XIX

[...] malheur est bon.>> ???

- Zo...Zoé. Sortons ! conseille Ava.

Oën est perdu, sans repère. Tout est flou dans sa tête, autant que l'est sa vision. Il souffre sans en connaître la raison.

À mesure qu'il reprend une respiration proche de la normalité, et que les bourdonnements aigus abandonnent ses oreilles, tout lui revient.

Scène par scène : <<lui marquant Ava de ses dents, qui, distrait se fait attaquer par surprise. Lui qui court, blessé, derrière les filles. Il se souvient avoir poignardé Ava, et que lorsqu'il s'est préparé à réitérer son geste, il s'est fait passer une corde autour du cou qui l'a fait s'éloigner d'Ava, avant de se faire poignarder le dos, et fléchir le genou gauche jusqu'au sol.
S'étranglant, sous la pression de son instrument de torture préféré contre la gorge, il a vu la mort en face. Il a senti son cœur le lâcher, la vie le quitter. Il s'est vu partir.>>

Mais il est encore vivant. Ce qui quelques temps plutôt lui aurait paru improbable. Oën ignore ni le pourquoi, ni le comment, du fait qu'il soit encore en vie. Ce qui l'importe, c'est qu'il ait récupéré de la force. Oën compte profiter de ce regain d'énergie, pour que le seuil de regrets de Zoé dépasse le maximum. Il touche son dos, l'objet implanté y est encore. Il tient le manche. Au dernier moment, il se ravise sur son intention de l'enlever. Une mauvaise idée qui le viderait encore plus vite de son sang.

Il ne faudrait qu'une minute ou deux à Zoé pour qu'Oën soit de l'histoire ancienne. Il est au sol, toujours en position de faiblesse.

Il ne me suffirait que de tirer sur le fouet assez fort pour qu'il ne soit plus. Mais ces minutes, et même ce temps de réflexion peuvent être fatales pour Ava. Surtout si mon plan d'éxécution, ne se déroule pas comme prévu. Il faut qu'Ava se fasse suturer au plus vite. Sinon elle succombera si elle continue à perdre le peu de sang qu'elle a, réfléchit Zoé

- Porte.... de.... devant.

Utiliser la porte principale sera plus pratique. Ava a raison, cela leur fera économiser du temps. Zoé confie son portable à Ava. Elle s'accroupit en calculant la façon dont elle doit s'y prendre pour la soulever du sol, sans trop l'affecter.

Oën entend la voix d'Ava et le bruit des pas de Zoé. Mais il ne les voit pas. Il est dos à ses adversaires. Elles n'assistent pas au défilé de ce mélange de bave et de sang, qui sort de sa bouche.

Avec un peu de chance, il mourra sur place, se dit Zoé en soulevant Ava.

Quant à Ava, elle réalise que la possibilité qu'elle ne meure pas ce soir, n'est pas à écarter. L'image d'un preux chevalier venant à sa rescousse ne l'a jamais enchantée.
À son secours, quelqu'un est tout de même venu ce soir. Elle a eu droit à une brave chevaleresse sans cheval, de ce siècle.

Reconnaissante, Ava gratifie un sourire malgré sa douleur, ceci encore plus grand, lorsqu'elle remarque l'objet de ses désirs.

- Les c...clés.

En les voyant, Ava a tout de suite pensé : à la liberté, et que le trousseau portait forcément celle de la voiture. Zoé l'ayant conduit plus près d'où elles pendent, Ava tend les doigts vers le mur pour les attraper.

En envoyant un ultime regard en arrière, Ava découvre avec horreur, qu'Oën a rampé jusqu'au mur. À présent, il se débarrasse de sa chaussure ensanglantée, et récupère ce qu'il en reste de sa robe. Oën aussi pense à contenir ses hémorragies.

Leurs yeux se croisent, Ava reconnaît dans les siens, ce qui anime ceux de Zoé. La rage, la colère, la haine, la détermination.

Il veut nous tuer, comprend Ava en sombrant dans l'inconscience.

En réalisant à son tour ce qui se passe dans son dos, Zoé se démène pour agir plus vite. Ava n'est plus en mesure l'aider. Pour commencer, elle est contrainte à sortir d'ici, sans intervention de son allié.

