XXIX
[...] rien d'impossible. >> ???
Son bassin, son épine dorsale, ses coudes, et l'arrière de son crâne sont les plus grandes victimes de cette chute. Son corps aimanté par la gravité, est réticent face à sa volonté de se remettre sur pied.
Son cœur, lui donnant l'impression d'être sur le point de s'arrêter, Zoé ferme les yeux. Il bat lentement, un peu trop lentement à son goût, car il lui donne l'impression de partir. Zoé glisse ses doigts paresseux dans la poche de son sweatshirt, puis les ressort avec un objet.
— Œgo, amène-toi !
— D'accord. Deux minutes !
Les pas d'Ûgo se rapprochent de son corps. Zoé reste silencieuse. Ûgo s'abaisse à son niveau. Zoé reste inerte. Il pose une oreille contre le haut de sa poitrine. À peine posée, que Zoé ouvre les yeux. Elle plante profondément le couteau pliable à lame dentée, dans la gorge d'Ûgo, et le lui enlève aussi vite.
Le premier réflexe d'Ûgo est d'entourer sa gorge de ses mains, pour endiguer tout ce sang qui en sort en abondance. Aucun son utile, ne daigne franchir le seuil de ses lèvres.
Furieux, Ûgo abandonne son cou, pour foncer s'en prendre à celui de Zoé. Cette dernière roule sur elle-même, avant qu'il ne l'atteigne. Ce qui oblige Ûgo à prendre appui sur ses coudes, et avant-bras, pour ne pas qu'il s'aplatisse sur le parquet.
Impuissant, Ûgo réceptionne toute la haine que lui exprime Zoé. Il n'a pas la force de tenter une attaque, ni celle d'essayer d'arrêter son hémorragie, qui lui éclabousse le corps.
Mais lorsqu'il voit le rictus que porte Zoé au coin des lèvres, il passe outre son sentiment de faiblesse, et d'impuissance. Il avance à quatre pattes en sa direction, aussi vite que son corps démuni de liquide vital, le lui permet.
Hors de question que je me laisse ainsi humilier par une femelle. Je me batterai jusqu'à mon dernier souffle, s'encourage-t-il.
Son sang le trahit, en le faisant glisser face contre terre. Mais Ûgo ne s'avoue pas vaincu. Il rampe vers une Zoé immobile qui reprend des forces, et s'exerce mentalement à braver la gravité.
N'abandonne pas Ûgo. Tu vaux mieux que ça. Tellement mieux. Allez ! n'abandonne pas, se supplie Ûgo.
Après un dernier effort qui lui permet d'effleurer le flan de Zoé, son cerveau n'étant plus correctement oxygéner, il s'évanouit. Ensuite, la vie quitte son corps, ceci à l'exact opposé de la façon dont il l'aurait voulu.
Il meurt jeune. Le corps couvert de son sang, et de celui de sa dernière victime. Il est mort à moitié nue, en caleçon, dans une position pitoyable, de la main d'une femelle.
Zoé commence à peine à se relever qu'elle entend :
— Ûgo ? Où t'es ? Tu me fatigues tellement. J'espère que c'est important. Je descends !
Debout, collée au mur, Zoé observe en silence le jeune homme qui descend les marches. Elle n'a aucune envie de perdre du temps avec lui. Nerveuse, elle se gratte les coudes. Tout ce qu'elle désire c'est de sortir d'ici.
Sortir, aller jusqu'à cette falaise. Y aller pour vérifier. Vérifier que Aurore y est, ou y a été.
Sortir. Y aller. Vérifier[...], se répète Zoé.
Œgo finit sa descente, puis cherche son frère de l'autre côté des escaliers. À l'opposé de l'endroit où Ûgo se trouve, allongé. Zoé voit là, l'occasion attendue pour se soustraire de cet endroit. Alors, elle en profite, elle court. Mais quelques uns de ses pas font grincer les lames de bois, attirant ainsi l'attention de Œgo.
— Hey ! Halte-là ! Que fais-tu ici le nouveau ? Ûgo, t'es où ?
Zoé ne l'écoute pas, elle continue.
— Arrête !
Œgo a toujours été bon coureur. Sans peine, il la rattrape en tirant sur son poignet gauche. Zoé continue de courir, mais sans crier gare Œgo s'arrête. Plus musclé, et ayant une force physique supérieure à celle de Zoé, son arrêt provoque aussi celui de Zoé. La seule différence est que celui de Zoé a été brutale. Il lui a un peu déboité l'épaule. Il lui a fait regresser dans sa progression, en la contraignant à s'asseoir.
— Tu ne connais pas encore les lois qui régissent la ville à ce que je vois, le nouveau.
