XXXV

<< Tout ce qui brille...

- Voyons Zoé. Calme-toi, tente Lëon d'un ton qui se veut aimable.

Hache sur l'épaule, Zoé ricanne si fort que Lëon en tremble.

Ma mère, Lëon ! Ma mère !

D'un geste rapide, Zoé arrive à effleurer le torse de Lëon. Un filet de sang en suinte, mais disparaît sous la pluie.

Lëon tente un lancer de couteau, qui échoue lamentablement. L'objet arrive aux pieds de Zoé.

L'homme n'a plus rien, si ce n'est que ses mains pour se défendre.

De justesse, Lëon esquive la nouvelle attaque de Zoé, qui le laisse pantois. Le souffle court, Zoé s'octroie une pause. Elle imagine avec un sourire peu rassurant, comment sa justice prendra fin.

Il est hors de question que je me laisse avilir ainsi plus longtemps. Il faut que je me rapproche le plus que possible d'elle. Elle ne sera pas préparée pour une attaque corps à corps. La hache ne le permet pas, examine un Lëon confiant.

Feignant être entrain de s'étouffer, de ne pas trouver d'air, Lëon croit faire baisser la garde de Zoé. Du coin de l'œil, il épie les gestes de l'adolescente. Lorsqu'il la voit yeux mi-clos, porter sa main à sa bouche, Lëon n'attend pas. Il court avec pour seule idée : de se coller à Zoé, et lui prendre l'un des couteaux qu'il a remarqué sur elle.

Bien que s'apprêtant à bailler, car en manque de sommeil, Zoé n'a cessé d'avoir un œil sur Lëon. Elle n'avait cru un instant, à son soudain manque d'air.

N'ayant pas fini de bailler, lorsque Lëon ne se trouve plus qu'à un pas d'elle, Zoé se décale. Elle lui fait un croche pied. Lëon s'étale sur le sol dur, à plat ventre, et glisse loin d'elle.

Lors de sa glissade, Lëon a pu ravoir la lame coupable de la douleur lancinante qui le démange à la taille.

- Sais-tu combien de personnes, j'ai tué de cette hache Zoé ? Combien de personnes mortes j'ai démembré avec, pour mieux les enterrer ? Je m'en suis servi aujourd'hui même.

Lëon se presse de se relever. Avec dégoût, il dévisage Zoé en se préparant à retenter le même schéma que tantôt. Il étire ses muscles, fait craquer son cou, ses sept doigts, son dos, ses orteils. À aucun moment, il ne quitte Zoé des yeux.

Zoé lui sourit et brandit cette arme qui ne lui appartient pas. Elle court vers sa cible, mais le rate de peu. Lëon se colle à elle.

- Tu croyais pouvoir me tuer avec ma propre arme ? Les mâles écrasent toujours les femelles, Zoé. Toujours ! explique-t-il en surplombant Zoé avec mépris.

Excité que son plan ait fonctionné, Lëon envoie son coude en arrière pour asséner à Zoé un coup de couteau.

La feuille de boucher, cachée par son fourreau encaisse le premier coup. Évitant à Zoé de finir avec le cœur troué. Sa lame favorite l'a épargnée d'un coup qui se voulait fatal.

Zoé assimile à peine que la vie a failli la quitter, sans qu'elle n'ait bouclé sa vengeance, que Lëon réitère son geste. Il l'enfonce cette fois, dans le flanc gauche de Zoé.

Justice ! Rendre j'tice ! Jus-ti-ce !

Les mâchoires crispées à leur maximum, Zoé se sert du manche de la hache pour attaquer les parties génitales de son adversaire.

Lëon délaisse Zoé pour se plier en deux en grimaçant. Mains sur son entrejambe, il essaie de contenir sa douleur et ses plaintes.

Défaite de son emprise, Zoé en profite pour endiguer la plaie ouverte de son abdomen. Elle déchire dans un premier temps un long morceau de son jogging, qu'elle divise en deux. Zoé les noue l'un à l'autre pour n'en avoir qu'un long. Ensuite, elle récupère le surplus d'adhésif de la blessure à sa jambe. D'abord elle met le scotch sur la plaie, puis le protège avec le tissus qu'elle serre de toutes ses forces. Tout cela accompli en moins de soixante secondes.

Avec la surdose d'adrénaline accumulée après avoir cru mourir, Zoé ne considère pas le regard meurtrier de Lëon. Ce dernier récupère toujours de sa dernière frappe.

- Récite tes dernières volontés, petite vermine ! prévient-il. J'en ai fini avec ces mascarades. Plus besoin de ce couteau. Mes poings suffiront amplement.

Lëon rejoint Zoé à pas de course. Il évite habilement la hache meurtrière, pour délivrer un crochet du droit à Zoé, qui est vite suivi par une pluie d'autres.

- Ça te plaît ? J'espère que oui, car c'est tout ce que tu ressentiras jusqu'à ce que mort s'en suive.

Zoé est incapable de riposter. Lëon ne lui en laisse pas l'occasion.

Il va me tuer, rit Zoé aux éclats.

Elle est vite défigurée par les multiples coupures qui sont dessinées sur son visage. Plusieurs de ses côtes sont maltraitées.

'Man, n'arriverai-je vraiment pas à te rendre la justice que tu mérites ?

