J'ai écrit ce poème à la suite du passage sur sa mère, à la fin du chapitre quatre. Ce poème, il raconte ma vie. Ma vraie vie, pas celle que j'ai racontée dans le livre. Ce poème, c'est l'aveu que je fais, l'accusation que je lance. J'espère qu'il vous plaira, et je suis désolée si vous vous reconnaissez dans ce que je raconte.

On m'a toujours dit que je n'étais pas assez
Pas assez belle
Pas assez fine
Pas assez forte
Pas assez sportive
Pas assez intelligente
Pas assez
Pourtant j'ai essayé !
J'ai fait du sport
J'ai travaillé
Je me suis affamée
Mais malgré tous mes efforts, vous étiez toujours là
Vous étiez là pour me rappeler que quoi que je fasse,
Je ne serais jamais assez.
Jamais assez pour vous, pour vous satisfaire.
Alors je me suis enfoncée. Encore et encore.
Je faisais de plus en plus de sport.
Je faisais des heures de travail supplémentaires.
Je mangeais de moins en moins.

Puis un jour, j'ai rencontré des personnes fantastiques. Des personnes qui m'ont aidée, qui m'ont soutenue, qui m'ont relevée.
Ils m'ont fait comprendre à quel point ce que je faisais était mal, ils m'ont fait oublier les autres.
Les autres, ce sont ces personnes qui riaient quand je ratais un ballon en sport.
Qui se moquaient quand j'avais une moins bonne note qu'eux.
Qui me dévisageaient quand j'osais manger plus qu'une pomme au déjeuner.
Qui critiquaient mes habits quand je passais devant eux.
Qui volaient mes affaires pour le pur plaisir de me voir pleurer, ou crier.
Qui refusaient de m'adresser la parole si leur groupe était à côté.
Qui me tournaient le dos après des années d'amitié.
Les autres, ce sont ces personnes qui m'ont fait comprendre que je ne méritais pas de vivre.
Les autres, ce sont ceux à qui ce texte est adressé.
Alors vous tous. Vous autres. Sachez que toutes ces horribles choses que vous m'avez fait vivre m'ont détruite, et que j'en garderai la cicatrice.
Mais sachez aussi que je me suis relevée. Que je me reconstruis. Et qu'un jour, je serai guérie. Un jour, je vous ferai face. Je vous confronterai avec tout ce que vous m'avez fait. Et ce jour-là, vous paierez.