Chapitre 7 - Séparation

Trois semaines plus tard. Ma mère me presse de monter dans la voiture, ce que je fais sans grande énergie - après tout, il n'est que huit heures.

Je ferme la portière et m'attache, ignorant royalement mon frère qui, assit à côté de moi, essaie de m'expliquer sa technique pour se faire facilement des amis dans le train. Ma mère me réprimande, et je dois donc expliquer a Thom que oui, sa technique est fantastique, mais que je ne suis pas encore assez réveillée pour l'écouter. Je m'accoude à la fenêtre et observe les immeubles défiler, les fenêtres réduites à de brefs traits de lumière que j'aperçois une seconde. Et comme d'habitude, je ressasse ce qui m'arrive.

Ces trois premières semaines de vacances ont été un véritable calvaire. Privée de la compagnie de mes amis, la seule lueur de joie qui demeurait dans ma vie, mes journées ont été ennuyeuses à mourir. Mes cours de danse et de krav s'étant également arrêtés, je n'avais plus rien à faire de mes journées, et passais la majorité de mon temps enfermée dans ma chambre, étalée sur mon lit, à rêver.

Le seul objectif que j'avais, c'était mon départ en camp de surf. Une semaine avant, j'avais retrouvé un peu d'énergie et m'étais remise au sport, voulant paraître à mon avantage, si tant est que j'en aie un, le jour du départ. Ainsi, je courais une heure tous les deux jours, et faisais du vélo les autres jours. À cela, j'ajoutais des séries interminables d'abdos, de pompes, de burpees... Résultat, je perdais environ 300 grammes par jour - parce que je mangeais toujours aussi peu à côté. Plus la semaine avançait, plus je voyais les résultats, et plus je faisais d'exercices. J'avais des courbatures folles, mais elles ne m'empêchaient pas de me donner à fond.

Enfin, comme si je n'allais pas suffisamment mal comme ça, ma mère était odieuse. Nos relations s'étaient tendues depuis que je l'avais envoyée bouler, mais elles avaient encore empiré depuis le début des vacances, pour une raison que j'ignore. Et ce matin par exemple, alors que Thom venait d'entrer d'entrer dans la voiture, elle avait commencé à hurler que je mettais tout le monde en retard. Pourtant, qu'est-ce que j'étais en train de faire à ce moment-là ? Ranger dans le coffre la valise de mon frère. Même pas la mienne, non, j'avais été suffisamment gentille pour lui proposer de m'en occuper, et ça me retombait dessus, encore une fois.

Je restai silencieuse durant tout le trajet, de Boulogne à la gare Montparnasse. Thomas racontait avec excitation les plans qu'il avait fait avec ses amis pour pouvoir se parler, et ma mère riait à chacune de ses phrases.

Lorsque nous sommes finalement arrivés à la gare, elle s'est jetée sur la valise de Thom pour la prendre à sa place, mais il a insisté pour s'en charger - il voulait que les autres le voient comme indépendant. Quant à moi, elle n'a pas daigné me regarder et s'est éloignée sans attendre.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons sur le quai, et je pousse un soupir de soulagement quand ma mère s'arrête devant notre wagon. Elle enlace Thomas, et passe un moment ainsi, à lui murmurer tout un tas de conseils à l'oreille. C'est Thom qui finit par se dégager, avant de monter dans le wagon avant que maman ne l'étouffe. Elle lui tend sa valise, et Thom disparaît après un clin d'oeil à mon intention, tandis que maman continue à lui faire de grands signes par la fenêtre.

Quand elle se retourne enfin vers moi, c'est avec un regard froid, et elle m'embrasse à peine la joue. Je serre les poings et laisse échapper :

« Au revoir, Marie.»

Elle me dévisage, les yeux soudain ronds, et grimace :

« Comment tu m'as appelée ?! Je suis ta mère, Thalia ! Tu n'as en aucun cas le droit de m'appeler par mon prénom.»

