XXXI

[...]qui se nourrit...

Les voix aux paroles négatives ne se fatiguent d'harceler Zoé. À toutes vouloir la culpabiliser, elles créent une cacophonie quasi-ingérable pour l'esprit de l'adolescente. Elles n'approuvent pas que Zoé ait choisi d'obéir cette autre voix féminine douce, et réconfortante, qui lui rappelle celle de son père. 

Une voix sans visage que Zoé considère comme étant son seul soutien fiable, dans sa nouvelle mission, bien qu'elle ne soit que dans sa tête. Détail que Zoé néglige inconsciemment. Car l'accepter reviendrait à ce qu'elle embrasse d'autres vérités, qu'elle rejette tout aussi de manière inconsciente.

— Ils doivent payer. J'tice, se répète Zoé pour s'encourager.

Montée directement à l'étage, Zoé entre dans une chambre. Celle d'un couple, d'où proviennent de faibles grognements.

Les cris animant la nuit se sont amenuisés. Zoé a alors cru trouver tous les membres de cette première maison, proche de la falaise, endormis. Ou occupés à faire autres choses que les activités sordides que prône la ville.

Le couple est dans leur lit. La jeune épouse, au regard aussi vide que triste est ailleurs. Elle fixe un point imaginaire dans le plafond, la reliant à un autre monde. Sa bouche est pincée, et ne laisse s'échapper aucun son. Son expression faciale montre qu'elle n'a nulle envie d'être sous cet homme, qui s'évertue à faire des va-et-vient en elle. Un homme et des sensations qui la laissent insensibles.

Les bras ballants le long de son corps, la femme ressemble à une poupée de chiffon, utilisée à des fins obscènes.

Ne se préoccupant ni de ses pas, ni de ses mouvements, une Zoé abattue, s'avance près du couple en plein ébats.

— Dis-moi que tu m'aimes Dalí, implore l'homme.

Zoé fronce les sourcils en entendant ces supplications.

— Dalí !

La femme ferme les yeux et se contente de soupirer de désespoir.

— Je veux que tu me dises que tu m'aimes Dalí. Dis-le, dis-le Dalí ! s'emporte-t-il en comprimant le cou de la jeune femme.

La dénomée Dalí, ne réagit pas, mais se laisse faire. Elle espère que cette fois, cet individu qu'elle n'aime pas, aura l'audace de la faire passer le seuil de la mort. Car elle a marre de la vie.

<< Tue-le Zoé. Qu'est-ce que tu attends ? Pas de sentiments. Tu rentres dans une maison, tu tues tous ceux qui auraient pu toucher ta mère, tu sors. Et tu recommences dans la prochaine, et ainsi de suite, c'est tout. Redeviens cette Zoé qui a massacré Arrón, Bríss, Œgo. Fais-le pour Aurore et pour Will. Exerce-toi pour le bouquet final. Lëon. >>

Lëon...

Il est difficile pour Zoé de sortir de son état d'abattement et d'indécision. Autant elle pense à faire demi-tour pour se jeter du haut de cette falaise vertigineuse, autant elle tient à venger sa mère. Car une partie de la personne de Zoé s'est effrondée après son passage chez les deux frères. Cette partie qui lui fournissait sa force.

— Dis-le, Dalí !

Afin de se faciliter la tâche, Zoé calcule son premier coup. Comme avec Bríss, elle cherche l'endroit parfait où enfoncer son couteau, qui le paralysera.

Lorsque la lame transperce le dos de l'homme, il émet un cri rauque. Il s'effondre sur Dalí qui daigne enfin lui accorder de l'attention. Au troisième coup, il alerte les autres habitants de la maison, en criant :

- Aidez-moi ! Vite ! Venez !

Dalí ressent chaque coup de couteau que son époux reçoit. Elle en a compté cinq. Un pour chacune de ces années de mariage avec un homme qu'elle méprise. Elle qui voulait tant mourir d'asphyxie, son époux a cessé de respirer avant elle.

Cette mort est le meilleure remède que Dalí n'ait jamais eu à prendre.

Zoé quitte la chambre en fermant la porte, toujours aussi affligée. À deux pas des marches, elle tombe nez à nez avec trois hommes de différentes tranches d'âge. L'un des hommes, le plus âgé, d'une laideur à causer des cauchemars, prend la parole, en voyant l'arme blanche et l'avant-bras luisant de sang de Zoé :

— Que faîtes vous ici à cette heure ? Qui vous a invité ? Qu'est-ce qui se passe ?

Zoé suit du regard, chacun des hommes. Le plus jeune ne le quitte pas des yeux, alors que l'autre se dirige vers la chambre du seul mâle de la maison, qui manque. Zoé ne se permet pas d'attendre qu'il atteigne la porte. Elle court à la rampe de l'escalier, s'assoit dessus, et se laisse glisser.

L'action s'est faite si vite, qu'aucun des deux hommes n'a eu le réflexe de faire quoi que ce soit contre elle. Au même instant ils ont été appelé par l'autre, en état de panique.

