XXVII

[...]de réflexion. >> ???

— Tue-moi femelle, qu'on en finisse. Tue-moi ! Ah ah... Je n'en peux plus. Je veux mourir, implore Bríss.

— Comme tu voulais le faire avec ta fille ? [...] Tu sais mon père et moi, étions comme les deux doigts de la main. Comme ces doigts, lui dit Zoé en lui montrant deux doigts de la main fraîchement découpée. Je l'appelais papa, et non pas monsieur. Je ne comprends pas Bríss. Non, non, je ne te comprends pas... Une autre chose dont je me rappelle chez mon père : il répondait à chaque foutue question qu'on lui posait, Bríss. Il répondait ! s'emporte Zoé en plantant la lame à quelques millimètres du visage de l'homme.

Zoé ne change pas de ses éternels murmures. Au contraire ils sont plus calmes. Ses chuchotements plus lents que la normale, sont d'une douceur pour les oreilles, autant qu'ils sont effrayants. Ils donnent froid dans le dos, lorsqu'on remarque le contraste entre eux, le visage, et les actions de Zoé.

— Oën m'a gentiment fait savoir que je retrouverai ma mère, chez l'un des "mâles" en rute de cette ville. Alors Bríss, qu'est-ce tu as fait à ma mère ? Tu as pris du plaisir à lui faire du mal ? Où est-elle ?

— Je veux m..mourir !

— Ce n'est pas de ma faute si tu ne meurs pas. C'est celle de la légendaire résistance dont fait preuve ton organisme, sans doute animé par une poussée d'adrénaline. Et aussi parce que tu refuses de répondre !

— Je n..ne sais pas ! Je ne sais pas !

— Je n'aime pas les menteurs. Non, non ! Tu sais Bríss, j'avais des amis, ils m'avaient promis qu'ils seront toujours présents pour moi. Mais, ils m'ont menti. Ils n'ont pas tenu paroles. Alors de mes crayons, j'ai créé un monstre. J'ai imaginé comment il leur ferait autant de mal qu'ils m'ont fait avec leurs fausses promesses. Mais ça ne me suffisait pas, et c'est de là que j'ai commencé à nourrir mon obsession pour la boucherie. J'aurais mal agi, si je m'étais prise en vrai à eux. Mal agir, ce n'est pas bien, pas bien du tout, se perd Zoé pendant quelques secondes. En ce qui concerne ton mensonge et toi, j'imagine à quelle autre partie de ton corps, s'attaquera mon outil préféré. J'en jubile déjà, car ce n'est pas tous les jours qu'une imagination peut se concrétiser. Bon, je ferai preuve de clémence, pour cette fois. Une bonne action. Je te donne une dernière chance, dit Zoé en passant le dos de la lame sur l'avant-bras de Bríss.

— Ch...chez Arrón.... pleure-t-il de plus belle.

— Tu te moques de moi ? Haha ! Il se moque de moi. J'en sors à peine. Elle n'y est pas ! Donne-moi le foutu numéro de l'endroit où elle est Bríss. Tu ne voudrais pas que je m'énerve, n'est-ce pas ?

— Ah ! Ah ah... Ah !

— Est-ce ma réponse ? Être indulgente ne me va pas, à ce que je vois.

— Alors, au... Hmm... À la maison numéro quinze. Oui, au quinze. Elle ne peut être que là.

— Face au grand bâtiment marqué : "orphelinat" ?

— Oui, chez Ûgo et Œgo.

— D'où sors-tu ces prénoms ? On dirait que tu les a inventés à la seconde.

— Non ! Je te jure... que non. Ce sont leurs noms. Au quinze... Au numéro quinze.... Quinze.

Zoé se lève et tourne les talons, vers la sortie. Elle se moque de ces prénoms. Elle a sa réponse, par conséquent elle juge qu'elle n'a plus rien à faire auprès de cet homme qui sent le métal et la mort.

— Mais, mais ? Tue-moi. La douleur est in-soute-nable. Tue-moi je t'en prie, supplie Bríss.

La concernée s'arrête dans sa démarche. Elle pivote de cent quatre vingt degrés sur elle même. Sa lampe de poche à présent allumée, l'éclaire. Laissant une vue sur son visage aux traits convulsés par un sourire aussi sadique que monstrueux.

