Chapitre 6 - Aveu

8h20

    Nous y voilà… Le dernier jour de l'année – bizarrement, un mercredi. Le dernier jour où je peux profiter de mes amis, avant de passer deux mois coincée avec ma famille.

    Les psys et moi avons déjà prévu de nous voir début août, mais… C'est dans tellement longtemps !

    De l'autre côté, je connais suffisamment bien Marc, Sixtine et Axel. Même si on se promet toutes les sorties du monde, les chances que l'un d'entre eux oublie sont… Assez élevées.

    Je secoue la tête en sortant du métro, tentant vainement d'arrêter de penser à ce qui m'attend. Je remonte lentement la rue qui mène à l'école, le pas lourd, aveugle aux personnes qui m'entourent. Mon regard se perd dans les hauteurs des immeubles dressés de part et d'autre de la chaussée, jusqu'à ce que j’aperçoive, en fond de rue, le toit argenté du lycée.

    Je ralentis encore, effleurant distraitement les branches qui traversent le grillage du parc que je longe, réticente à l'idée de dire au revoir à ceux dont je suis le plus proche.

    Deux rues et un chauffard plus tard, je fais finalement face au bâtiment qui me fait si peur. Je me décidé à entrer, et me lance au pas de course dans les escaliers, déterminée à profiter d'eux jusqu'à la dernière seconde.

    Lorsque j'arrive à l'étage tant redouté, je ne tarde pas à me faire remarquer par Ève et ses amies, qui pivotent dans un bel ensemble et traversent le couloir par pur plaisir de me bousculer de toute part. Pour éviter un potentiel retour de la meute, je me plaque aux casiers, et soupire lorsque je vois Axel s'avancer vers moi en crabe, tout aussi aplati que moi. Un triste sourire se dessine sur nos lèvres, tandis que nous réalisons que c'est la dernière fois que nous nous retrouvons contre ces casiers.

    Au cours de l'année, Axel avait tout fait pour marquer le fait que non, il n'était pas une fille. Ses cheveux anciennement raisonnablement longs étaient désormais bien plus courts, et il avait adopté la coupe des Potter, c'est à dire des cheveux perpétuellement ébouriffés. Il s'était épaissi, grâce aux innombrables séances de sport qu'il s’infligeait, et dans lesquelles je le suivais volontiers, et avait changé de style vestimentaire, passant du neutre au rock limite gothique, et je dois avouer que ça lui allait à merveille.

    Attention, il n'avait pas adopté ce style par contrainte, au contraire ! Il essayait jusqu'alors de se fondre dans la masse, mais avait décidé de retourner à son style instinctif devant l'échec de la manoeuvre. Ainsi, ses cheveux d'un noir de jais étaient désormais parsemés de mèches blanches, et il était rare de le voir habillé dans une autre couleur que du noir ou du gris, avec des touches de blanc, argenté et doré.

    Pour le dernier jour de cours, il avait opté pour un ensemble noir : un jean déchiré au niveau des genoux, un haut à manches longues – Axel a toujours froid – maillé au niveau des coudes, et des Docs. Une boucle noire étincelait à son oreille droite, et il portait une bague argentée longue comme son doigt. Je tentai de m'imprégner de cette image pour pouvoir m'en souvenir parfaitement pendant toutes les vacances.

    Je finis pas détourner le regard, consciente de la perplexité croissante qui brillait dans le sien, et lui sourit rapidement avant d'ouvrir mon casier. Quelques secondes plus tard, un bras m’agrippe les épaules, et je me retourne vers une Sixtine resplendissante, qui m'étreint de toutes ses forces. Quelques pas en retrait, Marc attend son tour en échangeant quelques mots avec Simon, un brun aussi yeux d'un marron incroyablement sombre.

