XV
...pendant qu'il est chaud.>> ???
Telles deux voleuses, Zoé et Ava avancent en catimini.
Bien que les cris fusent de partout, la production d'autres bruits a été proscrite par Ava. Les filles veillent sur chacun de leurs pas, afin de réussir à créer un effet de surprise. Si elles y arrivent, cela devrait leur donner un avantage considérable pour destabiliser l'ennemi. Ou simplement les permettre de passer inaperçues, un certain temps.
— Je t'avais dit qu'ils avaient une porte arrière. La remise n'a aucune lumière allumée. Ils sont sans doute, tous dans la maison, informe Ava en chuchotant.
Zoé colle son oreille à la porte. N'entendant aucun bruit suspect, elle l'ouvre en prenant son temps. Leurs pieds telle une plume d'oie se posent avec délicatesse sur les lames de bois, de ce qui s'avère être la cuisine.
L'une ne prend le risque de faire un quart de tour, pour fermer la porte.
Agir par instinct ou sous le coup de l'impulsivité, de l'intuition, Ava l'a répété une douzaine de fois à Zoé : cela ne servira à rien contre les Foy. Il leur faut au contraire contrôler chaque pas, chaque geste, chaque respiration. Chacun de ces derniers se doit d'être réfléchi.
L'intuition de Zoé l'ordonne de fermer la porte. Son côté réfléchi, quant à lui, est porté sur un autre point.
Une poêle en acier pourrait mieux servir pour les assommer, qu'un de mes couteaux, raisonne Zoé en ceuillant précautionneusement une. Les couteaux sont pour me défendre, au cas où ce monstre m'attaquerait. Je n'hésiterai pas à riposter. S'il a fait du mal à ma mère, je le déchiqueterai.
Ce calme sous pression, ne ressemble pas à Zoé. Il la rend anxieuse. Seule, elle agirait sans se poser de questions.
Sans plan, sans examen du terrain ennemi, elle foncerait la tête la première dans le vif. Son intuition la guiderait. Elle sait qu'elle trouverait résultat. Sous pression, elle a toujours tout réussi. Jamais, elle n'a échoué.
Cette pression combinée à ma détermination, ma colère et à de l'adrénaline, servirait d'un dopage naturel pour un succès assuré.
Zoé se souvient que son père, a toujours fait comme Ava. Toujours tout planifié. La réussite ne lui a jamais faussé compagnie. Ce n'est que la principale raison, pour laquelle elle accorde une chance au mode de fonctionnement d'Ava. Ava paraît aussi si confiante, si différente de leur première rencontre. De plus, Zoé veut se rattraper vis-a-vis des préjugés qu'elle a eus à son encontre.
— Zoé, on ne sait pas ce qui nous attend ici. Prépare-toi aux pires scénarios inimaginables. Mais quoi qu'il se passe, il faut que tu gardes le contrôle. Chaque action de travers peut toutes nous être fatale, explique Ava en chuchotant encore plus bas qu'avant.
Arrivées, devant l'escalier qui mène à l'étage supérieure, d'un commun accord, elles décident de ranger le portable. Zoé confie son outil tranchant à Ava pour mieux tenir la poêle. Toujours à pas de loup, elles montent les marches.
À la dernière marche, elles savent exactement où aller. Des sanglots étouffés, alternés à des gémissements plaintifs et des grognements, leur servent de guide.
Ava a peur que Zoé gâche sa chance d'en finir avec les Foy. Car elle sait qu'il est improbable qu'il s'agisse de la mère de Zoé. Lëon ne permet à aucune personne qu'il ne juge digne, de pénétrer dans sa maison. Il n'y a eu que les mâles qui veulent à tout prix lui ressembler qui ont eu ce droit. Mais aussi son épouse, et celles, défuntes, d'Oën. Ava ne pense pas qu'il ferait aussi aisément, l'exception pour une vulgaire étrangère.
Selon Ava, qui a épié Lëon une année entière, ce dernier l'a soit enfermée dans sa remise, soit ligotée à l'un des arbres de la forêt. Ce sont ses deux lieux de prédilection, pour vaquer à ses occupations sanguinaires. Mais Ava ne peut pas le lui avouer, tout de suite. Car si sa déduction s'avère fondée, Ava sait que Zoé n'aurait d'yeux que pour Aurore. Alors elle se retrouverait seule face aux gros méchant loups, complètement paralysée de peur.
