que pour sa mère. On va voir ce que tu penses de celles qui vont suivre.
— Il y a des yeux qui m'épient, je le sais, je le sens. Quelqu'un m'observe. Mais je ne vais pas pouvoir me retenir. Allez, Aurore, ferme-les yeux, pense à autres choses. Et vide-toi.
Ce n'est que maintenant que je me rends compte que moi aussi, je l'observais, bras croisés, ignorant ce qui allait se passer. Jusqu'à ce que tout comme Aurore, j'ai vu cette seule rangée de mauvaises herbes, s'agiter. J'ai su bien avant elle, de quoi il s'agissait.
— Hé ! tout doux Zoé. Ta tension artérielle, atteint un niveau alarmant. Ce ne sont que des images passées. Calme-toi.
En voyant le dingo se jeter sur Aurore, et en entendant à nouveau ce cri qui l'a une fois hanté, Zoé crie à son tour. Elle ne délaisse pourtant pas son visionnage. La seule différence c'est qu'elle se balance, d'avant en arrière, en se grattant.
Zoé regarde d'une part l'image de sa mère entrain de cogner la tête de son agresseur avec une pierre, dont la gueule est salie de sang. D'autre part, l'autre hologramme qui lui montre ses mains qui lui créaient un passage avec rage entre les mauvaises herbes.
Zoé se perd dans la scène qui est en gros-plan sur le visage concentré d'Aurore. La seconde d'après, Zoé s'effondre lorsqu'il se fait lacérer par les griffes du chien sauvage, qu'Aurore retient fermement contre elle.
— C'est déjà perdu pour moi, il m'a déjà condamné en m'arrachant une partie du cou. Il est hors de question que je le laisse s'en prendre à ma Zoé. Il ne nous aura pas toutes les deux, pense Aurore en écrabouillant le crâne du dingo, les dents serrées de douleur.
— Mensonges ! rugit Zoé en envoyant le rouleau d'adhésif contre l'hologramme, mais, il le traverse.
Zoé ne veut pas y croire, car elle n'a pas vu de blessures sur sa mère. Et parce qu'elle a soi-disant parler, fredonner et fait la route avec sa mère. Zoé regarde en simultanée les deux hologrammes. Elle voit tant de sang, tachant sa mère, dans l'un. Alors que dans l'autre, elle voit tout le sang disparaître comme dans ses souvenirs.
— Truquages !
— Ne te ment pas Zoé. Quand tu es arrivée, tu as vu le sang de tes propres yeux. Depuis quand du sang, peut-il aussi aisément disparaître. Tu as été naïve, tout comme l'ont été beaucoup de téléspectateurs, lui ris-je au nez.
Té-lés-pec-ta-teurs?
— Oui, tu es selon moi, à la fois le protagoniste et un antagoniste de la même histoire. Tu es dans une télé-réalité à succès, qui sera un peu courte. Mais qui rapporte beaucoup. Tu es suivie par plus vingt-trois millions de personnes. Sur les réseaux, on ne parle que de toi. Oh non, dis-je en me tenant l'arête du nez. Je vais être obligé de te payer, maintenant. Et zut ! Bon bref, passons à la partie où tu t'inventes une conversation avec la défunte Aurore. Non ! la fin est mieux.
Zoé se voit écrire cinq mots sur un morceau de papier, puis la glisser entre les doigts d'Aurore, en se relevant. Elle tombe des nues lorsqu'elle voit que l'un des hologrammes lui défile des anciens souvenirs de ce jeu entre elle et sa mère.
— Moi qui ai regardé toutes les scènes, contrairement aux autres personnes qui te suivent, je suis restée sans voix face à cette scène. Elle était très émouvante. Mais d'un autre côté, on aurait dit un criminel psychopathe et narcissique qui laisse un message pour provoquer un enquêteur. << Tu ne m'attraperas pas >> [...] Pour ce qui est de la nourriture que tu penses que ta mère avait recraché ou encore les bruits de pas que tu avais entendus, il s'agissait d'Eva. La preuve en image.
Zoé n'y croit toujours pas. Elle rejette chaque séquence. Elle repense à l'instant où elle a cru voir sa mère se faire tirer par les pieds.
— Je te lance les images.
<< — Merci, beaucoup Lëon. Voici l'argent comme convenu.
— J'ai déjà le trou pour elle. Même si je ne comprends toujours pas, pourquoi tu gaspilles ton argent pour enterrer une simple femelle.
— Merci beaucoup Lëon. Tu es de loin le meilleur maire que la ville puisse avoir, sourit l'homme avant de fermer sa porte.