    Après avoir embrassé Marc,sur la joue à mon grand désespoir, je les détaille à leur tour. Si lui a opté pour un look simple, avec un jean noir, des Converse et un t-shirt orange Camp Half-Blood, Sixtine s'est donnée à fond. Elle porte une robe composée, noire en haut et donnant une illusion de chemise à carreaux en guise de jupe, complétée par des talons bas. Elle a accompagné l'ensemble d'une chaîne argentée, au bout de laquelle brille une simple feuille d'érable. Enfin, un collant résille donne la touche finale à sa tenue, encore rehaussée par son maquillage. Ses yeux sont mis en valeur par le fard gris qu'elle a appliqué, et le mascara qu'elle porte les agrandit. Un blush apporte une touche de couleur à son visage, et le rouge à lèvres d'un rose pâle qu'elle porte souvent termine de sublimer son visage. Au niveau capillaire, aucun des deux n'a innové, Marc ayant gardé ses cheveux tels qu'ils sont au naturel, et Sixtine arborant comme toujours une tresse cascade.

    Nous nous dirigeons lentement vers nos classes respectives, réticents à l'idée de déjà se séparer. Sixtine est la première à nous quitter, bientôt suivie de Alex. Au moment de rentrer dans ma classe, je laisse échapper un profond soupir, et Marc passe une main dans mes cheveux en souriant :

« Allez, ça va bien se passer ! En plus, aujourd'hui, on ne fait que rendre les livres et nettoyer les tables, donc ce sera fini rapidement.»

    Je hoche la tête, gorge serrée. Soudain, alors qu'il fait demi-tour, je le rappelle dans un sursaut de volonté et laisse échapper d'une voix timide :

« Est-ce que… est-ce que je pourrai te parler à la sortie ?»

    Il me dévisage une seconde, interdit, puis hoche les épaules et répond avec désinvolture, si bien qu'il me semble avoir rêvé l'éclat d'appréhension qui a brillé dans ses yeux l'espace d'une seconde :

« Ouais, bien sûr ! Tu sais que tu peux tout me dire.»

    Je lui souris en retour, puis entre dans ma classe et m'installe à ma place pour la dernière fois, ouvre mon sac pour la dernière fois, en sors mes livres pour la dernière fois, entend ma prof nous dire bonjour pour la dernière fois, et lâche un dernier soupir.

10h15

    Je quitte ma chaise, soulagée que Mme Fenelseux, la préfète, ait enfin terminé son discours sur l'importance de ne pas trop se laisser aller pendant les vacances, discours que l'on entend tous les ans depuis notre entrée en sixième.

    En quelques secondes, je suis à la porte, mon sac à l'épaule, et je sors de la classe la première, comme à mon habitude. Une fois sortie, je retrouve Sixtine, qui m’observe d'un air sceptique :

« Marc m'a dit que tu voulais lui parler, il se passe quelque chose ?»

    Je hausse les épaules :

« Tu verras… Il y a des chances que tu doives me ramasser en pièces de toute façon.»

    Ses sourcils se haussent encore un cran, puis elle abandonne et me désigne la porte de sa classe :

« Marc parle avec notre prof, mais il arrive. Il a proposé que vous restiez dans une classe pour être un peu à l'écart.»

    Un léger sourire apparaît sur mon visage, tandis que je remercie silencieusement Marc d'être si prévenant. Je remercie rapidement Sixtine, et me dirige vers la salle qu'elle m'a désignée, le ventre serré. Je m'assieds à côté de la porte, ne voulant pas déranger la discussion apparemment passionnée que Marc a avec son prof. Ils ne tardent pas à y mettre un terme, et je ne retrouve vite seule avec Marc, après un cordial signe de tête de la part de son prof.

    Le blond s'installe en face de moi, à cheval sur une chaise, bras appuyés sur le dossier et regard curieux :

« Alors, qu'est-ce qu'il y a ? Rien de grave j'espère ?»

    Je grimace :

« Rien de grave pour le moment… Il faut juste que je te dise quelque chose. »

    À nouveau, il me semble apercevoir un éclat de peur dans les yeux infiniment bleus de Marc, éclat qui disparaît aussi vite qu'il est apparu – si tant est qu'il a vraiment existé. Je bégaye un instant, cherche mes mots, hésite… Je finis par prendre une profonde inspiration, ferme les yeux un instant et me lance, la voix encore tremblante et plus hésitante que jamais :

« Je… En fait… Je veux dire… Ce qu'il faut que tu comprennes, c'est… Enfin… Je… Je t'aime, quoi ! Je t'aime depuis tellement longtemps, et je n'en pouvais plus de devoir le garder secret ! Alors voilà, je t'aime et… Enfin… S'il devait se passer quelque chose, ce serait juste génial !»