Bríss frissonne de peur, souhaitant en ce moment pouvoir disparaître tant que la terreur et la douleur le consument. Mais il a aussi un espoir qu'entre les mains d'Ûgo et d'Œgo, Zoé ne survivra pas. Payant ainsi pour ce qu'elle lui a fait subir. Il espère qu'aussi cruelle puisse être Zoé, elle sera remise à sa place de "vulgaire femelle".

Au lieu de poursuivre sa route, Zoé revient vers le manchot unijambiste, qui est trempé de sa transpiration abondante. Elle s'accroupit très lentement, faisant monter l'angoisse de Bríss, à son plus haut point. Zoé dépose sa lampe de poche au sol, puis scrute chacun des mimiques de Bríss sans un mot. Elle juge lui en avoir déjà fait don de beaucoup trop.

La jeune fille se perd dans la contemplation de son œuvre jusqu'à ce qu'elle soit interrompue :

— Tue-moi.

Zoé soupire face à cette ténacité. Elle sort sa langue de sa bouche, la pend à l'image d'un chien. Zoé la pointe du doigt, puis pointe l'homme, faisant des allers-retours tout en hochant sa tête. Ainsi, elle y attire toute l'attention. Perplexe l'homme l'imite en sortant à son tour sa langue. Presqu'à la vitesse de la lumière, Zoé l'attrape et la lui coupe. 

Idiot. Au moins, maintenant la souffrance te sera moins pénible à endurer. Ta voix est sans charme. Et c'est moi, que tu traites de pathétique, pense Zoé.

L'adolescente lui fait à présent signe d'ouvrir la bouche, de mastiquer. Mais cette fois, l'homme consumé de toute part par la douleur, l'ignore.

L'air nonchalant, Zoé se met debout, hausse les épaules et lui jette son organe à la figure. Aussi silencieuse qu'une carpe, Zoé range son instrument de prédilection à sa place, et ramasse sa lampe. Elle laisse cet endroit sans un regard à l'intention de cet homme qui lui lance des éclairs.

La porte à peine ouverte, que le froid de la nuit agresse son visage. Zoé n'hésite pas, elle le brave. Elle sait parfaitement où sera sa prochaine destination.

Ses oreilles ne captent plus les cris qui l'entourent de la même manière. Elles s'en sont accommodées.

Une bruine d'eau lui caresse paresseusement la peau. Les bras ballants, le long de son corps, mille et un sentiments contraires possèdent Zoé. Ses pensées sont floues, et ne se laissent presque plus déchiffrer. 

— Zoé...

— Maman ?

— Zoé...

Zoé ne sait plus où donner de la tête, elle regarde partout, mais ne perçoit aucun signe de présence d'Aurore. 

Elle se dirige vers le treize où la voix semble provenir. Elle y rentre en trombe. Le rez-de-chaussée, la cave sont vides, non-éclairés et sans la moindre trace de parfum. À mesure de sa visite infructueuse, Zoé s'apaise. Elle ne veut pas que sa mère  la trouve dans un tel état. De plus cette maison lui inspire confiance, elle n'y ressent que de bonnes ondes. Des ondes positives.

Oh ! Parfaite. Je me dois de toujours être parfaite pour maman. Toujours souriante. Propre, je dois être propre, panique Zoé en pensant à tout ce sang qui s'est écoulé de son nez.

Elle s'éternise dans une salle de bain, pour se débarbouiller, et être présentable. Elle respire, puis s'exerce devant un miroir à avoir le plus beau sourire qui soit, et l'expression qui lui correspond.

'Man mérite tout ce qui a de meilleur.

Zoé... s'affaiblit la voix.

Zoé quitte la petite pièce, pour monter à l'étage, en arborant un air, un sourire innocents et paisibles. Il n'y a qu'une seule chambre occupée, la seule que Zoé n'ait pas encore visitée. La seule avec de la lumière. 

Par prudence elle s'arme, en cachant ce détail de son mieux sous sa manche.

Je te mettrai en lieu sûr, hors de cette ville. Après, je reviendrai achever ce que j'ai commencé. Ils paieront tous.

Zoé ouvre la porte.

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