Arrivée au bout de la rampe, Zoé en descend avec un sourire mélancolique. Elle se souvient que cette méthode était la préférée de sa mère pour arriver au bas des marches.

Ce souvenir la dévie de son intention de fuir pour retourner à la falaise. Elle est décidée à se battre contre eux.
Car à présent, ce qu'elle veut plus que tout c'est rejoindre Lëon. Pour le faire payer, aussi longtemps qu'il pourra tenir.

Zoé cherche le meilleur endroit où se poster. Elle se fait vite encercler dans la cuisine semi-ouverte. Avec véhémence, tels des robots synchronisés, les trois hommes craquent leurs doigts. Ils nourissent le même désir, celui d'éliminer l'intrus.

Étant réaliste, Zoé sait déjà que ce ne sera pas une mince affaire de venir à bout de trois hommes. Elle n'a suivi aucune formation de self défense, aucun entraînement spécial pour devenir une super espionne. Alors, elle peut autant échouer, que y arriver.

Zoé doute que ses seules compétences de bouchère, et sa connaissance de l'anatomie, peuvent être suffisantes, dans un combat de trois contre une. Mais elle ne doute pas de sa détermination.

Les trois hommes croient que Zoé n'a aucune chance, vu leurs carrures qui surpassent de loin la sienne. De plus, ils sentent leurs forces se décupler, de par la rage qui les possède.

Zoé pense à se munir de la main droite, d'une poêle. Ce qui lui donnerait l'occasion de passer à deux contre une.

Profitant qu'elle ait le dos tourné, -pour récupérer l'ustensile, -celui qui a découvert le corps nu poignardé dans la chambre, se jette sur Zoé.

Ayant croisé les doigts pour que l'un d'entre eux, ait cette idée, Zoé ne se fait pas prendre de court. Au contraire, se servant de son ouïe, elle a guetté la possible attaque. Le couteau, tenu contre son ventre, Zoé n'a eu qu'à se retourner pour le lui enfoncer dans l'abdomen, et lui asséner un coup de poêle à la tempe. Le jeune homme tombe telle une masse, inconscient, sur le sol.

Les deux autres hommes restent bouche bée. Ils comprennent avoir eu tort de sous-estimer celle qu'ils croient être un mâle.
Le visage au sens littéral, rouge de colère, ils commencent à ne plus répondre d'eux-même.

— Tu viens de tuer deux de mes fils. Tu n'auras pas le troisième. C'est Djô et moi, qui t'aurons. Ce sera vie pour vies, annonce le plus âgé en se frappant le torse.

D'un commun accord, père et fils foncent sur Zoé. L'un avec pour but de la décapiter, et l'autre de l'éventrer. Les voyant venir, l'adolescente a le réflexe de se baisser. Elle se faufile entre leurs jambes, tout en donnant au plus jeune un coup de poêle à un jarret.

Zoé attérit dans la salle de séjour, qui fait aussi office de salle à manger. Dans un coin, elle voit Dalí. L'espace d'une seconde, leurs regards se croisent.

Les deux hommes viennent à la rencontre de Zoé, plus énervés que jamais. Zoé constate que le fils boite un peu. Elle se dit :

Si j'avais utilisé le coupoir, cette jambe aurait été tranché. L'homme aurait été estropié.

De sa main la plus habile Zoé tient sa lame. Debout près d'une table, elle est à l'affût de toutes attaques. Le fait qu'ils se battent toujours à mains nues, n'échappent pas Zoé. Mais, elle ne sait pas encore quoi faire, pour se débarasser des deux. Ce n'est pas évident de bien réfléchir avec plusieurs voix qui l'importunent. Zoé fait de son mieux.

Djô reste en retrait, alors que son père avance vers Zoé. Ses intentions sont si prévisibles que Zoé n'a pas eu trop de mal à lui asséner un coup de poêle, à la mâchoire. Ce qui l'envoie valser, et le fait se cogner la tête dans une arête de la table.

Zoé est autant stupéfait que l'est le jeune homme, qui observe plus enragé qu'avant, le sang qui s'échappe de la tête de son père. Perdue dans son observation de l'homme au sol, Zoé ne voit pas que Djô l'a rejointe.

D'une main, il tient le cou de Zoé, de l'autre il essaie de faire tomber la poêle et de son genou il frappe ses parties génitales.

Zoé ne peut pas s'empêcher de ricanner, lorsqu'elle observe le visage de Djô se décomposer sous ses yeux.

— Une femelle, rage-t-il. Je vais t'éventrer, petite chose indésirable.

Zoé est tellement prise dans un fou rire, qu'elle oublie être en plein duel. L'homme la jette sur la table, la débarassant au passage de ses deux armes visibles. Il retient les poignets de Zoé contre son dos. Son instinct animal reprenant le dessus, il entreprend de descendre le pantalon de Zoé.

— Tu vas voir, ce que tu vas voir. Avant, je vais te défoncer, promet-il en mettant sa main libre sur la culotte blanche de Zoé.

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