Lëon attrape les chevilles de la femme. La lumière de lampe frontale à peine allumée, éclaire mieux le visage de la défunte aussi blanc que la neige, et ses cheveux d'un roux flamboyants. >>
Zoé regarde simultanément, les deux hologrammes. Elle lutte contre la vérité, elle ne veut pas l'accepter.
Parfum ! Ûgo !
— L'odeur de parfum que tu as perçue, n'était qu'une hallucination olfactive. Tout comme, tu as des hallucinations visuelles et auditives. Cette rousse était la grande sœur de Œgo, il en avait fait mention. Pour ce qui est de Ûgo ma petite Zoé, tu t'es faite de fausses idées, toute seule. Bríss t'a envoyée chez les deux frères, dans l'espoir qu'ils te tuent, pour que tu puisses payer de ce que tu lui as fait subir. Regarde.
<< — Mon...sieur Ûgo, je vous en prie.
Ûgo assène un coup de talon à la bouche de la jeune femme, au sol, pour la forcer à se taire.
— Ne t'ai-je pas ordonné de te la fermer Kaña ? demande-t-il en se mettant à califourchon sur le corps en sang.
Ûgo essuie le visage de Kaña, puis l'examine. Il plaque les mains de Kaña au sol et lêche ses lèvres. Il l'embrasse et demande accès à sa langue. Cette dernière n'ose pas refuser. De ses dents Ûgo la lui arrache, puis la recrache un mètre plus loin. Kaña ne se permet même pas d'exprimer sa douleur.
— Finissons-en silence, propose Ûgo en étranglant Kaña.
L'instinct de survie de la jeune fille, la pousse à se débattre. Ûgo prend plaisir à l'amener au plus prêt de la mort trois fois consécutives, jusqu'à ce qu'il se lasse, et la tue.
Ûgo tire le corps sans vie à la falaise. De son pied, il le pousse pour que Kaña s'échoue contre l'amas de roche.
L'air de rien, il rentre chez lui, heureux.
[...]
— J'ai fait semblant de vouloir l'embrasser, pour lui couper la langue de mes dents. Kaña n'était qu'une écervelée de plus, donc j'ai pris mon pied à l'étrangler. M'étant lassé, j'ai accéléré sa mort, puis je me suis débarassé de son corps, en la jetant du haut de la falaise.
— Pas bête ! >>
..
— Pourquoi penses-tu avoir eu tous ces flashbacks ? Et surtout ces hallucinations visuelles qui ont remplacé l'image de Rítt par celle d'Aurore. Ce cauchemar où tu voyais ta mère, une partie du cou arrachée...
Zoé s'éloigne des hologrammes, en se traînant sur ses fesses, comme si ils pouvaient la brûler. D'elle même elle trouve d'autres détails, lui prouvant que sa mère n'est jamais montée en voiture avec elle, après cette pause pipi.
— Regarde Zoé.
Zoé se lève, puis reste figer devant la vidéo authentique de sa mère restée au même endroit. Elle ressemble à ce qu'elle a vu en regardant Rítt.
— Je dois t'avouer quelque chose. T'inquiète, ce ne sera pas diffusé ainsi que d'autres parties. C'est moi qui t'ai attirée ici. La grosse enveloppe jaune : c'est moi qui te l'ai envoyée avec la complicité de Lëon. C'est donc aussi de ma faute si ta mère est morte. C'est de ma faute si ce dingo lui a ôté la vie. Car comme te l'ont si bien dit ses voix imaginaires qui parasitent ton esprit : vous auriez dû vous trouvez un logement social. Mais par notre faute: Lëon, Gérard, toi et moi, elle s'est retrouvée, au mauvais endroit, au mauvais moment. Je ne m'en excuse pas, car ce serait hypocrite, puisque je doute que sans ça tu m'aurais rapporté autant d'argent.
Le visage de Zoé n'est plus que le tableau de la haine, de la rage, de la douleur, de la souffrance.
— As-tu l'intention de t'en prendre à moi Zoé ? Si oui, sache que je t'attends.
Zoé reprend sa course, mais vers une toute autre destination. Elle fuit les derniers souvenirs qu'elle a de toutes ces personnes, qu'elle a tué sans raison. Les images de leurs sangs, de leurs regards vides, des yeux crevés, des gorges tranchées, des bouches ouvertes, des langues pendantes, des bustes poignardés, des têtes réduites en bouillie, de cette dernière tête qui a roulé comme une boule de bowling.
Elle rejoint sa mère en alternant hurlement et fous rires.
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