Il regarde la concernée, attendant une réaction de sa part. Mais Zoé ne cille pas, elle reste tête baisséé.
— On ne rentre pas dans la propriété d'autrui sans y avoir été invité. Le fait que certains d'entre nous, ne fermons pas les portes de nos maisons à clé, n'est pas une invitation à y pénétrer. L'infraction de cette règle entraîne un châtiment corporel en public. Si cette loi n'existait pas, crois-tu que tu aurais trouvé la dix inhabitée, après tout ce temps laissée à l'abandon ? J'espère que tu n'as rien volé, sinon selon la loi tu perdras une main, ou on te crèvera un œil. Puisque ce sont eux les principaux coupables.
Œgo est sans voie face à l'attitude de cette personne pris en flagrant délit.
— Mais...Tu tu pleures ? Un mâle se doit de rester stoïque dans quelque soit la situation. De plus tu t'y prends comme une pitoyable femelle.
Zoé pleure de plus belle, non pas pour les raisons auxquelles sont entrain de penser Œgo. Non, elle pleure du fait de l'incompétence dont elle se reproche. Et aussi parce que Œgo l'empêche de faire la seule chose qu'elle désire : être prêt de sa mère, être dans ses bras.
— Hey ! Sèche tes larmes. Pour cette fois, j'oublie tout. En retour, ne récidive pas. Reprends-toi. T'es un mâle, comporte-toi en tant que tel. Écrase cette fragilité, lui suggère Œgo en lui tendant la main.
Œgo la balance sous son nez, jusqu'à ce qu'il arrive à capter l'attention de Zoé. Au bout de quelques secondes à fixer cette grande main, elle décline l'offre.
Œgo hoche la tête, et la laisse.
Lorsque Zoé est mise sur pied, elle éponge ses larmes. Elle effectue quelques mouvements de rotation avec son épaule gauche.
Sans une marque de considération pour le geste d'Œgo qui s'est déjà remis à chercher son frère, Zoé récupère le marteau caché sous ses hauts. Elle compte en finir une fois pour toutes, pour lui éviter toutes nouvelles interruptions inopinées.
Zoé suit à pas de loup rapide le jeune homme, qui hèle son aîné, pour savoir où il est, et ce qu'il lui voulait. Jugeant être assez prêt et dans le bon angle d'attaque, Zoé lui creuse l'os pariétal gauche.
Sonné, Œgo se laisse facilement tomber lorsque Zoé le fait fléchir avec un deuxième coup à l'arrière du genou. Il s'écroule au sol en pleine expression de sa douleur. Un troisième au crâne, le fait sombrer dans l'inconscience.
Zoé le prend par le col de sa chemise, et le traîne jusqu'à son frère.
.
— Ûgo ! tonne la voix horrifiée de Œgo quand ses yeux lourds se posent sur ce corps en pleine trempette dans du sang.
Sa vision reprend un semblant de normalité, en s'arrêtant de dédoubler cette vue qui lui est horrifique. Une vue d'Ûgo badigeonné de rouge, bouche et yeux grands ouverts.
— C'est toi ! Prépare-toi à mourir, menace-t-il avec la langue engourdie en voyant Zoé.
Bien que lasse, de devoir encore se dévier de son objectif, Zoé ne compte pas lui laisser la vie sauve. Ce n'est que pour la gentillesse qu'il a fait preuve à son égard, qu'elle lui laisse voir son frère. Tout comme elle souhaite revoir sa mère.
Morose, Zoé délaisse sa position accroupie. Elle offre un répit à son coude qu'elle a gratté jusqu'à sang, malgré les deux couches de tissus qui le protège.
Quant à Œgo, animé d'une colère sans bornes, il tente de se relever. Il essaie aussi de garder un œil sur Zoé qui soupèse son marteau.
— Tu as tué Ûgo ! Je vais te faire regretter d'être venue habiter à Skueñalas.
Ces mots crachent toute la haine, que les yeux brillants de Œgo ne parviennent pas à éjecter.
— Ton frère a tué ma mère ! s'énerve Zoé, en fonçant sur Œgo.
Elle lève le marteau, et le frappe sur la tête de Œgo qui ricoche sur le parquet. Un craquement suivi de près d'un hurlement se sont instantanément faits entendre. Zoé réitère son geste, qui génère un cri plus strident que le précédent.
Un trente troisième coup de marteau plus tard, la tête de Œgo n'est plus qu'une bouillie de sang, de muscles, de chair, de morceaux de cerveau, de cervelle et d'os .
Zoé en a plein le visage, mais elle compte faire subir le même sort au cadavre d'Ûgo. Elle a ce besoin, de s'acharner sur celui qu'elle accuse d'avoir tué sa mère, avant de la rejoindre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top