Comme Zoé l'a fait pour ouvrir la porte des Foy, elle fait de même pour celle de sa maison. Elle se presse de déposer Ava sur le sol de son salon, pour ouvrir la trappe secrète qu'elle a repéré la veille.

- Zoé ? Je m'étais endormie. J'ai sursauté et eu peur lorsque la porte a été ouverte dans cet énorme fracas, s'avance Eva en baillant. Le sauvetage de ta mère s'est bien passé ? Comment v... Oh ! Ava ? Elle est en sous-vêtements ! On a abusé d'elle ? Elle...elle est morte ? Réponds-moi que non Zoé, panique-t-elle en constatant l'état de sa sœur.

Pour toute réponse la concernée prend une main d'Eva et le pose sur l'emplacement du cœur de sa jumelle. Ensuite Zoé se décale pour analyser l'espace qu'il y a à l'intérieur de la cachette. Ava a besoin d'être vite prise en charge, avant qu'elle ne se réveille. Eva ne peut pas se laisser voir par Oën, et semble être trop émotive pour coudre sa propre sœur. Zoé a donc trouvé l'endroit parfait pour elle et les jumelles. Elles n'auront pas le temps de mettre la main sur mieux, et n'en trouveraient pas. De plus, Oën ni personne d'autre de la ville, ne peut être au courant de son existence.

Zoé touche Eva pour attirer son attention.

- Rentrez vite, ordonne-t-elle en pointant les sœurs du doigt, suivi de leur abri.

Eva obéit sans se poser de question, alors que Zoé court à la cuisine, portable à la main. Elle revient aussitôt avec sa trousse de premiers soins, digne d'être celui d'un professionnel. Elle apporte aussi une petite bouteille de jus, une d'eau, et une petite serviette.

- Zoé, je n'arrive pas à la faire rentrer toute seule.

À peine Zoé a t-elle fini d'aider Eva, et la petite porte a-t-elle été fermée, que la voix d'Oën résonne dans tout le rez-de-chaussée :

- Zoé ! Ava !

Prise de peur, la lampe de poche qu'Eva tient, tremble plus qu'Eva elle-même. Un morceau de scotch finit sur sa bouche avant qu'elle n'ait eu le temps de dire quoique ce soit. La panique lui aurait fait perdre ses moyens, et parler plus fort qu'elle ne le devrait. Ceci tout comme elle a réagi en découvrant l'état d'Ava. Peut-être est-ce les hormones de grossesse. Quelle qu'en soit la raison, Zoé s'est assurée que cela ne se reproduise pas.

- La muette ! T'es où ?

Zoé boit une gorgée de jus avec de l'antihistaminique, pour prévenir ses allergies. Elle ferme les yeux pour respirer et mettre en stand-by tout ce qui l'entoure. Oën le premier.

- Pourquoi tu te caches ? Einh ? Pourquoi ? continue Oën en passant l'étage principale au peigne fin.

Mais Zoé ne le reçoit plus. Elle est concentrée à bâillonner Ava.

L'aiguille en forme de demi-lune est stérilisée à l'aide d'un briquet, puis enfilée. Un noeud est fait à cinq centimètres du bout du fil, avant d'être désinfecté par le même spray antiseptique qui servira pour désinfecter la plaie.

- Ava. Sois intelligente une fois dans ta vie : montre-toi en compagnie de ton amie. Je te promets de vite abréger cette souffrance que j'ai lu dans tes yeux, insiste Oën en montant les marches.

Les premiers points de suture ne sont pas serrés. Zoé avance lentement mais sûrement. Elle s'applique à finir de bien rapprocher les lèvres de la peau et de les lier, avant qu'Ava ne se réveille. Car Zoé sait qu'elle ne supporterait pas la désagréable sensation, qu'est de se faire suturer en étant consciente.

....

- Viens achever ce que tu as commencé Zoé, enrage un Oën exténué, de ne les trouver nulle part.

Je vais me gêner... À nous deux, imbécile ! Tu n'y échapperas pas cette fois. Je ne laisserai personne se dresser sur mon chemin. Oh, que non !

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