— Zoé s'il te plaît, agis avec méthode, non pas par pulsions, je t'en prie. Sinon tu risques de tout perdre. Nos vies en tête de liste.
De la lumière émane d'une pièce non fermée. Et c'est d'aussi de ce même endroit que proviennent les sanglots, mêlés à des grognements. Les filles avancent jusqu'à celle-ci.
De dos, Ava reconnaît d'un simple regard, ces cheveux grisonnants :
Ce sont les cheveux de ce détritus puant, qu'est Lëon.
Ava jubile déjà de voir la vie le quitter, par ses soins. Ses gobles oculaires trahissent son semblant maîtrise de soi.
Zoé n'est plus qu'une boule de nerfs. Elle serre des dents pour ne pas craquer. Cette scène lui est insupportable. Que quelques pas, et elle pourra déverser l'une des milliards de gouttes de rage qui bouillonent en elle, sur lui.
Il... Il viole ma mère... Ma petite maman. Le salaud, il va me le payer. Oui ! Maman, courage. Je viens te sauver. Je suis là.
Les pas de Zoé se font plus grands, mais restent tout aussi discrets. Ses doigts tiennent la manche de la poêle avec fermeté, tout en gardant une certaine flexibilité. Après un dernier pas, Zoé détend ses avant-bras. Elle les lève doucement jusqu'au niveau de sa tête. Elle plie à peine les genous, et avec toute la force de ses bras, Zoé fend l'air à l'aide de sa poêle. Dans un bruit sourd, l'objet s'abat contre l'arrière du crâne de Lëon.
Comme une poupée de chiffon, l'homme d'une cinquantaine d'années, s'écroule sur le côté du corps de sa compagne.
— Maman, se précipite Zoé en murmurant un ton plus haut que son habitude.
— Zoé ce n'est pas ta mère. Regarde bien. C'est Ilda, l'épouse de ce vieux fou.
Lorsque l'information est assimilée par le cerveau de Zoé, elle ne se retient plus, elle explose. Elle déverse une pluie de coups sur l'homme inconscient.
Ilda, de son côté a cessé de pleurer son sort, pour observer cette scène qui la laisse pantoise.
— Zoé, ça suffit ! Tu vas le réveiller. Si il se réveille, on ne pourra plus rien faire. Tu ne pourras rien lui soutirer, aucune information. Car, il nous aura déjà tuées, qui plus est, à mains nues. Allez... Il faut l'attacher, en espérant que ce ruban adhésif que tu as apporté, suffira. Aide-moi à le descendre du lit. Lorsqu'il se réveillera, on lui demandera d'abord pour ta mère. Ou on partira simplement à sa recherche. Mais avant il faudrait aussi s'occuper de l'autre.
Après avoir donné un dernier coup, Zoé s'arrête.
Une main sur la poitrine, elle essaie de se reprendre. Elle s'assied sur le sol, pour regagner ses esprits. Ses larmes ruissellent sur ses joues, en silence.
Zoé a vraiment cru avoir retrouvé sa mère. Mais ce visage n'est pas celui d'Aurore.
Ava a raison, on doit le mettre HS, au plus vite. Et cette femme, j'aurais souhaité le contraire, mais elle n'est pas ma mère, souffle Zoé de frustation. Mais, elle non plus ne mérite un tel traitement. Oh, que j'ai envie de tout casser ! Maman...
L'heure n'est pas à la défaite. Zoé se ressaisit. Elle se lève pour suivre les instructions d'Ava.
Les filles font abstraction de la nudité de la région du bas de Lëon, pour se concentrer à le descendre du lit. Elles lui attachent les poignets à son dos. Puis, c'est au tour de ses bras d'être bien immobilisés contre ses côtes avec l'adhésif. Les chevilles, les jambes et les cuisses, sont à leur tour saucissonnées. Ses yeux, sa bouche sont mis hors fonction, par prudence. Comme bouquet final, Zoé et Ava l'entravent à l'un des pieds du lit.
Zoé prend l'initiative de rajouter de l'adhésif à quelques points stratégiques, pour renforcer les attaches. Tandis que Ava ramasse la poêle sans un bruit, avec un sourire en coin.
— Hum ! La ballade s'arrête là. Désolée, annonce Ava.
Une seconde fois consécutive, l'ustensile de cuisine assomme...
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