Et c'en est trop. J'explose, et lui crache ses quatre vérités à la figure :

« Ma mère ? Toi, ma mère ?! Première nouvelle de la journée... J'aurais bien aimé le savoir, tu sais ? J'aurais bien aimé que tu te comportes comme ma mère, plutôt que comme une parfaite inconnue. J'aurais bien aimé que tu sois bienveillante avec moi, plutôt que tu contribues à ma dépression. J'aurais bien aimé que tu me soutiennes, plutôt que tu m'enfonces. J'aurais bien aimé avoir un parent, plutôt qu'un critique. Donc non, tu n'es pas ma mère. Tu n'es plus ma mère.»

Elle m'aggripe le poignet et cherche ses mots pendant un instant, pour finalement soupirer en secouant doucement la tête :

« Peut-être que si tu avais été digne d'être ma fille, je me serais comportes comme ta mère. Mais à la place, j'ai dû supporter une pleureuse insupportable, une flemmarde incapable. Alors excuse-moi si je n'ai pas été la meilleure mère, mais tu es loin d'avoir été là meilleure fille.»

Au fur et à mesure de sa tirade, sa poigne s'est resserrée autour de mon poignet, et ses jointures étaient devenues blanches, alors qu'une douleur sourde se répandait dans mon avant-bras. Plus froide encore, je rivai mon regard au sien pour lâcher :

« Encore une fois, ne me parle plus d'être une bonne ou une mauvaise mère pour moi, étant donné que tu ne l'es plus du tout. Maintenant lâche-moi avant que je hurle.»

Elle pâlit brusquement, et relâcha petit à petit la pression, me permettant finalement de me dégager. J'attrapai ma valise et grimpai dans le wagon à mon tour. Sans me retourner, je claironnai d'une voix désinvolte :

« Bonnes vacances !»

Après m'être engagée dans le couloir cependant, mon visage se ferma de nouveau. Je lui avais dit ce qui n'allait pas, je lui avais donné une chance de se rattraper ! Mais il avait fallu qu'elle empire les choses, et maintenant j'avais perdu ma mère, pour peu que j'en aie jamais eu une.

Je finis par repérer un carré de quatre sièges avec une places libre, et m'y dirige. Je lance rageusement ma valise dans le conteneur placé au-dessus des sièges et me laisse tomber au fond du mien avec un profond soupir. La discussion des trois autres s'arrête brusquement, et ils me regardent tous. Si les deux filles assises en face de moi me dévisagent, comme sous le choc, mon voisin hésite un instant puis hasarde :

« Je... Ça va ?»

Je m'apprête à lui répondre acerbement, mais me rappelle à l'ordre : ce n'est pas à cause de lui que tu es dans cet état, ce n'est pas lui qui t'as énervée, tu n'as aucune raison de lui crier dessus. Je prend une profonde inspiration, puis parvient à lui répondre calmement :

« Ouais désolée... juste une dispute avec ma mère qui ne s'est pas terminée comme je l'espérais, disons.»

Je reçois en réponse trois regards au ciel, et laisse échapper un sourire en constatant que tous peuvent s'identifier à ce que je viens de dire. Après une pause, je reprends :

« Du coup moi c'est Thalia... Et vous ?»

La brune assise en face de moi commence. La peau mate et des cheveux bouclés qui lui arrivent à mi-dos, elle déclare s'appeler Maïlys. Sa voisine, une blonde avec les cheveux au carré et les yeux les plus verts qu'il m'ait été donné de voir, m'explique ensuite que Maïlys et elle, Zoé, se connaissent depuis toutes petites. Enfin, Basile, brun aux yeux noisette, m'annonce fièrement qu'il a seize ans depuis trois jours. Trois paires d'yeux écarquillés se tournent vers lui, et nous commençons en chœur à lui chanter joyeux anniversaire, vite rejoints par l'ensemble du compartiment, ce qui mène à quelques crises de fou rire et à un Basile rouge vif.

Mon sourire s'élargit, et j'en viens à oublier la femme enragée que j'ai laissée derrière moi.

Voilaaaa j'espère que j'aurai fait peur à au moins une personne avec le titre du chapitre 😂
Plus sérieusement voilà, grosse dispute avec sa mère, qui mènera à des tensions dans la suite de livre...

Maintenant les persos !
• Maïlys : Une pote de l'UCPA
Zoé : Une autre pote de l'UCPA
• Basile : Un gars de l'UCPA
mailysladeveze zozolpz ça c'est pour vous les filles xD

Et voilaaaa à dans deux jours ^^

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