Le rire interminable de Zoé encourage Lëon à la frapper encore plus fort. Les coups plus intenses reçus, poussent Zoé à rire avec plus d'entrain pour exhiber sa bouche et ses dents rouges.

J'ai échoué dans la mission que mon père m'avait confiée. Je ne peux pas aussi échouer à venger ma mère. Sois une femme de parole, se sermonne Zoé pendant qu'une quinte de toux la gagne.

Le petit cercle vicieux prend fin lorsque Zoé crache du sang et deux prémolaires en plein visage de Lëon. Une des dents a été plus rapide que ses réflexes. La racine du petit organe dur finit sa course dans un œil de Lëon.

- Sale femelle, hurle-t-il.

Repoussée par Lëon, Zoé tombe sur ses fesses. Elle prend appui sur la hache pour se relever, aussi vite que ses côtes cassées les lui permettent.

Zoé avance, déterminée à saisir ce qu'elle considère être comme une opportunité à ne pas rater.

Alors que Lëon est occupé à s'apitoyer sur le sort de son œil crevé, Zoé brandit l'arme qui tranche la seconde suivante, une des jambes de l'homme

Lëon perd équilibre. Ses genoux s'écrasent en un bruit sourd contre le sol. Il hurle, non pas de douleur, mais de terreur en réponse à ce qui est sur le point de lui arriver. Il lit son bref avenir dans les yeux de Zoé.

D'un coup net et précis, Zoé le décapite, sans une once de pitié ou d'hésitation. Séparée du reste du corps, la tête laisse s'évader le sang.
Le bas, quant à lui gigote dans l'eau de pluie tel un poisson, prisonnier d'une flaque, à cause de la marée basse. Il continue plusieurs secondes, laissant s'échapper toute trace de vie.

Zoé empoigne la tête, par les cheveux, et l'apporte à un endroit face au reste du corps. Elle a l'idée saugrenue de la faire assister au hachis qu'elle prévoit d'en faire.

Zoé s'agenouille, pour commencer. D'abord, elle lui coupe les bras, puis les membres inférieurs. Elle abandonne la hache qui lui requiert trop d'effort, pour utiliser sa feuille de boucher.

L'adolescente s'acharne sur ce qu'il reste de Lëon. Une pluie de couperet plus tard, il est méconnaissable.

L'odeur métallique du sang, se mélange à celui que dégage son appareil digestif. Une odeur pestinentielle que la pluie tente de chasser.

Zoé se relève, les bras ballants en observant ce corps qui n'en est plus un. Elle suit du regard ces petits morceaux que l'eau emporte, et le sang que l'eau éclaircit. Le grondement d'un tonnerre accompagné d'éclairs, fait sursauter Zoé. Elle lâche le manche de son hachoir, pour se protéger les oreilles.

Au lieu du soulagement qu'elle pensait ressentir, à la fin de sa dite vengeance, Zoé se voit catapulter vers un gouffre de tristesse.

Vide, elle récupère sa lampe. Zoé ne comprend rien, à ses sentiments. Elle se sent mal. Très mal. Elle court en direction de la falaise, en se demandant pour quelles raisons, elle se sent pire qu'avant.

À quelques mètres de la maison d'Arrón, encore très loin de sa destination, Zoé ralentit. En plein milieu de la chaussée elle se tient la tête. Elle tourne sur elle-même, encore et encore en hurlant. Puis brusquement, Zoé s'arrête. Elle se décharge de tout. De chaque couteau, de l'adhésif qui les retenait en place, de la ceinture porte-outil de son père. Puis elle s'accroupit, avec un rire aussi soudain que paradoxal.

Un rire qui dure deux bonnes minutes.

Zoé se masse la poitrine en se relevant. Elle vomit, tout le contenu de son estomac. Son expression faciale a déjà changé. Devant son vomi, elle reste inerte, et perdue.

Il les a tous tués. Tous les mâles de la ville qu'elle croyait coupable de la mort de sa mère. Tous ceux, qui pour elle, ont fait ou aurait pu lui faire du mal. Pourtant Zoé est à des années lumières du sentiment de satisfaction, auquel elle s'attendait.

Mais, Zoé a eu tout faux, dès le début.

Pour une personne qui n'aime pas la télé-réalité, elle s'est retrouvée en plein dedans. J'ai adoré être le premier à voir ces images.

Grâce à cette audience de malade que j'ai eu pour la première partie, et les rediffusions, le bouche à oreille fera explosé celle des deux dernières séquences. De plus, mes chères téléspectateurs ne s'attendent pas à une telle chute.

Merci, Zoé.
Et tout ceci c'est grâce à mes petites merveilles : les camicrholograminds. Je ne regrette pas de vous avoir inventées.

Mérald Louis, tu vas être riche jusqu'aux dents. Tout ça, grâce à mon défunt grand frère. Ma petite Zoé m'a aussi libéré de Lëon. Ce qui veut dire que tout leur argent, me restera en poche.

Je crois que c'est enfin le moment, de t'alerter de ma présence Zoé. Voyons, comment tu vas réagir, face à ces scènes ma petite.

Ce serait bien qu'elles réussissent à te débarasser de ton idée de sauter de cette falaise. Vivante, tu me rapporteras encore plus d'argent.

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