    Je marque une pause, les yeux toujours fermés, puis reprend en anglais, comme toujours quand j'ai du mal à m'exprimer :

« I've been crushing on you for so long now, and… I mean, I would really love for something to happen… Will you at least try and… And date me ?»

    J’ouvre les yeux, et aperçoit un Marc visiblement ahuri, regard halluciné et bouche entrouverte au rendez-vous. Un sanglot me monte à la gorge, interrompu par Marc, qui se penche par-dessus le dossier de sa chaise et essuie la larme qui avait commencé à rouler sur ma joue à mon insu. J'entends vaguement Sixtine et Alex, de l'autre côté de la porte, empêcher des gens de rentrer, puis je reporte mon attention sur Marc, qui me regarde désormais avec douceur.

    Je m'enfonce dans mon dossier, souhaitant pouvoir disparaître. Marc s'empare de mes mains et ancre son regard au mien, me dissuadant silencieusement de me détourner.

« Of course I will.»

    Sa réponse me tire de mes pensées moroses, majoritairement composées de plan de fuite et d'excuses maladroites.

« Quoi ?»

    Ma voix a grimpé d'un octave sous le coup des larmes, qui coulent maintenant librement. Il me répète avec un demi-sourire :

« J'ai dit “Of course I will”, imbécile ! Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureux d'entendre cette phrase… Je t'aime plus que tu ne peux te l'imaginer, simplement… Je ne suis suis pas aussi courageux que toi.»

    Il termine sa dernière phrase avec un sourire ironique, tandis que je le dévisage avec de grands yeux, n'arrivant pas à croire ce qu'il vient de me dire.

« Je… Vraiment ?! Tu ne dis pas ça pour te moquer de moi, si ?»

    Il me regarde avec un air outré, visiblement vexé par ma demande. Je lui assure que je ne voulais pas le vexer, et lui explique que j'avais simplement peur qu'il ne s'agisse pour lui que d'une blague, ma nature parano ayant repris le dessus. Au fur et à mesure de mon discours, son visage se détend, et un sourire y apparaît peu à peu, creusant dans sa joue droite une unique fossette absolument adorable.

« Je te jure que je suis sérieux Thalia. Et pour rien au monde je ne voudrais te blesser.»

    Mon sourire s'élargit, et je vois ses yeux glisser lentement des miens à mes lèvres. Ma respiration se bloque une seconde, alors qu'il se penche doucement vers moi. Je me penche en retour, et ses lèvres ne tardent pas à trouver les miennes, me faisant vivre un tourbillon d'émotions.

    Après un moment, nous finissons par nous séparer. Il se lève puis me tend la main, et m'aide à me redresser. J'entends un hoquet de surprise – définitivement Sixtine – de l'autre côté de la porte, et remarque le visage de Axel à la fenêtre, qui nous observe avec de grands yeux. Ses lèvres bougent à toute vitesse, je suppose pour raconter à Sixtine, trop petite pour atteindre la fenêtre, tout ce qu'il voit. Je lui souris, puis reporte mon attention sur Marc, qui ne m'a pas quittée des yeux. Je le prends dans mes bras, ma tête reposant sur son épaule, et il murmure :

« Il faut vraiment qu'on arrive à se voir pendant les vacances.»

    Je me contente de hocher la tête, et nous restons dans cette position jusqu'à ce qu'un discret coup frappé à la porte ne nous ramène à la réalité. Alex nous adresse de grands signes, nous faisant comprendre en quelques secondes que le surveillant ferme les salles, et qu'il faut qu'on sorte de la nôtre. Maintenant. Je jette un regard contrit à mon blond préféré, et nous nous dirigeons dans un même mouvement vers la porte, sa main reposant délicatement autour dans mon dos.

    Dès que la porte s'ouvre, Sixtine nous sépare en me tombant dans les bras et en m’entrainant à l'écart. Elle commence à me reprocher de ne lui avoir rien dit, mais j'écoute la séance en m'excusant rapidement. Elle secoue la tête et exige une explication détaillée par WhatsApp, chose que je lui promets avec un sourire. Elle m’embrasse avec émotion, réalisant que nous ne nous verrons plus pendant un long moment, puis s'éloigne rapidement sans se retourner – elle est comme ça.

    Lorsque je me retourne, Marc et Axel se dirigent vers moi. Si Marc a l'air embarassé, le brun a un sourire jusqu'aux oreilles, et je devine qu'il vient de lui tirer les vers du nez. J’échange un regard de connivence avec la victime, et Axel laisse échapper un “Awwnnn” qui a don de m'agacer. Je hausse un sourcil, et il ricane doucement. Il m'ouvre ensuite ses bras, et je m'y engouffre volontiers, écrasant contre moi ce géant. Il me rend mon étreinte, et me murmure d'une voix étrange, se courbant pour que se bouche soit au niveau de mon oreille :

« Bravo ma belle. Je savais que tu y arriverais ! Mais... N'en oublie pas tes amis, d'accord ?»

    Sa voix se brise sur les derniers mots, et je m’écarte de lui, perplexe, pour remarquer une larme solitaire qui roule le long de sa joue. Je comprends en un éclair ce qu'il veut dire, et rétorque avec véhémence :

« Oh, Axel ! Tu sais bien que je ne m’éloignerais de toi pour rien au monde, tu m’es bien trop précieux ! On a traversé tellement de choses ensemble que je ne pourrais plus me passer de toi...»

    C'est au tour de Marc de réagir :

« Attends, quoi ? Il pense qu'à cause de… nous, tu vas l'oublier ?! Alors ça c'est hors de question ! Je t'explique Axel : si elle ose s'éloigner de toi, je la quitte et je me mets avec toi.»

    Un instant de flottement plus tard, le visage impassible de Marc se fend d'un sourire, et Axel éclate d'un rire rafraîchissant, toute mélancolie oubliée. Je remercie Marc du regard, puis Axel s'éloigne à son tour, après un regard chargé de sous-entendus à mon intention.

    Je regarde le blond – mon copain ? –, ne sachant trop que faire. C'est lui qui finit par prendre l'initiative, et qui s'approche de moi pour me prendre dans ses bras. Oui, je sais que je passe ma vie dans les bras des gens, mais c'est comme ça, j'adore faire des câlins ! Je l'embrasse instinctivement, mais lui s'écarte de moi lorsqu'un murmure de surprise traverse le couloir. Tous les élèves qui y sont toujours nous dévisagent, sous le choc. Marc les observe avec un sourire amusé, puis m'embrasse à son tour, furtivement. Il est alors interpellé par Simon, qui s'approche à grands pas. Marc me regarde avec un air contrit, et je secoue la tête. Je lui souhaite de bonnes vacances, et m'éloigne avant que Simon n'arrive, peu désireuse d'entendre ses commentaires toujours sarcastiques.

    Une fois devant le bâtiment, je sors mon portable et mets mes écouteurs, un sourire extatique florissant sur mon visage, qui s'élargit encore quand je réalise que la musique que j'entends n'est autre que Love of my Life.

Voilaaaaa !!
Le seul nouveau perso aujourd'hui est Simon, simplement un gars dans mon école.
À part ça moment important pour Thalia !
Allez je suis pas originale, je vais poser des questions xD

Surpris ?

Est-ce que vous avez aimé la manière dont je l'ai écrit ?

Si non, qu'est-ce qui est à changer absolument ?

Question bonus pour Vicky et Nanou : Z'avez vu ? J'ai pas mis de parenthèses 😁 (mistraal2OOO Vikitchi)

Comme d'habitude, à dans deux jours ! Et hésitez pas à voter/ commenter 😉

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